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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Sam 18 Juil 2009 - 16:18

Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Mgrf

Mgr Faurie, Vicaire Apostolique du Kouy-Thchéou (Chine) 1824-1871

I. PREMIÈRES ANNÉES DÉPART POUR LA CHINE


Louis-Simon Faurie naquit à Monségur (Gironde) le 12 juin 1824, de parents pauvres, mais honnêtes. De bonne heure, il manifesta le désir d'être prêtre ; mais ce ne fut qu'après une longue attente qu'il entra au Petit Séminaire de Bordeaux (5 novembre 1838). Sa piété, son intelligence et son ingénuité firent merveille et lui gagnèrent tout de suite les bonnes grâces du supérieur.

Au mois de novembre 1845, le jeune Faurie entrait au Grand Séminaire. Dans cette maison, sans rien perdre de la bonne humeur et du jovial entrain qui lui avait valu, au Petit Séminaire, le surnom de Roger Bontemps, il devint toutefois plus calme et plus appliqué à l'étude. Très attentif à ne pas perdre une minute d'un temps qu'il estimait très précieux, il étudiait non seulement la théologie, mais encore les sciences physiques et cultivait même les arts manuels, pour lesquels il montra, dès l'enfance, une remarquable habileté. Il s'exerçait spécialement au moulage du plâtre et à la lithographie.

Ce fut au Grand Séminaire que l'abbé Faurie manifesta son attrait pour les missions étrangères. Il ouvrit son cœur à son supérieur, qui était alors M. Hamon. Le célèbre sulpicien encouragea le jeune séminariste dans la voie du sacrifice et, pendant les vacances de 1850, l'abbé Faurie entra à la maison de la rue du Bac

Il n'était alors que diacre. La prêtrise lui fut conférée le 21 décembre de la même année. Un mois après, ses supérieurs l'informèrent qu'on le destinait aux missions de Chine et que la Providence l'appelait dans une province encore inexplorée et à peu près inconnue en Europe : le Kouy-Tchéou.

Deux autres jeunes prêtres partaient avec lui. Le soir du 11 mars I85I, on leur baisa les pieds; le 12, ils quittaient Paris et, le 13, ils s'embarquaient à Boulogne pour aller rejoindre à Londres le navire en partance pour l'Extrême-Orient. C'était la Comtesse of Sealfield. Elle leva l'ancre le 18 mars et mouilla devant Hong-Kong le 27 juillet.

«Le dimanche 27 juillet, écrit l'abbé Faurie, nous vîmes à notre lever les premières îles de la Chine proprement dite, et, derrière elles, à l'horizon, les montagnes qui bordent le continent. Nous ne pûmes contenir notre émotion envoyant cette terre que nos vœux appelaient depuis si longtemps. Nous la bénîmes et nous priâmes Dieu de nous accorder la grâce d'y travailler et d'y souffrir pour sa gloire et pour le salut de nos frères. Enfin, vers 3 heures de l'après-midi, on jeta l'ancre devant Hong-Kong, après une traversée de quatre mois et huit jours. Nous avions parcouru plus de 7000 lieues. Quelques instants plus tard, nous étions au milieu de nos confrères et le lendemain un petit Chinois me servait la messe. Je la dis en action de grâces pour notre heureuse traversée. »


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Message  gabrielle Dim 19 Juil 2009 - 1:11

II AVENTURES D'UN VOYAGE EN PAYS CHINOIS


Après un mois de séjour à Hong-Kong, mois trop court, passé dans l'étude de la langue et l'apprentissage des coutumes chinoises, le jeune missionnaire dut songer à rejoindre le Kouy-Tchéou. Deux routes s'of- fraient à son choix : l'une traversait le Kouang-Tong, le Kiang-Si et le Hou-Nan; c'était la plus longue, mais la plus sûre; l'autre se rendait à Chang-Haï, et, de là, remontait le fleuve Bleu jusqu'aux frontières du Kouy-Tchéou et du Su-Tchuen; c'était la plus rapide, mais la plus dangereuse. Ce fut cette dernière qu'il choisit.

Donc, vers le commencement de septembre 1851, il partit sur un bateau chinois pour Chang-Haï avec un confrère, M. Vinçot, dont la destination était le Su-Tchuen, province limitrophe du Kouy-Tchéou. Or, peu après leur départ de Hong-Kong, leur embarcation échoua. Une irruption inattendue de pirates compliqua la mésaventure. Les infortunés matelots, saisis d'épouvante, ne songeant plus ni à la manœuvre, ni à la résistance, allaient laisser couler bas le navire et aborder les pirates. « Courage ! s'écrie alors l'abbé Faurie, Dieu sait bien que nous sommes ici! » et, assignant à chacun son poste, il dirige, aidé de M. Vinçot, les opérations du sauvetage et de la défense, distribue des sabres, prépare des munitions, arme et amorce les canons, excite, pousse l'équipage avec une telle furie que, après une heure d'une lutte anxieuse ils mettent en fuite les pirates sans qu'un seul des leurs fût blessé, « grâce écrit l'abbé Faurie à la protection de la Sainte Vierge que nous priions en combattant »


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Message  gabrielle Dim 19 Juil 2009 - 16:23

Renonçant dès lors à leur premier itinéraire, nos deux missionnaires revinrent à Hong-Kong, où ils prirent la voie de terre Pour être plus sûre que la première, elle n'était pas sans danger. Un édit impérial, daté de l'année 1842, reconnaissait, il est vrai, aux missionnaires le droit de bâtir des églises et de prêcher la religion dans cinq ports de la Chine, mais ce même édit proscrivait le prosélytisme à l'intérieur des terres.

Les missionnaires qui s'y aventuraient couraient dès lors le risque d'être massacrés ou, tout au moins, la honte de se voir éconduits. Nos apôtres intrépides n'éprouvèrent aucune de ces alternatives ; mais les fatigues ne leur furent point épargnées pendant leur voyage qui dura plusieurs mois.

Le jour, ils étaient cahotés dans un étroit palanquin où la prudence les tenaient impitoyablement enfermés, ou bien, quand la contrée était sûre, ils allaient à pied, par étapes de 5o kilomètres. La nuit, ils essayaient de reposer dans les tavernes chinoises « dont la principale et souvent Tunique pièce, écrit l'abbé Faurie, est la cuisine. Là, vivent pêle-mêle les cochons, les poules, les chiens, les -canards et les voyageurs ».

Aux fatigues venaient se joindre parfois des situations critiques.

Nos deux missionnaires, encore peu accoutumés à la langue chinoise, devaient observer le silence autant que possible pour ne point révéler leur dangereux titre d'étrangers.

