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Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion du Concordat. (complet)

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Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion du Concordat. (complet) Empty Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion du Concordat. (complet)

Message  Louis Mer 1 Juin 2011 - 2:34

.
DU PAPE,

E T

DE SES DROITS RELIGIEUX

A L'OCCASION DU CONCORDAT.

Par M. l’ABBÉ BARRUEL,

Chanoine honoraire de l’Église Métropolitaine de Paris.

TOME SECOND,
L’Église gallicane sur le pape.


Paris

AN. XII (1803)


QUATRIÈME PARTIE


Application de la Tradition sur Pierre et sur le Pape,
au nouvel ordre de choses établi en France par le Concordat.

CHAPITRE-PREMIER.


Exposition succinte des faits relatifs au Concordat ; de ce que fait le Pape dans ce Concordat, et de la vraie question qui en résulte.

APRES une tradition si généralement et si constamment soutenue dans l'église catholique, sur la plénitude de cette puissance religieuse donnée à Pierre et aux pontifes ses légitimes successeurs sur le siège de Rome, il ne semble pas que l'on eût dû s'attendre à voir une espèce quelconque de véritable autorité contestée à ces mêmes pontifes dans l'église de Jésus-Christ. On ne s'attendait pas sur-tout à voir la première et la plus éclatante de ses prérogatives, l'autorité de Pierre sur ses frères, contestée par ceux de ses frères qui venaient précisément de lui rendre le plus glorieux témoignage. Mais, tel est l'empire des révolutions : les désastres qu'elles entraînent sont ce qui justifie, ce qui nécessite le plus une grande puissance ; le trouble et les nuages qu'elles laissent dans les esprits, sont ce qui jette la plus d'incertitude sur les vrais principes de toute puissance, et sur la légitimité de ces actes qu'elles ont rendus le plus indispensables. Si vous ne l'avez pas assez conçue la nécessité de cette puissance dans le gouvernement des fidelles, sans vous appesantir sur des souvenirs trop douloureux, rappelez-vous au moins quel était l'état de notre église dans ces jours où le premier Consul de l'empire Français conçut le grand projet de nous rendre le culte de nos pères.


État de l'église de France au moment du Concordat.
Dès la première année de nos révolutions , tout de notre clergé s'était vu dépouillé de ses anciens moyens de subsistance. Bientôt, sous le titre spécieux de constitution civile, une suite de décrets rendus par des législateurs du monde, avait plongé nos églises dans le schisme, et chassé nos anciens pasteurs hors de leurs paroisses et de leurs diocèses. Les nouveaux auraient pu s'apercevoir qu'une secte également impie et factieuse les appelait bien moins pour maintenir en France quelque idée de christianisme , que pour cacher au peuple le projet d'en détruire jusqu'aux derniers vestiges.

L'impiété levant enfin le masque, avait armé tous ses bourreaux. Des pasteurs légitimes, les uns étaient tombés, par hécatombes, victimes du féroce Robespierre, ou de la tyrannie des Pentarques; les autres, dispersés sur toute la surface de l'Europe, et jusque dans les forêts de la Guiane , s'étaient vus condamnés à subir les rigueurs d'un long exil, ou bien de la déportation dans des régions de mort. Toute la bienfaisance des peuples qui nous avaient offert un asile, ne pouvait pas au moins nous soustraire aux ravages du temps et des années. Nos évêques et leurs plus dignes coopérareurs descendaient lentement au tombeau.

Ce qui restait de vrais prêtres en France, exposé aux caprices de la révolution, à des persécutions sans cesse renaissantes , succombait sous le poids des travaux. Encore quelques années du règne des sophistes, et le sacerdoce était éteint en France; les projets de la plus monstrueuse impiété étaient accomplis.

Tels étoient, hélas ! trop notoirement, les désastres de l'église gallicane, lorsqu'une nouvelle révolution mit à la tête de la chose publique, un de ces hommes que Dieu ménageoit à la France , pour relever au moins une grande partie de ses temples ; un, homme convaincu de la justice, de la nécessité de rendre à un peuple immense, et toujours attaché au culte de ses ancêtres, la liberté de ses autels.

Ce ne fut pas sans un étonnement mêlé d'un consolant espoir, que, par un bref en date du 13 Septembre 1800, nos évêques apprirent de sa Sainteté, qu'elle venait d'être invitée par le premier Consul à seconder ses vœux pour le rétablisse' ment de la religion en France. Sur cette invitation, des agens dont le pape conaissait la sagesse , la piété et les lumières, partirent de Rome, pour venir traiter à Paris cet important objet. La longueur des négociations annonçait des obstacles à vaincre , non moins par le premier consul que par le pape même. Tout nous disait alors qu'il fallait s'attendre, de la part de l'église, à de grands sacrifices; tout nous disait aussi que le seul à excepter de ses dispositions, était celui de nos principes, des vérités évangéliques. La renommée enfin vint nous apprendre qu'un concordat dont les articles n'avaient point encore d'authenticité publique, avoir été conclu entre les agens du saint siège et du premier consul. Alors sa Sainteté adressa aux évêques français un nouveau bref en date du 15 Août 1801.


A suivre :
Le pape demandant aux évêques français leur démission,
après la conclusion du Concordat.

Note de Louis: Mes très chers amis , si je ne l'ai pas mis dans le bon répertoire, mettez-le à la bonne place Embarassed

Et j'ai aussi mis des mots dans un français de 2011 : comme, par exemple « était » à la place de étoit, etc.. Parfois j'ai laissé les mots originaux comme fidelles (fidèles).

Merci de votre indulgence.



Dernière édition par Louis le Sam 1 Oct 2011 - 23:25, édité 3 fois (Raison : Pour finaliser le titre.)
Louis
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Message  Eric Jeu 2 Juin 2011 - 16:37

C'est très bien, Louis !
Et merci pour ce dossier.
Eric
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Message  Louis Ven 3 Juin 2011 - 1:17


Le pape demandant aux évêques français leur démission,
après la conclusion du Concordat.
Dans ce bref à jamais mémorable, après avoir. rendu à nos prélats l'hommage qu'avoient mérité leur constance dans la foi , et ce spectacle d'édification qui avoit signalé leur exil, sa Sainteté , avec tous les accens de la douleur , avec tous ceux d'un père qui craint d'affliger ses enfans, leur annonce qu'il reste encore de leur part un grand exemple de vertu et de générosité à donner au monde, un dernier sacrifice à faire, pour la conservation de l'unité, pour ;e rétablissement de la religion catholique en France. Conservatio unitatis ecclesiæ, restitutio catholicæ religionis in Gallia, novum nunc à vobis documen-tum virtutis atque animi magnitudinis postulant. Ce sacrifice, les trente évêques députés à l'assemblée nationale, et même divers autres évêques, l'avoient déjà offert d'eux-mêmes. C'étoit la démission, la résignation libre de leurs sièges épiscopaux à faire entre les mains du pape. Dimittendæ à vobis spontè episcopales sedes sunt ; cœdemque in manibus nostra liberè resignandæ.

Tous les motifs qui peuvent alléger un pareil sacrifice , tout ce qu'il doit avoir de méritoire aux yeux de Dieu, de grand aux yeux des hommes, l'offre généreuse que tant d'évêques français en avoient déjà faite , les exemples qu'en ont donné les saints , et sur-tout l'inutilité de ses propres efforts pour les maintenir sur leurs sièges, tout cela étoit présenté, dans le même bref, sous le jour le plus propre à inspirer des résolutions conformes au vœu de sa Sainteté. Avec cette douleur qui arrache les larmes de ses yeux, le pape se voyoit réduit à ajouter, que si, par un malheur qu'il n'osoit prévoir, la réponse étoit, ou dilatoire, ou un refus formel, les évêques pouvoient bien s'attendre, dans leur sagesse , qu'il faudroit en venir à des mesures capables d'écarter tous les obstacles , et telles que l'église pût enfin jouir du bonheur de voir le schisme éteint, et la paix de l'église rétablie dans le vaste empire de la France (1)( texte en latin).

