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Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion du Concordat. (complet)

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Message  Louis Sam 6 Aoû 2011 - 2:05

Que les saints et les docteurs ont fondé
ces deux autorités dans Pierre sur le même principe.

Vous pouviez en effet l'observer : tous ces docteurs que nous avons cités, en vous parlant de l'autorité du pape sur la juridiction des évêques, vous laissent à peine le soin d'appliquer leur doctrine à cette autorité du même pontife sur les sièges épiscopaux. Ici tout marche ensemble , parce que tout part du même principe.

Lorsque le cardinal Bertrand vous a dit que la plénitude de juridiction avoit été donnée à Pierre, il ne vous a pas dit qu'elle lui avoit été donnée simplement alitant qu'il le falloit pour dominer sur celle des évêques, il vous a dit, autant qu'il le falloit pour le gouvernement de l'église; quantùm necessarium. erat, et expediebat cum regimine ecclesiæ. Et qui seroit assez insensé pour nous dire que la création, la distribution des sièges, leur extinction et la fixation de leurs limites , sont autant d'objets étrangers au gouvernement de l'église ?

Quand saint Thomas encore vous a parlé de la juridiction da Pierre, il ne vous a pas dit simplement que Jésus-Christ la lui avoit donnée sur les apôtres, il vous a dit que Jésus-Christ avoit très-pleinement donné à Pierre tous les droits qu'il avoit lui-même ; Petro et successoribus ejus plenissimam potestatem plenissini comminisit, ut etiam nulli alii quàm Petro quod suum est, plenum ipsi dedit. Et quel est le chrétien qui osera nous dire que la création, la division, l'extinction des sièges épiscopaux, n'appartiennent pas à Jésus-Christ, ou bien qu'il n'a pas pu donner ce droit à Pierre ?

Les célèbres d'Ailli, et Gerson et le docteur Almain…
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Message  Louis Sam 6 Aoû 2011 - 19:15

Que les saints et les docteurs ont fondé
ces deux autorités dans Pierre sur le même principe.


Les célèbres d'Ailli, et Gerson et le docteur Almain , n'ont pas eux-mêmes séparé ces deux pouvoirs. Avec la plénitude de juridiction, ils ont reconnu, dans le pape, le droit de distribuer les ministres, et de déterminer, de fixer leur juridiction; disponendi ministros eeclesiæ et determinandi jurisdictionem.

Ils vous ont dit qu'à eux appartenoit la disposition du troupeau et des ouailles; ad quem pertinet dispositio et regimen generale ovium et ovilis. ( Petr. d'Ailli, ubi sup. ) Et qu'est-ce que cette distribution des ministres, cette disposition du troupeau et des ouailles, si ce n'est la distribution des évêques, des diocèses et de leurs sièges ?

Ils ne vous ont pas même permis de douter que le pape ne pût sur les évêques, et quant à l'exercice de l'épiscopat, tout ce que les évêques peuvent sur les pasteurs du second ordre, pour des causes certaines et raisonnables; et sic à papâ posse fieri circa prælatos majores non est ambigendum. ( Gerson supra. )

Et qui ne sait pas qu'aux évêques appartient le droit de distribuer les ministres du second ordre, par la création ou distribution des paroisses, dans leurs diocèses ? Si necessitas populi id exegerit ut plures fiant . ecclesiæ aut alt(a)ria, cum ratione et auctoritate id faciant episcopi. ( Baluz. capitul. Franc, t. 2., col. 24.)

Ces mêmes docteurs vous ont dit formellement qu'au pape appartenoit le droit d'instituer et distribuer les évêques, instituendi et distribuendi episcopatus.

La raison qu'ils vous en ont donnée, c'est que le gouvernement de toute la chrétienté, par un seul et même chef, est d'institution divine, au lieu que le gouvernement de tel ou de tel diocèse est une institution humaine. Quod sit aliquis qui habeat regere totam christianitatem, est ex institutione Christi, et quod aliquis regat hunc episcopatum, est ex institutione humana. ( ALMAIN et VAN-ESPEN , ubi sup. )

Par cette raison seule, Almain et Van-Espen ont prévenu tout ce que vous pouviez opposer à cette autorité du pape, en fondant la vôtre, sur une institution divine que personne parmi nous ne conteste à l'épiscopat, mais que personne aussi ne reconnoît et ne peut reconnoitre dans l'application de votre épiscopat à tel ou à tel siège, et à tel ou tel autre diocèse.

A suivre :
Nullité absolue d’autorités pour les évêques refusans.


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Message  Louis Dim 7 Aoû 2011 - 0:40

Nullité absolue d’autorités pour les évêques refusans.

Nous pourrions donc ici suspendre le cours de nos autorités, et attendre au moins que vous nous en eussiez opposé quelques autres, du même poids; mais nous les attendrions inutilement de votre part ces autorités.

Nous pouvons, sur cet objet, vous faire le même défi que vous faisoit Benoit XIV sur la juridiction des évêques. Vous n'avez pas trouvé un seul docteur catholique contestant au pape le pouvoir de limiter ou d'effacer dans vous, pour de justes raisons, toute cette puissance ; vous n'en trouverez pas davantage qui aient contesté au pape le droit de disposer de même de vos sièges.

Nous pourrions donc nous dispenser d'ajouter à nos traditions, d'interroger, et d'autres églises et d'autres docteurs; cependant parcourez encore avec nous les diverses églises, les diverses écoles, nous vous ramènerons de nouveau à celle de France, et vous verrez encore partout le plus parfait accord.


A suivre :
Preuve de cette autorité du pape
sur les sièges épiscopaux,
même pendant l’ancienne discipline.

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Message  Louis Dim 7 Aoû 2011 - 19:15

Preuve de cette autorité du pape
sur les sièges épiscopaux,
même pendant l’ancienne discipline.

Ici s'offrent d'abord tous ces conciles, et provinciaux et nationaux, dont les évêques, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en France , sur-tout dans un temps où la discipline leur permettoit, à eux, d'ériger ou bien de réunir les évêchès , n'en recouroient pas moins au pape pour la confirmation de leurs statuts (I).

Cette observation n'est pas de moi, elle est de Thomassin, c'est-à-dire, de l'homme le plus justement célèbre par ses connoissances sur la discipline ecclésiastique. Pourquoi sans cesse cette intervention du pape, et ce recours au pape dans ces érections ou réunions de sièges épiscopaux et archiépiscopaux, abandonnées cependant en quelque sorte, pendant tant de siècles , à la disposition de ces conciles ?

C'est, répond Thomassin, qu'il falloit donner une fermeté irrévocable à ces nouveaux rétablissemens : « car les princes et les évêques ne pouvoient rien ordonner qui ne pût être révoqué par leurs successeurs; les conciles postérieurs changeoient les décrets des conciles précédens; mais ce qui avoit été fait ou confirmé par le premier siège de l'église, ne pouvoit être changé par des puissances inférieures. » ( Discipl. eccles. part.1, l. i, c. 56 et 58. )

Quel lecteur ne conclut pas ici avec nous ?

Pendant tous les temps que cette discipline a régné dans l'église, c'est-à-dire, pendant les dix premiers siècles , ce n'était donc pas simplement la foi de l'église , que l'érection et la disposition des sièges épiscopaux entroit dans les droits du pontife romain; dans la foi générale , ce pouvoir étoit tel, que, sans l'intervention et la sanction du pape, rien n'étoit regardé comme fixe dans ces dispositions, si ce n'est dans celles que le pape avoit faites lui-même, ou confirmées. Non-seulement le pape pouvoit tout quant à la disposition des métropoles ou des évêchés, mais nulle autre puissance sur les métropoles, et les évêchés n'étoit indépendante de la sienne.

Quand cette discipline a changé dans l'église, ne vous attendez pas à voir la foi de l'église changer sur le pouvoir du chef. Elle a pu effacer ou suspendre dans les évêques une puissance toujours subordonnée à Pierre; elle ne peut ni effacer, ni limiter dans Pierre une plénitude de puissance qu'il tient de Jésus-Christ, et qui s'étend sur-tout, dans le gouvernement des fidelles, sur les sièges de leurs pasteurs, comme sur leurs pasteurs même.

Ecoutez donc encore un saint docteur, qui tient lui-même un rang distingué parmi les pasteurs. C'est saint Laurent Justinien, patriarche de Venise, qui vous parle en ces termes clairs et positifs : « Aux successeurs de Pierre, comme vice-gérens de Jésus-Christ, a été donnée toute la puissance de l'église, et celle nommément d'établir dans les villes des sièges épiscopaux et dans les provinces des sièges métropolitains. » Istis utique, tanquàm Christi vicariis, totius ecclesiæ est attributa potestas, confirendi videlicet bénéficia — instituendi per civitates episcopos , et per provincias, metropolitas ordinandi , esc. ( De obed. 1. 2. )

________________________________________________

(I) Il en est de même pour toutes ces exemptions que l'on voit accordées par les anciens évêques à divers monastères, mais dont on avoir soin de demander à Rome la confirmation ( V. Concil. Gall. t. I ), de peur que des privilèges accordés par un évêque ne fussent rétractés par un évêque ayant la même autorité; ce qui n'avoit plus lieu quand le pape , supérieur à tous les évêques, avoit confirmé le privilège.
A suivre :
Preuve par la doctrine des scolastiques.

