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Sa Sainteté le Pape Jules II

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Sa Sainteté le Pape Jules II Empty Sa Sainteté le Pape Jules II

Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:13

JULES II

Sa Sainteté le Pape Jules II Jules_10

[...]Les cardinaux se réunirent en conclave le 1er novembre 1503. Le même jour, le conclave n'étant pas encore fermé, ils élurent tout d'une voix le cardinal Julien de la Rovère, qui prit le nom de Jules II.
Neveu de Sixte IV, il était né au bourg d'Abizal, près de Savone, de parents pauvres et obscurs, suivant l'opinion la plus commune. Son oncle, devenu Pape, le nomma cardinal de Saint-Pierre-aux-Liens, pendant qu'il était évêque de Carpentras, puis cardinal-évêque d'Albane, d'Ostie, grand-pénitencier, légat d'Avignon, de Bologne et de la Marche d'Ancone.

Les conjonctures étaient graves. D'après le principe moderne, que l'ordre politique n'est point subordonné à la morale et à la religion, les gouvernements temporels ne suivaient habituellement de règle que leur intérêt. Cela tendait à rompre l'humanité chrétienne en autant de fractions athées, que de gouvernements ou même d'individus. - Qui donc, malgré cette tendance anarchique des gouvernements temporels, maintiendra l'unité sociale parmi les peuples chrétiens ? - Le centre de l'unité religieuse, le successeur de Saint Pierre, la sainte Eglise romaine.
Mais, pour cela, il faut que cette Eglise même soit libre et indépendante. C'est ce que ne comprennent guère les petits princes, ni même les grands. Jules II le leur fera comprendre.

Les Vénitiens s'étaient jetés dans la Romagne, avaient surpris Faenza et menaçaient les autres places de la province. Il fallait les chasser de l'Etat de l'Eglise.Seigneur, délivrez-nous des Barbares ! s'était écrié Jules II, quand on vint lui dire qu'il était Pape; et par les Barbares, il entendait d'abord l'étranger, puis tous ceux qui retenaient quelque parcelle du patrimoine de Saint-Pierre. [...]

Histoire universelle de l'Eglise Catholique par l'abbé Rohrbacher Tome IX, p 411

Le matin du 1er novembre , fête de la Toussaint, le cardinal Julien della Rovera ou de la Rovère était élu par trente-sept voix sur trente-huit votants. Il prit le nom de Jules II. [...]
Comme tous les grands papes politiques, Jules II comprit que la réforme de l'Eglise et la paix des peuples chrétiens ne seraient possibles que le jour où serait restaurée solidement la puissance temporelle du Saint-Siège.[...]

Histoire des Papes, Fernand Hayward, 1929, p 351


Jules II, 218e Pape, 1503 - 1513
Grand Pape, qui acheva l'indépendance de la Papauté; grand Italien, qui travailla toute sa vie à expulser l'étranger de l'Italie.


A la mort d'Alexandre VI, en 1503, les cardinaux élurent Pie III, dont le Pontificat ne dura que vingt-six jours. Il fut remplacé par Jules II, qui appelle Alexandre VI, son prédécesseur, un pontife d'heureuse mémoire, et qui fut grand guerrier, grand politique, grand réformateur, et plus grand Pape encore, avec un peu moins d'intrépidité belliqueuse, selon le mot du comte de Maistre : telle est la physionomie sous laquelle les écrivains catholiques et même protestants nous représentent ce Pape. [ ... ]
pour bien saisir l'esprit du Pontificat de Jules II et le secret de la vigoureuse et belliqueuse politique de ce Pape, il faut ne point perdre de vue que, dans son zèle pour la gloire du Siège Apostolique et dans son ardent patriotisme pour la grandeur de l'Italie, il n'avait que cette double préoccupation de rendre à l'Eglise sa liberté et son indépendance et empêcher l'Italie de devenir province franque ou allemande. C'est vers ce but que tend toute sa politique, soit qu'il s'allie avec les plus puissants monarques de l'Europe, soit qu'il combatte contre les tyranneux qui étaient maîtres des deux tiers de la Romagne et tenaient sous l'oppression la population de l'Etat pontifical .

La Papauté devant l'histoire par le chanoine Fournier, Tome II, p 321, 322

A suivre ...
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:14

Le Pape Jules II fut le sauveur de l'Italie, comme Nicolas de Flue le fut de la Suisse, seulement d'une autre manière. Vers 1504, la royauté temporelle du Pape et la nationalité de l'Italie couraient de véritables dangers : Rome fut heureuse d'avoir Jules II pour pontife. [...]

Histoire universelle de l'Eglise Catholique par l'abbé Rohrbacher Tome IX, p 418

Effectivement, un des premiers soins de Jules II fut de recouvrer les domaines usurpés sur le Pontificat Romain par différents princes, et surtout par les Vénitiens. Toujours désireux de reconstituer la puissance temporelle du Saint-Siège sur de larges bases, il accéda contre ceux-ci, quoique à regret, à la fameuse ligue de Cambrai signée entre le Pape, l'empereur Maximilien et les rois de France et d'Espagne. Les Vénitiens, se voyant impuissants contre une alliance si formidable, fléchirent à force de soumission le Pape, dont le but était d'ailleurs atteint, et firent rompre la ligue. Louis XII n'en voulut pas moins rester en Italie et soutenir le duc de Ferrare, vassal rebelle du Saint-Siège. Mais loin d'intimider Jules II, qui, disait-on, « avait jeté dans le Tibre les clefs de saint Pierre pour ne se servir que de l'épée de saint Paul », il ne fait que le stimuler et le confirmer dans la pensée de soustraire d'un coup l'Italie à la puissance française. Jules II fait appel à ses alliés de l'Espagne, de l'Angleterre, de la Suisse et de l'Italie, et remplace la ligue de Cambrai par une autre alliance, qui prit le nom de sainte Ligue.

