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Le signe de la Croix

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Message  gabrielle Lun 25 Avr 2016 - 16:42

LETTRE PASTORALE

sur la dévotion au SIGNE DE LA CROIX, à l'occasion du XIXe centenaire de la Rédemption
FABIEN-ZOEL DECELLES, par la grâce de Dieu et la faveur du Saint-Siège apostolique, Evêque de Saint-Hyacinthe, etc., etc.


I
Considérations préliminaires

Dérogeant pour une fois à la forme de la lettre pastorale, évoquons d'abord un fait d'histoire ecclésiastique qui compte parmi les plus beaux de l'antiquité chrétienne.

En 387, les habitants d'Antioche, irrités de ce que Théodose songeait à lever un nouvel impôt sur l'Orient, se révoltèrent contre leur empereur et renversèrent ses statues. Sa colère apaisée, le peuple fut pris d'épouvante. Le vieil évêque Flavien partit en plein hiver pour Constantinople, en vue de fléchir le courroux de Théodose. En son absence, le prêtre Jean, surnommé Chrysostome, chargé des catéchismes dans la ville d'Antioche, réunissait le peuple à l'église pour le consoler et l'empêcher de tomber dans le désespoir. Enfin, l'évêque revint avec des paroles de pardon. "Le jour de Pâques, en présence du saint évêque, Chrysostome prononça la vingt et unième et dernière homélie sur les Statues dans laquelle il avait intercalé le discours que Flavien était sensé avoir tenu devant l'empereur. Or, parmi les arguments présentés en faveur de la clémence, il y avait celui-ci: Ce sont les démons qui ont fait tout le mal dans Antio-che: ils étaient jaloux de la bienveillance que vous lui accordiez, ô Prince. Si vous punissez notre ville, vous ferez le jeu de la puissance des ténèbres; vous ne pouvez refuser votre compassion à une ville à laquelle les ennemis de notre salut n'ont porté envie que parce que vous la chérissiez (1).

A plus de quinze cents ans de distance, un autre évêque, également cher à tout un peuple, récemment acclamé cardinal, reprenait la même argumentation que celle de l'évêque d'Antioche. Après avoir vanté à bon droit l'attachement à la religion et le dévouement à l'Eglise du peuple canadien, il ajoutait: "Voilà bien pourtant ce qui me fait trembler à la pensée que l'ennemi de Dieu et ses suppôts cherchent à vous ravir votre trésor et votre bonheur. Nous savons bien que depuis le commencement du monde le démon jalouse le Très-Haut et que, dans sa rage infernale, il veut à tout prix tromper les hommes pour les arracher au Seigneur. A cet effet, tous les moyens sont bons pour lui. On peut cependant caractériser d'un mot ses procédés et ses artifices: il singe le bon Dieu. Notre Père du ciel nous a promis l'éternelle félicité, le démon, non seulement menteur, mais père du mensonge selon l'Ecriture, promet à son tour le: bonheur, mais un bonheur faux, empoisonné; qui sous des apparences perfides, cache le mal-heur et la mort"(l). Destinée originelle de notre race, après le péché, que saint Chrysostome développait encore plus longuement dès le IVe siècle.


(1)   S. Chrysostome,    Homélie sur   le retour de  l'évêque Flavien, éd. Ragon.
(1) Causerie à la radio, 20 avril 1933.

à suivre
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Message  gabrielle Mar 26 Avr 2016 - 15:20

Pensons-nous suffisamment à cette action constante et universelle du démon dans le monde? Sommes-nous convaincus que les esprits. mauvais, ou leurs agents, sont la cause de tout le mal, chez les individus, dans les familles, à tous les étages de la société, dans les idées, dans l'ordre des appétits et jusque dans nos affaires temporelles? Qui a persécuté, comme on sait, le saint homme Job? Le démon, avec la permission de Dieu, Un jour qu'il avait aperçu Satan au milieu des hommes, le Seigneur lui dit: As-tu remarqué mon serviteur Job, car personne n'est comparable sur la terre à cet homme simple et droit, craignant Dieu et éloigné du mal? Satan lui répondit: Vous le comblez de toutes sortes de bénédictions; mais étendez un peu la main et touchez à tout ce qu'il possède, on verra s'il ne vous maudit pas en face (2). Eh bien oui, nous avons à lutter contre les pièges du diable, contre les princes et les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans l'air. Nous n'avons point à lutter contre la chair et le sang (3), à savoir avec des hommes comme nous, donc à forces égales. Toute l'armée du mal dans nos sociétés : les séducteurs, les colporteurs de mauvais livres, les artisans de modes, les impies qui font du zèle, les communistes, les laicisants qui se défient de l'Eglise, en un mot, l'armée de tous ceux qui militent contre Dieu, c'est Satan qui la mène, qui l'inspire, qui la pousse à l'action, c'est son oeuvre. Nous avons affaire à un ennemi très habile, fort puissant, et qui ne dort jamais. Revêtons-nous donc de l'armure de Dieu. Or, parmi les détails de cette armure, saint Paul nous signale la prière incessante pour soi et pour les autres; et j'ose humblement vous proposer, comme prière qui met le plus subitement le diable en fuite, le signe de la croix. En apparence, c'est une arme bien faible pour vaincre les forces coalisées de la terre et de l'enfer; mais en réalité la multiplication des signes de croix, à travers nos occupations, est un grand facteur de sainteté.