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Message  Louis Lun 8 Aoû 2011 - 2:05

Preuve par la doctrine des scolastiques.

Pour vous montrer l'accord de cène doctrine avec celle de tous les docteurs catholiques, je ne veux pas ici les appeler tous un à un, leur faire répéter à tous les mêmes leçons. Mais qu'il s'explique au moins ce Suarez, en qui dit Bossuet, on entend toute l'école moderne.

Avec lui, il faut dire, « qu'une loi générale a réservé au pape toute cause majeure, et dans ces causes nommément, le droit de soumettre une église à une autre, ou bien de réunir deux évêchés en un seul, ou d'en diviser un en deux. » Dicuntur verò esse graviora quæ concernunt statum generalis ecclesiæ ; — item, unam ecclesiam alteri subjicere, aut duos episcopa tus unire , vel unum in duos dividere. (De legib. lib. I, c. 5. ).

A côté de Suarez marchera ce Vasquez que Benoît XIV appeloit une grande lumière de l'école. Celui-là devoir être pour vous, si jamais un vrai théologien pouvoit l'être car il croyoit à la juridiction de droit divin, intimement unie à la consécration épiscopale. C'étoit là son système, et cependant Vasquez est réduit à vous dire, « qu'au pape est confiée l'application et la constitution de la matière; que du pape dépend la distribution des diocèses, et que c'est pour cela qu'il peut constituer et appliquer la matière légitime (1). »

Vous le savez, ce que tout cela signifie dans le langage de l'école, c'est que vous avez beau supposer la juridiction attachée à l'ordination, elle n'en restera pas moins sans matière, sans sujets sur lesquels elle puisse s'exercer légitimement, jusqu'à ce que le pape désigne à l'évêque des fidelles à gouverner. Ici, sans cette mission, l'évêque sera un pasteur sans troupeau, un juge sans tribunal, et ses sentences seront aussi nulles que s'il n'avoit jamais été élevé à la qualité de juge, de pasteur ou d'évêque. A quoi servira donc tout ce système de Vasquez, de Navarre et de Paul de Castro, s'il faut en venir avec eux à cet aveu forcé, que le droit de donner des sujets aux évêques, en leur distribuant les diocèses, appartient au pape ?

C'est l'observation de Suarez. ( De Leg. l. 4.) Elle vous dit assez combien peu vous pouvez espérer des scholastiques, en refusant au pape ce pouvoir. J'en reviens aux leçons spéciales de notre église gallicane.

____________________________________________________

(1) Quia pontifici commissa est appticatio, imò et constitutio ipsa materiæ, et ejus potestate pendet diœcesum et parochiarum divisio, ideò que legitimam materiam ipse solùm constituere et applicare potest, sequitur ut in foro conscientiæ impedire possit hujusmodi activant jurisdictionem ex patre, ut viderit expedire, et ita casus aliquos reservare, ac eâdem ratione in foro exteriori leges moderari et denique de omnibus his cognoscere. ( Vasquez, quest. 95, nº 30. )

A suivre:
Preuve par la doctrine de l’église de France.

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Message  Louis Mar 9 Aoû 2011 - 16:47

Preuve par la doctrine de l’église de France.

Ici tout nous rappelle d'abord ce Léon, archevêque de Sens, défenseur intrépide de ses droits contre la puissance royale même. Quand Childebert voulut ériger à Melun un évêché, en démembrant celui de Sens, ce Léon sut aussi faire parler en sa faveur les statuts des pères et les lois des conciles, défendant d'établir un évêque dans un diocèse, au préjudice de celui qui le gouvernoit ; custodite, quæso, statuta patrum, et canonum severitate constricti, non patiamini sicut scribitis , ad petitionem ejus plebis , superstite proprio sacerdote, alterum episcopum ordinari.

Et lui aussi savoit qu'il ne devoit pas abandonner lâchement une église que Dieu lui avoit confiée, et dont on ne pouvoit pas lui reprocher d'avoir négligé le service ; ut diœcesim nostram, à Deo nobis commissam, et usque nunc pontificali ordine Deo propttio custoditam, tanquàm negligentes ac desides, ad alterius potestatem permittamus, transire.

Et cependant cet évêque si ferme sur ses droits, malgré toute sa répugnance pour le démembrement de son diocèse, qu'exigeoit-il pour s'y soumettre ? Le statut d'un concile ou le décret du pape. Jusqu'à ce que cette autorisation d'un concile ou du pape lui fût montrée, il retranchoit de sa communion tout homme qui érigeroit dans cette partie de son diocèse un autre siège; il l'écrivoit au roi Childebert même. Nam gloria vestra optimè debet et credere et scire , quia si contra statuta canonum quicumque episcoporum t sine consensu nostra, Meledone episcopum voluerit ordinare, usque ad papæ notitiam vel synodalem audientiam, tam hi qui ordinaverint, quàm qui ordinatus fuerit, à nostrâ erunt communione disjuncti. ( LEON. sen. epist. ad. Childeb. conc. Gall. an. 538. )

Dans la foi de cet évêque, et dès les premiers temps de notre monarchie, l'autorité du pape suffisoit donc aussi pour triompher de toute résistance, et de celle même de l'évêque intéressé à conserver son diocèse dans son intégrité.

Hincmar vous dira même quelque chose de plus sur son propre siège. Il en voit tous les privilèges tellement dérivés du siège apostolique , que pour lui, méconnoître ces privilèges, et se montrer rebelle au pape, ce n'est qu'un seul et même crime. Tu probaris apostolicæ sedis privilegio resultare, qui metropolitano privilegio obedire detrectasti. ( Ad. HINC. Land.)


Sur le même siège qu'Hincmar, l'archevêque Reinold vous donnera une leçon plus spéciale encore…


Dernière édition par Louis le Mer 10 Aoû 2011 - 4:06, édité 1 fois (Raison : orthographe d'un mot)
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Message  Louis Mer 10 Aoû 2011 - 4:10

Preuve par la doctrine de l’église de France.(suite)

Sur le même siège qu'Hincmar, l'archevêque Reinold vous donnera une leçon plus spéciale encore. Sur le même siège qu'Hincmar, l'archevêque Reinold vous donnera une leçon plus spécifie encore. Le pape Urbain a rétabli le siège d'Arras; le comte de Flandres veut savoir s'il doit conformément à ces dispositions recevoir le nouvel évêque; et Reinold lui répond : « Dans le concile de Reims , composé d'archevêques, d'évêques et de plusieurs princes, nous avons reçu la profession et confirmé la consécration ( de Lambert élevé à ce nouveau siège ), suivant les préceptes du pape, à qui on ne peut désobéir sans crime. » Juxta domini papa pracepta, quibus inodebire nefas est. ( THOMASS. 1.I, c, 57, ex spilileg. t. 3, p. 123.)

Au lieu de comparer ces réponses, nous ne pouvons pas obéir, et on ne peut pas désobéir sans crime, revenez à saint Bernard. On a trop mutilé sa doctrine, pour ne pas nous forcer à la rétablir dans tout son jour; reprenez sa lettre aux Milanais (1), et dites-nous si la leçon pouvoit être plus positive.

Voici les expressions du saint docteur :

« Le pontife romain, s'il le juge à propos et utile, peut ordonner de nouveaux évêques dans les villes qui n'en eurent jamais. Parmi ceux qui existent, il peut abaisser les uns et élever les autres, comme la raison le lui dictera. Il peut, s'il le croit nécessaire, créer un archevêque d'un évêque, et d'un archevêque faire un simple évêque ; »

et lorsqu'il l'aura fait, ne venez pas nous dire qu'il faut en partie obéir et en partie désobéir; ne nous la dites pas, vous sur-tout qui venez d'éprouver toute la plénitude de sa puissance; car celui qui nous tient un semblable langage, st un homme séduit, ou qui veut nous séduire. Faites plutôt ce que je vous-dis, moi qui ne vous séduis point. C'est toujours saint Bernard qui parle. Convertissez-vous à l'humilité et à la douceur, c'est-à-dire , obéissez; oui, obéissez humblement, crainte qu'on ne doive ajouter avec le même saint docteur : A quoi vous sert de regimber, à quoi sert toute cette rebellion où vous ont entraînés vos faux prophètes? Pensez que l'héritier de Pierre a dans ses mains de quoi se venger , et punir les désobéissans.

S'expose qui voudra à mériter, et ces reproches et ces menaces du saint docteur. Il seroit trop absurde pour nous de chercher à encourir l'indignation de Pierre, dans l'instant où il n'use de toute sa puissance sur nous et nos pasteurs, que pour rouvrir nos temples , et nous rendre, avec la religion de nos pères, les moyens du salut.

En faveur de l'insoumission…

_________________________________________________

(1) Note de Louis : la lettre est en latin. Si besoin est, nous la publierons.
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Message  Louis Jeu 11 Aoû 2011 - 16:48

Preuve par la doctrine de l’église de France.(suite)

En faveur de l'insoumission, j'ai encore entendu citer Yves de Chartres ; mais il a bien fallu encore ici mutiler les lettres de ce saint évêque, pour nous cacher sa vraie doctrine (I). On nous a dit tout ce qu'il écrivoit pour engager le pape à s'abstenir de l'érection d'un siège épiscopal à Tournai ; à ne pas renverser un ordre de choses établi depuis pris de quatre cents ans, dans la crainte d'offenser le roi, et d'élever en France le schisme qui régnait alors en Allemagne.