D'aucuns ont vu là une contradiction peu honorable pour un Pape, et ils ont accusé Jules II d'avoir abandonné et trahi ses alliés dès qu'il a vu sa cause triomphante, et d'avoir fait volte-face contre eux dès qu'il vit ses intérêts dégagés.
Mais cette contradiction est plus apparente que réelle; en y regardant de près, on y voit d'un côté la dissolution naturelle de la ligue de Cambrai. En effet, Padoue avait, par sa résistance, sauvé Venise et obligé Maximilien de regagner l'Allemagne. Louis XII se voyait maître de ce que lui donnait le traité de Cambrai et était rentré en France; Ferdinand d'Espagne avait été apaisé par la restitution des villes que Venise lui avait prises sur la côte napolitaine.
Quant au Pape, Venise lui offrit la restitution de tout ce dont elle s'était emparée en Romagne, à la seule condition qu'il lui donnerait l'absolution, condition que Jules II se hâta d'accepter.
La ligue était ainsi dissoute.

D'autre part, on y voit la rigoureuse exécution du plan projeté, qui était de battre les oppresseurs du Saint-Siège et de chasser l'étranger de l'Italie. Après la soumission des Vénitiens, il se hâta de répudier la ligue de Cambrai conclue pour les soumettre : quoi de plus naturel ? ( il n'est pas rare, dans l'histoire, de rencontrer des princes qui, un traité étant fini, entrent ensuite en guerre et font d'autres alliances contre d'anciens alliés ).
Son premier plan réalisé, il lui restait à poursuivre le second, chasser les Barbares de l'Italie, et il conclut une seconde ligue contre son allié Louis XII, qui voulait s'établir en Italie et faisait cause commune avec les ennemis du Siège Apostolique.

La Papauté devant l'histoire par le chanoine Fournier, Tome II, p 322, 323

Jules II, pendant les neuf ans de son pontificat, réorganisa avec persévérance l'administration des finances, fit de rigoureuses économies, s'abstint de tout népotisme dans la distribution des charges publiques, ne cessa de lutter et de négocier pour réprimer et désarmer les factions à Rome et dans les provinces et réussit ainsi à restaurer en Italie l'autorité pontificale.
Cette autorité Jules II la fit sentir aussi aux Etats européens. [...]

Louis XII qui, dans l'affaire de la Ligue de Cambrai avait été joué par le Pape, de même que Maximilien qui voyait d'un oeil jaloux la force nouvelle de la papauté, avaient fait décider par trois cardinaux la convocation d'un concile à Pise, le 16 mai 1511. Jules II, que Louis XII voulait faire déposer, frappa les cardinaux rebelles et reprit avec plus de force la lutte contre les Français, gênants en Italie, allant jusqu'à excommunier le Roi. Cette mesure fut prise dans un concile convoqué par le Pape à Rome.

Le conciliabule de Pise, réuni par Louis XII le 30 septempbre 1511, n'eut aucun succès. On était las des conciles schismatiques. Le pseudo-concile se transporta à Milan, à Asti, à Lyon. Cajetan, général des Dominicains, acheva de ruiner le peu d'autorité qu'avait cette assemblée en publiant son De auctoritate Papae et concilii, absolument opposé à la théorie conciliaire. Le faux concile se dispersa en 1512, sans avoir rien fait. [...]

Jules II, se voyant enfin libre en Italie, réunit à Rome un concile qui fut le XVIIIe oecuménique et le Ve du Latran. [...]

Jules II qui conserva jusqu'au dernier moment une activité étonnante, ne devait pas voir la fin du concile.

Histoire des Papes, Fernand Hayward, 1929, p 353, 354

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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:14

Sa Sainteté le Pape Jules II Jules_11


[...] Le roi de France, irrité de ce procédé, ne songea plus qu'à se soustraire à la domination du Pape, assembla ses évêques à Orléans, puis à Tours, leur soumit quelques questions, basées sur les conciles de Bâle et de Constance, arsenal dont se tirait toute l'artillerie que l'on voulait diriger contre le Pape, et l'on conclut que Jules II serait averti, sommé de convoquer un concile général, et que l'on aviserait au moyen d'y pourvoir en cas de refus. Cela se passait en 1510, sept ans avant la révolte de Luther. On voit avec quelle rapidité progressait l'esprit d'indépendance.

L'année suivante, Louis interdit au clergé tout rapport avec Rome et s'entendit avec Maximilien pour la convocation d'un concile général. Les cardinaux Brissonnet, Carjaval et Borgia le convoquèrent à Pise, où se rendirent quatre ou cinq cardinaux, quelques évêques ou archevêques, un grand nombre de députés, de jurisconsules et de docteurs, espèce qui ne fait jamais défaut dans ces sortes d'assemblées irrégulières, tous de France. Les Allemands, plus sensés, ne s'y firent pas représenter, et le concile ne fut pris au sérieux nulle part, pas même en France et à Pise. Après les trois premières sessions, ne se sentant pas en sûreté devant l'attitude des Pisans, ils se retirèrent à Milan, où ils ne furent pas mieux accueillis, puis à Asti, à Lyon, où le concile de Louis XII mourut, comme il avait vécu, d'ennui et de ridicule. Tous ses décrets consistèrent en citations, en admonitions, condamnations, suspensions, lancées contre Jules II : ce fut le concile de Bâle en petit.

De son côté, Jules II annula et frappa de censure cette assemblée schismatique, jeta l'interdit sur la France, et convoqua à Rome, pour l'an 1512, une assemblée qui fut le célèbre concile de Latran si connu dans l'histoire. Plus de cent évêques, archevêques, patriarches, beaucoup d'abbés et de docteurs s'y rendirent.

