Deo Juvante
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Une belle histoire....

3 participants

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Une belle histoire.... Empty Une belle histoire....

Message  Catherine Lun 31 Jan 2011 - 12:53

Ne me demandez pas comment j’ai su cette histoire. Lisez-la.

Cette grande ville du Mexique possède un lycée et, ce matin-là, Jacques Ferval, treize ans, se tient dans un coin de la cour. C’est le fils du Consul français, récemment arrivé, et c’est la première récréation de Jacques au lycée. Aussi, bien qu’il ne soit pas timide, il éprouve cette appréhension propre aux nouveaux.

C’est alors que Ramon Alvarez s’est approché.

« Tu es nouveau ?

- Oui.

- Viens jouer avec moi.
- Oui…, mais les autres me laissent, pourquoi t’occupes-tu de moi ? »

Ramon met le doigt sur l’insigne de la Croisade que Jacques porte a sa boutonnière.

« C’est à cause de cela. »

Puis il ajoute :
« Tu as de la chance d’être étranger… comme ça tu peux porter ton insigne. »

Tel fut le début de leur amitié.

***

- Trois semaines plus tard, Jacques, invité à passer l’après-midi de congé chez son ami, était reçu par M. Alvarez.

« J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer votre papa, mon petit ami, expliqua-t-il, et je suis heureux de vous savoir déjà lié avec Ramon. »

Et, passant sa main sur la tête du petit Mexicain il ajouta :

« Je n’ai que lui, puisque le Bon Dieu m’a repris sa maman… Après tout, cela vaut mieux pour elle, étant donné les tristes temps où nous vivons. »

Cette phrase, aussi bien que la réflexion de Ramon à propos de l’insigne de la Croisade, fit que Jacques voulut en savoir davantage. C’est ainsi qu’il apprit quelle terrible persécution se déchaînait au Mexique ; et M. Alvarez lui raconta comment, depuis dix ans, les évêques étaient exilés, les prêtres chassés ou même fusillés, comme le Père Pro, les catholiques assaillis en toute occasion.

« A présent, continua M. Alvarez, le gouvernement a tellement réduit le nombre des prêtres autorisés par lui, que c’est à peine s’il en reste un pour cent mille âmes.

- Mais, s’informa Jacques, les autres ? Ceux qui ne sont pas autorisés. »

M. Alvarez ne répondit pas : il parlait maintenant de ces adolescents à peine plus âgés que Jacques et que Ramon et qui avaient été mis a mort pour la cause du Christ ; il cita ce jeune homme de seize ans, mis en croix un vendredi-saint et que les bourreaux fusillèrent à trois heures de l’après-midi.

***

Dès la première récréation du lendemain, Jacques vint à Ramon les yeux en feu.

« Ramon, j’en ai rêvé toute la nuit… Moi aussi je voudrais être martyr. »

Ramon sourit. Jacques s’en’ étonna.

« Tu ne me crois pas ?

- Oh ! si… Seulement je pense à ce missionnaire de ton pays qui mourut décapité au Tonkin ; il écrivait la veille de son exécution : Le martyre considéré dans une méditation au séminaire semble facile ; vu de près, c’est plus dur.

- Pourquoi me dis-tu cela ?
- Parce que je crois que si Dieu demande le martyre du sang, évidemment. Il envoie les grâces nécessaires. Mais je crois aussi qu’il faut s’y préparer, et… mais j’ai peur que tu te fâches…

- Du tout, continue.

- Eh ! bien, je trouve que tu ne t’y prépares pas ; en classe tu n’écoutes guère, en étude tu perds du temps.

- Que veux-tu, cette vie de lycée m’assomme. Moi, J’étais fait pour la grande aventure. En arrivant ici, je m’attendais à courir la savane, mais c’est le même genre d’existence qu’à Paris. »

Ramon, à qui la mort récente de sa maman, aussi bien que-la gravité des événements au milieu desquels il vivait, avait donné une maturité d’esprit au-dessus de son âge, riposta :

« Le martyre, mon vieux, c’est une preuve d’amour. Or, ce n’est pas en courant la savane que tu montreras à Notre Seigneur que tu l’aimes, mais en accomplissant le devoir quotidien qu’Il te donne à faire. Or, ce devoir, c’est de travailler au lycée de ton mieux… Tu veux le martyre, dis-tu, travaille. Cela en est un.

- C’est moins…

- C’est moins emballant ? Peut-être, mais c’est sûrement cela que Dieu te demande. »

Jacques resta tout rêveur.

***

Quinze jours plus tard.

- Jacques qui entre chez M. Alvarez le trouve tout soucieux. Ramon, désignant son ami à son père, dit seulement :

« Et lui ?

- Qu’y a-t-il donc ? » demanda Jacques.

M. Alvarez d’abord hésitant, puis sachant qu’il pouvait se confier, dit à Jacques comment Ramon et lui portaient chaque semaine des provisions à un prêtre qui se cachait dans la forêt voisine, le Père Juan Toloso, mais qu’ils craignaient d’être suivis et qu’ils ne voyaient pas qui pourrait momentanément les remplacer.

« Moi, dit Jacques, tout frissonnant de l’aventure qui se préparait.

- J’accepterais d’autant mieux, dit M. Alvarez, que votre qualité d’étranger et la position de votre père vous mettraient à l’abri de tout risque, mais demandez la permission à vos parents, entendez-vous ?

- Je l’aurai, dit Jacques, je connais papa et maman.

- Aujourd’hui, continua M. Alvarez, j’irai encore. Il me faut prévenir le prêtre qui s’étonnerait de vous voir ; mais la prochaine fois ce sera vous. Maintenant, il faut que vous sachiez tout, même la cachette du Saint-Sacrement. Prenez le plan de la forêt. Savez-vous le lire ?