Il ne connoît pas l'empire des révolutions, il ne sait pas sous combien de faces elles présentent les intérêts les plus sacrés ; il ignore à quel point elles font diverger les opinions dans les cœurs les plus purs, celui qui ne saura que s'indigner de la division qui éclata alors dans l'épiscopat français. Sur quatre-vingt-trois évêques des anciennes provinces, trente-quatre répondirent, ou par des refus, ou avec ces précautions dilatoires que le pape avoit déclaré équivaloir à des refus. Tous ceux des provinces nouvelles, et tous les évêques ayant une partie de leurs diocèses en France, donnèrent purement et simplement leur démission (1).

Le pape, consterné d'une division que les dispositions des évêques français n'avoient pas annoncée jusqu'alors , que la nécessité de rétablir la paix et la religion dans leurs églises ne sembloit pas permettre , n'en sentit que mieux la nécessité qu'il y avoit de faire éclater toute cette puissance, qui , dans les grands besoins de l'église , la supplée elle-même toute entière, et s'élève au-dessus de la loi , pour atteindre le grand objet de toute loi ecclésiastique, celui de maintenir ou bien de rétablir la religion.


Le Concordat avoit été signé…

_____________________________________________________

(1) Dans les cent trente-neuf évêques des anciens et nouveaux départemens , on comptoit en tout cinquante-trois évêques morts ; parmi ceux qui restent, cinquante-deux ont donné leur démission, trente-quatre l'ont refusée.
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Message  Catherine Ven 3 Juin 2011 - 15:12

Merci cher Louis pour ce dossier!
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Message  Louis Dim 5 Juin 2011 - 0:55

Le Concordat avoit été signé à Paris le 15 Juillet 1801, approuvé à Rome le 14 Août de la même année. Pour procéder à son exécution, monseigneur le cardinal Caprara, légat du siège apostolique, arrivé et reçu en France par le gouvernement, y publia, le 9 Avril 1802, avec le Concordat, les bulles et décrets portés à Rome pour son exécution.

La partie de ces décrets, où éclate le plus l'autorité du siège apostolique ; celle qui va faire à présent seule l'objet de nos discussions, est celle où nous voyons le pape frapper de nullité toute l'autorité de nos anciens évêques sur leurs diocèses, rompre toys les liens qui nous soumettoient à leur juridiction, et statuer l'é rection des nouveaux diocèses. C'est là le grand objet des réclamations des évêques non-démissionnaires ; c'est aussi celui sur lequel il convient de fixer plus spécialement nos idées, par l'application simple et naturelle des principes que nous avons vus si constamment entrer dans la foi de l’église, si généralement proclamés dans ses traditions. Cette application cependant, toute simple et toute naturelle qu'elle peut nous paroître, doit avoir elle-même ses autorités spéciale; car à Dieu ne plaise que nous, le dernier des lévites, nous prétendions ici donner quelque chose -à la nôtre. Ce sont encore nos maîtres, et les grandes lumières de la théologie qui seront nos guides. Avec eux, ce sera encore la tradition qui parlera, qui appliquera elle-même la puissance de Pierre à l'usage que son légitime successeur vient d'en faire dans le nouvel ordre de choses qu'il établit pour nos églises.

Mais, avant de faire cette application, voyons d'abord quel est son véritable objet, c'est-à-dire, gardons-nous de rien ajouter à ce que fait le pape, ou d'en rien retrancher ; c'est là le grand moyen d'être juste, d'applanir les difficultés , et d'écarter toutes celles qui ont été jusqu'ici opposées au Concordat.

Quelle est donc ici la conduite du pape ? quelle est la puissance qu'il exerce, et dans quelles circonstances, et par quels motifs l'exerce-t-il ? C'est sa Sainteté qui ' va elle-même répondre à ces questions, par le décret rendu pour la nouvelle circonscription des diocèses…

A suivre :
Bulle d’approbation du Concordat.
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Message  Louis Lun 6 Juin 2011 - 0:04

Bulle d’approbation du Concordat.

« Le pontife, établi vicaire de Jésus-Christ sur la terre pour le gouvernement de l'église de Dieu , doit saisir toutes les occasions, et profiter de tous les momens favorables, pour ramener les fidelles à l'église de Dieu; il doit également prévenir tous les dangers à craindre, de peur que l'occasion une fois perdue, on ne perde aussi l'espoir des avantages » qu'elle nous offroit pour le bien de la religion catholique (1). »

Cet exorde est celui de la vérité, de la sagesse même. On y voit un pontife qui ne rappelle sa puissance, comme vicaire de Jésus-Christ, qu'en nous montrant en même temps l'obligation où il se trouve de la développer dans une circonstance qui pourroit ne plus se présenter pour le rétablissement de la religion en France. Autant cette crainte de laisser échapper un moment favorable est juste en elle-même, autant on voit que le pape se reprocheroit de ne pas en avoir profité. Car, ajoute-t-il, se prêter aux raisons dilatoires que nous ont opposées divers évêques français, « ce seroit non-seulement différer le rétablissement de la religion en France; et la laisser encore plus longtemps privée de ses pasteurs, mais s'exposer de plus au très-grand danger d'un malheur à redouter par-dessus tout, au danger de voir les choses empirer, et tout notre espoir s'évanouir (2). »

Qu'il se mette à la place de Pierre, et qu'il se charge de tous ces dangers, celui qui croit encore voir de la précipitation dans la résolution que va prendre sa Sainteté. Qu'il juge de la situation où se trouva le pape Pie VII, quand, du champ même de la victoire, et dès le lendemain de Marengo, le premjer Consul l'envoya inviter à seconder ses intentions, pour rendre à la France ses autels et ses pasteurs.

Etoit-ce bien à une semblable invitation que le vicaire de Jésus-Christ pouvoit donner enfin pour réponse ultérieure : « Vous pouvez bien, vous, sauver la France de l'anarchie ; je ne yeux pas, moi, la, sauver encore du schisme et de l'impiété. Vous pouvez, bien, vous, braver tous les sophistes et tous les jacobins qui rugissent déjà de vos projets; je ne veux pas, moi, avec la majorité même des évêques français, m'exposer aux réclamations de quelques évêques français contre cet exercice de ma puissance. »

Oui, c'est là le véritable état des choses; c'est là le point de vue où il faut, savoir se placer pour apprécier l'usage que le pape fait de son autorité, lorsque nous l'entendons statuer en ces termes sur nos anciens évêques et leurs sièges.

____________________________________________________

(1) et (2) : Textes en latin.

A suivre :
Principaux articles de cette bulle.
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Message  Louis Mar 7 Juin 2011 - 2:29

Principaux articles de cette bulle.
« De l'avis de nos vénérables frères, les cardinaux de la sainte église romaine, nous dérogeons expressément à tout consentement des archevêques et évêques légitimes, des chapitres et des différentes églises. et de tous autres ordinaires. Nous leur interdisons à jamais l'exercice quelconque de toute juridiction ecclésiastique, Nous déclarons nul et sans force, tout ce qu'aucun d'eux pourroit désormais attenter en vertu de cette juridiction ; en sorte que chacune de ces églises, et leurs diocèses respectifs, en tout comme en partie, soient absolument libres, et doivent être regardés comme tels , quant à la nouvelle circonscription qui en sera faite (1). »

Après cette déclaration, sa Sainteté, suivant le désir exprimé par le premier Consul , procédant à l'établissement du nouvel ordre des choses, érige les dix églises métropolitaines , et les cinquante sièges épiscopaux dont la circonscription formera désormais la France ecclésiastique.

(1) : Texte en latin.

Les deux grands actes d’autorité exercés par cette bulle.
Dans ces dispositions du pape, il est aisé d'apercevoir deux grands actes d'autorité : le premier s'exerce directement sur tous nos anciens évêques et archevêques, en déclarant atteint de nullité tout acte de juridiction qu'ils pourroient désormais essayer de faire sur leurs anciens diocèses; le second tombe sur ces diocèses même , en supprimant et annullant leurs titres et leurs sièges, pour en créer de nouveaux , ou reproduire les anciens, en leur donnant de nouvelles limites.