Mais ce qu'on n'a eu garde de nous dire, et ce qu'il y avoit cependant ici de plus essentiel, c'est que ce saint évêque, au milieu même de ses instances, reconnoissoit expressément l'autorité dont il prioit le pape de ne point user en ce moment. Car, lui disoit-il, « nous sommes loin, saint Père, de motiver notre opposition sur un défaut d'autorité de votre part. Nous ne prétendons pas que vous ne puissiez étendre ou resserrer les limites des diocèses, lorsque le salut du peuple l'exige, sans qu'il puisse en provenir, un schisme dans l'église. » Nec in hoc resistimus quin possit sedes apostolica, parochiarum amplitudinem minorare , aut brevitatem dilatare, si utilitas populi Dei id exigat, et nullum schisma, inde contingat. ( Epist. ad PASCHAL II , 240. )

C'est dans ces paroles que Thomassin et M. de Marca ont vu la véritable doctrine d'Yves de Chartres ; il est aisé de voir combien elle vient se confondre avec celle de saint Bernard; de Gerson et des autres.

D'ailleurs, comment le pape ne pourroit-il pas, qualité de pape, d'héritier de saint Pierre, ce qu'il peut en sa qualité de patriarche ? Ecoutons là-dessus Thomassin : …

_________________________________________________

(I) Ne va-t-on pas nous dire qu'on a cité comme le pape Pie VI ? Oui ; mais l'objet de Pie VI n'étoit pas de prouver qu'on peut désobéir au pape. Il citoit, lui, Yves de Chartres, pour nous montrer que son autorité ne le dispense pas des formes ou des règles, quand on peut les suivre ; et vous le citez, vous, pour opposer ces formes et ces règles à l'autorité qui ne peut plus les suivre, c'est-à-dire, dans une circonstance où le pape Pie VI auroit ajouté ce que vous omettez. Vous le citez, pour opposer Pie VI à Pie VII, tandis qu'il falloit le (citer) pour justifier également l'un et l'autre, et laisser à l'erreur le soin de se nourrir de ces prétendues oppositions.

Nous ne soupçonnons pas les intentions ; mais il est malheureux que vos apologistes soient ainsi réduits à tronquer les autorités qu'ils invoquent pour vous.
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Message  Louis Jeu 11 Aoû 2011 - 23:54

Preuve par la doctrine de l’église de France.(suite)

D'ailleurs, comment le pape ne pourroit-il pas, qualité de pape, d'héritier de saint Pierre, ce qu'il peut en sa qualité de patriarche ? Ecoutons là-dessus Thomassin :

« Si le pape est devenu, depuis quelques siècles, presque le seul distributeur des évêchés de toute l'église, qui ne se trouve presque plus que dans son patriarchat; si les droits et le pouvoir des métropolitains se voient presque tous rassemblés en lui seul ; si les canonistes des derniers siècles l'ont appelé le collateur des collateurs, et le souverain dispensateur de tous les bénéfices, il faut véritablement avouer que c'est la révolution des siècles qui a fait ce changement dans la discipline de l'église ; mais il ne sera pas inutile de remarquer dans la plus haute antiquité quelques vestiges de cette police.

On ne peut douter que les apôtres, et sur-tout le prince des apôtres , n'eussent un pouvoir suprême dans la création des évêchés et l'élection des évêques. Quand ils créèrent des métropolitains, ils ne se dépouillèrent pas de leur droit et de leur autorité, tant sur tous les évêques que sur les métropolitains mêmes Toute l'autorité des évêques sur d'autres évêques ne peut être qu'une émanation, ou une imitation de cette singulière primauté que Jésus-Christ donna à saint Pierre sur les autres apôtres, dont tous les évêques sont les successeurs. Ainsi, les trois évêques qui furent les successeurs particuliers de saint Pierre dans les trois églises patriarchales, conservèrent toujours une juridiction fort grande sur tous les évêques et sur les métropolitains d'un grand nombre de provinces de leur ressort (I). »

Voilà donc deux autorités réunies dans le pape…

_____________________________________________________

(1) Tout cela ne contredit point ce que j'ai dit ailleurs, que l'apôtre conquérant n'a point de successeur ; car, autre chose est le droit, qui d'ailleurs ne peut convenir qu'à un seul, de gouverner en patriarche toutes ses conquêtes, et autre chose sont les prérogatives attachées à la mission illimitée donnée aux apôtres pour l'univers entier.

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Message  Louis Ven 12 Aoû 2011 - 23:03

Preuve par la doctrine de l’église de France.(suite)

Voilà donc deux autorités réunies dans le pape; l'une comme patriarche héritier du premier fondateur dans le gouvernement des églises qu'il a fondées, l'autre comme héritier de saint Pierre, chef de tous les premiers fondateurs. Choisissez entre ces qualités. Nos évêques ne refuseront pas au pape la première ; elle a été trop solennellement reconnue dans la lettre qu'ils écrivoient encore, de leur exil, à Pie VI : Ab iis fundata sancti evangdii prœconibus, quos primi beati Petri successores in Galliam misere, nostra illa Francorum ecclesia. ( Lettre des évêques réfugiés à Londres. ) Que la seconde de ces qualités appartient au pape, c'est un dogme de foi pour tous les catholiques. Il a donc un double titre de son pouvoir suprême dans la création des évêques.

A ces autorités, qu'il me soit permis d'ajouter celle d'Antoine Arnaud, de ce docteur célèbre à bien des titres, mais sur-tout par le rôle qu'il a joué parmi des hommes peu disposés à exagérer la puissance des papes. C'est lui qui nous a dit : « Personne ne doute que le pape ne puisse ôter une partie d'un trop grand évêché, pour en faire un autre ou plusieurs. » C'est lui qui cite en preuve l'usage que fit de cette autorité le pape Jean XXII, celui de tous «tes papes qui en usa le plus en France. ( Lettre d'Antoine Arnaud à M. de Vaucel, 561. )

Vous faut-il à présent des autorités d'un autre genre? Il y a long-temps que nos lois canoniques nous ont appris que « s'il appartient à l'évêque d'unir les églises de son diocèse, et de les soumettre les unes aux autres, c'est comme il appartient au pape d'unir et de subordonner les sièges épiscopaux. » Sicut unire episcopatus atque potestati subjicere alienæ ad summum pontificem pertinere dignoscitur, ita episcopi est ecclesiarum suæ diœcesis unio et subjectio earumdem. ( Cap. sicut unire extra de exces, præl. )

Dans notre église sur-tout à qui seroit-il permis, ou d'ignorer, ou bien de révoquer en doute…
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Message  Louis Sam 13 Aoû 2011 - 23:22

Preuve par la doctrine de l’église de France.(suite)
Dans notre église sur-tout à qui seroit-il permis, ou d'ignorer, ou bien de révoquer en doute cette autorité du pontife romain ? Depuis long-temps il existe pour les évêques de France un protocole, un modèle d'instruction à suivre dans les informations à faire, lorsqu'il est question d'ériger un évêché. Ce modèle est le procès verbal dressé par M. le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, pour la création de l'évêché de Blois ; et la première phrase de ce procès verbal inséré dans le second volume des Mémoires du Clergé, nous donne pour base ce principe :

« C'est une vérité reconnue, que la distribution des diocèses, et l'érection des églises cathédrales, pour le bien et la propagation de l’église, appartiennent de droit au pape et au siège apostolique. » Cùm pro ecclesiæ bono et augmento, diœceseon divisio, et ecclesiasticarum cathedralium erectio ai summum pontificem, sanctamque sedem apostolicam, de jure pertinere dignoscatur. ( Mémoires du Clergé, t. 2 , col. 91. )

A suivre :
Preuve par les faits dans l’église de France.
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Message  Louis Dim 14 Aoû 2011 - 20:35

Preuve par les faits dans l’église de France.

Oui, lecteur, voilà ce grand principe reconnu et décidé dans notre église; et, je vous en préviens, vous chercherez en vain dans nos annales un seul monument qui démente cette profession solennelle de sa foi sur le droit du pontife romain ; et remarquez-le bien, quand on vous parle ici de cette puissance donnée à Pierre sur les sièges épiscopaux, il ne s'agit pas simplement de cette autorité qui distribue des privilèges, des droits de primatie, dont sans doute vous ne chercherez pas l'origine ailleurs que dans le siège apostolique, lorsque vous verrez les papes Zozime , Célestin , et Léon , et Vigile, et Symmaque, les créer, les resserrer, les transporter, les reproduire alternativement dans Vienne, ou dans Arles, dans Narbonne, ou dans d'autres églises, suivant les circonstances, ou suivant les prélats qu'ils ont ou à récompenser, ou à punir; je parle de cette puissance originaire qui donne l'existence même aux sièges épiscopaux.