Or, un jour, l'abbé Faurie, interpellé par un indigène, ne put retenir sa langue. Il parla, mais, heureusement, l'esprit gascon dont il assaisonna ses paroles attira à lui seul toute l'attention de l'auditeur, et l'entretien n'eut pas de suite fâcheuse?

— Comment t'appelles-tu? demanda le Chinois.
— Comme l'an passé, répondit l'abbé Faurie.
— D'où viens-tu?
— De loin.
— Que fais-tu?
— Je fume.
— Où vas-tu?
— Au ciel.

Le bonhomme, interloqué, crut que le voyageur « parlait mandarin » et il s'écarta respectueusement


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Message  gabrielle Mar 21 Juil 2009 - 0:20

A Si-Ngan-Fou, dans la province de Kiang - Si, les chrétiens de la ville, voulant faire échapper les deux missionnaires aux mandarins, fréquents sur les chemins de cette contrée, proposèrent un stratagème hardi qui fut accepté.

Il fut convenu que les missionnaires joueraient le rôle, aussi dangereux qu'imposant, de mandarins en mission secrète. On fit louer des porteurs par un chrétien attaché au prétoire du préfet : cela suffit pour persuader à ces hommes de peine et pour leur faire divulguer qu'ils étaient au service de messagers secrets, sortant de chez le préfet de Si-Ngan-Fou.

Pour rester dans leur rôle, nos voyageurs descendirent alors dans les meilleurs hôtels. Un guide — il se nommait Y-Fan — coiffé d'un chapeau à gros pompons rouges, comme ceux des satellites, les précédait pour choisir leur chambre et donner au Leo-pan (maître d'hôtel) une haute idée de ses maîtres. A leur entrée, leurs gens faisaient grand tapage, demandant cent choses à la fois, pour détourner l'attention, et, pendant cette agitation voulue, les missionnaires montaient dans leur chambre, s'y enfermaient mystérieusement et n'en sortaient le lendemain que pour repartir.

Ils se rencontrèrent un jour avec deux vrais mandarins dans le même hôtel. Ceux-ci témoignèrent le désir d'entrer en relation avec eux. Fan répondit que ses maîtres étaient en mission secrète et voulaient absolument rester inconnus. Le gouvernement chinois, en effet, à bon droit soupçonneux, envoie souvent des émissaires secrets, chargés d'examiner la conduite des fonctionnaires, et, comme tout mandarin, ou peu s'en faut, mérite journellement d'être destitué ou envoyé en Tartarie, l'annonce des émissaires secrets leur inspire une secrète terreur.

Ceux-ci demeurèrent donc silencieux dans leurs chambres, jusqu'au départ des missionnaires.


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Message  gabrielle Mar 21 Juil 2009 - 18:18

Enfin, au milieu de janvier 1802, nos deux voyageurs arrivèrent sur la frontière du Kouy-Tchéou et du Su-Tchuen. Là, ils se séparèrent. Pendant que M. Vinçot se dirigeait à l'intérieur de son champ d'apostolat, l'abbé Faurie prenait la route de Kouy-Yang-Fou, la capitale du Kouy-Tchéou, où il arriva heureusement dans le courant de février 1852.

III. LE KOUY-TCHÉOU

Le Kouy-Tchéou, « terre noble », selon l'étymologie, l'une des 18 provinces de la Chine, située entre les 24°3o' et 290 de latitude et les 101°3o' et 1o6°45' de longitude, mesure 436 kilomètres du Nord au Sud et 1077 de l'Est à l'Ouest. Il est borné au Nord par le Su-Tchuen, au Midi par le Kouang-Si, à l'Est par le Hou-Nan, à l'Ouest par le Yun-Nan. C'est un immense plateau, assis sur un chaîne de montagnes, hérissé d'une infinité de pics à peu près uniformes. Des rivières, des torrents, des ruisseaux, tribu-taires, les uns du Yang-Tseu Kiang, les autres du Ta-Kiang, le sillonnent en tous sens. Ces cours d'eau n'ont généralement pas de noms particuliers; on les distingue par celui des localités qu'ils traversent. La province est divisée en 13départements(fou), lesquels comprennent 14 arrondissements (tchéou), 34 districts (hian) et 62 cantons. Toutes ces divisions portent le nom de leurs chefs-lieux respectifs.

La métropole, Kouy-Yang-Fou, est située à 400 lieues sud-ouest de Pékin, entre des montagnes très escarpées et près d'une rivière qui n'est pas navigable. On prétend qu'elle fut la demeure des anciens rois du pays; on y voit encore des restes de temples et de palais qui annoncent son ancienne splendeur.


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Message  gabrielle Mer 22 Juil 2009 - 15:46

Sauf un certain nombre de musulmans, la plupart des habitants du Kouy-Tchéou sont de race aborigène; on les nomme Miao-tse. En I85I, la population était d'environ 15 000 000 d'âmes, mais, dix ans après, elle n'en comptait guère que 5 000 000. Cette diminution énorme fut causée par la guerre civile entre les partisans du gouvernement actuel et ceux de la dynastie déchue des Ming. Parmi ces derniers connus sous le nom de rebelles, il convient de signaler les Tchong-kia-tse.

« Sur leurs montagnes les plus escarpées, écrit Mgr Faurie, ces indigènes ont bâti des camps inexpugnables où ils se retirent en cas d'attaque. On y monte par un sentier qui serpente entre les rochers, et que les chevaux ne peuvent suivre sans peine. De distance en distance, s'élèvent des constructions, disposées de telle sorte qu'un seul homme pourrait arrêter une armée. Aussi est-il inouï que les impériaux se soient jamais avisés de tenter l'escalade. Au sommet, les maisons sont groupées en village. Tous les greniers et toutes les écuries sont là. Ce qui rend ce fort imprenable entre tous les autres, c'est qu'il existe une belle et bonne source à quelques mètres seulement au-dessous du plateau supérieur. Ainsi, même en cas de blocus, l'eau ne manquerait pas.

» Les maisons du Tchouang-Kia-Tsé sont généralement adossées à une colline ou à une montagne. Le rez-de-chaussée est bâti en pierres jusqu'à la hauteur du plancher; là habitent pêle-mêle bœufs, chevaux, porcs, poules, canards, etc. L'étage supérieur, également d'une seule pièce, est construit en bois. Le foyer en occupe le centre; la crémaillère est suspendue à la charpente du toit, et la fumée va où elle veut.

» Depuis de longues années, les hommes portent les vêtements chinois. Les femmes ont conservé le costume aborigène, composé d'un corsage croisant sur la poitrine, et d'un large jupon à petits plis. Les femmes riches ornent ce jupon de broderies de soie et de fil d'or. Elles ont ordinairement les pieds nus, et, par suite, elles ne se les atrophient pas comme les Chinoises, que, du reste, elles méprisent fort.