(2) Job, I, 6-10.-(3) Eph., VI, 11 et suiv.
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Message  gabrielle Mer 27 Avr 2016 - 16:01

En cette année sainte, où le Pape nous presse de méditer le mystère de notre Rédemption, l'heure n'est-elle pas opportune de réchauffer notre dévotion au signe de la croix? C'est par la Croix, dit l'apôtre, que le Christ vous a fait revivre avec lui, vous remettant tous vos péchés; effaçant la cédule du décret porté contre nous, qui nous était contraire, et qu'il a abolie, en l'attachant à la croix (1). En conséquence, crucifiement d'un Dieu pour nous, délivrance de la servitude du péché, triomphe radical sur le démon, annulation de l'édit funeste porté contre nous, possibilité de vaincre dans le détail les puissances de l'enfer, puis de vivre, mourir, ressusciter et jouir éternellement avec le Christ, voilà les biens que nous vaut et les vérités que nous résume la Croix. Et c'est par l'usage du signe de la croix, fait pieusement, que nous ancrerons ces divins mystères dans nos esprits, que nous nous détournerons peu à peu, comme le désire le Pape, des choses terrestres et passagères pour fixer davantage nos pensées sur les biens célestes et éternels. Si nous connaissions mieux la valeur du signe de la croix, nous serions peut-être moins surpris de lire qu'un saint Patrice le traçait sur lui cent fois à chaque heure canoniale, ce qui veut dire environ sept cents fois par jour.

Pour raviver en nous cette dévotion, nous allons en étudier ensemble, sous forme de méditation, la doctrine et la pratique.


(1) Coloss. II, 13-14.
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Message  gabrielle Jeu 28 Avr 2016 - 16:20

II
Vérités chrétiennes que nous rappelle le signe de croix.

Pour être à la portée des humbles, puisque le plus petit enfant peut le faire, le signe de croix nous rappelle les plus hautes vérités du christianisme.

En disant Au nom du Père, notre esprit vole au sein même de la divinité. Le nom de Dieu, c'est Dieu lui-même, comme l'insinue la liturgie: "Sanctifiez, Seigneur, par l'invocation de votre saint nom cette offrande eucharistique" (1). Nom au singulier indique que nous croyons en un seul Dieu, mais un Dieu en trois Personnes, que nous saluons immédiatement. Nous nous adressons donc à la très sainte Trinité, le plus élevé de nos dogmes, chaque fois que nous sommes inspirés de faire le signe de la croix. En signant notre poitrine, non en raccourci ni en triangle, mais en forme de croix respectueuse, nous commémorons les faits augustes de , l'Incarnation et de la Rédemption. La Croix présuppose, en effet, le Verbe éternel s'unissant un corps capable de souffrir. Toute l'économie du rachat de l'homme par la passion et la mort de Notre-Seigneur se condense en cet acte extérieur. C'est le labarum qui étale à nos yeux le mystère de la Croix, à savoir les vérités de foi qu'elle nous enseigne, les vertus qu'elle nous prêche et les grâces qu'elle ne cesse de nous mériter. Par ce signe répété, nous nous mettons sans cesse en rapport avec tout ce qu'il y a de plus sublime sur la terre et dans le ciel. Evocation des plus grands mystères de notre religion, mémorial de l'amour incompréhensible que nous ont témoigné les Personnes divines, tel nous apparaît du côté de Dieu ce petit acte de piété, si rudimentaire et à la fois si profond.

Du côté de l'homme, le signe de la croix ramasse en quelques traits, pour ainsi dire, toute sa vie surnaturelle.