La Papauté devant l'histoire par le chanoine Fournier, Tome II, p 324
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:15

[...] Les cardinaux transfuges avaient décrété un conciliabule; Jules II convoque un concile à Latran, et les rebelles sont sifflés par le monde catholique quand on apprend qu'ils n'ont donné que quatre mois aux prélats étrangers pour se rendre à Pise.Il parait qu'ils ne connaissaient pas mieux leur géographie que leur devoir de chrétien. [...]

[...] La guerre fut rude de part et d'autre. Les Français emportent d'assaut la ville de Brescia. [...]
Quand la nouvelle de cette terrible journée vint à Rome, on eût dit qu'Attila, comme autrefois, frappait aux portes ; les cardinaux, les mains jointes, suppliaient Jules II de faire la paix avec les vainqueurs, d'équiper des galères, de fuir loin de Rome. Le noble vieillard fut inébranlable comme le roc; son oeuvre n'était pas accomplie. S'il avait eu peur, il n'aurait pas sauvé la nationalité italienne.

Au reste, jamais prisonnier n'avait été l'objet de prévenances semblables à celles dont on entourait le légat Jean de Médicis : c'est qu'il représentait cette papauté vénérée de ceux mêmes qui faisaient la guerre à l'homme qui en était revêtu. On renversait la statue de Jules II; mais quand le Pape passait, on s'inclinait pour lui demander sa bénédiction. [...]
A Milan il [ Jean de Médicis] vit venir à lui le cardinal transfuge, Saint Sèvérin, les Trivulce, les Visconti, les Pallavicini, tout ce que la ville renfermait d'illustres citoyens ; c'était là que le conciliabule avait transporté ses assises. Chaque matin, un crieur public, placé devant la porte de la cathédrale, sommait le Pape de comparaître en personne, pour répondre de sa conduite devant ces fils ingrats que le peuple de Milan sifflait, comme avait fait celui de Pise.
A Rome, venait de s'ouvrir le cinquième concile oecuménique de Latran. Le 3 mai 1512, on vit descendre du Vatican un vieillard dont les cheveux avaient blanchi dans les souffrances de l'âme et du corps : c'était Jules II qui se rendait à la basilique de Latran, assisté de tous ses cardinaux, de quatre-vingt trois évêques, de prélats, de députés, de grands dignitaires nationaux et étrangers. A son aspect, le peuple fléchissait le genou. L'empereur Maximilien, Henri VIII d'Angleterre, le roi d'Aragon, la république de Venise étaient représentés dans le cortège pontifical par leurs ambassadeurs.

Pendant que Rome assistait à cette glorieuse cérémonie, un autre spectacle, qui avait bien aussi sa grandeur, se passait à Milan. Le légat prisonnier, Jean de Médicis, absolvait, au nom du Pape, ceux qui, par obéissance aux ordres de leur souverain temporel, avaient pris les armes contre le Saint-Siège. [...]

Histoire universelle de l'Eglise Catholique par l'abbé Rohrbacher Tome IX, p 420
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:16

Sa Sainteté le Pape Jules II Medail10


Médaille commémorative pour Saint-Pierre, 1506, Cristoforo Foppa, dit Caradosso, (Londres, British Museum). Revers de la médaille : projet pour Saint Pierre; Face : Jules II. Les "infinis dessins" qui précédèrent la cérémonie de fondation de la basilique, le 18 avril 1506, débouchèrent, comme l'atteste cette médaille, sur un édifice à plan centré bien articulé, confluant dans le grand espace lumineux d'une coupole de 41,5 m de diamètre, égale à celle du Panthéon (malgré les interventions postérieures qui ont modifié le projet d'origine, ces dimensions ont été conservées).

A suivre ....
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:16

De son côté, Jules II annula et frappa de censure cette assemblée schismatique, jeta l'interdit sur la France, et convoqua à Rome, pour l'an 1512, une assemblée qui fut le célèbre concile de Latran si connu dans l'histoire. Plus de cent évêques, archevêques, patriarches, beaucoup d'abbés et de docteurs s'y rendirent.
On y condamna les cardinaux rebelles, le concile de Pise, ainsi que la Pragmatique de Bourges, et on y déclara nulle toute élection simoniaque du Pape. Voici comment Audin résume ce point d'histoire ecclésiastique :
« Pour braver Jules II, Louis XII, après avoir gagné quelques cardinaux, a convoqué un concile et est venu l'attaquer jusque dans ses Etats. Ses suppôts s'assemblent à Pise, mais, hués par la population, ils se réfugient à Milan, où les enfants les poursuivent à coups de pierre. De Milan, ils s'abattent sur Lyon, et dans cette Rome des Gaules, sont accueillis par des cris et par des sifflets; les femmes se signent en les apercevant, et le clergé leur ferme la porte de la cathédrale. Cette Majesté qui règne au Vatican a pour elle la sympathie religieuse de toutes les populations. Jules II ne montre aucune crainte : au conciliabule il oppose un concile et somme les évêques de la chrétienté de se réunir à jour fixe dans la grande basilique de Latran; et les évêques dociles se mettent en route et arrivent à Rome de toutes les parties du monde. A Rome, au Nom de Dieu Tout-Puissant, Jules II excommunie les cardinaux félons qui, remplis de terreur et de confusion, préparent leur repentir et leur soumission.» ( Vie de Henri VIII, I. 102.).

Le décret contre toute élection simoniaque du Pape fut le dernier décret pris sous le Pontificat de Jules II, mais non pas le dernier décret du concile, qui se prolongea sous le règne de Léon X. Jules II mourut en 1513.

La Papauté devant l'histoire par le chanoine Fournier, Tome II, p324
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:17

[...] Qu'un vieux Pape, presque toujours malade, s'avise de battre tout à la fois et le roi de France et l'empereur d'Allemagne, pour leur apprendre qu'il est maître chez lui, c'est certainement une chose curieuse. Ce qui ne l'est pas moins, c'est de voir des Français ou des Allemands, dans mainte histoire et biographie, reprocher à ce Pape, comme un abus scandaleux, de les avoir battus, au lieu de s'en laisser battre. Le premier Français qui s'est donné ce ridicule, c'est le roi de France, Louis XII.