Ouvrez nos monumens ecclésiastiques t et voyez combien l'autorité du pape, fondateur, créateur et distributeur de ces sièges, éclate dans ces décrets que notre clergé français est le plus attentif à recueillir. Là , il affectera de mettre sous nos yeux les bulles de Jean XXII, érigeant les sièges épiscopaux de Maillesais et de Luçon; et vous entendrez ce pape déclarant qu'il ne fait en cela que remplir les devoirs d'un vicaire de Jésus-Christ, obligé d'ajou¬ter au nombre des ouvriers apostoliques quand la moisson s'accroît, c'est-à-dire, quand la nombre des évêques ne suffit plus aux besoins de la multitude (1).

Ici, ce sera la bulle d'Innocent X , transportant l'évêché de Maillesais à la Rochelle, et déclarant que s'il vient en cela satisfaire aux vœux de Louis XIV , c'est parce qu'établi sur le siège le plus éminent dé l'église militante, et revêtu de toute la plénitude de puissance apostolique, soit qu'il érige de nouveaux sièges épiscopaux, soit qu'il donne aux anciens de nouvelles limites, soit enfin qu'il supprime les uns ou transporte les autres, suivant que l'exigent les circonstances des lieux et des temps, il ne fait que remplir les devoirs de son apostolat (2).

Vous retrouverez ces mêmes motifs et ces mêmes déclarations exprimées dans les bulles de Grégoire XV érigeant Paris en archevêché, et lui donnant, par la plénitude de sa puissance apostolique , Orléans, Chartres et Meaux pour suffragans;, toujours même puissance dans le pape, toujours même devoir à reconnoitre dans l'érection des évêchés de Cahors, de Mendes, de Rodez par Innocent XI, ou dans celle de l'évêché d'Al(ar)s Innocent XII (3).

Voilà les titres auxquels nos évêques français reconnoissent devoir l'érection de leurs sièges, et qu'ils ont soin dé consacrer dans leurs annales, comme devant régler la foi et la discipline de leurs églises ; ils vous les offriront revêtus de lettres patentes du monarque, et enregistrés dans ces parlemens, alors si zélés pour nos libertés gallicanes; et il faudra bien l'observer, malgré tout ce zèle de nos tribunaux , vous ne les verrez pas une seule fois protester contre cette plénitude de puissance, toujours alléguée par ces papes érigeant tant de sièges en France. Ce n'est donc pas chez nous et dans notre église que l'on devoit s'attendre à voir naître des doutes sur cette plénitude de puissance exercée aujourd'hui par Pie VII, pour la nouvelle circonscription des diocèses.

Nous connoissons dans notre Histoire au moins quarante exemples de ces érections ou translations d'évêchés, toutes opérées par la seule autorité des papes, sur le consentement ou la demande des monarques français (4); et ce que nos annales nous disent depuis le moyen âge, l'histoire ancienne pourrait vous l'apprendre de la fondation de nos premiers sièges , de ceux d'Italie, d'Espagne, de Sicile, d'Afrique, puisqu'il est manifeste que toutes ces églises commencèrent par des évéques envoyés par Pierre ou par ses successeurs. Cum sit manifestum in omnem Italiam, Gallias , Hispanias, Africam, Siciliam insulasque adjacentes nullos instituisse ecclesias , ni(s)i cos quos venerabilis apostolus Petrus aut ejus successores constituerunt sacerdotes. ( INNOCENT, ad decent. )

_______________________________________________________

(1) Bulle de Jean XXII , an 1317
(2) Bul. Innoc. X, an. 1648.
(3) Bul. Innoc. XII, an. 1664.
(4) Sur la multitude des évêchés érigés en France par les papes Urbain II, Célestin III, Innocent III, Boniface VIII, Jean XXII, Pie IV, Pie V, Grégoire XV, Innocens X, XI. XII. et enfin par Pie VI, on peut consulter les Mémoires du Clergé, t. 2 ; Thomassin , t. I , l. 1; la Collection ecclésiastique, t. (?) ; [i]le Gallia christiana t. 3 et 4, etc.
________________________________________________________

(Note de Louis : les Bulles sont en latin. Si besoin est, nous les publierons.)

A suivre :Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.

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Message  Louis Mar 16 Aoû 2011 - 19:37

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
Si nous vous transportons en Orient, ce ne sera pas simplement pour vous montrer cet empereur Justinien forcé de recourir au pape Agapet, pour ériger en patriarche l'évêque de Justinianée, et obtenant du pape Vigile un décret qui met sous la juridiction de ce nouveau patriarche tous les évêques de Dacie, de Prale, de Dardanie, de Mysie, de Pannonie, de ces immenses régions qui comprennent aujourd’hui , avec une grande partie de la Turquie d'Europe , l'Autriche et la Hongrie. Cette révolution, dans l'ordre ecclésiastique, annonce cependant dans l'évêque de Rome une assez grande puissance. (V. Fleurit Hist. eccles. liv. 32, n.° 50, et liv. 33 , n.° 5. )

Mais les églises d'Orient ont eu d'autres révolutions dont il faut réparer les désordres; et c'est le patriarche même de Constantinople qui recourt au pape, en lui demandant la réunion d'une multitude de sièges devenue nécessaire pour rendre à l'épiscopat toute sa dignité. Il recourt au pontife romain, et ce que ce pontife aura prononcé dans sa sagesse, sera exécuté par son légat, sous les yeux du patriarche.

C'est le fait de Thomas, de ce patriarche de Constantinople, s'adressant au pape Innocent III pour la réunion d'une multitude d'évêchés ruinés par les révolutions de ces contrées. Qu'importe que ce pape n'exauce qu'à demi la demande du patriarche ? Qu'il unisse pour toujours, ou pour un temps seulement, ces diviers sièges, les conditions qu'il appose à la réunion, en montrant sa sagesse, n'en prouvent pas moins son autorité (I).

Suivez-nous dans ces contrées encore plus éloignées, qui furent le berceau de l'église naissante : Pierre avoit établi pour saint Jacques le siège de Jérusalem. Jacobus Alphœi cognomento Justus, à Petro, totius orbis magistra, prœpositus est epis copus Hierosolymorum ecclesiæ. ( CHRYSOST. homil 87 in Joan. )

C'est Paschal II , héritier de Pierre, qui va le rétablir; et voyez comment toute l'autorité du fondateur se développe dans les décrets du restaurateur.

« Les révolutions des siècles transportent les empires même; il faut donc aussi changer et transporter les provinces ou diocèses des diverses églises : celles des anciens diocèses d'Asie ont va leurs limites confondues par l'irruption de diverses nations. En rendant grâces au Dieu qui, de nos jours, fait rentrer sous la puissance des princes chrétiens les villes d’Antioche, de Jérusalem , et les provinces adjacentes, il faut donc nous occuper aussi des changemens et des translations à faire, pour donner au siège de Jérusalem les diverses villes conquises par le roi Baudouin. Ainsi, notre cher frère et notre co-évêque, nous statuons pour vous, pour vos successeurs, et pour l'église de Jérusalem, que vous ayez en votre disposition, et sous votre gouvernement, avec tous les droits de métropolitain ou de patriarche, toutes les villes et provinces que Dieu a fait entrer sous la domination de ce prince, et qu'il voudra bien encore ajouter à ses conquêtes (II). »

La même autorité qui transporte ces sièges antiques sous celui du nouveau patriarche, en érige un nouveau à Bethléem; la même autorité détruit celui d'Ascalon créé ipar le patriarche. (V. THOMAS. Discip. Eccl. part. I, lib. I, c. 58. )

Vous demandiez de grands exemples…

______________________________________________________

(I) INNOC. III, epist, ad THOM. patriar. CONSTANTIN, apud Baluz. t. 1 , gestor. )
(II) PASCHALIS II epist. ad GIBELIN, patriar.

(Note de Louis : les textes des notes I et II sont en latin. Si besoin est, nous les publierons.)
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Message  Louis Mer 17 Aoû 2011 - 17:52

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Vous demandiez de grands exemples : ceux que nous choisissons n'affectent pas un ou deux sièges seulement, mais une multitude de sièges encore existant sous le vaste patriarchat de Constantinople, et dans le nouvel empire de Jérusalem, puisque là c'est du nombre même de ces sièges que venoit le besoin des réunions, et puisqu'ici, dans le temps que s'opère cette nouvelle circonscription, nous voyons les évêques unis au patriarche de Jérusalem , s'assembler en concile sous le légat du pape.

Dans ces grands exemples vous cherchez des circonstances disparates; nous y voyons, nous, et cela nous suffit, nous y voyons de grands changemens opérés par ce'principe toujours le même : Il faut que la puissance de Pierre se prête aux besoins de l'église; il faut, suivant les circonstances, qu'elle unisse ou divise, qu'elle crée ou supprime les sièges des pasteurs; il faut sur-tout, quand les révolutions transportent les empires, quand il n'est plus possible à Pierre de maintenir ou de rétablir l'ancien ordre des sièges, il faut qu'il y pourvoie par un nouvel ordre de choses, par des translations ou suppressions, par des créations ou reproductions, telles que le permettent les révolutions des empires, et telles que l'exige le salut des diverses églises.

C'est là ce que vous disent, et les décrets du pape Innocent III après les révolutions qui ont ruiné tant de sièges sous le patriarche de Constantinople, et le décret du pape Paschal II après les révolutions qui ont bouleversé tant d'autres sièges sous les patriarches d'Antioche et de Jérusalem. Dans ces décrets aussi, voilà tout ce dont nous avons besoin pour appliquer le principe à la puissance dont nos propres révolutions sollicitoient le développement.