A suivre : Deux sortes de destitutions à distinguer comme deux sortes d’interdits.
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Message  Louis Mer 8 Juin 2011 - 1:02

Deux sortes de destitutions
à distinguer comme deux sortes d’interdits.
Chacun dit aisément en quoi consiste ce second acte d'autorité; mais, pour apprécier le premier, il faut absolument observer qu’il est dans le gouvernement ecclésiastique deux sortes de destitutions, et deux manières d'abolir la juridiction, comme il est deux sortes d'interdits. Il est un interdit, censure et punition ecclésiastique; mais il est aussi un interdit, simple révocation; absolue ou limitée, de l'autorité donnée pour les diverses parties du ministère ecclésiastique : L'interdit censuré, suppose une faute à punir par celui qui le porte; l'interdit, simple révocation, ou suspension d'autorité, ne suppose rien de semblable. Il dit uniquement que cette autorité devenue inutile, ou même nuisible dans vos mains, par des circonstances quelconques, le supérieur sous qui vous l'exerciez a cru devoir la révoquer en tout ou en partie, l'éteindre absolument, ou bien la transporter entre les mains d'un autre.

Application de cette distinction
à la destitution des évêques français.
Cette distinction s'applique aisément à la destitution que le pape prononce ici sur nos anciens évêques; car l'abolition de leur juridiction est une vraie destitution. Mais, sous quelque terme qu'on la désigne, il n'est ici question, ni de faute reprochée, ni de jugement contre la personne des évêques. Sa Sainteté a rendu au contraire la plus haute justice à leur conduite passée; elle les a comblés des éloges le mieux mérités. Ce n'est donc pas leur personne, ce sont les besoins de leurs églises que le pape a jugés. Commencez donc par reconnoitre l'injustice de ces reproches si souvent élevés contre le pape, d'avoir jugé, condamné, flétri des pasteurs, ses frères, sans les avoir même entendus.

Non, il n'y a ici ni jugement, ni accusation, ni flétrissure tombant sur ces pasteurs ; il n'y a pour eux que les larmes versées par le pape, sur la dure nécessité où il se trouve de leur ôter la conduite des ouailles qui leur avoient été confiées. Il le sait, ce n'est point au défaut de leur zèle qu'il faut s'en prendre, si les événemens les tiennent, malgré eux, éloignés de leurs diocèses, s'ils ne peuvent donner à leurs églises tous les secours nécessaires pour le maintien de la religion.

Mais, quelque irréprochable que soit en cela leur conduite, il n'en est pas moins vrai que la longue absence des pasteurs est une plaie pour les ouailles ; qu'il faut par conséquent trouver quelque moyen de venir à leur secours, soit en leur rendant les anciens pasteurs, soit en leur en donnant de nouveaux. Que le pape ait voulu rappeler tous les nôtres, ne le savent-ils pas, eux, à qui il n'a demandé le sacrifice de leur siège, qu'en le leur annonçant par ces paroles si touchantes :

« Nos vénérables frères, nous vous croyons si bien persuadés de notre affection, de notre bienveillance, de l'estime que nous avons toujours eue pour votre vertu, pour vos services et votre dignité, que nous regardons comme peu nécessaire de vous dire plus au long que nous n'avons rien omis pour vous épargner un si douloureux sacrifice. Mais nous-mêmes, le cœur navré de douleur, nous sommes réduit à vous l'annoncer : la nécessité des temps a rendu inutiles nos instances et nos efforts. Nous n'avons pu pourvoir aux besoins de la religion, qu'au prix du sacrifice que nous vous demandons (1)?»

Soyez donc justes ici envers un pontife…

__________________________________________________________

(1) : Textes en latin.
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Message  Louis Mer 8 Juin 2011 - 23:04

Application de cette distinction à la
destitution des évêques français.
(suite]
Soyez donc justes ici envers un pontife déjà trop justement, trop profondément affligé du devoir rigoureux qu'il remplit. C'est l'héritier de Pierre, parcourant comme lui les églises, et les parcourant toutes avec cette sollicitude, avec ce zèle dont son cœur est rempli pour toutes les ouailles que son Dieu lui a confiées.

Au milieu de ses courses apostoliques, dans des régions jadis si florissantes , il voit un peuple immense de chrétiens sans temples , sans pasteurs, sans moyens de salut ; les uns entraînés dans un schisme désastreux, les autres oubliant jusqu'aux premiers élémens de la religion ; d'autres déjà tombés dans cette insouciance, suite trop naturelle du défaut de tout culte, et dans cette apathie qui annonce le sommeil de la mort. L'occasion se présente de rendre à ce peuple au moins une partie de ses temples, d'opposer encore une barrière aux progrès de l'impiété. Il peut encore sauver une multitude de ces ouailles trop longtemps égarées. En pactisant pour elles, il sait qu'il faudra faire des sacrifices. Pourquoi lui reprocher de ne pas nous avoir rendu ce que les tempêtes encore mugissantes de nos révolutions, et le bruit souterrain de nos volcans, ne permettoient peut-être pas même à ceux qui l'appeloient d'accorder à ses vœux?

Ce père a transigé pour ses enfans; il n'a pas fait pour eux tout ce qu'il vouloit faire : mais falloit-il tenir à toute la richesse de l'héritage, quand leur vie devoit être le prix des sacrifices! Pierre nous a rouvert les voies du salut éternel. Une multitude de frères égarés y sont déjà rentrés ; d'autres y rentreront encore ; bien des âmes déjà se sont sauvées, qui infailliblement eussent péri.

C'est là ce qu'il nous faut voir dans ce que fait le pape, et nous lui reprocherons moins ce qu'il lui étoit impossible de faire.
A suivre :

Que la prérogative exercée ici par le pape, est uniquement celle
de juridiction indépendante de tout système d’infaillibilité.
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Message  Louis Ven 10 Juin 2011 - 23:10


Que la prérogative exercée ici par le pape, est uniquement
celle de juridiction indépendante de tout système d’infaillibilité.

Gardez-vous sur-tout de réveiller ici vos systèmes sur Pierre qui se trompe y ou bien qui auroit pu se tromper dans ses décisions et ses décrets. Tous les vains prétextes que vous iriez chercher dans vos suppositions de Pierre faillible ou infaillible dans ses décisions, tomberoient d'eux-mêmes.

Question qui en résulte.
Que tous ces systèmes soient vrais, ou qu'ils soient faux, le pape , dans son concordat avec le gouvernement français, ne vous propose point de nouveaux dogmes. Ce n'est point en maître de la doctrine qu'il prononce, c'est comme chef suprême du gouvernement ecclésiastique; c'est en vertu de sa juridiction pleine et universelle sur nous, sur nos pasteurs, qu'il destitue nos anciens évêques, et nous en donne d'autres; qu'il éteint les titres des anciens sièges, et en crée de nouveaux. En cette qualité de chef suprême du gouvernement ecclésiastique, a-t-il pu, dans les circonstances où se trouvoit l'église gallicane, exercer ce grand acte d'autorité sur nos pasteurs et sur leurs sièges ?

Voilà le véritable état de la question à proposer relativement au Concordat. Pour nous mettre en état de la résoudre, nous ne chercherons pas de nouveaux guides, nous ne consulterons encore que l'évangile et la tradition, la doctrine commune » constante des églises, et spécialement celle de notre église gallicane. Quand nous nous permettons d'examiner quelle est, quelle doit être l'autorité du pape sur les évêques même, quels garans plus sûrs de notre doctrine pourrions-nous désirer ?
A suivre :

CHAPITRE II

Application de la Tradition à l'Autorité générale du Pape sur les Evêques.

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Message  Louis Sam 11 Juin 2011 - 23:28

CHAPITRE II

Application de la Tradition à l'Autorité générale du Pape sur les Evêques.

Réfutation de l'étrange et nouvelle Doctrine des Evêques non-démissionnaires réfugiés à Londres.

Combien il importoit de s’assurer de toute la
tradition avant de traiter des droits du pape sur les évêques.