Le vieux pontife, Jules II, marchait avec des troupes, pour mettre à la raison son vassal, le duc de Ferrare, et renvoyer les Français en France et les Allemands en Allemagne; mais le roi des Français et l'empereur des Allemands voulaient au contraire être maîtres chez les Italiens l'un et l'autre. Et comme le vieux Pape n'entendait pas de cette oreille, ce roi et cet empereur se décident à le traduire devant un concile général, pour lui apprendre à penser comme eux. Une chose leur donnait cette singulière confiance : c'était le puissant renfort des quatre ou cinq cardinaux traîtres que nous avons cités. L'empereur Maximilien nourrissait une idée non moins singulière : c'était de se faire nommer Pape lui-même, après la mort ou la déposition de Jules II.

Histoire universelle de l'Eglise Catholique par l'abbé Rohrbacher Tome IX, p 420
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:17

En attendant, que faisait Louis XII ?
Au lieu d'envoyer des renforts à ses généraux d'Italie, que le vieux Pape se permettait de battre, il s'amusait en France à combattre le vieux Pape avec des assemblées ecclésiastiques. Il en convoqua d'abord une à Orléans pour la fin d'Août 1510. Elle fut transférée à Tours. Le roi lui proposa huit questions, que voici avec les réponses.

1. Est-il permis au Pape de faire la guerre aux princes temporels dont les terres ne sont ni du patrimoine, ni du domaine de l'Eglise ?
Réponse : Il ne le peut ni ne le doit.

2. Un prince, obligé de défendre sa personne et ses biens, peut-il, non seulement repousser l'injure que lui ferait le Pape, mais encore s'emparer des terres de l'eglise, non dans l'intention de les retenir, mais pour empêcher seulement que le Pape, son ennemi, n'en tire des forces pour envahir celles de ce prince qu'il attaque ?
Réponse : Cela est permis, sous les conditions et modifications dont la question parle.

3. Lorsque le Pape témoigne évidemment sa haine à un prince et lui fait une guerre injuste, soit par ses propres forces, soit en soulevant contre lui des autres princes et communautés, est-il permis à ce prince de se retirer de l'obéissance d'un tel Pape ?
Réponse : L'assemblée conclut que cela pouvait se faire sans crime, en observant toutefois que ce fût seulement pour la défense et la manutention de ses droits temporels.

4. Cette soustraction faite, comment le prince, les sujets et le clergé devraient-ils se conduire dans le cas où l'on avait coutume auparavant de s'adresser au Pape ?
Réponse : Il fut dit sur cela qu'on s'en tiendrait au droit ancien et qu'on observerait la pragmatique sanction tirée des décrets du concile de Bâle.

5. Un prince, dans les circonstances qu'on vient de dire, peut-il en secourir un autre, son allié, et attaqué injustement ?
Réponse : On répondit qu'il le peut.

6. Lorsque le Pape prétend que certains droits lui appartiennent, comme étant du domaine de l'Eglise, et qu'un prince, soutient au contraire qu'ils sont à l'empire ou à lui, offrant néanmoins de laisser vider le différend par les voies de la justice, est-il permis au Pape, en de telles circonstances, de prendre les armes contre ce prince, et ce prince peut-il se défendre, ou d'autres princes, ses alliés, peuvent-ils lui donner secours, étant notoire surtout que l'Eglise romaine n'a pas joui de ces droits prétendus depuis cent ans ?
Réponse : La décision fut que ce prince pouvait se défendre par les armes, et que les autres princes pouvaient lui donner des secours pour la conservation de ses droits.

7. Lorsque le Pape ne veut pas entendre les raisons de ce prince et porte une sentence contre lui, faut-il prendre le parti de la soumission, dans le cas surtout où il n'est pas sûr, ni à ce prince ni à ses agents, d'aller en cour de Rome pour se défendre selon les formes de la Justice ?
Réponse : Il fut décidé que ce prince n'était point obligé de se soumettre.

8. Lorsque le Pape ne garde aucune formalité de droit, mais agit par voie de fait, en prononçant des censures contre un prince, ou ses alliés, ou ses sujets, faut-il obéir à ces censures, et de quelle manière convient-il de se comporter dans ce cas-là ?
Réponse : L'assemblée déclara que les censures étaient nulles, et qu'on n'était aucunement tenu d'y déférer.

Voilà comment le roi de France, avec le clergé gallican, apprenait aux rois et aux peuples à justifier la révolte envers le souverain par le schisme envers le Pape. Car c'est de quoi il est question. Depuis huit siècles, l'exarchat de Ravenne, le duché de Ferrare appartenaient à l'Eglise romaine, par la donation de Pépin et de Charlemagne, confirmée d'âge en âge. Alphonse d'Este n'était duc de Ferrare que comme feudataire du Saint-Siège, à qui il devait hommage et fidélité comme à son souverain. Il se met en état de révolte, et conspire avec l'étranger contre son souverain légitime. Et c'est pour le soutenir dans cette rébellion, que le roi de France, le fils aîné de l'Eglise, recourt à la théorie et à la pratique du schisme, rompt ou menace de rompre avec le centre de l'unité catholique, promène de Pise à Milan, de Milan à Lyon le scandale d'un conciliabule de quelques cardinaux traîtres à leur chef ! Il ira jusqu'à traiter d'ivrogne un vieux pontife qui ne boit que de l'eau, et dont les repas ne durent que le temps d'un Pater et d'un Ave ! Il ira jusqu'à promettre sur une médaille, la ruine de Rome chrétienne sous le nom injurieux de Babylone !

En vérité, Louis XII n'avait guère de sens, non plus que ceux qui l'entourent. Aussi, à cette époque, et depuis longtemps, n'apparait-il en France ni un saint ni un savant, tandis qu'on en voit beaucoup ailleurs : ce fait est grave et mérite une sérieuse attention.