» La langue du Tchong-Kia-Tse a des affinités avec le Siamois. Il serait intéressant de rechercher l'origine de cette ressemblance. Malheureusement, nos indigènes ne connaissent pas l'écriture, leurs traditions ne remontent pas bien haut. Les hommes comprennent et parlent chinois ; les femmes ne savent guère que leur langue nationale.


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Message  gabrielle Jeu 23 Juil 2009 - 14:15

» Ces indigènes n'ont ni pagodes, ni idoles ; ils craignent beaucoup le démon et tout leur culte consiste à l'apaiser. Quand ils sont malades, ils usent peu de médecins, mais ils se chargent d'amulettes. Ils appellent un devin: celui-ci immole un chien qu'il mange avec l'assistance, après l'avoir offert au démon.

Le chien est le mets le plus délicat de ce pays, j'en ai souvent mangé; c'est une nourriture excellente. Quelques tribus Tchong-Kia-Tse honorent la croix; elles la plantent à l'entrée des villages et lui font des sacrifices à certaines époques.

D'autres cousent sur leurs vêtements des croix en étoffe de couleur. Sans avoir encore pu remonter le courant de cette tradition, je puis affirmer qu'elle est d'origine chrétienne. Les Tchong-Kia-Tse tracent aussi sur le front de leurs morts une croix avec de la cendre, et ils appellent la croix : le grand bisaïeul Sauveur ou Protecteur.. » (Journal de Mgr Faurie.)

A l'arrivée de l'abbé Faurie au Kouy-Tchéou, la mission ne comptait qu'un petit nombre d'apôtres : un évêque, Mgr Albrand, du diocèse de Gap, et 4 prêtres, dont 1 Chinois et 3 Français, MM. Lions, Perney et Mihières. Mais, quelque peu nombreux qu'ils fussent, les ouvriers évangéliques pouvaient malheureusement compter de longues heures de loisir.

Les chrétiens, en effet, étaient à peine un millier dans toute la province, et quels chrétiens ! fervents sans doute, mais appartenant presque tous à la classe pauvre. On comptait, même parmi les néophytes, des hommes qui, avant leur conversion avaient exercé des métiers à peine avouables. Les uns avaient été brigands, les autres magiciens.

Parmi ces derniers, un nommé Bruno-Kiang mérite une mention. Médecin et apothicaire il préparait une sorte d'eau lustrale à laquelle il communiquait une vertu magique. Muni de cette sorte d'eau bénite à l'usage du diable Kiang allait dans les marchés découvrait sa poitrine et ses bras et devant tout le peuple se faisait dans les chairs de larges et profondes entailles à coups de sabre ou de couteau sans ressentir aucune douleur: il se lavait ensuite dans son eau magique appliquait plaies les onguents qu'il voulait vendre au peuple et instantanément ses plaies se fermaient; il ne restait plus sur la peau que des sutures blanches semblables à de vieilles cicatrices.


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Message  gabrielle Ven 24 Juil 2009 - 15:58

V. LE DIRECTEUR DE SEMINAIRE (1852-186O)


Après six mois d'étude, l'abbé Faurie bégayait encore le Chinois. « Je revenais la semaine dernière, dit-il, de visiter un malade. Un chrétien me rencontra et me demanda : « Eh bien! Père, comment va-t-il? — Tapay-tse, lui dis-je, et mon Chinois de rire. Je voulais répondre : il a la fièvre, et j'avais prononcé : il joue aux cartes! Il fallait prendre le la et je chantais en ut mineur. »

Dans ces conditions, il lui était impossible de songer encore au ministère extérieur. D'ailleurs, Mgr Albrand le garda auprès de lui dans la métropole et lui confia la direction du Petit Séminaire.

Imaginez-vous un misérable grenier divisé en deux compartiments, dont l'un est occupé par une douzaine d'enfants orphelins, et l'autre destiné au directeur. Tel était le Petit Séminaire commis aux soins de l'abbé Faurie. On le conçoit, tout, ou à peu près, était à créer : le logement, l'ameublement, le personnel des professeurs et des élèves, les ressources, les livres, les méthodes, la constitution intérieure de la maison.

L'abbé Faurie fut à la hauteur de la tâche. Tout d'abord, il créa une bibliothèque de livres classiques en travaillant sans relâche à la traduction et à la copie de livres latins et français apportés d'Europe. Puis il essaya de fonder des bourses : il écrivit à ses amis d'Europe, demandant la modique somme de 100 francs pour la pension d'un petit Chinois. Son appel fut entendu, et, en 1854, il possédait assez de ressources pour entretenir 20 élèves, 20 jeunes et intelligentes vocations indigènes.

Aux titres de traducteur, de copiste et de quêteur, l'abbé Faurie joignit, avec la même grâce et le même entrain, la charge de menuisier, d'imprimeur et d'architecte.

Il avait acheté, pour la modique somme de 20 francs, un petit bois qu'il exploita lui-même. Sous son habile direction, les séminaristes apprirent à manier la hache, la scie et le rabot, ils abattirent les arbres, les débitèrent en planches et transformèrent ces planches en cent meubles variés de première nécessité : bancs, tables, lits.

En 1857, le modeste collège fut enrichi d'une imprimerie. L'abbé Faurie, avec ses jeunes artistes, quitta le rabot pour manœuvrer les caractères. Son atelier ne res semblait à celui de Migne que de loin, sans doute; néanmoins, il en sortit des livres imprimés avec beaucoup de netteté et jusqu'à des mappemondes qui disaient l'étonnement des lettrés chinois.


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Message  gabrielle Dim 26 Juil 2009 - 0:59

Ainsi, l'oeuvre prospérait, mais on ne s'imagine pas au milieu de quelles difficultés. On devait sans cesse compter avec les mandarins de Kouy-Yang-Fou, qui, en inspecteurs farouches, obligeaient les missionnaires à se tenir nuit et jour sur le « qui vive! » à disperser quelquefois les élèves et à prendre la fuite pour un temps.

Un jour, on annonce tout à coup à Mgr Albrand qu'un mandarin entre dans l'église avec ses satellites. L'évêque prend la fuite et crie à l'abbé Faurie de partir aussi sur-le-champ. Le jeune missionnaire descend, ouvre une porte et se trouve face à face avec l'ennemi.....

— Où sont les Européens? demande le grand homme.

— Ici, dit l'abbé Faurie.

Il l'introduit dans une chambre et disparaît.

Le mandarin trouve là un catéchiste qui lui montre une statue de saint Joseph, en affirmant qu'il n'y avait point d'autre Européen dans la maison. Pendant ce temps, l'abbé Faurie rejoignit son évêque, et, ensemble, ils errèrent dans la campagne jusqu'à ce que le danger se fût éloigné.