Arrivés à l'objet ultérieur de nos discussions, à ces grandes questions où devoit essentiellement nous conduire la nécessité de fixer notre choix entre le Pape Pie VII, statuant sur nos anciens évêques , et ceux de nos évêques qui n'ont pas cru devoir acquiescer à ses décrets, c'est à présent que nos lecteurs doivent comprendre pourquoi, de notre part, tant de recherches , tant de soin , de mettre sous leurs yeux, et ces oracles de l'évangile, et ces explications de tant de pères, et ces décisions de tant de conciles, et ces tableaux enfin d'une tradition si constante , et toujours nous montrant dans Rome , la mère , la maîtresse de toutes les églises; dans l'évêque de Rome , le successeur de Pierre, le prince des apôtres, le chef suprême de l'église, le père de tous les fidelles, le pasteur des pasteurs, l'évêque des évêques, le vicaire de Jésus-Christ sur la terre , le pontife auquel tous les chrétiens doivent obéissance. Au moins est-ce à présent plus que jamais que je conçois combien il importoit de nous munir de tous ces suffrages de l'église universelle, de sa tradition de tous les siècles.

A suivre :
Dignité et grandeur des évêques dans l’église.
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Message  Louis Dim 12 Juin 2011 - 22:16

Dignité et grandeur des évêques dans l’église.
Qu'est-ce en effet que le simple fidelle? Et nous simples prêtres, que sommes-nous, et quel droit avons-nous de dire à ces hommes dans qui nous fûmes si long-temps accoutumés à révérer nos pasteurs , nos évêques : Quand Pierre a statué sur vous et sur vos sièges, voici votre devoir; autant l'apôtre est au-dessus du disciple , autant ils dominent, sur nous ?

Car, si Pierre est la base fondamentale de l'église , ils en sont les colonnes; s'il est pour toute la terre le vrai vice-gérent de Jésus-Christ, ils sont eux aussi , auprès de nous, les ambassadeurs , les ministres du premier ordre, les coadjuteurs du même Dieu , les dispensateurs de ses dons. Avec l'onction sainte , ils ont reçu le même caractère que Pierre ; et c'est d'eux que nous tenons celui de prêtre. C'est à eux qu'il fut dit dans l'auguste assemblée des apôtres : Allez, et enseignez les nations ; faites par-tout observer mes préceptes. Voilà que je suis, avec vous jusqu'à la fin des temps.

Si le pape est l'héritier de Pierre, du prince des apôtres, ils sont les successeurs des apôtres et des frères de Pierre. Dans le majestueux sénat de l'église enseignante, ils sont avec Pierre les oracles, les juges de nos dogmes religieux; avec Pierre, ils sont aussi posés pour gouverner l'église. Que de titres pour eux à nos hommages ! Ah ! ils les auront tous, tant que nous les verrons unis à Pierre, tant qu'ils auront pour eux l'ensemble de leurs frères. Mais quand la Providence nous montre , d'un côté , le successeur de Pierre statuant sur leur mission et l'église, dans le silence du respect, s'inclinant devant les décrets de Pierre; quand , de l'autre côté , quelques-uns seulement, né faisant pas même la majorité des anciens pasteurs de notre église gallicane, nous forcent à choisir en-tr'eux et Pierre , alors nous avons bien au moins le droit de leur dire : Ce n'est pas nous qui nous arrogeons le droit de prononcer, c'est l'église toute entière; c'est la doctrine de tous les temps, de tous les pères ; ce sont vos leçons même que nous vous opposons. Forts de ces leçons, et de notre respect pour vous-mêmes de qui nous les tenons, si nous osons vous dire : Votre devoir, ainsi que le nôtre , a été d'obéir , quel reproche aurons nous donc à craindre, qui ne tombe bien moins sur nous que sur vous, et sur cette église qui vous dit toute entière comme nous : Obéissez à Pierre ?
A suivre :
application de la tradition générale aux évêques.
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Message  Louis Ven 17 Juin 2011 - 15:23

application de la tradition générale aux évêques.
Nous fera-t-on un crime de comprendre d'abord nos évêques dans ces solennelles proclamations de notre église ? Il est certain qu'il est un pontife romain auquel tous les chrétiens doivent obéissance : cui omnes christiani parere tenentur. L'exception de-
viendrait un outrage; et si vous prétendez nous la montrer dans un seul évêque du monde , sera-t-il, cet évêque , au-dessus des patriarches de la seconde Rome ?

Portera-t-il plus loin ses prétentions que ce Jean de Constantinople , se décorant du titre d'évêque écuménique ? Cependant avec tout son orgueil et toute son hypocrisie , pour ne pas blesser hautement la foi de l'Orient comme celle de l'Occident, il fallut bien se dire soumis, lui et son siège, à celui du pape : car avant le schisme désastreux de Constantinople , qui s'etoit jamais avisé de douter que son patriarche ne fût soumis au pape ? De Constantin nopolitanâ ecclesiâ quod dicunt, quis eam dubitet sedi apostolicœ esse subjectam ? ( S. GREG, epist. 1. 7 , epist. 64. )

Et lorsque le primat de Byzacène prétendoit se faire un mérite de ne pas méconnoître la supériorité de Rome, que répondoit le pape saint Grégoire? Certes, lorsqu'il se dit soumis au siège apostolique, je ne sache pas qu'il y ait quelque part un seul évêque exempt de ce devoir. Nescio quis ei apostolicœ sedi episcopus subjectus non sit.(Id. epist. 65 , de episcopo Byzaceno , vel Vysaceno in Africâ. )

Quand nous sommes forcés de revenir sur nos traditions, pour nous décider nous-mêmes entre le pape et nos anciens évêques, sera-ce bien un crime à nous de leur appliquer cette doctrine, et de croire que nous ne sommes pas les seuls compris dans l'obligation d'obéir au vicaire de Jésus-Christ ? Ce n'est point pour les simples fidelles qu'écrivoit saint Cyrille d’Alexandrie, lorsqu'il nous montroit dans l'évêque de Rome un pontife « devant lequel il faut, de droit divin , que tous baissent la tête, et à qui les primats eux-mêmes doivent obéir comme à Jésus-Christ. »

(Les 2 paragraphes suivants ne sont pas lisibles…)

Une nouvelle observation qu'a pu vous suggérer le tableau de nos traditions, c'est combien sur-tout celles de notre église gallicane sont explicites et formelles sur l'autorité spéciale du pape à l'égard des évêques.

A suivre : application de la doctrine spéciale de l’église gallicane au même objet.
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Message  Louis Mar 21 Juin 2011 - 13:56

application de la doctrine spéciale
de l’église gallicane au même objet.
C'est pour nous la montrer dans tout son jour et dans toute son étendue , que saint Eucher, évêque de Lyon , insiste sur cette distinction des agneaux et des brebis confiés à Pierre, les uns représentant les simples fidelles, les autres, nos prélats, nos évêques, tous mis également sous le sceptre de Pierre, regit subditos et prælatos ; tous mis également dans le bercail de Pierre, pour nous montrer qu'il a sur les uns et sur les autres toute l'autorité d'un pasteur sur ses ouailles.

C'est dans le même esprit que vous avez entendu nos évêques vous dire dans un (concile) de Tours : Quel est donc dans le sacerdoce, l'homme qui oseroit violer des décrets émanés du siège apostolique?

— et ensuite ceux du concile de Leptine, promettre d'observer en tout les préceptes de Pierre, pour mériter d'être comptés parmi ses ouailles ;

— et le célèbre Hincmar, vous dire si positivement : Que toutes nos églises soient soumises au siège apostolique , et que nous spécialement, nous évêques, nous soyons soumis à l'évêque de Rome ; c’est ce que nous faisons tous profession de croire.

— C'est encore dans ce même esprit que saint Yves de Chartres écrit à un archevêque de Sens, que pour lui, tout comme pour les autres, c'étoit un crime égal à l'hérésie de résister aux jugemens et aux décrets du siège apostolique.