Au reste, les autres princes ne ressemblaient pas plus à Charlemagne que Louis XII : ils n'avaient pas plus d'intelligence ni de zèle pour l'Eglise de Dieu.




Histoire universelle de l'Eglise Catholique par l'abbé Rohrbacher Tome IX, p 421

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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:18

S'il ressentit peu d'attrait pour les humanistes et les gens de lettres, ce Pape fut, par contre, un grand protecteur des artistes et un Mécène éclairé. Sous son pontificat, Raphaël fut le peintre favori et, en quelque sorte, le "ministre des Beaux-Arts". Jules II favorisa également Michel-Ange qui peignit les grandes fresques de la Sixtine commandées par le Pape en 1508 et fut l'exécuteur du plan proposé par Bramante à Jules II pour la construction de la coupole de Saint-Pierre.
Enfin, Michel-Ange entreprit le fameux tombeau de Jules II, demeuré inachevé mais dont l'incomparable Moïse qui se trouve dans l'église Saint-Pierre-aux-Liens et qui devait en faire partie, suffit à donner une idée.

Histoire des Papes, Fernand Hayward, 1929, p 354

Sa Sainteté le Pape Jules II Chapel11
Chapelle Sixtine
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:18


Sa Sainteté le Pape Jules II Raphae10

Sa Sainteté le Pape Jules II Raphae11
Vue de la Chambre d'Héliodore avec les scènes " Héliodore chassé du Temple" et "La Messe de Bolsena", 1512, Raphaël, (Cité du Vatican, Chambre d'Héliodore). Dans la Messe de Bolsena, Raphaël a représenté son mécène Jules II, participant aux événements dans une solennelle immobilité, suivi de ses cardinaux et de ses gardes suisses. L'évocation de cet épisode (le miracle de Bolsena) montre le prêtre, protagoniste de l'événement, presque au centre de la composition, alors qu'il élève la hostie. Deux personnes, selon la nouvelle tendance de Raphaël qui cherche à rendre la représentation plus dynamique, sont représentés alors qu'elles se penchent au-dessus des stalles semi-circulaires, qui servent de fond à la scène. La présence du pape illustrait ainsi sa dévotion personnelle et une action de grâces pour les événements favorables du printemps 1512 où la guerre contre les Français commença à tourner en faveur des troupes pontificales et de leurs alliés.




Sa Sainteté le Pape Jules II Michel10 Sa Sainteté le Pape Jules II Michel11
Pietà, 1499, Michel-Ange, (Vatican, basilique de Saint-Pierre)



Sa Sainteté le Pape Jules II Jeremi10
Le Prophète Jérémie et détail, 1511, (Vatican, chapelle Sixtine)



Sa Sainteté le Pape Jules II Zachar10 Sa Sainteté le Pape Jules II Zachar11
Le Prophète Zacharie et détail, 1508-1509, (Vatican, chapelle Sixtine)



Sa Sainteté le Pape Jules II David10Sa Sainteté le Pape Jules II David110
David et Goliath, 1509, (Vatican, chapelle Sixtine)
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:19

Sa Sainteté le Pape Jules II Jugeme10
Le Christ juge, 1537-1538, détail du Jugement Dernier, (Vatican, chapelle Sixtine)


Sa Sainteté le Pape Jules II Jugeme11
Entrée des damnés à l'Enfer, détail d'un damné représentant la Luxure, (Vatican, Chapelle Sixtine)


A suivre : mort de Jules II
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:20


Jules II mourut le 21 février 1513.

Il laissait les Etats de l'Eglise pacifiés, Rome embellie et les collections artistiques conservées dans les palais pontificaux, au Vatican surtout, enrichies d'un grand nombre de chefs-d'oeuvre.

Histoire des Papes, Fernand Hayward, 1929, p 354

A suivre ...
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:20


Le 20 du même mois [février ], le pape Jules II reçut les derniers sacrements de la main du cardinal-évêque d'Ostie, doyen du sacré collège. Le maître des cérémonies suggéra au pontife malade de demander l'indulgence plénière au cardinal, qui la lui accorderait par l'autorité apostolique; ce qu'il fit aussitôt. Ensuite il communia très dévotement sous les deux espèces.
Le cardinal lui demanda s'il voulait donner quelques ordres, parce que tous les cardinaux étaient disposés à y obéir; il ajouta que les cardinaux désiraient extrêmement recevoir sa bénédiction, lui baiser la main et lui demander pardon.

Quand les cardinaux furent arrivés, le Pape leur dit qu'il était à l'extrémité de la vie, que déjà il voyait la mort : il les priait d'intercéder pour lui auprès de Dieu, parce qu'il avait été un grand pécheur et qu'il n'avait pas gouverné utilement l'Eglise, comme il aurait dû; qu'ils fissent pour lui, après sa mort, ce qu'on avait accoutumé de faire pour les autres Papes, même moins, comme étant pécheur; mais qu'ils célébrassent l'élection du futur pontife avec une parfaite intégrité, suivant la bulle qu'il avait publiée et qui venait d'être approuvée dans le concile : que cependant l'élection du pontife appartenait, non pas au concile, mais au collège des cardinaux; chose décrétée par l'autorité apostolique, qu'il voulait qui eût toute sa vigueur.