Nous commençons par naître spirituellement sur la croix, donc dans la mort. Comme le grain qu'on jette en terre, il nous faut périr avant de vivre. Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, nous avons été baptisés en sa mort? Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour mourrr au péché (1). Nous sommes morts dans tout ce que nous étions auparavant, en tant que membres du vieil homme, et notre corps de péché est détruit, en ce sens que le péché ne le domine plus comme un instrument d'iniquité. Par état, un baptisé ne pèche plus; de cette mort spirituelle au péché sort un germe de vie nouvelle; le chrétien n'est plus ni Juif, ni Gentil, ni pécheur, ni homme, ni femme, il est membre du Christ, il a revêtu le Christ, et, greffé sur son corps mystique, il ne forme plus, en Lui et avec Lui, qu'une seule personne morale et un homme nouveau. Nous ne devons plus vivre désormais que de la vie du Christ et pour Lui. Telle est notre naissance chrétienne: avant d'être l'éclosion à la vraie vie, c'est avant tout un crucifiement.

Et nous sommes tenus par vocation à rester crucifiés jusqu'à notre mort temporelle. Impossible de fuir la croix ici-bas; elle est partout, même au sein des délices humaines. Assertion de lieu commun. Je meurs tous les jours (2) disait l'Apôtre, à savoir je vis toujours exposé à la mort, tant les travaux et les chagrins en rapprochent sans cesse l'heure pour moi! Membres et disciples du Christ, nous portons notre croix chaque jour à sa suite. Quelle est-elle? "C'est la guerre que nous devons avoir contre le monde et la chair, auxquels nous devons nous crucifier avec le Maître; et ce mot "tous les jours" nous marque la persévérance" (3). Bref, la vie du chrétien, ce n'est pas que le  portement   de la croix, mais le crucifiement, d'après l'Apôtre: Le monde m'est crucifié, et moi au monde (1)

(1) Secrète, de la messe de la sainte Trinité.
1)  Rom., VI, 3-4.
(2)   I Cor., XV, 31.
(3)   Bossuet, Oeuvres oratoires, VI, p. 146.
(1) Gal VI, 14.
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Message  gabrielle Ven 29 Avr 2016 - 14:21

Le monde, qu'est-ce à dire? Les choses temporelles, les louanges, les amis, la gloire, les richesses, en un mot, tout ce que le vulgaire estime brillant et magnifique mais en tant que tout cela détourne de Dieu et obéit au démon et à la chair. Le chrétien, tel que l'a fait son baptême, devrait avoir la même horreur pour le monde que le monde a pour lui. Nous arguons loin de tant de catholiques qui ont la témérité, par leurs actes, de servir deux maîtres, le monde et Jésus-Christ : par exemple, épuiser tous les divertissements les plus risqués, et assister à la messe le dimanche; s'habiller convenablement à l'église, et scandaliser les gens de sa maison, surtout ses enfants, par des toilettes immodestes; faire des aumônes par respect humain, et s'enrichir par des voies usurières ou malhonnêtes; pratiquer encore sa religion pour la forme, mais critiquer, saper l'autorité de ses ministres. Ceux qui vivent de la sorte ne sont pas crucifiés au monde. Ils oublient que la vie chrétienne est une mort perpétuelle à soi-même, et qu'il n'est pas équitable de vouloir jouir successivement sur la terre et dans le ciel.

Enfin, nous consommons notre course sur la croix, souvent par les douleurs d'une cruelle maladie, par notre sacrifice suprême, en un mot, par la part de souffrance réservée à tout membre du Christ. La satisfaction de notre Sauveur est surabondante et infinie; mais "Jésus-Christ, en souffrant pour nous, n'a pas prétendu nous dispenser de souffrir, de porter notre croix, d'expier nos fautes par la pénitence". C'est ainsi que la Croix demeure notre unique espérance pendant la vie, mais surtout à l'heure de la mort.

Je vous le demande, si ces vérités nous étaient plus familières, est-ce que notre vie ne fermenterait pas de surnaturel? Ne serions-nous pas moins enclins à vivre d'une façon humaine, à marcher selon la chair, comme dit l'Apôtre? Or, c'est le propre du signe de la croix de tenir ces vérités, une fois connues, vivantes à notre esprit. A nous donc de le faire le plus souvent possible! Les saints en ont agi de la sorte. -

à suivre

La pratique du signe de la croix au cours des siècles.
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Message  gabrielle Sam 30 Avr 2016 - 15:59

La pratique du signe de la croix au cours des siècles.