— C'est pour inculquer la même vérité, que saint Bernard n'hésitoit pas à prononcer que le pape, lorsqu’il en existe une cause légitime, peut fermer le ciel à un évêque, le déposer de l'épiscopat, le livrer à Satan. Nonne , si causa extiterit, tu episcopo cælum claudere , tu ipsum ab episcopatu deponere, etiam et Satanæ tradere potes ; et cela, parce que la puissance du pape s'étend sur ceux-là même qui ont reçu la puissance sur nous. Tua extenditur (potestas). et in ipsos qui potestatem super alios acceperunt. (Ad Eugen. l. 3 , c. 8. )

Tout cela est présent à l'esprit de mes lecteurs …

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Message  Louis Mer 22 Juin 2011 - 16:03

application de la doctrine spéciale
de l’église gallicane au même objet.
(fin)
Tout cela est présent à l'esprit de mes lecteurs mais comment sur-tout auroient-ils oublié, et ces protestations si solennelles de la part de nos évêques français, que jamais ils ne refuseroient d'obéir au pape, cujus imperia nunquàm detractabimus , et cette attention de nos assemblées du clergé à statuer la tenue des conciles où les prêtres et les évêques feraient tous serment d'une véritable obéissance au pape ; et cette multitude de conciles français, où nous avons vu les prêtres et les évêques prêter tous à l'envi ce serment j et cette attention bien plus spéciale encore de nos assemblées du clergé, à nous dire : Sans doute les apôtres avoient reçu, aussi bien que Pierre, leur mission de Jésus-Christ ; cependant les apôtres n'en étoient pas moins soumis à Pierre; apostolos (h)aud minus Petro fuisse subjectos, quanquàm œque ac Petrus à Christo missionem accepissent ; vainement on se flatte d'être véritablement attaché à l'église de Jésus-Christ, sans reconnoitre dans le chef de toute l'église une puissance supérieure qui domine sur les chefs même, c'est-à-dire, sur les évêques des églises particulières ?

Comment sur-tout peut-elle nous avoir échappé cette profession de foi, si éloquente dans la bouche de Bossuet, si universellement applaudie par notre église, et si spécialement appliquée à l'épiscopat ; « Tu es Pierre ; — et toi, qui as la prérogatige de la prédication de la foi, tu auras aussi les clefs qui désignent l'autorité du gouvernement. —Tout est soumis à ces clefs ; tout, mes frères, rois et peuples, pasteurs et troupeaux. Nous le publions avec joie ; car nous aimons l'unité , et nous tenons à gloire notre obéissance. C'est à Pierre qu'il est ordonné premièrement d'aimer plus que tous les autres apôtres, et ensuite de paître et gouverner tout, et les agneaux et les brebis, et les petits et les mères, et les pasteurs même. Pasteurs à l'égard des peuples, et brebis à l'égard de Pierre, ils honorent en lui Jésus-Christ, etc.? » (De l'unité. )

Comment pourrions-nous oublier ici que cette même profession de foi, nous l'avons retrouvée jusque dans le mémoire des évêques français réfugiés à Londres, et persistant dans le refus de la démission que le pape leur a demandée ? Celle des évêques persistant dans le même refus en Allemagne, nous l'avons aussi mise sous vos yeux ; elle ne varie que dans l'expression.

Il est temps de conclure : lors donc que nous faisons entrer dans notre foi, que nos évêques, pasteurs du premier ordre, successeurs des apôtres, doivent, ainsi que nous , au pape , successeur de saint Pierre et vicaire de Jésus-Christ, une véritable obéissance, ce n'est pas notre propre doctrine que nous érigeons en dogme, c'est celle de tous les évêques du monde catholique que nous proclamons; c'est spécialement celle de tous les évêques de notre église gallicane, et de ceux-là même à qui nous avons aujourd’hui à l'opposer.

A suivre :
Droit et règle qui n’empêchent pas
la vraie obéissance de la part des évêques.
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Message  Louis Lun 27 Juin 2011 - 18:07

Droit et règle des déclarations qui n’empêchent pas
la vraie obéissance de la part des évêques.
Nous le savons : avec toute cette obligation d'obéir au pape, il est pour les évêques ses frères des droits que nous ne pouvons pas revendiquer pour nous. Quand le pape a statué, il est un droit de représentation qui leur est réservé, lorsqu'ils craignent pour leurs propres églises les effets d'un décret que le pape, mieux instruit, pourroit ou retirer ou modérer. Dans ces circonstances, que les frères de Pierre l'aident de leurs lumières, ce n'est pas pour eux un simple droit, c'est un devoir que les papes eux-mêmes les invitent à remplir. (Bened. 14, de Synod, diœces. L 9, c. 8, n.° 3. )

Mais jamais dans l'église le droit d'éclairer Pierre, n'effaça le devoir d'être soumis à Pierre. La règle est posée pour ce droit de représentation; elle l'est par ce pontife même, par ce Benoît XIV dont, nos assemblées du clergé exaltent la sagesse et le gouvernement. ( Assemb. de 1725. ) Il est dit : Vous pourrez, vous devrez même quelquefois exposer au pape les besoins de votre église , et solliciter un changement dans ses décrets; mais avec ce respect, qui annonce toujours la disposition à l'obéissance; mais à condition que si vos raisons entendues, Pierre veut encore que son décret subsiste, vous l'exécuterez et le ferez exécuter par les fidelles soumis à votre sollicitude (1) à condition que vous direz comme nos pères : Quel est l'homme qui, dans le sacerdoce de Jesus-Christ, osera s'opposer aux décrets émanés de son premier représentant ?

_______________________________________________

(1) Nous avons cité pour modèles de ces représentations, celles de l'assemblée du clergé, année 1725. Benoit XIV cite spécialement celles de saint Charles-Borromée, qui sut reconnoitre son erreur; et la réparer par sa soumission. Mais quels que soient tous les exemples que l'on pourroit citer , voici le texte même de ce pontife, déjà si célèbre comme

Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion du Concordat. (complet) Page_111
A suivre :
Obéissance due lors même que le Pape use de dispense.




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Message  Louis Mar 28 Juin 2011 - 2:10

Obéissance due lors même que le Pape use de dispense.
Il faudra bien sur-tout vous souvenir de ce devoir; lorsque Pierre , pour remplir tous les siens , pour sauver des églises que vous ne pouvez plus sauver vous-même, n'en trouvera plus les moyens que dans la plénitude de sa puissance.

Dans ces circonstances pénibles à son cœur, ainsi qu'au vôtre, Pierre, se souviendra lui-même que la toute-puissance lui a-été donnée pour suppléer l'église; qu'il peut, s'il le faut, suspendre la marche de ces canons antiques que vous lui opposez en vain; qu'il doit, comme l'église même, s'élever au-dessus de la loi, quand il est question d'écarter de grands dangers, de guérir de grandes plaies, de sauver des fidelles, et sur-tout des multitudes de fidelles.

Dans ces jours où la triste nécessité se fait entendre, souvenez-vous , ainsi que Bossuet vous l'a dit, qu'il n'est rien dans le droit ecclésiastique que le pape ne puisse ; que c'est là le moment de ces droits de dispense, ou de cette epikie que personne, suivant l'expression du concile de Basle même, ne peux ôter au pape, quæ ab eo auferri non potest.

Lors donc que le pape, suppléant l'église entière, aura usé comme elle de ce droit, quelque rang que vous occupiez vous-même dans l'église, que les réclamations cessent. Il faut alors que Pierre soit obéi, comme il faut que le peuple soit sauvé. Plus la dispense est importante et nécessaire, plus la soumission doit être prompte.

Telle est la doctrine que nous avions reçue jusqu'ici de la part de nos maîtres dans la foi, sur la prérogative de Pierre et de ses successeurs…
A suivre
Étrange et nouvelle doctrine des évêques
non démissionnaires réfugiés à Londres.

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Message  Louis Jeu 30 Juin 2011 - 1:35

Étrange et nouvelle doctrine des évêques
non démissionnaires réfugiés à Londres.
… Telle est la doctrine que nous avions reçue jusqu'ici de la part de nos maîtres dans la foi, sur la prérogative de Pierre et de ses successeurs dans le gouvernement de l'église.

Nous ne voyons point là ces exceptions étranges, mentionnées aujourd'hui par ceux-là mêmes de qui nous tenions ces leçons. Hélas ! il ne s'étoit donc pas assez manifesté le grand effet des révolutions !