D'autres révolutions ont ruiné d'autres églises; d'autres circonstances amènent aussi d'autres dispositions de la part du pape saint Grégoire; mais le principe reste encore le même, ainsi que la puissance. Quels que soient les moyens, c'est toujours le devoir attaché à la dignité du pontife, c'est l'obligation de ne pas laisser les peuples sans pasteurs, qui dirige le prince des pasteurs.

L'église de Minturne avoit perdu le sien, et celle de Formie étoit réduite à l'indigence; ce grand pape réunit le siège de Minturne à celui de Formie, et sert également les deux églises. Le sacerdoce s'éteint ou disparoît à Populonium; et le peuple, sans prêtres, sans évêques, y reste sans moyens de salut. Le même pape ordonne à Balbin de Roselle d'en prendre soin comme de ses propres ouailles. Les églises de Misène et de Cumes se dépeuplent, et ne peuvent plus suffire à deux évêques; il réunit ces deux évêchés, et les donne à Benenatus. Pour les mêmes raisons, le siège des trois Tabernes n'en, fait plus qu'un seul avec celui de Vellétrie, comme bientôt celui de Terracine est uni au siège de Fondi. Martin de Tamite a été chassé de son église ; le même pape encore le transporte à celle d'Aleri ( V. FLEURI, Hist, eccles., l. 35 , n.° 17. )

De plus grandes révolutions ont fait tomber de plus grands désastres sur l'église britannique…
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Message  Louis Jeu 18 Aoû 2011 - 3:16

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

De plus grandes révolutions ont fait tomber de plus grands désastres sur l'église britannique; pour arriver à son secours, le même saint Grégoire saura développer plus de puissance. Ayant l'arrivée des Anglo-Saxons, cette église étoit divisée en vingt-huit villes épiscopales, dont trois métropoles, Londres, Yorck et Caer-Léon. ( V. Usher, britan. Eccles. Antiquit. , c. 5 ; Cressy , Church Hist. of in Brit. lib. 4. c. 8. ) Les Saxons , adonnés au paganisme, avoient traité les évêques, les prêtres et les temples, comme ces hordes ivres d'impiété traitoient encore nos évêques, nos prêtres et nos temples, quand il a plu au Dieu qui veille sur la France de les faire rentrer dans leurs souterrains, comme il fait au lever du soleil rentrer dans leurs antres les lions et les tigres.

Pour échapper à ces furieux, les évêques bretons et leur clergé s'étoient vus réduits à chercher un asile dans les pays de Galles et de Cornouailles. Quelques-uns, tels que l'évêque Samson, s'étoient réfugiés en France avec une partie de leurs diocésains; Théon , archevêque de Londres, et Thudion, archevêque d'Yorck, les derniers à quitter leurs diocèses, n'avoient laissé aux Bretons catholiques qu'un très-petit nombre de prêtres dispersés, et dont le ministère auprès des fidelles étoit sans cesse exposé à de nouvelles persécutions.

Tel étoit, depuis dix ans, l'état du christianisme en Angleterre , lorsque saint Augustin arriva dans cette île, muni des pouvoirs du pape saint Grégoire, pour y rétablir la religion. Je laisse les détails de ses succès. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les droits qu'il exerce dans cette mission au nom du pontife qui l'a envoyé. En vertu de ces droits, Augustin établit son siège épiscopal à Cantorbéry, qui jusqu'alors n'avoit point eu d'évêque. Bientôt il reçoit de saint Grégoire l'ordre de donner un archevêque à Londres, un second à Yorck, et de mettre sous chacun de ces archevêques douze suffragans, dont le siège est laissé à son choix et à la sagesse de son zèle. Ces archevêques et ces évêques, et tous ceux de la Grande-Bretagne, seront soumis à son propre siège érigé en primatie (I).

Cherchez encore ici des différences, nous y voyons, nous autres, une église à rétablir comme la nôtre, et l'héritier de Pierre usant sur tout ce qui reste encore d'évêques chassés de cette église, de toute la puissance qu'il a reçue de Pierre, pour établir de nouveaux sièges, pour créer une nouvelle primatie, et pour donner enfin à cette église an nouvel ordre de choses, celui que la sagesse montre le plus favorable au salut des âmes, après l'épouvantable révolution qui laisse à peine subsister quelques autels en Angleterre.

Cherchez-y encore des différences, nous y voyons, nous aautres, plusieurs des anciens évêques invités par saint Augustin à se soumettre aux décrets du pape saint Grégoire, se refuser obstinément à ses invitations par haine pour ces Anglo-Saxons auprès desquels leur zèle aurait dû prévenir celui d'Augustin même. Nous ne voyons pas que leur obstination ait arrêté cette puissance qu'Augustin exerçoit au nom du pape saint Grégoire.

Cherchez encore ici des différences…


________________________________________________________

(I) Tout ce projet sans doute étoit soumis aux circonstances; elles montrèrent encore mieux combien les sièges en dépendent ; car Londres ne fut plus qu'un simple évêché soumis à Cantorbéry, où saint Augustin mourut, et où se sont conservés les droits de primatie par respect pour le saint fondateur. Les disputes sur le nombre précis des anciens évêques ne font rien ici ; au moins y en avoit-il encore sept de ces anciens dans le concile tenu pax saint Augustin.


(Note de Louis : le début de la note I est en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Dim 21 Aoû 2011 - 21:06

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Cherchez encore ici des différences, ce n'en sera pas moins ces faits et ces décrets que les catholiques anglais vous produiront pour démontrer combien leurs pères étoient persuadés qu'au pontife romain appartenoit toute l'autorité ecclésiastique nécessaire pour établir, changer et transférer les évêchés et les métropoles. ( Id. 1. 13 , c. 12. )

Leurs théologiens les plus estimés, et leurs prêtres les plus révérés, ne vous en ont pas moins fait observer que « saint Grégoire, envoyant dans leur île, n'eut égard ni aux limites des vingt-huit anciens diocèses de ces contrées, ni aux droits métropolitains de Caer-Léon transportés à Saint-David, ni à ceux des autres métropoles, soit en Angleterre, soit en Ecosse, soit dans le pays de Galles. »

De la situation ancienne de leur église, et de celle où se trouvoit la nôtre , ils n'ont pas moins conclu : « Si le pape n'a pas le droit de faire ces sortes de changemens dans la juridiction et la discipline , suivant que les circonstances l'exigent, il est évident qu'il manque à l'église une autorité proportionnée à ses besoins (1). »

D'autres révolutions, dans ces mêmes contrées, avoient sollicité de la part du pape l'exercice de la même autorité…

_______________________________________________________

(1)( An elucidation of his holiness. P. Pius VII. by the Rev. John Milner. )
A l'occasion encore de ces faits, M. Butler, pieux agiographe, théologien exact, et judicieux critique, insère dans la vie de saint Augustin une note savante, commençant par ces mots : « Le pape saint Grégoire savoit bien qu'il avoit le droit « de changer la juridiction des métropoles des églises particulières , lorsque les circonstances rendoient ces changemens nécessaires, ou extrêmement utiles. » St. Gregory knew that he had a power to altier the metropoliticat juridiction of particular churches, when circunstances made such an alteration necessary or exceedingly expedient. Et Bede,et tous les anciens historiens anglais, savoient aussi que cette autorité est dans le pape. ( V. sur-tout BEDE , l. I , Hist. angl. c. 19 et 27. )

Car tous rapportent ces mêmes faits comme ceux sur lesquels reposoit le rétablissement de leur église. C'est même sur les lettres de saint Grégoire, alléguées par le fameux Parker, devenu archevêque de Cantorbéry, que les droits de ce siège furent maintenus contre l'évêque de Londres. ( CRESSY , l. 13, ch. 13. ; l. 14, c. 32. ) Est-il donc étonnant que les catholiques anglais se soient en général montrés fort peu édifiés de la résistance que les douze évêques français réfugiés à Londres opposent encore à un pontife qui sans doute n'a pus sur leurs sièges moins d'autorité que saint Grégoire u'en avoit sur ceux d'Angleterre ?