Au fond de toute bénédiction, il y a le souvenir et comme l'invocation de la Croix, parce que le sacrifice du calvaire est la source unique de notre Rédemption et de notre sanctification. Or, Notre-Seigneur a béni maintes fois durant sa vie; sous quelle forme et avec quelles paroles? Nous l'ignorons. Il a béni le pain et le vin, eninstituant la sainte Eucharistie. Il a béni ses disciples avant de monter au ciel. N'avons-nous pas raison de croire que notre Sauveur bénissait en nous en montrant la manière, ce Jésus que l'iconographie se plaît à représenter, dans l'atelier de Joseph, mettant en croix deux pièces de bois sous les yeux tristes de sa Mère et inaugurant, pour ainsi dire, lés premiers signes de croix ?

Les Apôtres, à l'exemple du Maître, bénirent, eux aussi, et pratiquèrent réellement le signe de la croix, selon de respectables témoignages. Cela explique que dès le Ile siècle l'usage du signe de la croix était répandu dans l'Eglise comme venant des Apôtres, et probablement de Notre-Seigneur lui-même. "Les premiers chrétiens avaient l'habitude d'employer le signe de la croix en toutes circonstances, pour se distinguer des païens, se reconnaître entre eux, montrer qu'ils n'avaient pas honte de Jésus-Christ crucifié, pour dissiper et éteindre les tentations, chasser les démons et attirer les bénédictions de Dieu sur leurs oeuvres. A tout moment, déclare encore Tertullien, à chaque pas, à chaque action que ce soit, en marchant, en entrant au logis et en sortant, en nous habillant et en nous chaussant, en nous levant et en nous mettant à table, le soir en allumant la chandelle, en nous couchant, en nous asseyant, nous imprimons le signé de la croix sur notre bouche, sur nos yeux, sur notre coeur et sur notre front" (1).

A cette époque, et même auparavant, remontent la plupart de nos rites du signe de la croix. Seulement, le signe et les paroles ont toujours varié et continuent encore de différer de notre grand signe de croix. Qu'on observe, pour s'en convaincre, les signes de croix dans les sacrements, à la messe, durant l'office canonial. Sous des divergences de forme, ce qui demeure identique, c'est l'image de la croix. In hoc signo vinces : par ce signe, vous vaincrez. L'apparition faite à Constantin sanctionna l'usage apostolique de se signer à tout moment et consacra pour toujours l'emploi de cette arme divine dans les difficultés et les combats de la vie spirituelle.




(1)  Abbé Roger, Le signe de la croix, passim.
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Message  gabrielle Dim 1 Mai 2016 - 15:11

Notre mode actuel de faire le signe de la croix a pris naissance, paraît-il, au VIIIe siècle. Comme il est arrivé pour d'autres trésors, et pour le dépôt de beaucoup de traditions, ce sont les monastères, avec les Papes, qui ont continué jusqu'à la Réforme le fréquent usage du signe de la croix. "nos pères, les anciens moines, écrit un de leurs historiens, pratiquaient très fréquemment et très religieusement le signe de la croix.Ils le faisaient surtout en se levant, en se couchant, avant de travailler, en sortant de leurs cellule et du monastère, en y entrant, en se mettant à table, sur le pain, sur le vin, sur chaque mets" (1), mais lorsque la Réforme eut scindé la chrétienté en deux, les protestants en masse, restés chrétiens de forme, cessèrent d'en afficher le signe, puis taxèrent d'abus le culte de la croix et des images, cependant qu'un nombre croissant de catholiques commencèrent à rougir de leur marque de chrétiens.

Quelle fut la fortune de cette dévotion en nos temps modernes? Il faut lire à ce sujet les indignations de Monseigneur Gaume. Après avoir montré que le monde païen, avant le signe de la croix, ignorait tous les problèmes les plus essentiels au bonheur de l'homme, l'auteur affirme dans la Septième lettre à Frédéric que le monde moderne, dans son ensemble, est retombé dans la même ignorance. "II a abandonné le signe de la croix. Dès lors, plus de moniteur toujours à ses côtés, qui lui redise à chaque instant les trois grands dogmes nécessaires à sa vie morale. Ils les oublient; ils sont pour lui comme s'ils n'étaient pas. Aussi, vois ce qu'il devient en fait de science... Que sait-il donc, ce monde moderne, ce siècle de lumières, qui ne sait plus faire le signe de la croix? Ni plus ni moins que les païens, ses maîtres et ses modèles. Il sait et il adore le Dieu-Moi, le Dieu-Commerce, le Dieu-Coton, le Dieu-Ecu, le Dieu-Ventre, Deus venter. Il sait et il adore la Déesse-Industrie, la Déesse-Vapeur, la Déesse-Electricité. Moyen de satisfaire toutes ses convoitises, il sait et il adore la science de la matière, la chimie, la physique, la mécanique, la dynamique, les sels, les essences, les quintessences, les sulfates, les nitrates, les carbonates. Voilà ses dieux, son culte, sa théologie, sa philosophie, sa politique, sa morale, sa vie"(1). N'avons-nous pas vu mourir récemment aux Etats-Unis un savant fameux qui, si l'on en croit la renommée, découvrit toutes sortes de merveilles, excepté l'existence et les infinies perfections de Dieu?