Nous ne savions donc pas assez à quel point elles font varier les intérêts et les opinions dans le vulgaire. Il faut encore que nous voyions les colonnes de l'église ébranlées ; il faut que nous voyions ces pontifes vénérables ; qui se réjouissoient d'avoir été dignes de souffrir persécution pour le maintien des dogmes sur l'autorité de Pierre , chanceler sur ce dogme, l'atténuer, le morceler, et finir par réduire tous les droits du pape à ne pouvoir plus leur prescrire que ce qu'ils voudront bien lui permettre de statuer sur leurs diocèses.

Oui, ces mêmes hommes que nous avons entendu rappeler le serment qu'ils avoient fait d'obéir au pape; et nous dire qu'ils tenoient à gloire cette obéissance ; ces mêmes hommes que nous avons vu proclamer dans le pape, gardien, vengeur, dispensateur des canons , cette plénitude de puissance qui embrasse tout dans l'église ; oui, ces mêmes hommes, nos anciens évêques , aujourd'hui réfugiés à Londres, finissent par prétendre qu'il existe des lois constitutionnelles, invariables , imprescriptibles, des lois établies par Jésus-Christ , et que ces lois défendent de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connoissanee et le consentement de l'évêque qui la gouverne.

C'est au pape qu'ils opposent cette doctrine…
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Message  Louis Ven 1 Juil 2011 - 20:35

Étrange et nouvelle doctrine des évêques
non démissionnaires réfugiés à Londres.
(suite)
C'est au pape qu'ils opposent cette doctrine , pour justifier le refus de leur démission , pour nous persuader que le pape, dans ce qu'il fait pour rétablir la religion en France, ou pour empêcher qu'elle n'y fût anéantie , a blessé leurs droits essentiels; qu'eux seuls pouvaient juger les grands intérêts de l'église gallicane, donner au saint Père des lumières certaines , et qu' ainsi le pr(es)crit le droit divin, qui a déterminé la nature de l'épiscopat, et fixé ses obligations (I).

J'en conviens - pour en croire à mes yeux , il a fallu plus d'une fois lire et relire encore ces leçoni dans le mémoire que ces anciens évêques ont publié...
_______________________________________________________

Note (I) Il faut rendre justice à ce mémoire des évêques non-démissionnaires réfugiés à Londres ; il faut convenir qu'il est écrit avec ce ton de respect, de modération et de décence , de dignité et de noblesse dont les lettres de nos assemblées du clergé offraient le modèle, chaque fois qu'elles croyoient avoir quelque réclamation à faire auprès du pape. On y trouve de plus de savantes recherches sur l'autorité du souverain pontife, et sur celle de l'épiscopat. Mais pourquoi ne s'en sont-ils pas tenus à ce qu'ils trouvoient dans les anciens ? Etoit-ce donc un parti pris d'avance, que d'en venir à cette étrange conséquence , qu'une église dans l'état où étoit la nôtre , sans liberté de culte , n'étoit pas une église à qui on dût rendre cette liberté , tant que le pape serait réduit, pour la lui rendre , à se passer de nos anciens évêques, et à user du droit qu'ils n'ont pu s'empêcher de reconnoitre eux-mêmes; du droit de dispenser des canons lorsqu'une cause légitime le demande ? ( Mémoire, des évêques , pag. 23 et 24. )

Mais rien assurément n'est, et plus odieux et plus contraire à l'esprit de l'église ; aussi rien n'est-il moins prouvé que cette conséquence à laquelle ils consacrent toute la dernière partie de leur mémoire. ( Voyez surtout depuis ces paroles : On ne peut l'exécuter sans nous, et cependant on l'adopte sans nous ! page 114, jusqu'à la page 162, ou la dernière. ) C'est pour en venir là qu'est imaginée cette nouvelle doctrine, que le pape ne peut rien d'important dans un diocèse, sans le consentement de l'évêque diocésain. L'endroit du mémoire où elle est enseignée le plus clairement, est celui de leur note conçue en ces termes :

« On ne saurait trop répéter que les règles que les saints canons prescrivent sont de deux genres ; les unes sont de pure discipline, et varient selon les temps et les lieux. Toujours dictées dans la vue du bien, mais pouvant ne pas atteindre ce but dans toutes les circonstances, elles sont par conséquent susceptibles d'êtres changées ou suspendues, lorsque les conjonctures qui les avoient fait naître cessent d'être les mêmes, et qu'au lieu d'opérer le bien, leur maintien ou leur observation rigoureuse y mettraient obstacle, ou ne produiraient que du mal.

Les autres tiennent à la constitution même de l'église, aux lois établies par Jesus-Christ pour son régime, aux droits essentiels conférés par lui à ceux qu'il a chargés de la gouverner, et elles ne sauraient être transgressées ou détruites, sans que l'ordre établi par Dieu ne fût altéré ou interverti.

On peut ranger dans la première classe les formalités à observer pour les unions, translations, suppressions de titres de bénéfices, quoiqu'il ne puisse jamais être permis de s'écarter de leur esprit, c'est-à-dire, de négliger les voies que dicte la prudence, pour ne rien faire que de juste et d'utile. Mais on doit regarder comme étant de la seconde espèce, les lois qui défendent de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connoissance et le consentement de l'évêque qui la gouverne ; à plus forte raison, de commencer par s'en écarter, pour y introduire des innovations qui ne seroient même que de discipline. » (Mémoire des évêques français réfugiés à Londres, pages 111 et 112; voyez aussi pages 120, 152, 154. )

Avec cette doctrine, et avec la conséquence que le pape n'a pu déroger aux lois ordinaires , pour rendre au peuple français le culte de ses pères, on réduit à rien les droits du pape; on exagère ceux des évêques, et on oublie tous ceux d'un grand peuple qui, dans sa situation , a droit à voir le pape se souvenir et user de toute son autorité pour le sauver. Avec cette doctrine et cette conséquence , le mémoire de ces évéques n'est plus malheureusement que : jura Petri minorata, jura episcoporum majorata , jura plebis conculcata.
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Message  Louis Sam 2 Juil 2011 - 2:44

Étrange et nouvelle doctrine des évêques
non démissionnaires réfugiés à Londres.
(suite)
J'en conviens - pour en croire à mes yeux, il a fallu plus d'une fois lire et relire encore ces leçons dans le mémoire que ces anciens évêques ont publié à Londres.

J'en conviens sur-tout, jamais je n'ai senti plus douloureusement combien il en coûte au disciple respectueux de s'élever contre ses anciens maîtres, et d'avoir à leur dire, comme Irénée à Florin : « Cette doctrine, pour le dire avec le moins de force que je pourrai, n'est pas la saine doctrine. — Les saints prêtres qui ont été avant nous, et qui avoient été disciples des apôtres, ne l'ont pas enseignée. » ( EUSEB. Hist. de l'Égl. l. 5 , c. 20. )
Jamais je n'ai senti combien il en coûtoit d'ajouter : O vous, nos anciens maîtres dans les vérités saintes ! ce n'est pas là cette doctrine que vous donniez naguère pour celle de toute l'église gallicane. Alors vous applaudissiez à ce fameux discours, où Bossuet nous dit :

« La puissance qu'il faut reconnoître dans le saint siège est si haute et si éminente, si chère et si vénérable à tous les fidelles, qu'il n'y a rien au-dessus que toute l'église catholique ensemble. » C'est-à-dire, qu'il n'y a rien au-dessus du pape, agissant ou enseignant seul, que le pape entouré de tous les évêques dans un concile écuménique. ( BOSSUET, de l’Unité .)

Voilà ce que disoient ceux de nos évêques les moins soupçonnés d'exagérer la puissance du pape , et ce que vous disiez vous-même en adhérant à Bossuet par tant de citations extraites du discours même que je viens de citer; et aujourd'hui, il faudra nous laisser persuader que toute la plénitude de puissance donnée au pape se réduit à ne pouvoir rien entreprendre d'important dans une église, sans le consentement de l'évêque qui la gouverne ! Aujourd'hui, il faut croire que vous avez vous-même dans Rome, et par-tout ailleurs, tout le pouvoir qu'a le pape dans votre diocèse ! Car enfin, vous pourrez aussi dans Rome, et dans tout autre diocèse, tout ce que le pape ou l'évêque du lieu consentiront à vous voir entreprendre d'important ; et sur les objets de nulle importance, le principe est connu. Ils ne méritent pas l'attention du chef ; de minimis non curat prœtor.