(Note de Louis : Le début de la note (1) est en anglais. Si besoin est, nous la publierons.
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Message  Louis Ven 26 Aoû 2011 - 0:21

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

D'autres révolutions, dans ces mêmes contrées, avoient sollicité de la part du pape l'exercice de la même autorité; et nos canonistes et nos historiens propres ne vous avoient pas laissé ignorer que cet Henri VIII, premier auteur du schisme le plus désastreux, s'arrogeant tous les droits d'un héritier de Pierre, avoit pris sur lui d'ériger, et des chapitres et des évêchés. Les sièges épiscopaux de Glocestery de Chester, de Pétersboroug, d'Oxford et de Bristol , n'avoient pas d'autre origine : c'étoient évidemment les sièges du schisme et de l'intrusion , les sièges de l'usurpation et du démembrement des autres diocèses: cependant le vœu de ce bien , le premier de tous les biens, le vœu de rendre au peuple anglais, avec la religion catholique de ses pères, les moyens de salut, ce vœu seul fait passer par-dessus toute autre considération. Toutes ces distractions faites des autres diocèses, tous ces nouveaux sièges érigés par l'orgueil de Henri VIII, et tous les évêques ci-devant catholiques, mais institués évêques dans le schisme et par le schisme, tout cela est réhabilité par le cardinal Polus, en vertu des pouvoirs qu'il a reçus du pape Jules III, comme légat du siège apostolique; et tout cela est maintenu, approuvé, confirmé par le pape Paul IV. Episcopos religione catholicos, sed in schismate creatos, unà cum sex novis episcopatibus ab Henrico erectis confirmavit, eaque omnia à Paulo IV pontifice stabi(li)ri et confirmari curavit. ( Spondanus ad an. 1554, n.° 4. )

Nous avons entendu tes théologiens catholiques anglais vous opposer encore ces faits, et vous défier hardiment de citer, dans leurs révolutions, un seul théologien catholique contestant au pape le pouvoir qu'il exerçoit, ou un seul des évêques se plaindre d'une circonscription qui leur arrachoit une si grande partie de leurs diocèses. ( MILNER, ELUCIDATION., p. 41. )

Ils ont plus fait, ces vrais théologiens; pour prévenir tous les prétextes de résistance, ils ont mis sous vos yeux les pouvoirs donnés par le saint siège au cardinal Polus, et là vous avez lu : « Comme la nation avoit de grands besoins, le pape avoit aussi donné à son légat des droits très-étendus, et tels qu'on pouvoir les attendre du représentant de celui qui venoit chercher ce qui étoit perdu, lier ce qui étoit déchiré, réunir ce qui avoit été dispersé dans ces jours de ténèbres et d'orages. Le légat étoit autorisé à étendre son indulgence presque sur toutes les foiblesses et sur toutes les sortes de prévarications dont ces temps malheureux n'offroient que trop d'exemples. Ses pouvoirs s'étendoient avec la même latitude sur les personnes de tout état et condition , quant aux peines et censures encourues par l'hérésie, et par tous les crimes qui l'accompagnent ordinairement, tels que les sacrilèges, le parjure , les mariages défendus, la simonie, et autres choses semblables. La seule condition requise étoit un retour sincère à la foi catholique, et un vrai repentir de ses péchés , accompagné de l'absolution et d'une pénitence convenable. — Le cardinal avoit, entr'autres, le pouvoir d'absoudre, non-seulement les ecclésiastiques, soit séculiers, soit réguliers, et les évêques même , des censures et irrégularités encourues par le schisme, par l'hérésie , par des mariages sacrilèges, mais encore de les rétablir dans l'exercice de leurs fonctions. Il en étoit de même pour les intrus qui s'étoient ingérés dans les fonctions spirituelles, sur la simple autorité du magistrat civil ; et ce n'est pas là tout, »

le cardinal pouvoit légitimer les mariages qu'il aurait trouvé déjà contractés par des clercs séculiers, prêtres, diacres et sous-diacres, sans cependant pouvoir les admettre de nouveau aux fonctions ecclésiastiques (I).

Enfin…

____________________________________________________

(I) Ici, il est bon de lire le texte même de la bulle de Jules III
(Note de Louis: la bulle de Jules III est en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Ven 26 Aoû 2011 - 18:38

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Enfin « il étoit autorisé à statuer ce qu'il jugerôit convenable pour tranquilliser ceux qui seroient en possession des biens d'église, soit en imposant aux nouveaux possesseurs des conditions, soit sans conditions » suivant l'exigence des cas. » ( MILNER, ibid. )

Voilà ce que vous ont proposé les théologiens catholiques de ces contrées, que n'édifioit pas votre résistance. Vous leur demandiez des exemples, ils les ont choisis dans leurs propres annales; et vous en aviez sous la main les preuves incontestables. En vous les proposant nous-mêmes, nous ne changeons rien à la doctrine de nos pères. Nous vous montrons de grands sacrifices faits par le pape; nous ne voyons pas pour cela dans le pape le pouvoir d'user et d'abuser, et il ne prétend pas se l'arroger lui-même, Pour le salut des âmes, il sacrifie jusqu'à l'or du temple; il ne vous dit point pour cela : Cet or étoit à moi, et tout à moi. Le prince qui pactise pour son peuple, ne vous dit point qu'à lui et à lui seul sont les biens de ce peuple. Le prince des pasteurs sait qu'il est pour nous des biens plus précieux que tout l'or du temple; et il sacrifie ce qui passe, pour sauver ce qui ne doit jamais périr. Il a dit ce que vous disiez vous-mêmes au commencement de nos révolutions, et ce que vous disiez avec tant d'édification : Rendez-moi les âmes, et prenez tour le reste : Da mihi animas, cœtera tolle tibi. ( Genes. 14 , lett. de M. de Blois. )

Vous étiez alors ces évêques qui abandonnoient toutes les richesses de leurs églises, pourvu qu'on laissât la religion à leurs ouailles. (Voyez les différens dires de M l'évêque de Clermont à l'assemblée nationale.) Vous étiez ces tuteurs qui, dans la cruelle alternative de sacrifier l'héritage ou la vie de leur pupille, laissent là l'héritage, et font pour les jours d'un enfant chéri, ce qu'il feroit lui-même pour conserver sa propre existence. Ces mots seuls vous expliquent tous les sacrifices que fait le pape, et tous ceux qu'il attendoit encore de vous pour le salut des amés.

Mais ces sacrifices, il les fait à la force…
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Message  Louis Sam 27 Aoû 2011 - 1:08

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Mais ces sacrifices, il les fait à la force. -- Eh ! qui vous dit jamais qu'il pût les faire, s'il n'étoit pas forcé à les faire pour notre salut, et pour celui du peuple? Et vous-mêmes, à quoi les faisiez-vous, si ce n'est à la force des révolutions, à la nécessité de choisir entre le sacrifice et la perte de vos ouailles ?

Qui prétendit jamais que le pontife romain pût nous ôter nos anciens pasteurs, s'il avoit été maître de nous les rendre ; ou bien qu'il eût le droit de bouleverser tant de sièges, et d'établir le nouvel ordre de choses, s'il eût pu maintenir ou rétablir les choses dans leur ancien état ?

Mais comme on abuse de tout, et des équivoques même du langage, nous entendons sans cesse répéter : Le pape n'est pas libre, parce qu'il nous a dit :

« C'est avec douleur que nous l'avouons ; malgré toute notre sollicitude, malgré tous nos travaux; nous avons été forcé de céder à la nécessité des temps; nous n'avons pu pourvoir à la religion catholique qu'en vous demandant, à vous, ce sacrifice. »

On se fait une arme de ces expressions contre sa Sainteté. ( Mém. des évêques réf. en Angl., p. 97. )

On ne réfléchit pas qu'il est une nécessité de devoir qui ne fait qu'ajouter à l'obligation du sacrifice, comme il est une nécessité physique et de pure violence qui annulleroit le sacrifice même, parce qu'elle annulle la moralité même.

On ne réfléchit pas qu'il est une vraie impossibilité de mieux faire, qui n'en laissa pas moins, et la liberté et le devoir de faire ce qui reste au-dessous du mieux pour le salut du peuple. L'impossibilité physique pour le pape a été de mieux faire ; la nécessité de devoir a été de faire ce qu'il a fait, d'obtenir de vous le sacrifice, ou bien d'y suppléer pour le salut des âmes. Cette nécessité n'est donc ici que le devoir, qui suit presque toutes les grandes révolutions, de réparer autant qu'il est possible, et comme il est possible, le mal qu'elles ont fait.

Je dis presque toutes les grandes révolutions, car il seroit peut être difficile d'en citer une seule qui ait laissé les anciens sièges dans leur état antérieur. Ce sont ces révolutions qui tantôt nous montroient, sous le patriarche de Constantinople, plus de soixante métropolitains et plus de six cents évêques, tantôt les réduisoient à un petit nombre d'églises conquises ou reprises alternativement par les Grecs, les Sarrasins, les Français et les Turcs; ce sont les révolutions qui long-temps effacèrent des cartes de l'église les anciens patriarchats de l'Orient, qui ont fini par transporter celui d'Alexandrie au grand Caire, et celui d'Antioche à Damas; qui, de deux cents évêques sous la dépendance du primat de Carthage, n'en laissèrent que cinq presque sans dépendance dans cette immense église.

Vous vous trompez, si vous regardez dans nos contrées d'Europe la révolution du jour comme la première qui change ou qui transporte nos sièges épiscopaux, qui en crée de nouveaux. Le Nord et le Midi ont eu les leurs, et presque dans toutes vous verrez les papes appelés pour statuer ou confirmer tout ce qui étoit fait pour en réparer les désastres. ( V. THOMASS. Discp. Eccl. part, I , l. I , c. 39 et 57. ) Chez nous aussi vous trouverez des sièges alternativement métropolitains ou simples évêchés, d'autres fois transportés sous diverses métropoles. Ainsi que tout changeoît dans nos provinces, sous nos rois, sous des rois étrangers, sous les Visigots, sous les Sarrasins et les Normands, tout changeoit aussi pour les sièges d'Arles, de Vienne, d'Embrum, de Tarantaise, d'Aix, de Bourges, et bien d'autres. (Id., c. 44, et 57 )

A suivre :
Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
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Message  Louis Ven 2 Sep 2011 - 0:00

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.