Cependant, les séminaristes se trouvaient à l'étroit dans la métropole. L'abbé Faurie songea à les établir à Lou-Tsong-Kouang (plateau des ciboules vertes), à 4 kilomètres de Kouy-Yang-Fou. Il y avait là une pro priété des missionnaires. Les travaux furent achevés en 1858, et le Petit Séminaire fut transporté de suite dans la nouvelle construction. Elle comprenait plusieurs bâtiments assez vastes, une église dédiée à Notre-Dame de l'Assomption, et une tour en bois sorte de vedette du haut de laquelle les gardiens surveillaient les mouvements des rebelles.

Le Petit Séminaire une fois installé définitivement, l'infatigable apôtre s'occupa d'en fonder un grand aux environs de Tsing-Gay. Tsing-Gay était un nouveau centre chrétien qu'il' avait créé lui-même, tout en dirigeant son petit collège et après avoir surmonté les difficultés de la langue.


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Message  gabrielle Lun 27 Juil 2009 - 0:12

V. L' ABBÉ FAURIE EST SACRE ÉVÊQUE — LA PERSÉCUTION


L'abbé Faurie ne songeait qu'à rester un missionnaire ignoré, dévoué à l'œuvre des vocations indigènes, lorsque la Providence l'appela à la dignité épiscopale. Mgr Albrand était mort en 1853 ; l'abbé Faurie dut prendre sa place, malgré un refus de plusieurs années. Il fut sacré, avec le titre d'évêque d'Apollonie, le 2 septembre 1860.

La même année (13 octobre 1860), l'armée alliée de la France et de l'Angleterre entrait victorieuse à Pékin. Deux traités y furent signés : l'un, le 24, avec l'Angleterre ; l'autre, le 25, avec la France. Par ce dernier, la Chine accordait aux chrétiens le libre exercice de leur culte et aux missionnaires munis d'un passe-port régulier le droit de prêcher la religion dans tout l'empire.

Les missionnaires reçurent ce passe-port. Ils allaient donc pouvoir agir en toute liberté. Pour comble de bonheur, ils avaient reçu tout récemment un précieux renfort, cinq nouveaux compagnons de labeur : MM. Vielmon, Fourcy, Néel, Bouchard et Payan.

Mgr Faurie distribua à chacun leur part d'apostolat : M. Fourcy reçut la direction du Petit Séminaire qui comptait alors trente élèves; le Grand Séminaire nouvellement fondé à Tsing-Gay fut confié à M. Payan; quant aux autres missionnaires, ils allèrent se joindre aux vétérans de la prédication, sauf M. Vielmon, que Mgr Faurie retint auprès de sa personne comme secrétaire et pour le service de la métropole.

Ainsi l'année 1861 s'annonçait belle pour la religion au Kouy-Tchéou, et tout laissait croire que les années suivantes ne seraient pas moins fructueuses.

Mais le démon veillait. Les autorités de Kouy-Yang-Fou n'acceptèrent qu'avec dépit les conditions humiliantes du traité de 1860. Le général en chef des armées du Kouy-Tchéou surtout en conçut une haine implacable contre les missionnaires. Il s'appelait Tien-Ta-Jen. Homme débauché et sanguinaire, il jura la ruine de la religion au Kouy-Tchéou.


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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Lun 27 Juil 2009 - 16:21

« Lorsque, écrit Mgr Faurie, nous allâmes en grande cérémonie notifier aux autorités chinoises la réception de notre passe-port, Tien-Ta-Jen se montra fort irrité de cette démarche; il était surtout mécontent du respect que nous avait témoigné la foule, et paraissait craindre que la ville, en masse, ne se fit chrétienne, si l'on n'y mettait bon ordre. En conséquence, il demanda au gouverneur d'être chargé seul de cette affaire, déclarant qu'il allait sur l'heure nous faire, massacrer avec tous nos disciples, afin qu'on n'en parlât plus. Ce ne fut pas sans peine que les mandarins lui firent comprendre que son projet avait besoin d'être mûri, et qu'il fallait prendre le temps de délibérer sur ses suites avant de le mettre à exécution.

Pour se venger de cet ajournement, il voulut au moins terrifier les néophytes qu'il ne pouvait encore égorger. Dans ce but, il ordonna aux chefs de quartier d'aller prendre à domicile-les noms de tous les chrétiens ; et en même temps, il faisait courir le bruit que cette liste de proscription était dressée en vue d'un massacre général. Les pasteurs étaient encore plus menacés que le troupeau. Les alertes et les avanies se succédaient pour nous d'heure en heure.

La journée du 27 mai fut une des plus critiques. Un de mes confrères, M. Vielmon, était sorti en palanquin pour achever nos visites officielles. Tien-Ta-Jen l'apprend, et aussitôt il lance à sa poursuite 50 cavaliers qui parcourent la ville en vociférant des cris de mort. N'ayant pas rencontré le missionnaire, ils se rabattent sur notre église et annoncent qu'ils vont égorger les Européens. A cette nouvelle le peuple se porte en masse sur -notre quartier pour jouir du spectacle; les remparts de la ville se couvrent de curieux, et ressemblent à un amphithéâtre où nous jouons le rôle de victimes. Mais au moment où les soldats vont franchir le seuil de notre demeure un aide de camp vient dire que Tien-Ta-Jen arrive en personne. On suspend les hostilités pour attendre ses ordres. Cependant il ne se montre pas. Dix fois on l'annonce sans qu'on le voie paraître. Enfin les soldats se retirent après avoir visité l'église et la maison, et les voleurs s'esquivent avec ce qu'ils ont pu dérober. Pour nous, débarrassés des uns et des autres, nous nous mettons tranquillement à manger notre riz.»


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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Mar 28 Juil 2009 - 1:12

«Le lendemain, j'eus l'explication de tout ce vacarme et de son insuccès. Tien-Ta-Jen avait célébré, la veille, son onzième mariage, bien qu'il ne fût pas veuf. Donc il avait bu largement. En cet état, il était parti à la tête de ses cavaliers, menaçant de tout mettre à feu et à sang. Mais au détour d'une rue, son cheval refuse d'avancer. Il le frappe, l'animal se cabre et désarçonne le général. Celui-ci remonte en selle et frappe plus fort. Le cheval alors, au lieu d'avancer, tourne bride et repart au, galop vers le prétoire du gouverneur.

Ce fonctionnaire était dans la plus grande anxiété. Sachant les projets de Tien-Ta-Jen, il avait dépêché à sa suite un mandarin pour le retenir. Quand il le vit ramené si piteusement par son in-domptable monture, il courut à sa rencontre, l'entraîna dans son cabinet et lui montra une lettre impériale qui arrivait à l'instant.