Je dis plus : d'après votre doctrine, un concile écuménique même ne pourra rien statuer sur votre diocèse sans votre consentement; et dans la circonstance actuelle, vous aurez soin de le dire, de le répéter : Les yeux des évêques de France peuvent seuls apercevoir l’inconvénient, le danger de certaines concessions. – Eux seuls, encore une fois, peuvent juger ces grands intérêts. Et quand vous parlez de droits essentiels, de lois établies par Jésus-Christ même, vous parlez évidemment de lois que l'église elle-même ne peut pas transgresser , de droits qu'elle ne peut pas vous ôter, pour entreprendre quelque chose d'important, sans vous, dans votre diocèse. Où en sommes-nous donc ? et à quoi les hommes les plus vénérables ne sont-ils pas entraînés par une première résistance à la voix de Pierre ?

A suivre
La nécessité de recourir à cette doctrine,
suffiroit pour prouver la nullité de leurs prétentions.
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Message  Louis Dim 3 Juil 2011 - 2:11

La nécessité de recourir à cette doctrine, suffiroit
pour prouver la nullité de leurs prétentions.


Je suis loin de croire que les évêques réfugiés à Londres aient aperçu tout l'abîme d'erreur où alloit nous conduire leur nouvelle doctrine. Je ne crois pas sur-tout qu'ils en aient senti toutes les conséquences relativement aux conciles écuméniques.

Mais, quant au pape, non-seulement ils admettent le plus positivement possible, et le principe et les conséquences, mais c'est ici leur principe fondamental. Sans ce principe, ils n'ont rien fait, rien dit qui autorise le moins du monde l'autorité qu'ils prétendent encore avoir, et que plusieurs d'entr'eux cherchent encore à exercer dans nos anciens diocèses, malgré le concordat.

Tous les canons qu'ils citent pour leur cause, ne disent que ce dont tout le monde convient, que dans le cours ordinaire des choses, le pape ne doit rien entreprendre d'important dans un diocèse, sans en faire part à l'évêque du lieu, sans le consulter même comme un juge ordinaire et immédiat des besions de son église. Les canons n'auroient pas prescrit ces mesures, ces égards seroient encore dus à la dignité épiscopale.

Mais personne de nous ne prétend que ce qu'a fait le pape dans les circonstances où se trouvoit l'église de France, il ait pu, ou puisse le faire légitimement dans le cours ordinaire des choses.

Nous l'avons assez dit : toute sa puissance est d'édification, non de destruction; c'est la puissance de l'ordre, et non de la confusion , de l'arbitraire. Mais ici , il s'agit de cette puissance que léglise a toujours reconnue dans Pierre, et que Bossuet sur-tout a proclamée; de cette puissance qui fait elle-même la loi, canonum conditorem ; qui explique la loi, canonum interpretem ; qui s'élève au-dessus de la loi , qui dispense de la loi quand le :Besoin l'exige; atque ubi res postulat, dispensatorem. ( Defens. declar. præfat. )

Le pape lui-même ne dit pas-ici qu'il agisse par cette puissance dont les règles laissent dans tous les temps l'exercice en pleine liberté. Il commence par vous prévenir, les larmes aux yeux, que si vous refusez votre démission, la déplorable situation de l'église gallicane le forcera à user, malgré lui, de toute sa puissance, pour écarter tous les obstacles au rétablissement du culte de nos pères.

Quand cette puissance vient enfin à se développer, il vous dit qu'il déroge expressément à tout consentement des évêques et archevêques légitimes; [i]derogamus ex¬pressè cuicumque assensui legitimorum archiepiscoporum, episcoporum, etc. Par cela seul, il reconnoît, et la règle et le droit qu'elle donne dans les circonstances ordinaires ; il déclare qu'il se trouve dans le cas de déroger à la marche habituelle des lois, d'en dispenser.

C'étoit donc sur ce droit de dispense que dévoient tomber les observations des évêques de Londres. Il falloit, ou prouver que ce droit n'existoit pas dans le pape, ou démontrer que les besoins de l'église n'étoient pas assez grands pour en autoriser l'usage.

Mais toute la tradition avoit forcé les évêques réfugiés à Londres à reconnoitre le droit, et l'univers savoit que jamais circonstances ne sollicitèrent plus hautement des moyens extraordinaires pour appliquer ce droit à la nécessité de sauver notre église; voilà ce qui réduit ces évêques à imaginer ces lois prétendues constitutionnelles, essentielles et divines, en vertu desquelles le pape ne pourroit rien entreprendre d'important dans aucun diocèse, pas même pour ouvrir aux fidelles les voies du salut, sans en avoir préalablement obtenu la permission de l'évêque du lieu.

A suivre
Réfutation de cette doctrine.

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Message  Louis Dim 3 Juil 2011 - 14:19

Réfutation de cette doctrine.
(1er paragraphe illisible)

Heureusement encore elle est sage, elle est belle, elle est le chef-d'œuvre des gouvernemens, cette constitution de l'église. Elle ne soumet point les préfets des provinces au chef de l'empire, pour soumettre le chef à chaque préfet; pour que la loi du chef varie suivant chaque province, et y soit respectée j reçue ou rejetée, suivant le caprice de chaque préfet. Elle ne dit point au vicaire de Jesus-Christ : Tu pourras tout dans les petites choses, mais tu ne pourras rien dans les grandes, sur-tout s'il est question du salut d'un grand peuple. Elle ne lui dit point : Je veux que les pasteurs des provinces t'obéissent, mais-seulement quand il leur plaira de t'obéir. Le don d'une pareille autorité ne sort pas des trésors de la sagesse.

Nous l'avons assez vu; par cette constitution, Jésus-Christ dit au contraire à Pierre, et à tout légitime successeur de Pierre : Tu seras le pasteur de mes agneaux et de mes brebis, de mes disciples et de mes apôtres , des simples fidelles et de leurs évêques ou pasteurs. Par cela seul, il dit à Pierre : Ces apôtres, ou bien ces évêques, te seront soumis , comme les. ouailles à leurs pasteurs. Et le pasteur n'a pas besoin d'attendre le consentement des brebis, pour statuer sur elles.

Nous l'avons assez vu; avant même de donner à l'ensemble de ses apôtres réunis à Pierre, la plénitude de sa puissance, il commence par la donner à Pierre seul, afin que chacun des apôtres apprenne que la portion qui lui revient de cette puissance, le laisse bien loin au-dessous de Pierre.

Jésus-Christ n'établit ses apôtres, ou les évêques préfets des provinces, après avoir établi Pierre chef de tout l’empire, que pour leur apprendre que s'ils sont posés pour gouverner ces provinces, Pierre seul est posé individuellement pour gouverner les provinces et les préfets, et pour que tous lui obéissent. A lui seul est donnée personnellement, comme elle est donnée collectivement à l'ensemble de l'église ou du corps apostolique, cette puissance qui lie ou bien délie tout dans le gouvernement des fidelles, afin qu'en tous les temps chaque partie de l'église puisse trouver en lui une puissance toujours égale à ses besoins, toujours suffisante pour suppléer l'ensemble de l'église, du corps apostolique, et ses conciles écuméniques.