Il voulait aussi que les cardinaux absents fussent admis à l'élection, c'est-à-dire les cardinaux légitimes et véritables, et non ceux qui avaient été privés de leur dignité, ni les schismatiques. Quant à ceux-ci, il dit absolument que, comme Julien de la Rovère et comme homme, il leur pardonnait et leur remettait toutes les injures; en effet, il ouvrit la main, les bénit et leur pardonna, et recommanda de leur faire connaître cette disposition de sa part; « mais comme Jules et pontife, nous voulons absolument qu'on observe la justice et qu'on ne les admette d'aucune manière, non seulement dans le conclave, mais pas même dans la ville; car, à notre avis, la ville de Rome serait polluée par leur admission, encore que le droit ne le dise pas . »

Le Pape mourant dit toutes ces choses en latin, avec gravité et pontificalement, parlant au pluriel, comme en consistoire. Puis, s'exprimant en italien, il témoigna le désir que le duc d'Urbin, son neveu, fût vicaire perpétuel de Pésaro, conquis par son travail, par l'argent du cardinal de Mantoue et par l'affection de ses peuples, d'autant plus qu'il rendrait au cardinal les sommes dues. Les cardinaux s'y accordèrent tous, l'un après l'autre. Alors il leur recommanda sa famille et leur donna sa bénédiction; Pape et cardinaux, tous pleuraient.

Jules II mourut dans la nuit du 20 au 21 février 1513. Peu avant d'expirer, il protesta avoir éprouvé dans son pontificat des sollicitudes si poignantes, qu'elles pouvaient être comparées au martyre. Il était âgé de 72 ans, et avait occupé le Saint-Siège 9 ans, 3 mois et 20 jours.

Il fut grand prince et grand pontife : prince, il sut tirer le glaive pour réduire des vassaux rebelles, délivrer l'Italie des étrangers, et rendre à l'Eglise romaine son indépendance temporelle; pontife, il n'usa de tous ses avantages que pour commencer sérieusement la réformation de l'Eglise dans son chef et dans ses membres. Il est cependant un grave reproche que lui font les Français et les Allemands : c'est d'avoir été trop guerrier. Effectivement, ne s'est-il pas avisé de les battre, de les renvoyer chez eux, et de vouloir que les Italiens fussent les maîtres en Italie, et le Pontife romain à Rome ? Quelle idée !

Les obsèques de Jules II étant achevées le vendredi 4 mars, la messe du Saint-Esprit fut célébrée par le cardinal de Strigonie, et le sermon prononcé par l'évêque de Castellamare. Ensuite les cardinaux, au nombre de vingt-quatre, entrèrent processionnellement dans le conclave. Les premiers jours furent employés à pourvoir au gouvernement de Rome, et à examiner un mémoire des conclavistes sur leurs privilèges. Le jeudi 10 mars, à la demande des anciens cardinaux, on lut la bulle de Jules II contre l'élection simoniaque du futur pontife; tous la main sur l'Evangile et sur la croix, promirent de s'y conformer. Le lendemain vendredi 11 mars, huitième jour du conclave, le cardinal Jean de Médicis fut élu à l'unanimité, et prit le nom de Léon X.


Histoire universelle de l'Eglise Catholique par l'abbé Rohrbacher Tome IX, p 430,431

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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:22

Jugement sur Jules II par le chanoine Fournier dans "La Papauté devant l'Histoire", Tome II

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Jugement sur Jules II

L'école libérale accuse Jules II d'avoir fait la guerre; mais en qualité de roi temporel, n'avait-il pas les mêmes droits que les autres souverains ? Aux yeux de la religion, il fut peut-être trop guerrier, et avec moins de qualités belliqueuses, il eût fait un plus grand Pape. Il n'en est pas de même aux yeux du droit des gens. Les Vénitiens s'étaient permis de lui enlever quelques villes ou de les retenir contre toute justice; Jules II lève une armée et les en fait cruellement repentir; c'était juste, c'était son droit : la guerre de prince à prince, sans autre motif que l'ambition ou le plaisir de faire la guerre, est inouïe dans l'histoire de l'Eglise. Mais la guerre défensive est permise au Pape comme à tout autre souverain. Quand la modération est possible, elle est préférée à la violence; mais quand les voies pacifiques sont épuisées, il faut que la force des armes intervienne et répare l'injustice, la spoliation et le désordre. Lorsque le général Bonaparte envahit les Etats Pontificaux, Pie VII lui opposa une armée; Pie IX en opposa une aux troupes piémontaises en 1861. Vaincu dans l'infâme guet-apens de Castelfidardo, il s'en crée une seconde pour l'opposer aux bandes garibaldiennes, vaincues à Mentana en 1867; et quand Victor-Emmanuel, profitant des désastres de la France en 1870, voulut s'emparer de Rome, il trouva à la Porta Pia une résistance héroïque de la part de la petite troupe pontificale, qui aurait chèrement fait payer sa vie si le doux Pontife n'avait ordonné la retraite pour arrêter l'effusion de sang. Faut-il pour cela accuser Pie VII et Pie IX d'avoir fait la guerre ?

En constituant l'empire chrétien, la grande idée des Papes était de confier le glaive au pouvoir civil, car il répugne souverainement à leur ministère de paix de lever des armées: ils prenaient ainsi, dans leur prévoyance, des mesures qui les exemptassent d'une telle nécessité, réponse péremptoire à ceux qui les accusent d'avoir soutenu des guerres. Avec l'empire chrétien, jamais Pape n'eût levé ou commandé une armée. Mais, hélas ! les empereurs, au lieu de défendre l'Eglise leur mère, l'attaquant comme des traîtres et des félons : que doit faire alors le Pape ? doit-il se défendre ou se laisser dépouiller de ses Etats sans faire la moindre résistance ? doit-il se contenter de bénir les canons pointés contre lui ? dit le comte de Maistre.