Vous vous trompez sur-tout, lorsque vous prétendez que les variations, translations ou créations, reproductions de sièges opérées par les pontifes romains n'ont jamais été faites que sur la connoissance et sous le bon plaisir des évêques intéressés à tous ces changemens. On ne voit pas que saint Grégoire ait jamais connu ces lois prétendues essentielles, de ne rien faire dans une église sans le consentement de l'évêque. Il connoissoit les besoins des fidelles, cela lui suffisoit ; il ne prioit pas alors, il ordonnait, ou bien que les sièges fussent réunis, ou bien qu'ils passassent sous la sollicitude d'un nouveau pasteur (I).

Et combien d'exemples l'histoire de l'église ne pourroit-elle pas vous offrir de tous ces changemens, malgré l'opposition des prélats les plus intéressés ! Long-temps les archevêques de Mayence ont refusé de voir l'évêché de Prague démembré de leur métro pole; le pape Clément IV croit ce démembrement utile à l'église, et il l'opère, malgré toutes les oppositions de l'archevêque de Mayence. L'archevêque d'Hambourg, malgré la même résistance, voit London, en Danemarck, enlevé à sa juridiction par le légat du pape Urbain II; et London perd le même avantage sur Upsal, malgré la même répugnance; Hambourg finit par perdre le titre de métropole, transféré à Brème.

« Cet exemple, vous dira Thomassin, nous apprend qu'il y a des occurrences où l'on fonde de nouvelles métropoles sans l'agrément des anciens métropolitains, dont le ressort est diminué par ce partage. Cette violence peut être juste et raisonnable, parce que le refus des anciens métropolitains, peut être déraisonnable et injuste. » ( Part, I, l. I, ch. 45 , n.° 9.) Elle étoit du nombre de ces oppositions déraisonnables, celle du prélat de Wirtzbourg à la division de son évêché, pour l'érection du siège de Bamberg; elle fut regardée comme nulle, à la prière de l'empereur saint Henri. (Id. c. 58.)

Mais pourquoi chercher ailleurs des exemples que notre propre histoire nous fournit en assez grand nombre ?

Le prélat de Narbonne a beau représenter que son siège eut pendant quatre cents ans celui de Tarragone sous sa dépendance, il lui est arraché par Urbain II.

L'évêque et le clergé de Noyon n'épargnent ni protections, ni protestations pour empêcher les papes de rétablir l'évêché de Tournai, depuis plusieurs siècles réuni à leur siège.

Eugène III apprend que, faute d'un siège épiscopal, les habitans de Tournai souffrent des pertes irréparables ; il leur donne un évêque, malgré toute l'opposition de celui de Noyon, et il le leur donne à la sollicitation de saint Bernard. ( Id. c. 57. )

La résistance du prélat de Cambrai n'empêche pas le démembrement de son diocèse pour l'érection de l'évêché d'Arras. ( Id. c. 57. )

Et à quoi ont servi, dans la suite, les protestations de l'archevêque de Reims contre les décrets du pape Paul IV, érigeant en métropole l'évêché de Cambrai qui rele-voit de Reims ?

Les révolutions qui ont soumis au roi d'Espagne les Pays-Bas, triomphent de toutes ces protestations….

__________________________________________________

(I) GREG. Balbino episc. Indict. 9 , l. 1, epist. 15. ; PAULINO episc. ind. 10, epist. 13 , l. 2. ; BACAUDÆ episcopo Formiens. l. 1 , ind. 9, epist. 8.; JOAN, (e)pisc. Squillac, ind. 10, l. 2 , epist. 25...

(Note de Louis : les textes sont en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Ven 2 Sep 2011 - 17:13

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)

Les révolutions qui ont soumis au roi d'Espagne les Pays-Bas, triomphent de toutes ces protestations. Fondé sur les nouveaux besoins qu'ont fait naître ces révolutions, à la prière de Philippe II, le même pape érige en métropole Cambrai qui relevoit de Reims, Utrech qui dépendoit de Cologne, il institue de nouveau celle de Malines ; il soumet à ces trois archevêchés, non-seulement les évêchés d'Arras et de Tournai qui dépendoient encore de Reims,

« mais aussi treize autres évêchés de nouvelle création, ce qui ne se pouvoit faire qu'en démembrant le ressort de beaucoup d'évêchés » d'Allemagne. »

C'est Thomassin que je copie, et c'est lui qui ajoute :

« Ce changement ne put pas se faire sans beaucoup de plaintes et d'oppositions des églises intéressées dont on n'avoit pas obtenu le consentement.» (Id. c. 45.)

Cependant ce changement s'est fait, et a persisté jusqu'à ce que de nouvelles révolutions sont venues solliciter de nou¬veaux changemens. Cependant c'étoient des hommes puissans; c'étoient lès cardinaux de Lorraine et de Guise, successivement archevêques de Reims, qui nourrissoient les protestations; c'étoient eux qui fondoient leur opposition, non pas sur de prétendues lois essentielles et constitutionnelles inconnues à toute la théologie , mais sur ces lois de discipline portées les unes par les papes, les autres par les conciles.

Toute l'église, alors comme aujourd'hui, savoit que ces lois cèdent aux besoins des fidelles.

Toute l'église, malgré ces réclamations, reconnut les métropoles, et les treize nouveaux sièges érigés dans les Pays-Bas.

Personne alors ne s'avisa de contester la juridiction aux nouveaux évêques et à leur clergé; personne encore ne s'avisa d'aller demander des absolutions, ou le pouvoir d'absoudre dans les nouveaux diocèses, à leurs anciens évêques ; tout le monde catholique savoit alors que ceux que Pierre envoie sont envoyés par Jesus-Christ; que ceux que Pierre lie ou délie le sont par Jésus-Christ.

Par quel étrange bouleversement de la théologie voyons-nous aujourd'hui des prêtres qui arrivent à nous, prétendant nous lier, nous délier, absoudre ou retenir, malgré tous les décrets de Pierre ?

S'il faut encore à ces hommes-là des exemples d'un évêque délié malgré lui des soins d'un diocèse…
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Message  Louis Sam 3 Sep 2011 - 0:32

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)

S'il faut encore à ces hommes-là des exemples d'un évêque délié malgré lui des soins d'un diocèse et de son diocèse démembré malgré lui, qu'ils ouvrent encore leurs annales,

et là ils verront l'évêché de Toulouse, démembré de la métropole de Narbonne, érigé lui-même en métropole, et partagé en quatre diocèses, pour former les quatre évêchés de Saint-Papoul, de Rieux, de Lombez, de Montauban;

là, ils verront l'évêque de Toulouse, Gaillard de Preissac, tout neveu qu'il étoit du pape Clément V , non pas consulté, et consentant au démembrement de son évêché et à l'érection de son siège en archevêché, mats répugnant, autant qu'il est en lui, à ce démembrement, parce qu'il le prive de ses grandes richesses;

ils verront que le pape ne trouvant pas en lui les talens et les vertus d'un archevêque ne daignant pas même le conserver sur le siége de Toulouse, se contente de lui offrir en dédommagement l'évêché de Riez en Provence. Le prélat dépouillé aime mieux rester sans évêché, qu'accepter un siége inférieur à celui qu'il avait occupé jusqu'alors ; mais personne encore, malgré la répugnance de cet évêque, ne s'avise de contester la Juridiction à Jean Raimond, qui, assis sur le siège de Toulouse, en devient le premier archevêque (I). ( Fleuri, Hist. eccl. 1. 92, n.° 28. )

Mais quoi !...

____________________________________________________

(I) En général, plus on étudie toutes ces questions, plus on voit que sans doute les papes n'aimoient point à démembrer ainsi les diocèses, sans appeler et consulter les évêques intéressés. Cette conduite étoit sage et conforme aux canons ; mais la nécessité, la grande utilité une fois reconnue , les protestations des évêques étoient inutiles. Il n'en étoit pas de même de celles des souverains catholiques ; et la raison en est, non pas-dans la création ou dans le transport d'une juridiction purement spirituelle, qui ne dépend en aucun sens des princes temporels, mais dans les droits civils attachés aux évêchés, et qui toujours dépendent des chefs de l'état.

Ces égards pour les souverains faisaient même que l'on se passoit quelquefois de consulter les évêques ou archevêques dont on démembrait les métropoles ou les évêchés, lorsque ces évêques ou archevêques se trouvoient sous un empire autre que celui des nouveaux évêchés ou archevêchés, parce qu'on prévoyoit des oppositions fondées sur des inimitiés, des jalousies, des raisons politiques, bien plus que sur le véritable intérêt des fidelles. C'est là ce qui arriva lors de l'érection de tant d'évêchés dans les Pays-Bas, sous Philippe II, et ce qui rendit aussi inutile toute l'opposition des archevêques de Reims.
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Message  Louis Dim 4 Sep 2011 - 1:23

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)

Mais quoi ! c'est de la part de nos évêques français anti-démissionnaires que devoit naître cette prétention de conserver encore leur juridiction dans leurs anciens diocèses, malgré les nouvelles dispositions du Concordat ! Et c'est précisément en France qu'a été célébré celui des conciles où l'autorité du pape sur les évêques a été reconnue le plus solennellement, celui de Clermont, en l'année 1094.