C'est là ce qui faisoit dire à Bossuet…
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Message  Louis Mar 5 Juil 2011 - 17:06

Réfutation de cette doctrine. (suite)
C'est là ce qui faisoit dire à Bossuet : Quand le pape a porté un décret, il n'a pas besoin de vous, de votre autorité, de votre consentement; il a dans lui seul toute l'autorité qu'il faut pour en maintenir et en poursuivre l'exécution. Habet etiam totius ecclesiæ caput sui decreti exequendi plenissimumrobur. ( Gall. Orthod. n.° 78: ) Notre église de France ne souffre pas plus que les autres catholiques, cette idée d'un chef qui, réduit à lui-même , resteroit sans force et sans énergie. Notre foi n'est point faite pour exciter l'indignation des hériters de Pierre. Neque verò velimus quod catholici omnes summique pontifices merito perhorrescant, ecclesiæ, tanti corporis imbecille esse caput, ipsum scilicet romanum pontificem.(Defens. decl. præf. )

La nouvelle doctrine des évêques antidémissionnaire n'entrera donc point dans nos traditions. Il seroit à la fois trop flétrissant pour Pierre, trop absurde pour nous, après dix-huit siècles, de réduire cette plénitude de puissance, cet article de foi, ce point décidé et résolu , au droit de commander , quand bon vous semblera de consentir au précepte; à celui de se taire , quand vous ne voudrez pas que Pierre parle.

Nous le sentons cependant comme vous , c'est là qu'il falloit en venir pour contester au pape le droit de statuer ce qu'il a statué pour sauver nos églises. Oui, il falloit bien nous dire que l'évangile, les lots de Jésus-Christ, lui défendent de rien entreprendre d'important dans vos diocèses, sans votre connoissance et consentement, pour nous empêcher de croire à la validité, à la légitimité de ce qu'il a statué, malgré vous, sur vous et vos diocèses. Mais c'est précisément la nécessité de recourir à ces prétendues lois, qui nous démontre à quel point votre résistance devoit vous égarer.

Les connoissiez-vous bien vous-mêmes, ces pré tendues lois de Jésus-Christ, défendant au pape dé rien statuer sur vos diocèses, sans votre consentement ? Soupçonniez-vous même qu'il pût en exister de semblables, lorsqu'au moment de votre consécration, et au pied des autels, vous preniez Dieu à témoin de vos promesses, conçues en ces termes…
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Message  Louis Mar 5 Juil 2011 - 23:05

Réfutation de cette doctrine. (suite)
… au moment de votre consécration, et au pied des autels, vous preniez Dieu à témoin de vos promesses, conçues en ces termes :

« Je serai fidelle et obéissant au bienheureux apôtre, Pierre, à la sainte église romaine, à notre saint Père le pape , et à successeurs canoniquement établis. J'observerai de toutes mes forces , les règles des saints Pères, les décrets, les ordres , les dispositions, les commandemens apostoli ques ? » Lorsque vous avez prononcé ces paroles, vous prétendiez promettre au pape une obéissance vraie et sincère ; c'est vous encore qui nous le dites , et par le serment d'une obéissance véritable et sincère aux décrets, aux ordres, aux dispositions, aux commandemens du pape, tout l'engagement que vous avez pris, vous prétendriez aujourd'hui le réduire à obéir au pape quand il commanderait ce qui vous plairoit, ce que vous lui auriez permis de commander ! Qu'appellerons-nous donc un serment illusoire ? que sera-ce pour nous, qu'une promesse vaine et astucieuse, s'il est permis de justifier la résistance par de semblables interprétations ?

Et sur quoi, je vous prie, tombera cette obéissance à laquelle les évêques s'engagent à l'égard du pape, si ce n'est précisément sur tout ce qu'il croira devoir statuer pour leurs églises, ou pour toute l'église ? Pourquoi encore ces détails dans le serment qu'ils font : « Je rendrai compte au pape et à ses successeurs, de tout mon office pastoral, de tout ce qui regarde l'état de mon église, la discipline du clergé et du peuple; enfin, de tout ce qui concerne, de quelque manière que ce soit, le salut des âmes qui me sont confiées ? » ( Serment des évêques. ) Quand les pères de Trente veulent que les évêques et les conciles provinciaux soient exacts à rendre ce compte au pape , qu'ils lui fassent sur-tout connoître les abus à corriger dans leurs provinces, ce n'est pas pour lui dire qu'il ne pourra rien y entreprendre d'important sans leur consentement; c'est pour qu'il statue, par son autorité et dans sa sagesse, ce qu'il croira utile à l'église ; cujus auctoritate et prudentia quod universali ecclesiæ expe diet, statuatur. ( Sess. 15. ) Nous savions bien d'ailleurs que c'est précisément au pape à statuer ultérieurement sur les objets importans, sur les causes majeures de chaque église; nous ignorions encore que ce droit n'en laissât pas moins celui d'un veto impérieux à chaque évêque, celui d'annuller par un simple refus de consentement, tout ce que le pape aura statué d'important sur leur église. Au moins eût-il fallu nous montrer quelque part, dans le Code des lois ecclésiastiques , et un pareil veto , et la loi constitutionnelle par laquelle Jésus-Christ l'autorise.

Quant à nous, malgré toutes nos recherches, nous n'avons vu encore pour les évêques, comme pour nous, d'autres lois que celle de l'obéissance quand le pape a statué, et quand, malgré toutes les représentations de l'évêque même, il veut que le décret soit maintenu dans son diocèse.


Et quand nous pressons ainsi cette soumission des évêques…
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Message  Louis Mer 6 Juil 2011 - 16:08

Réfutation de cette doctrine. (suite)
Et quand nous pressons ainsi cette soumission des évêques au siège apostolique, qu'on n'imagine pas que nous oublions, et le rang qu'ils tiennent dans l'église, et tout ce que nous leur devons nous-mêmes. Nos évêques français ne prétendoient pas s'avilir, et ils n'oublioient pas ce qu'ils étoient pour nous, quand, jusqu'au milieu des réclamations qu'ils fondoient sur nos usages, ils affectoient de rappeler tout ce respect, toute cette obéissance que le clergé français reconnoissoit devoir, et promettoit d'avoir éternellement pour le pape, et pour cette église romaine, le chef et la maîtresse de toutes les autres. Cum eâ omni reverentiâ et obedientid quam ipsi, ( INNOCENTIO X ), ecclesiæque romance, quæ omnium ecclesiarum caput est et magistra , debere se agnoscit, æternumque redditurum, pollicetur idem clerus gallicanus. ( Lettre de l'assemblée de 1650, au pape INNOC. X. )

Quant à nous, lorsque, nous prétendons que les évêques sont soumis au pape, qu'ils lui doivent obéissance comme nous, et même plus que nous, bien loin d'oublier ce qu'ils sont, c'est sur leur grandeur même que nous établissons ce surcroît de devoir et d'obligation de leur part. Nous, simples fidelles, ou lévites, ou prêtres, dans l'ordre hiérarchique et de droit divin, nous avons nos pasteurs, nos supérieurs dans nos évêques ; dans cette hiérarchie, le droit divin n'établit que le pape vrai pasteur et vrai supérieur des évêques; car tous les droits que donnent les titres des patriarches, d'archevêques, de primats, ne sont, comme ces titres même, qu'une institution ecclésiastique; ils atteignent quelques parties de la discipline, ils varient comme elle ; ils ne constituent point les archevêques, les primats ou les patriarches vrais pasteurs des évêques. Les uns et les autres, n'ont pour pasteur, de droit divin, que l'héritier de Pierre. Il étoit digne des apôtres ses frères de n'en avoir point d'autre.

Aussi le pontife romain est-il irrévocablement, et en quelque sorte, plus immédiatement leur pasteur que le nôtre; car, bien que Jésus-Christ ait donné directement, immédiatement à Pierre, les agneaux et les brebis, les simples fidelles et les pasteurs; bien que, suivant le quatrième concile de Latran , le pape ait, de droit divin, la primauté de puissance ordinaire sur toutes les églises, disponente Domino super omnes (alias) ecclesias ordinariæ potestatis obtinet principatum ( c. 5 ) ; quoique personne , suivant Bossuet même, ne nie que le pape a sur tous les chrétiens, sur les laïques même, une juridiction immédiate ( V. Sup. prem. part. ch. 6 ), cependant il est vrai de dire, qu'outre cette puissance du pape , il en existe sur nous une seconde , établie pour veiller sur nous habituellement, ordinairement, immédiatement; c'est celle de nos évêques.

Il en est donc ici, comme il en est dans l'empire du monde…
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