C'était une pressante recommandation de remplir envers les chrétiens toutes les clauses du traité, et d'avoir pour les missionnaires spécialement pour moi tous les égards qu'on doit à des hôtes honorables A la lecture de cette pièce le général ne put s'empêcher de dire avec un sourire qui dissimulait mal sa confusion : « La belle sottise que j'allais » Sur-le-champ il envova contre-ordre à ses soldats, et c'est ainsi que nous fûmes délivrés»


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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Mar 28 Juil 2009 - 23:57

« Mais Tien-Ta-Jen n'était pas homme à se contenir longtemps. A sa turbulence naturelle vinrent s'ajouter de graves sujets d'irritation. Tandis qu'il perdait son temps et gaspillait le trésor de l'armée au milieu d'une cour de comédiens, ses troupes avaient été vaincues dans deux batailles contre les rebelles ; ses plus habiles lieutenants avaient été tués et ses meilleurs soldats désertaient faute de toucher leur solde. L'humiliation de ces revers qui compromettaient son pres tige militaire, unique base de sa fortune, fut encore aggravée par une verte réprimande de l'empereur qui lui reprochait son despotisme et lui enjoignait de quitter une ville où il se mêlait de ce qui ne le regardait pas, pour aller au camp et battre les rebelles, seule mission dont il fût chargé. D'autre part, le peuple, lassé de lui voir faire chaque jour de nouveaux coups de tête, avait passé de la terreur au mépris et ne désignait plus le grand homme que par le sobriquet de général-gamin.

Il fallait à celui-ci une revanche de tant d'échecs; il la prit sur les chrétiens. Le 19 juin, 6 hommes de son prétoire forcent les portes de l'église, se livrent au pillage frappent le sacristain qui veut leur arracher des mains un crucifix. Je viens à son secours. Aussitôt, l'un d'eux lève son sabre et se précipite sur moi; les autres l'imitent et me poussent dehors, l'épée dans les reins. »

L'évéque venait à peine d'échapper à la mort qu'un courrier lui apporte la nouvelle d'un désastre. Le Grand Séminaire de Tsin-Gay a été pillé; deux élèves, Joseph Tchang et Paul Tchen, ainsi que le fermier Jean. Baptiste Lô, ont été arrêtés et jetés en prison ; le reste de la communauté est en fuite. Tout ce brigandage est l'œuvre du Tao-Tai, Tchao-Ouy-San, un ami des missionnaires qui les a trahis, pour se concilier les faveurs de Tien-Ta-Jen.

Malgré les réclamations de l'évêque, les prisonniers ne furent point relâchés. Arrêtés le 11 juin, ils ne sortirent de leur prison que le 19 juillet pour marcher au supplice.

Avec eux fut aussi martyrisée Marthe, la première fille spirituelle de Mgr Faurie. Cette courageuse femme avait été la providence et la consolation des prisonniers pendant leur longue et dure détention.


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Message  gabrielle Mer 29 Juil 2009 - 18:16

« L'exécution, écrit un missionnaire, a eu lieu vers 11 heures du matin. Les préparatifs en avaient été faits à huis clos et sans jugement. On arracha subitement les prisonniers de leur cachot pour les conduire au supplice. Contre l'usage, on ne tira pas le canon, afin de faire la chose avec moins de bruit. Il y eut, cependant, beaucoup de spectateurs.

Les confesseurs priaient durant le trajet. Arrivés au lieu du supplice, ils se mirent tous trois à genoux, demandant qu'on attendit, pour frapper, la fin de leur prière.

A ce moment, les soldats ayant aperçu au bord du fleuve Marthe, qui, sans se douter de rien, lavait le linge de nos prisonniers, allèrent la saisir par les cheveux : « Marche, toi aussi, lui disent-ils. — Volon- tiers ! Volontiers ! » répond-elle. Et la voilà qui va prendre sa place et se met à prier avec les séminaristes. Au bout de quelques instants, on leur dit : « C'est assez », et l'opération commence.

La tête des trois confesseurs tomba du premier coup. Celle de Marthe ne fut abattue qu'au troisième. Le chrétien qui a été témoin oculaire du supplice déclare qu'elle ne fit pas un seul mouvement, et qu'au moment du dernier coup, elle priait encore; ses lèvres articulaient les paroles avec une fervente expression. »

C'était le 29 juillet 1861, fête de sainte Marthe.


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Message  gabrielle Jeu 30 Juil 2009 - 17:46

L'année 1862, le Kouy-Tchéou eut de nouveaux martyrs, et l'évéque de nouvelles douleurs.

M. Néel, avec deux catéchistes, évangéli-sait Kia-Cha-Long, dans l'arrondissement de Kay-Tchéou, au nord de Kouy-Yang-Fou. Les paroles de l'apôtre tombèrent dans une bonne terre et la moisson se leva si abondante qu'il fut obligé de réclamer des auxiliaires à la métropole. Mgr Faurie. n'ayant plus de missionnaires ni de catéchistes sous la main, envoya la sœur du docteur Y-Sien-Sen, la vierge Lucie, pour enseigner la doctrine aux femmes et baptiser les enfants.

Or, le 18 février, les satellites arrêtèrent le missionnaire, les deux catéchistes et le maître d'hôtel chez qui ils logeaient à Kia-Cha-Long, et les conduisirent, enchaînés, au prétoire de Kay-Tchéou. Après un inter-rogatoire des plus sommaires, dirigé par un mandarin du lieu, Tai-Lou-Tché, aux ordres de Tien-Ta-Jen, les quatre accusés furent condamnés à la décapitation. Quand la tête de M. Néel tomba, une nuée descendit du ciel, comme suspendue par un fil, resta quelque temps immobile au-dessus du corps et disparut.

Le lendemain de cette journée sanglante, la vierge Lucie fut exécutée à son tour.

A quelque temps de là, on rapporta à la métropole les têtes des cinq nouveaux martyrs. Mgr Faurie déposa ces précieux restes dans le caveau qui contenait déjà la dépouille mortelle de Mgr Albrand.

Or, à cette cérémonie funèbre assistait un chrétien fort ému : c'était le docteur Y-Sien-Sen, l'heureux frère de la vierge Lucie. Il voulut garder, comme souvenir, la coiffure tachée du sang de la sainte martyre. Le lendemain, il alla voir sa bru qui se mourait; elle avait reçu depuis plusieurs jours les derniers sacrements : « Je t'apporte, lui dit-il, le dernier remède qui me reste. Ranime ta foi; voici le bonnet ensanglanté de ta tante ; mets-le sur ta tête et prie notre martyre de montrer son crédit auprès de Dieu. » La jeune femme suivit le conseil, et s'endormit pour la première fois depuis quinze jours; le docteur se retira, emportant sa relique. Deux heures plus tard, la malade s'éveilla et dit à sa belle-mère : « J'entends une voix prier à mon oreille mais je ne vois personne. » Elle fit une seconde fois la même remarque. Enfin la voix mystérieuse prononça distinctement : « Mais délivrez-nous du mal. Ainsi-soit-il. » Un moment après, la malade se leva, s'assit auprès du feu, demanda à manger. Elle était guérie.