Tous les reproches faits aux Souverains Pontifes sur la question de guerre sont donc hors de propos, à moins qu'il ne s'agisse d'une guerre offensive ou injuste, ce qui ne s'est jamais vu et ne se verra jamais. Et quand la nécessité les a poussés à la faire, comment l'ont-ils faite ? Comparez Jules II, celui qui donna le plus de prise à ce reproche, à Louis XII : ils se sont trouvés dans une position à peu près semblable, le premier au siège de Mirandole, et le second à Peschiera, lors de la ligue de Cambrai. « Le bon roi, le père du peuple ( en France, Louis XII était surnommé Le Père du peuple ), honnête homme chez lui, ne se piqua pas à Peschiera de faire usage de ses maximes sur la clémence. Tous les habitants furent passés au fil de l'épée. Le gouverneur André Riva et son fils furent pendus sur les murs.» ( Du Pape, 1., II, c. VII )

A suivre ...
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:22

A Mirandole, Jules II entra par la brêche, ce qui ne fut pas tout à fait pontifical, mais il cessa de voir des ennemis dès que le canon cessa de gronder, et l'historien anglais du Pontificat de Léon X ajoute : « A peine la guerre est déclarée que vous êtes vainqueur, mais chez vous le pardon est aussi prompt que la victoire. Combattre, vaincre et pardonner, pour vous, c'est une même chose. Un jour nous donna la guerre, le lendemain la vit finir; et votre colère ne dura pas plus que la guerre. Le nom de Jules II porte avec lui quelque chose de divin; il laisse douter si la valeur l'emporte sur la clémence. »

Bologne avait gravement insulté Jules II jusqu'à fondre les statues de ce Pontife : obligée de se rendre à discrétion, Jules II se contenta de menacer et d'exiger quelques amendes. Sous la main de Louis XII?, de Napoléon, de Guillaume, de tout autre capitaine, la ville en eût-elle été quitte à si bon marché. C'est donc avec raison que nous répétons avec de Maistre : Comme princes, les Papes ont les mêmes droits que les autres , et il n'est pas permis de leur faire des reproches sur leur conduite politique, alors même qu'ils auraient eu le malheur de ne pas faire mieux. La guerre, ils l'ont moins faite, l'ont faite avec plus d'humanité, et ne l'ont jamais provoquée. Si Jules II n'eût été qu'un souverain temporel, la postérité n'aurait pas assez de largesses à décerner à sa mémoire; mais parce qu'il unissait le spirituel au temporel, c'est un Pape sanguinaire, sauvage, qui mérite toutes les malédictions. Pour nous, nous ne disons pas que son Pontificat brille par ce côté belliqueux, mais nous soutenons que Jules II avait le droit de faire la guerre en sa qualité de prince temporel et qu'il déploya de grands talents militaires dans les campagnes qu'il entreprit, en même temps qu'une modération digne de tout éloge.


A suivre ...
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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:23

Ses prédécesseurs n'avaient cessé de lever des armées et de prêcher des croisades contre les Barbares de l'Est et du Midi; Jules II, au lieu de tourner ses regards vers les Turcs, d'ailleurs assez tranquilles sous son règne, veut à tout prix affranchir l'Italie du joug des Barbares qui s'appelaient en ce moment les Français et les Allemands. Il rassemble des troupes, et au lieu de les confier à un Scanderberg, à un Huniade, à un Juan d'Autriche, il les conduit lui-même contre ces Barbares de l'Occident. Dès lors qu'ils veulent subjuguer l'Italie, c'en est assez pour réveiller le patriotisme de l'âme ardente de Jules II et pour armer son bras du glaive matériel à l'effet de défendre son pouvoir temporel et sa patrie contre l'étranger. « Le plus grand malheur, dit encore de Maistre, c'est d'obéir à une puissance étrangère. Aucune humiliation, aucune torture de coeur ne peut être comparée à celle-là. » . On sait que les Papes et les catholiques en général ne sont pas les moins patriotiques. « Tous les peuples sont convenus, reprend le même écrivain, de mettre au premier rang des grands hommes ces fortunés citoyens qui eurent l'honneur d'arracher leur pays au joug étranger; la stupidité moderne voudrait seulement excepter les Papes de cette apothéose universelle, et les priver de l'immortelle gloire qui leur est due, comme princes temporels, pour avoir sans relâche travaillé à l'affranchissement de leur patrie. Ayant sur les yeux des préjugés protestants, philosophiques, jansénistes et parlementaires, que peuvent-ils voir à travers ce quadruple bandeau. » ( Du Pape )

Si Jules II fut peut-être trop belliqueux, on ne peut du moins lui disputer le génie et le talent qui lui servirent de piédestal pour se hisser de la condition la plus humble à la dignité la plus sublime. Il fut un grand Pape et un grand Italien. Grand Pape, il acheva l'indépendance de la Papauté en se faisant restituer les évêchés et les territoires du patrimoine de Saint-Pierre; grand Italien, il travailla toute sa vie par la diplomatie et par les armes à expulser l'étranger, ou, comme il disait, les Barbares de la péninsule pour rendre l'Italie à elle-même. On l'accuse d'avoir usé d'artifices, d'intrigues et de ruses indignes d'un Pape : nous disons, nous, que ces accusations, passées en habitude contre Rome, s'évanouissent devant les réponses que nous venons de faire, aussi bien que devant le droit et l'habileté diplomatique. Ce qu'il y a du moins d'incontestable, c'est que sa politique fut l'âme de son temps, qu'elle triompha de tous ses adversaires, et que les rois se croyaient forts dès qu'ils avaient de leur côté le Pape, et quand ils s'en écartaient, la prospérité les abandonnait pour l'ordinaire; ou ils dépérissaient, ou ils couraient vers les calamités et quelquefois vers l'imbécillité, comme cela arriva à Louis XII pour le concile de Pise.