(1) Martène, cité par Mgr Gaume
(1) Le signe de la croix au XIXe siècte, par Mgr Gaume. 1878.
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Message  gabrielle Lun 2 Mai 2016 - 15:34

Dieu soit mille fois béni! Aussi loin que nous remontons dans l'histoire de notre Nouvelle-France, nous constatons que, dans un grand nombre de familles, surtout à la campagne et dans les bois, l'usage du signe de la croix se mêle à tous les détails de la vie quotidienne, comme aux premiers siècles. Il est le point de départ de la vie religieuse de l'enfant. Jésus, papa, maman, le signe de la croix, voilà ce premier filet d'éducation chrétienne qui s'infiltre, pour ainsi dire, dans l'âme de l'enfant, pour devenir le fleuve enveloppant et débordant de toute son existence.

Avez-vous déjà vu la jolie scène, digne du pinceau de Greuze, d'une jeune mère qui montre à son petit à faire le signe de la croix? Elle guide sa main potelée au front, en lui faisant répéter les mots Au nom du Père, puis sur la poitrine, puis à l'épaule gauche, puis à la droite; le bébé éclate de rire et tape des mains, fier de son succès, et le tout finit par la plus pure des caresses. Voilà donc un mioche de trois ans mis en relation avec la sainte Trinité! Puis l'enfant grandit en faisant le signe de la croix avant et après les prières, en se couchant et en se levant. Il modèle ensuite ses habitudes sur les exemples de ses père et mère, qui vivent leur foi, qui font le signe de la croix en toute circonstance. Avant et après les repas, de même pour l'Angélus(...)

parents. Et combien de cultivateurs, d'ouvriers pleins de foi, ne commencent jamais leur travail, ou une action périlleuse, ou un voyage, sans faire auparavant un très religieux signe de croix! Cela s'observe même chez des chrétiens fort répréhensibles par ailleurs. Mais ces hommes à l'écorce rude sont convaincus que notre Dieu caché reste le grand Maître de toutes choses et de nos destinées, et ils ont appris, tcfut jeunes, à Le mettre de leur bord par le signe de la croix.

Un vénérable curé disparu nous contait souvent ceci, comme histoire d'évangile: " un jeune homme conduisant la charrue ne pouvait plus maîtriser les chevaux, qui se cabraient et devenaient hors de service. Il avait beau crier, blasphémer même, la situation empirait. Le père occupé à quelque distance vint prendre les guides, fit un pieux signe de croix, commanda doucement les chevaux, lesquels partirent tête basse, comme si rien ne se fut passé. Sans rien juger de ce fait, j'en conclus simplement à l'édification de cette tradition chrétienne de faire le signe de la croix dans les situations pénibles de la vie.

Le signe de la croix joue le rôle de cause et d'effet: il résulte d'une foi simple, sans ombre et fortement enracinée, mais il stimule en même temps dans l'âme un vif sentiment de religion et d'union à Dieu.(...)

C'est par la connaissance et la pratique de la religion que nous viendra le salut; or, le signe de la croix, c'est le drapeau de la religion....Il chasse les démons, il nous rend victorieux dans les tentations, il nous protège contre les dangers de l'âme et du corps, il peut nous obtenir toutes sortes de grâces, il est la terreur de l'hérésie. Le seul fait que les protestants méprisent systématiquement le signe de la croix prouve qu'ils ne sont pas de coeur avec le Christ.   Le fils qui aime son père ne répudie point son image. Pour nous, catholiques, la Croix que nous vénérons par le signe de la croix, c'est notre espérance, notre consolation, notre salut, notre joie, notre amour, et, comme pour l'Apôtre saint Paul, notre seule gloire: Pour moi à Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1).

(1) Gal., VI, 14.

FABIEN-ZOËL,
évêque de Saint-Hyacinthe.
Par mandement de Monseigneur..
Napoléon Delorme,
secrétaire.
1933
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