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Message  gabrielle Ven 31 Juil 2009 - 18:27

Cependant, Mgr Faurie s'était mis en devoir d'adresser à la cour de Pékin et à l'ambassade de France ses plaintes et ses revendications. Après de longs mois d'attente, elles furent entendues, le gouvernement chinois, informé par le ministre français des événements du Kouy-Tchéou, chargea deux mandarins supérieurs du Su-Tchuen d'instruire ces affaires.

Ceux-ci déléguèrent deux hommes de confiance qui ouvrirent une enquête; mais circonvenus, l'un par les menaces, l'autre par les promesses de Tien-Ta-Jen, les délégués n'avançaient guère en besogne. Sur ces entrefaites arriva le vice-roi Pan-Ta-Jen, dont la juridiction s'étendait sur les deux provinces du Yun-Nan et du Kouy-Tchéou. Il avait mission de mettre bon ordre aux injustices du terrible Tien-Ta-Jen.

En conséquence, il fit immédiatement comparaître plusieurs mandarins illégalement élevés en grade par le général, pour leurs criminelles complaisances et leurs cruautés envers les chrétiens. Ayant fait approcher l'un d'eux, nommé Sié, qui était boiteux et que le général avait décoré comme un soldat blessé à la guerre, il l'exhorte à reconnaître l'usurpation de son grade ; puis il ajoute : et Montre-moi ta blessure. » Sié eût préféré ne rien montrer du tout ; mais le vice-roi insistant il dut s'exécuter et laisser voir que son infirmité n'avait rien de glorieux qu'il était boiteux de naissance. Pan-Ta-Jen le dégrada séance tenante et le fit jeter en prison les autres coupables.

A cette nouvelle, Tien-Ta-Jen, pris d'un accès de rage, soudoie des bandits, qui, sur son ordre, courent au prétoire du vice-roi, franchissent le mur d'enceinte de son palais, pénètrent jusqu'à sa chambre et lui font la sommation suivante : « Remets immédiatement en liberté les mandarins que tu dégradas hier, et retire-toi, ou viens te battre avec le général; le Kouy-Tchéou appartiendra au vainqueur. Si tu ne prends parti à l'instant, nous avons l'ordre de te massacrer. »

Ce coup d'audace eut malheureusement son effet. Pan-Ta-Jen, plus mort que vif, prit l'engagement de se retirer dans trois jours. Tien-Ta-Jen redevenait dès lors tout-puissant, et la mission du Kouy-Tchéou semblait toucher à sa fin, lorsqu'elle fut sauvée par un coup de la Providence.



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Message  gabrielle Sam 1 Aoû 2009 - 16:25

Vers la fin d'avril 1863, le général Tchang-Leang-Ki, désigné par la cour impériale pour remplacer Tien-Ta-Jen, entre hardiment à Kouy-Yang-Fou. Sans donner à son prédécesseur le temps de parer le coup qui le menace, il proclame l'état de siège, publie la destitution du général, lui intime l'ordre de licencier immédiatement ses troupes et de se retirer au Su-Tchuen. Tien-Ta-Jen essaya de soulever l'armée; mais les soldats n'osèrent pas le suivre dans sa révolte. Abandonné de tous, il se soumit enfin et prit le chemin de la retraite; ainsi, après deux ans d'une lutte désespérée, la victoire restait à l'évoque.

Un décret impérial attribua aux missionnaires du Kouy-Tchéou le magnifique hôtel de Tien-Ta-Jen lui-même avec toutes ses dépendances. La mission reçut en outre 16 000 taëls comme indemnités des dégâts matériels et pour bâtir des monuments expiatoires aux chrétiens massacrés.


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Message  gabrielle Dim 2 Aoû 2009 - 17:01

I. RENOUVEAU — TENTATIVE DE PACIFICATION


Après le départ du persécuteur, les chrétiens du Kouy-Tchéou commencèrent à respirer à l'aise. Leur sort fut encore amélioré par l'arrivée d'un nouveau vice-roi nommé Lao-Ta-Jen. Ce personnage avait exercé les mêmes fonctions à Canton, où ses rapports avec les diplomates français lui avaient inspiré pour nos compatriotes et pour le christianisme une admiration sincère et profonde. Dès son arrivée à la capitale, il tint à honneur de venir le premier faire visite à Mgr Faurie, dont il fut charmé, « Heureux, écrivait Mgr Lions, de rencontrer dans l'évéque français un homme vraiment supérieur, il multiplia depuis ses entrevues et prodigua toujours à Mgr Faurie les marques d'une amitié vive et sincère. »

L'exemple du vice-roi porta ses fruits; tout ce que la métropole contenait de personnages importants, officiers, notables et commerçants, se succédèrent en rangs pressés à la porte de l'établissement chrétien.

L'évéque, habile à profiter des circonstances, s'efforçait par tous les moyens de gagner la confiance et l'amitié de ses visiteurs. Il répondait avec talent et belle humeur à leurs questions concernant l'histoire, l'astronomie, la géographie, les chemins de fer, la vapeur, l'électricité, la photographie et toutes les autres « fables » dont les Fils du Ciel avaient entendu parler sans y croire. II faisait au besoin des expériences ou des démonstrations qui leur paraissaient renverser les limites du vraisemblable et du possible. Même aux yeux des lettrés, une lunette, un microscope, passaient pour d'inappréciables merveilles : « Je n'ai pas grand effort à faire, écrivait-il, tout ce qui se trouve sous ma main obtient le même succès. » Il fit la conquête d'un groupe de visiteurs en leur jouant quelques airs sur l'accordéon. Ils écoutèrent, parait-il, froidement la Marselllaise; mais ils tressaillirent de contentement à l'air du Roi Dagobert.


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Message  gabrielle Mar 4 Aoû 2009 - 15:59

Lao-Ta-Jen ne se contenta pas d'être courtois ; il se montra un ami des missionnaires et un protecteur de la religion chrétienne. Par son ordre, les objets pillés à l'église Saint-Joseph furent restitués, et leurs détenteurs châtiés. Peu de temps après, une grande affiche s'étalait à toutes les portes des villes et des marchés. Le vice-roi y entretenait le peuple du traité conclu avec la France, et citait les articles relatifs à la religion, dont il parlait en termes excellents.