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Message  Sandrine Lun 15 Fév 2010 - 1:23


Trop guerrier pour un Pape, cela se peut, mais quand on pense d'un côté que l'assistance n'a jamais fait défaut à l'Eglise, et de l'autre à l'état précaire où se trouvait à cette époque le pouvoir pontifical, on est à se demander si le Pape Jules II ne fut pas envoyé par le Dieu des armées pour dégager la Papauté des entraves qui la gênaient encore, humilier les injustes détenteurs de ses domaines et montrer à l'Europe que le patrimoine pontifical devait être respecté et au besoin défendu par les puissances catholiques. Que dirait-on aujourd'hui d'un écrivain qui accuserait Pie IX d'avoir été trop guerrier parce qu'il a eu des zouaves, qu'il a fait la guerre à l'Italie, aux bandes garibaldiennes, soutenu des combats à Castelfidardo, à Mentana, à Monte-Libretti, sous les murs de Rome, pour la défense de son territoire et le maintien de son indépendance, et d'avoir lancé des censures contre les envahisseurs de Rome ? C'est le moindre côté de son long Pontificat, en vérité, mais c'était juste, c'était nécessaire, et l'univers catholique l'applaudissait et l'approuvait en lui envoyant de vaillants soldats. A entendre certains historiens, Jules II n'aurait fait que guerroyer, oubliant que c'est lui qui distingua Bramante, Raphaël, Michel-Ange; lui qui commença Saint-Pierre, sans compter une foule d'autres grandes choses que le défaut d'espace nous empêche d'énumérer.

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Message  Sandrine Mer 17 Fév 2010 - 12:54


Ses détracteurs mêmes, Moshein, Potter, la tourbe des protestants et des jansénistes, Guichardin, Mézeray, Fleury, Bérault-Bercastel, Vervorst, tout en le censurant, nous le montrent en tête de tout : un moment, un effet, dit Rohrbacher après Audin, « Jules II occupait toute la scène, on ne voit que lui. »

« Sans doute, dit de Maistre, c'est un très grand mal que les Papes soient forcés de faire la guerre; sans doute, Jules II fut trop guerrier, cependant l'équité l'absout jusqu'à un certain point qu'il n'est pas aisé de déterminer. Feller dit : Le Pontife Romain doit être l'arbitre de la paix, non le flambeau de la guerre ! - Oui, lorsque la chose est possible, mais s'il est attaqué, de quoi lui sert sa qualité de Père commun ? Doit-il se borner à bénir les canons pointés contre lui ?... Jules II fit une guerre mortelle aux Vénitiens, mais c'était pour ravoir les villes usurpées par eux ... Les Papes règnent depuis le IXe siècle au moins; or, on ne trouvera dans aucune dynastie plus de respect pour le territoire d'autrui et moins d'envie d'augmenter le sien ... On ne voit point de leur côté cette tendance à s'agrandir qui forme le caractère de toute souveraineté.

Jules II est le seul Pape qui ait acquis un territoire par les règles ordinaires du droit public, en vertu d'un traité qui terminait une guerre ; il se fit céder ainsi le duché de Parme. Mais cette acquisition, quoique non coupable, choquait cependant le caractère pontifical; elle échappa bientôt au Saint-Siège : à lui seul est réservé de ne posséder aujourd'hui que ce qu'il possédait il y a dix siècles. On ne trouve ici ni traités, ni combats, ni intrigues, ni usurpations. » ( Du Pape, 1. II, 5)

A suivre ...
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Message  Sandrine Jeu 18 Fév 2010 - 12:53

Audin, après avoir dit que pas un souverain ne songeait à la délivrance de l'Italie, ajoute : « Jules II domine toutes ces têtes couronnées, comme la coupole de Saint-Pierre, la flèche des autres églises. Il a un but, lui, un plan, une idée : c'est l'affranchissement de son pays qu'on envahit et qu'il veut sauver. Ne nous parlez pas de son ambition; n'est-elle pas sanctifiée par le but qu'il a devant lui, et où il arrivera malgré la fièvre qui le retient au lit, malgré les mouvements insurrectionnels du peuple romain, comme le jour où Pompée Colonna et Antoine Savelli parlent de monter au Capitole pour proclamer la république; malgré le serment que Louis XII a fait graver à Milan sur une monnaie d'or, où le destin de Rome est écrit en trois mots : Perdam Babylonis nomen; malgré les pleurs de ses cardinaux, qui lui montrent après la journée de Ravenne, les galères préparées à Ostie pour emmener le Pontife vaincu ? Est-ce que le Pape seul aurait le privilège de ne pouvoir se défendre ? Qu'on nous dise que Jules II aimait trop le casque et la cuirasse, qu'il maniait trop bien l'épée, qu'il restait trop longtemps à cheval, cela est possible, cela est écrit dans l'histoire, sur la pierre, sur l'airain, sur la toile; mais avouons que l'oeuvre la plus belle qu'un monarque tentera jamais dans l'intérêt d'un peuple, le salut de sa nationalité, n'aurait pas été accomplie par une de ces natures froides et tièdes, sans défauts comme sans vertus. »

L'abbé Rohrbacher dit à son tour : « Jules II fut le sauveur de l'Italie ... L'Italie allait être une province française ... Qu'un vieux Pape, presque toujours malade, s'avise de battre tout à la fois et le roi de France et l'empereur d'Allemagne, pour leur apprendre qu'il est maître chez lui, c'est certainement une chose curieuse. Ce qui ne l'est pas moins, c'est de voir des Français ou des Allemands, dans mainte histoire, reprocher à ce Pape, comme un abus scandaleux, de les avoir battus au lieu de s'en laisser battre. » De fait, il les a tous battus, puisqu'il est demeuré maître du champ de bataille.

Jules II achève l'oeuvre d'Alexandre VI contre les brigands, Alexandre VI a brisé la tyrannie féodale des barons de Rome et des environs, qui étaient, disait-il, les menottes de la Papauté; Jules II confirme cette victoire et éloigne un autre danger qui menace l'indépendance Papale, il expulse de l'Italie la domination française qui avait succédé à la domination impériale.

La Papauté devant l'histoire par le chanoine Fournier, Tome II, p 325 à 328

FIN
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Message  ROBERT. Jeu 18 Fév 2010 - 21:37

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Merci Sandrine pour cet exposé historique qui met en fuite les détracteurs et calomniateurs de S.S. Jules II... cheers

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