- J’étais scout en France, dit Jacques ; Troupe 120e Paris. »

Et tous trois se penchèrent sur le plan de la forêt.

***

Mais le lendemain, Ramon ne vint pas au lycée… A la sortie de onze heures, Jacques le trouva qui le guettait, en larmes, au coin d’une petite rue.

« Qu’y a-t-il ?

- Papa n’est pas revenu… arrêté sûrement. Un agent de police est venu perquisitionner chez nous tout à l’heure. »

Atterré, Jacques se taisait. Ramon reprit :

« Sais-tu si ton père te laisserait aller à la cachette du Père pour tâcher de savoir quelque chose ?

- J’ai eu sa permission dès hier soir. J’y vais.

- Oh ! merci. »

Quand il parvint à la cachette, Jacques la trouva vide.

Le sol était rudement piétiné. Un livre, taché de sang, gisait à terre. L’enfant comprit. Les soldats avaient suivi M. Alvarez qui, ainsi, les guidait involontairement. Le prêtre et son bienfaiteur avaient été arrêtés ensemble.

Et le Saint-Sacrement ?

Jacques, grâce aux indications de la veille, trouva assez vite la custode dorée où reposait l’unique hostie que le Père Juan gardait toujours.

A genoux, il la prit et la cacha sous son vêtement. Au retour, comme il passait devant la maison de M. Alvarez, il vit des soldats qui en sortaient et qui faisaient monter Ramon dans une auto de la police, les mains liées derrière le dos.

***

M. Ferval a fait ce qu’il a pu, mais son intervention auprès des autorités n’a pu obtenir qu’une chose : Jacques est autorisé à visiter Ramon dans son cachot. Il entre :

« Ramon !

- Jacques !

- Tu es venu me dire adieu. Oh ! merci.

- Adieu ! mais non.

- Si… Ils ont fusillé papa et le Père Juan ce matin.

Ce sera mon tour tout à l’heure. Tu voulais être martyr, Jacques, et c’est moi qui vais l’être. Mais promets-moi de ne jamais oublier ce que je t’ai dit. Tu le seras comme moi… d’une autre façon, plus longue, mais tout aussi méritoire.

- Oui. Je te le promets.

- T’en souviendras-tu ?

- Oh ! Ramon !

- Vite, nous avons peu de temps ; dis-moi encore, as-tu trouvé le Saint-Sacrement ?

- Oui, je l’ai sur moi. Mais où le porter ? Les églises d’ici sont fermées.

- Écoute, je me suis confessé ce matin au Père Juan et il m’a dit que si tu trouvais le Saint-Sacrement je pourrais communier.

- Mon Dieu, quel bonheur ! »

Et, comme autrefois Tarcisius dans les prisons romaines, Jacques déposa le Corps du Christ sur les lèvres de son ami.

Un quart d’heure plus tard, la porte s’ouvrit devant un soldat qui venait chercher Ramon, lequel n’eut que le temps d’embrasser une dernière fois son ami.

Appuyé contre la muraille, les yeux fermés, Jacques entend les pas dans la cour, le cliquetis des armes…

Il suppose Ramon debout devant les soldats, et comme saint Etienne, le premier martyr, voyant déjà les cieux ouverts. Et son papa et sa maman qui l’attendent… Puis le commandement bref et la décharge de douze fusils.

***

Au cimetière de Huetjutla, il y a une tombe où sont gravés ces simples mots :

Ramon ALVAREZ
Mort pour le Christ

et où chaque jour, à la sortie du lycée, un adolescent vient se recueillir avant de rentrer chez lui pour faire ses devoirs.

Et à son père, qui tout de même s’étonne de le voir si appliqué à son devoir quotidien, Jacques, qui a maintenant compris la réalité de ce qu’il appelait autrefois la grande aventure, Jacques répond avec son beau sourire tranquille :

« C’est mon martyre, papa. »

Pierre Rougemont.

Source: http://unehistoire.wordpress.com/2011/01/23/martyr-1936/#more-354
Catherine
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Message  Eric Mer 2 Fév 2011 - 2:14

Une belle histoire.... Criste10
Eric
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Message  gabrielle Mer 2 Fév 2011 - 18:48




El martes me fusilan
A las 6 de la mañana.
Por creer en Dios eterno
Y en la gran Guadalupana.

Me encontraron una estampa
De Jesús en el sombrero.
Por eso me sentenciaron
Porque yo soy un cristero.

Es por eso me fusilan
El martes por la mañana.
Matarán mi cuerpo inútil
Pero nunca, nunca mi alma.

Yo les digo a mis verdugos
Que quiero me crucifiquen
Y una vez crucificado
Entonces usen sus rifles.

Adiós sierras de Jalisco,
Michoacán y Guanajuato.
Donde combatí al Gobierno
Que siempre salió corriendo.

Me agarraron, de rodillas,
Adorando a Jesucristo.
Sabían que no había defensa
En ese santo recinto.

Soy labriego por herencia,
Jalisciense de naciencia.
No tengo más Dios que Cristo
Por que me dio la existencia.

Con matarme no se acaba
La creencia en Dios eterno.
Muchos quedan en la lucha
Y otros que vienen naciendo.

Es por eso me fusilan
El martes por la mañana.

Peloton, prepareeen, apunteeen
Viva Cristo Rey y fuego.

"El martes me fusilan"
gabrielle
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Message  Catherine Mer 2 Fév 2011 - 23:54

C'est trés beau, ce chant, ma chère Gabrielle!

Serait-il possible d'avoir la traduction française?
Catherine
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