Une recommandation venue de si haut eut des résultats magnifiques. Aussi Mgr Faurie écrivait au milieu de 1864 : « Vous avez vu par nos bulletins précédents que nous faisions à grand peine 150 nouyeaux chrétiens par an. Cette année, nous espérons atteindre le chiffre de 10 000. » Il profita de cet état des esprits pour tenter une œuvre aussi hardie qu'invraisemblable. La guerre civile qui ravageait le Kouy-Tchéou nuisait beaucoup à l'action des missionnaires ; le développement rapide de la vraie foi trouvait là son plus grand obstacle. Mgr Faurie conçut le dessein de l'écarter. Il alla donc se proposer au vice-roi comme médiateur entre les deux partis belligérants. Lao-Ta-Jen, d'abord interdit par une proposition aussi inattendue, finit par la trouver raisonnable. En conséquence il investit l'évêque de pleins pouvoirs pour traiter de la paix avec les rebelles


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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Jeu 6 Aoû 2009 - 15:19

Mgr Faurie partit de Kouy-Yang-Fou le il juillet 1864, et se dirigea vers le sud-ouest de la province, où résidaient les chefs de la rébellion. Son passage à Tsen-Tchen-hien, à Ga-Chouen, à Tchen-Li, à Mou-Iou-Sé, à Yuin-Lin-Tchéou, et dans toutes les bourgades éparpillées sur sa route, fut marqué par des témoignages bruyants de la joie populaire. On saluait en lui un sauveur.

De Tchen-Lih Yuin-Lin-Tchéou,, Mgr Fau-rie se trouvait déjà en plein théâtre de la guerre. D'un côté étaient les musulmans, venus du Yun-Nan, et la tribu des Tchong-Kia-Tsé, de l'autre, les Chinois soutenus par les armées impériales.

A Yuin-Lin-Tchéou, Mgr Faurie reçut de laville de Tchen-Foug la réponse à une lettre qu'il y avait adressée à un des principaux chefs des rebelles, Ma-Ho-Tou :

« M. l'évéque Hou, disait le chef rebelle, je viens de recevoir votre lettre que je résume ainsi : il faut adorer Dieu, obéir au prince, et traiter les hommes selon les lois de la conscience et de la justice. Il n'était pas besoin de nous exhorter à cela, depuis les temps anciens jusqu'à ce jour, nous n'y avons jamais manqué.
»

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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Ven 7 Aoû 2009 - 15:39

Les musulmans ne se montrèrent pas disposés à négocier de la paix avec l'évéque. Il n'en fut pas de même des Tchong-Kia-Tsé. Ils firent tous leur soumission, et la rébellion vit diminuer ses forces des deux tiers.

Ainsi la démarche de l'évêque eut d'heureux résultats pour la paix. Aussi Lao-Ta-Jen avoua-t-il que son plénipotentiaire avait fait en quelques semaines plus d'ouvrage que tous les mandarins en dix ans !

Mais le passage de Mgr Faurie fut encore plus fructueux pour la religion. Il écrivait peu après son retour à Kouy-Yang-Fou, en date du 7 septembre 1864 :

« Mon voyage a fait grand bruit, grâce aux honneurs que le vice-roi a ordonné de me rendre sur toute la route. Plus de 100 grands villages se sont convertis en masse. Quant aux petits villages rayonnant autour de ces centres, je n'en sais pas encore le nombre, mais Mgr Lions m'écrit: «Faîtes- moi imprimer quelques milliers de catéchismes, afin qu'il puisse y en avoir au moins un ou deux par chaque village. » II nous faudrait hic et nunc 50 missionnaires pour soigner tout cela, et Mgr Lions. n'a pour vicaires que deux prêtres chinois. »

Malheureusement, l'armée des missionnaires ne vint pas, et les belles espérances conçues d'abord ne furent réalisées qu'à moitié. La mission ne comptait pas 15 000. chrétiens baptisés, à l'époque où Mgr Faurje la quittait pour se rendre au Concile. Il est vrai que dans ce chiffre n'était pas compris le nombre très important des adorateurs, c'est-à-dire des chrétiens non encore baptisés.

Quant à la pacification du pays, elle prit consistance de jour en jour, et le Kouy-Tchéou, longtemps troublé, put enfin goûter les douceurs de la paix. Une des dernières victimes du fléau fut un missionnaire, M. Muller, qui périt assassiné par les brigands, à Hin-y-Fou.



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Message  gabrielle Sam 8 Aoû 2009 - 15:51

VII. L HOMME NÉCESSAIRE — UN SINGULIER GOUVERNEUR


La popularité de l'évêque devint si grande que les autorités elles-mêmes n'hésitaient pas à s'adresser à lui dans les moments critiques. C'est ainsi qu'on lui confia, pour un temps, les fonctions d'ingénieur et de directeur de l'assistance publique.

La rivière qui traverse Kouy-Yang-Fou du Nord au Midi l'inondait tous les printemps. Cette rivière, grossie par les torrents des montagnes, charrie des sables que la rareté des eaux pendant l'hiver permet d'enlever ; mais, comme les mandarins laissaient depuis longtemps les sables s'amonceler et les ponts s'obstruer, tout orage un peu gros causait inévitablement une inondation. Pendant l'hiver de 1865, les murmures du peuple forcèrent les mandarins à sortir de leur incurie ; ils payèrent enfin des entrepreneurs pour draguer la ri-vière et dégager les ponts; mais ces ouvriers, à l'exemple de leurs maîtres, s'enrichirent aux dépens du trésor public, sans remédier aucunement au mal.

Sur les conseils du vice-roi, on confia les travaux à des entrepreneurs chrétiens qui allèrent demander à l'évêque le secours de ses lu-mières. Il leur fit construire une dizaine de barques, et creuser, d'un côté de la rivière, un large fossé où les eaux se réunirent par ce canal, les ouvriers traînaient à force de bras leurs barques chargées de sable et allaient les décharger hors de la ville.

Mgr Faurie convia à ces travaux les pauvres, les gens sans ouvrage, les femmes, les enfants, les vieillards; il en trouva facilement des centaines qui s'estimèrent heureux de gagner un modique salaire; il exerça sur l'emploi des fonds un contrôle sérieux, et les résultats qu'il obtint en quelques mois rendirent proverbiales la science de l'évêque et la probité des chrétiens.

Dans cette même année 1865, la famine occasionnée par la guerre avait fait élever le riz à un prix excessif; la mesure, qui se vendait d'ordinaire 10 ou 12 francs, était montée à la somme incroyable de 85 francs.

Bientôt, d'ailleurs, les provisions manquèrent. Dans cette extrémité, Lao-Ta-Jen et son Conseil pensèrent à forcer les riches détenteurs de riz à le livrer pour l'usage public; mais, avant de décréter cette vente forcée ils demandèrent l'opinion de l'évêque.