Là , dans ce concile, étoient réunis les prélats de Lyon, de Bordeaux, de Tours, de Sens, de Reims, de Bourges , de Narbonne, plus de deux cents évêques ou archevêques d'Italie et d'Espagne, et sur-tout de France, et plus de quatre-vingt-dix abbés.

Là, Urbain II confirme les privilèges donnés par ses prédécesseurs au primat de Lyon, et lui soumet ceux de Reims, de Tours et de Sens , malgré l'obstinée résistance de ce dernier.

Là, il fait lire publiquement son décret sur la nouvelle érection qu'il a faite de l'évêché d'Arras, malgré l'opposition de l'évêque de Cambrai, prétextant l'antique réunion de cette église à son évêché. ( Fleuri, liv. 64, n.º 30. )

Là, le pape confirme encore les privilèges et exemptions de l'abbaye de Tours, malgré l'opposition de l'archevêque de cette ville.

« Là, il s'adresse ensuite à cet archevêque, à tout son clergé , à ceux qui le favori-soient, et à tous les pères du concile ; il les prie de parler librement, et de dire si, à l'autorité, à la prérogative qu'il exerce comme chef et pontife, de l'église romaine, ils ont à opposer quelque objection canonique. A ces mots, des murmures se font entendre de la part des intéressés; mais tout ce qu'il y a dans le concile de prélats modérés ou désintéressés, et ne cherchant que la justice, demande que la chose soit pacifiquement examinée. Urbain II, se levant sur son siège, commande le silence. On produit les décrets émanés sur l'autorité des pontifes romains, et il est hautement reconnu que l'héritier de Pierre , en vertu de son autorité apostolique, peut, lorsque la justice lui en montre la raison, faire deux évêchés d'un seul, comme il peut de deux n'en faire qu'un, et en agir de même à l'égard des abbayes et des autres congrégations; qu'il peut faire ces réunions ou divisions de la manière qui lui semblera plus utile; qu'il peut encore mettre diverses églises sous la juridiction et protection spéciale de l’église romaine ( par les immunités qu'il leur accorde ) , et qu'en cela personne n'a le droit de s'opposer à son autorité. C'est là ce que le pape démontre avoir été fait par ses prédécesseurs ; c'est là ce qu'il fait lui-même , et sur quoi toute contradiction cesse dans ce concile. »

Vous pouvez aujourd'hui tourner en prétentions exagérées l'autorité que développe ici le pontife romain : ce n'est pas là ce qu'y voyoient nos pères ; ce n'est pas là sur-tout ce qu'y voyoit ce canoniste si célèbre et si souvent cité parmi nous, ce Baluze, à qui nous devons la conservation de tant de précieux monumens de notre église. Ce qu'il a vu dans celui-ci, il vous le dit lui-même; c'est une conduite vraiment digne d'un pontife romain , c'est combien il est instructif sur la doctrine de nos pères , et spécialement sur celle de cet Yves de Chartres, que nous avons entendu reconnoitre, non moins que saint Bernard et tant d'autres docteurs, toute l'autorité du pape sur les sièges épiscopaux (I).

Que deviennent donc encore ici ces prétendues lois constitutionnelles, ces lois prétendues essentielles, défendant à l'héritier de Pierre de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connoissance et le consentement de l'évêque qui la gouverne ?...

____________________________________________________

(I) DICENTE fecit. ( Baluzii additio ad cap. 13, l. 4, de Concordia sacerd. et imp. Pet. de Marca. ) Tout cela seroit moins clairement exprimé dans ce monument; les faits parlent assez d'eux-mêmes; et voyez combien de faits, dans ce concile seul, vous montrent l'inutilité de l'opposition, quand le pape a jugé utile ou nécessaire de faire quelque changement à l'exercice de la juridiction des évêques, ou bien à leurs diocèses.

(Note de Louis : les textes sont en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Lun 5 Sep 2011 - 2:04

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)


Que deviennent donc encore ici ces prétendues lois constitutionnelles, ces lois prétendues essentielles, défendant à l'héritier de Pierre de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connoissance et le consentement de l'évêque qui la gouverne ?

Vous le voyez, les papes les ont cherchées eux-mêmes ces lois; ils ont invité de nombreux conciles à les produire, et il a fallu en venir , dans ces conciles, à reconnoitre unanimement, nullo contradicente, que la grande loi étoit d'obéir à Pierre; que personne n'avoit droit de lui résister, quod nullus ejus auctoritati obviare posset, lorsque, dans sa sagesse, il jugeoit utile de créer, unir ou diviser les sièges des évêques.

Lecteur, voilà nos preuves; elles nous semblent assez nombreuses, assez directes et assez importantes; elles sont plus spécialement prises de notre église, de son histoire, de sa doctrine, de ses conciles. Nous savons à présent ce que la bonne foi et la justice exigeroient de nous, s'il étoit, ou bien s'il pouvoit être contre cette doctrine quelqu'autre chose que des prétextes, ou de vaines et futiles objections dont le préjugé seul, et le ton sous lequel on nous les présente, ont fait toute la force. Mais nous en prenons à témoins ceux qui ont vu, et lu, et étudié les défenses publiées par les évêques non-démissionnaires.

Ont-ils trouvé dans ces apologies un seul texte de quelque docteur catholique, de quelque saint, ou de quelque concile, nous disant que le pape, comme successeur de saint Pierre, n'a pas le pouvoir de lier ou de délier les évêques, comme il a le pouvoir de nous lier et de nous délier nous-mêmes; nous disant que le pape n'a pas le droit de créer, de transporter , de détruire, de réunir, ou bien de diviser les sièges épiscopaux lorsqu'il le juge utile ou nécessaire pour le salut des âmes ?

Cependant c'est là ce qu'il falloit nous montrer dans la doctrine de l'église, pour autoriser la résistance au nouvel ordre de choses établi en France par le Concordat.
A suivre :
Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.

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Message  Louis Mar 6 Sep 2011 - 22:44

Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.

Au lieu de ces preuves que nous cherchons en vain dans les apologies de l'insoumission, il faut en convenir, nous trouvons dans ces apologies bien des prétextes. On laisse de côté tout ce qui est vraiment statué par le Concordat, tout ce que fait le pape , pour nous entretenir de ce qu'il n'a point fait, de ce qui est resté parfaitement étranger au Concordat.

On nous parle des chaînes que nous laissent nos révolutions : mais pouvoit-on s'attendre, à l'issue de ces révolutions, à voir l'église rentrer dans toutes les prérogatives dont nous étions jadis si glorieux ?

Et ne faut-il donc plus nous occuper du salut des âmes, parce que nous n'avons ni ces richesses, ni ces distinctions qui jadis honoraient notre ministère?

Et sommes-nous donc moins redevables à Dieu, parce que les hommes nous donnent moins ?

Et faut-il donc toujours tant regreter ces grandeurs, dont l'abus peut-être n'a pas été la moindre cause de toutes nos pertes ?

On s'étonne de nous voir rentrer dans notre patrie avec la liberté indéfinie donnée à tant d'autres religions ; mais parce que les autres ont la liberté de prêcher l'erreur, faut-il que nous renoncions à celle de prêcher la vérité ? Et c'est de l'Angleterre et du nord de l'Allemagne que nous arrivent toutes ces plaintes !

On nous dit encore qu'il est parmi nous, et avec nous, des hommes dont les erreurs étoient publiques, et dont la conversion n'a pas même gardé le secret de l'hypocrisie. Nous savons gémir sur le sort de ces hommes, et nous tâchons de faire des conversions plus sincères. Mais alors même que vous étiez à la tête de nos églises, nos pasteurs n'étoient pas tous des Fénélon. Il étoit aussi parmi vous des dissensions. La foi des Fitz-James, évêque de Soissons, et des Montazet, archevêque de Lyon , étoit assez notoirement autre que celle des Lamothe d'Amiens et des Beaumont de Paris. Cependant vous n'aviez pas toujours la foudre en main , et vous ne disiez pas alors : Effacez , effacez tous ces dissidens du nombre des pasteurs.

Vous saviez alors, et nous ne pouvons pas oublier aujourd'hui, que les fautes et les erreurs même du pasteur ne lui font pas perdre dans l'ordre religieux une juridiction que le chef de l'église lui laisse, comme les fautes ou les erreurs du préfet ou du juge ne leur font pas perdre dans l'ordre civil une autorité que le chef du gouvernement n'a point révoquée.

Ces fautes, ces erreurs autorisent encore moins votre erreur propre, quand, dépouillés par votre chef de toute juridiction sur vos anciens diocèses, vous prétendez en user encore sur des fidelles qui ne sont plus vos ouailles. Et quand vous manquez vous-mêmes si essentiellement à ce que vous devez au pape, ce n'est pas trop à vous à reprocher à certains hommes d'avoir trompé le pape. Il vous croyoit persuadés, comme nous, que tout ce que Pierre a lié ou délié sur la terre, l'est aussi dans les cieux; et vous savez au moins étrangement restreindre ce que l'évangile nous dit sans restriction et sans exception de personne.

Sera-ce bien encore votre faute, si nous ne changeons pas nous-mêmes notre foi, pour commencer à croire que Pierre n'a jamais pu et ne pourra jamais, dans vos anciens diocèses, que ce qu'il vous plaira de lui permettre ?

Nous savons vos prétextes; et peut-être est-elle juste…
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