Mgr Faurie trouva que le remède proposé serait un élément de discordes et une injustice : « Faites importer des riz du dehors, dit-il; vendez-les à perte, aux pauvres seulement et en petite quantité, pour échapper aux spéculateurs; vous verrez se produire infailliblement une baisse considérable dans le marché. »
La proposition de l'évêque fut acceptée. Restait à se procurer du riz. Hélas ! le trésor public était à sec, et Mgr Faurie n'avait plus une obole. Que faire? Quatre chrétiens mirent à sa disposition la somme de 35000 francs, consentant à ne retirer ce capital qu'à la fin de la crise et à subir proportionnellement les pertes éventuelles
.


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Message  gabrielle Lun 10 Aoû 2009 - 16:09

On le supplia d'organiser lui-même les ventes et de les confier à des chrétiens. Mgr Faurie établit alors deux grands magasins, l'un près de l'église Saint-Joseph, au Nord, l'autre au Midi, dans l'ancien palais de Tien-Ta-Jen; il chargea quelques catéchistes de dresser un état par quartier des familles nécessiteuses auxquelles on distribua des bons numérotés, et fixa une heure de vente pour les pauvres de chaque quartier. Grâce à ces mesures d'ordre, dix personnes suffisaient au service d'un magasin. On ne vendait que le riz nécessaire à une famille, pour un jour; à midi, la vente était toujours terminée.

Le prix du riz baissa immédiatement. Dans les magasins de l'évêque, on le diminuait aussitôt proportionnellement. On s'aperçut alors que la cherté exorbitante résultait autant de la spéculation que de la rareté des denrées, et le marché reprit son cours normal.

Cette popularité n'était pas de nature à grandir le prestige du gouverneur Tchang-Leang-Ki. Pressé par la jalousie, ce haut fonctionnnaire adressa à la cour de Pékin un long réquisitoire contre les apôtres du Kouy-Tchéou; mais le vice-roi se chargea lui-même de justifier les accusés, et le gouverneur y fut de ses frais. Pendant qu'il travaillait ainsi à perdre Mgr Faurie, Tchang-Leang-Ki lui prodiguait mille témoignages d'amitié. Ce maître en hypocrisie n'avait pourtant rien de transcendant comme administrateur. Qu'on en juge par le fait suivant :

Durant l'été de 1866, la sécheresse sévit à Kouy-Yang-Fou. Pour remédier à cette calamité, Tchang et son Conseil ordonnèrent de fermer la porte au sud de Kouy-Yang-Fou, par où, disaient-ils, la chaleur entrait dans la ville. La sécheresse continua. Le gouverneur fit alors dessécher l'endroit le plus profond du fleuve, dans l'espoir que l'esprit du lieu, ami de l'humidité, ferait tomber la pluie. La sécheresse continua encore en dépit des remèdes inventés par le gouverneur.




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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  gabrielle Mar 11 Aoû 2009 - 18:01

Parmi les œuvres multiples de Mgr Faurie, la plus intéressante était à coup sûr celle des orphelinats. Son zèle sut en organiser sept à Kouy-Yang-Fou. Le premier en date fut celui de Saint-Joseph ; il s'ouvrit en 1854. Le septième fut béni en 1867 ; il était dédié aux Sacrés Coeurs et réservé aux jeunes filles.

Outre les sept orphelinats de la métropole, le Kouy-Tchéou en comptait encore cinq autres établis à Gan-Chouen, à Tsin-Gay et dans d'autres villes.

Ces maisons de la charité étaient peuplées par les débris des familles que la guerre civile, la famine et la peste avaient décimées. On recueillait dans les rues ceux que la misère y exposait presque journellement. On introduisait ceux qui venaient frapper à la porte. La plupart de ces derniers appartenaient à la classe pauvre; quelques-uns, pourtant, avaient connu l'opulence.

Dans les premiers jours de 1868, une femme aveugle, conduite par une jeune fille, demandait l'aumône à la porte de l'établissement Saint-Joseph. Aux « petits pieds » de la mendiante, à la distinction de son langage et de ses manières, qui contrastaient singulièrement avec la misère sordide de ses haillons, le procureur comprit qu'il ne se trouvait pas en face d'une infortune ordinaire.

— Qui es-tu, dit-il à la pauvresse, tu n'es pas née dans la condition où je te vois?

— Non! fit tristement l'aveugle, je suis fille de mandarins.

— Comment! et depuis quand es-tu tombée dans le malheur?

— Depuis cinq ans. Les rebelles massacrèrent mon mari, firent périr toute ma famille, et je demeurai moi-même captive parmi eux, soumise aux plus horribles traitements. Je parvins enfin à m'échapper, et j'épousai un ancien prétorien de mon père ; mais, un an après, cet homme me vendit à une Koua-Mey. Alors, je devins aveugle; la Koua-Mey me chassa, et, depuis ce jour, je vais de porte en porte mendier un peu de riz, conduite par mon unique soutien, cette jeune fille qui est ma sœur.

— Comment s'appelait ton mari? demanda le chrétien, dont ce récit venait d'éveiller la curiosité.

— Mon mari se nommait Tai.

— Tai! famille de mandarin.... De quelle ville? reprit le procureur en haussant la voix.

— De Kai-Tchéou.

— La bru de Tai-Lou-Tche!.... s'écria le procureur, impuissant à réprimer un mouvement de répulsion; malheureuse! comment oses-tu te présenter ici où l'on pleure encore les victimes de ton mari et de ton père ! As-tu donc oublié que Tai-Lou-Tche fit mettre à mort nos frères de Mao-Keou (1) et de Kay-Tcheou!

La pauvresse, saisie d'épouvante, balbutia en sanglotant : « Je suis innocente de ce crime. »

Mgr Faurie, informé de ce qui se passait, fit mieux que de donner une aumône à la mendiante. Il l'admit à l'orphelinat des Sacrés-Cœurs.

A quelque temps de là, la belle-fille du bourreau des chrétiens, devenue une fer-vante chrétienne, enseignait elle-même la doctrine évangélique aux néophytes de son sexe. Sa jeune sœur resta près d'elle pour la servir. Et les païens étaient dans l'admiration toutes les fois qu'ils voyaient cette femme dont la condition nouvelle commentait si éloquemment le mot de saint Paul: Caritas benigna est.


(1) En 1856 trois chrétiens furent martyrisés à Mao-Keou.

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Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871 Empty Re: Mgr Faurie , à Kouy-Thchéou ( Chine) 1824-1871

Message  ROBERT. Mar 11 Aoû 2009 - 22:39

Mgr Faurie, Vicaire Apostolique du Kouy-Thchéou (Chine) 1824-1871


Et les païens étaient dans l'admiration toutes les fois qu'ils voyaient cette femme dont la

condition nouvelle commentait si éloquemment le mot de saint Paul: Caritas benigna est
.


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