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De la paresse spirituelle

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Message  Monique Mer 10 Mar 2010 - 22:07

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

Si la persévérance est la plus précieuse de toutes les grâces, c'est parce que c'est elle qui donne à toutes les autres une valeur durable, il n'est pas moins certain que de tous les vices qui assiègent la vie dévote le plus funeste est la paresse spirituelle; car elle est le contraire de la persévérance.

Toutefois, je doute que nous ressentions pour elle dans la pratique tout l'effroi qu'elle devrait nous inspirer. Les trois dispositions de notre état normal, et la fatigue en particulier, souffrent considérablement.

La lutte est tentée de faire place à la mollesse, et de chercher ses délassements en dehors de Jésus-Christ.

La fatigue, fléchissant sous ie poids d'une pénible lassitude, se sent une répugnance invincible pour les sécheresses de la foi intérieure, et va demander des consolations aux créatures, imprudence aussi funeste que celle du malheureux qui s'endort dans la neige.

Enfin, le repos murmure quand la trompette sonne pour faire recommencer le combat; il prolongerait volontiers son existence par des moyens naturels, lorsque les moyens surnaturels sont épuisés.

On peut dire, je crois, dans un sens général, que tout homme est paresseux. N'est-il pas vrai que chacun gravite autour de la paresse comme dans son orbite naturelle, à moins que son cœur ne soit malade? Que dis-je? cela est tellement réel, que les personnes les plus adonnées à ce défaut cherchent à se justifier en disant qu'elles ne sauraient résister à leur nature. Personne ne se livre de soi-même à un travail pénible. Il faut qu'il y soit poussé par un agent quelconque, peu importe que ce soit l'amour de l'argent ou la crainte de l'enfer. La paresse est douce en soi, plus douce que les faveurs les plus brillantes que le monde peut offrir. Mais les personnes vouées à la vie spirituelle ont une inclination spéciale à être paresseuses, dont elles ne se défient pas assez. Rien n'est plus rare dans l'Église qu'une véritable vocation à la viecontemplative.

C'est pourquoi il est presque impossible à la majorité des personnes dévotes de consacrer tout leur temps à faire des actes directs de la vertu de religion, et à développer en elles les dispositions et les motifs intérieurs. D'un autre côté, ces mêmes personnes se persuadent, avec plus ou moins de raison, qu'elles doivent renoncer à leurs anciennes habitudes de récréation et à leurs amusements d'autrefois. Aussi leur piété opère-t-elle une sorte de vide dans leur cœur, sans rien donner pour le remplir. C'est là une puissante raison qui doit engager ceux qui n'ont pas de profession régulière, ou des occupations domestiques suffisantes, à se charger de quelque œuvre extérieure de charité. Quoi qu'il en soit, si la théorie que nous venons d'invoquer pour expliquer ce phénomène est fausse, il n'en subsiste pas moins comme un fait incontestable (et depuis longtemps le monde avec sa malice ordinaire l'a proclamé bien haut) que la classe des personnes dévotes est particulièrement oisive.


Extrait ''PROGRÈS DE L'ÂME''
DANS LA VIE SPIRITUELLE
PAR
Le R. P. Frédéric William FABER
Docteur en Théologie, Prêtre de l'Oratoire de Saint-Philippe de Néri de Londres.
1887.
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Message  Monique Jeu 11 Mar 2010 - 6:29

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

Comme cette oisiveté est un obstacle invincible à nos progrès, il importe que nous en fassions le sujet d'une étude sérieuse ; et nous trouverons alors que les développements de la paresse spirituelle sont au nombre de sept, dont nous parlerons successivement.

Le premier d'entre eux est ce qu'on a coutume d'appeler la dissipation. Il est plus facile de la décrire que de la définir. C'est un péché qui n'a pas de corps à lui, mais qui peut s'en créer un de la première chose venue et l'animer. Son action silencieuse se fait à peine sentir, et, dans le fait, un de ses plus dangereux caractères c'est de laisser ignorer à une personne qu'elle se laisse aller à la dissipation, au moment même où elle s'en rend coupable.

Les effets que ce défaut produit sur notre dévotion sont en raison inverse de l'insignifiance apparente sous laquelle il se cache. Il détruit en quelques heures des grâces acquises par des mois entiers de pénibles efforts, ou nous fait perdre le fruit d'une bonne retraite ; et c'est généralement le temps qui suit immédiatement ces salutaires exercices qu'il choisit de préférence pour porter ses ravages dans l'âme.

Examinons maintenant la nature de ce fléau. Chacun sait, après avoir commis cette faute, qu'il a été dissipé ; mais il ne comprend pas toujours bien clairement en quoi sa dissipation a consisté. La tristesse de son âme est pour lui une preuve qu'il s'y est passé quelque chose de mal, mais il ne peut pas toujours donner à ce mal le nom qui lui convient.
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Message  Monique Ven 12 Mar 2010 - 5:20

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

La dissipation consiste d'abord à remettre à un autre moment l'exécution des choses qui devraient être faites à un moment donné. Il en résulte qu'un devoir suit de trop près l'accomplissement d'un autre, et que toutes nos obligations, comme autant de corvées, font peser sur nous un joug contre lequel nous nous roidissons ; et dès lors, il n'existe plus de paix pour nous.

La conséquence ordinaire d'une pareille conduite, c'est que nous n'avons pas le temps de faire les choses comme elles devraient être faites. Elles s'exécutent avec précipitation, avec un empressement nullement surnaturel, avec un plus vif désir de les faire pour s'en débarrasser que de les bien faire, et la pensée de Dieu ne nous préoccupe que médiocrement dans le cours de nos opérations.

La maxime de ce fameux diplomate français qui disait : « Ne faites jamais aujourd'hui ce que vous pouvez remettre à demain, » quelque admirable qu'elle soit, appliquée au prudent accomplissement des devoirs du monde, ne saurait guère être mise en pratique dans la vie spirituelle.

D'un autre côté, une déplorable confusion serait la conséquence inévitable de l'axiome opposé que lord Nelson aimait tant à citer : « Un homme doit toujours être en avance d'un quart d'heure sur le temps prescrit. » Le point important est de faire chaque chose en son lieu, tranquillement, avec persévérance et en ayant toujours les yeux fixés sur Dieu.

Sans suivre une règle de conduite invariable, la vie journalière tend à se transformer en une sorte de routine, et chacun de nos devoirs se trouve ainsi avoir son tour. Si nous observons cette recommandation, nous cesserons d'un côté d'être pressés par une accumulation de devoirs arriérés, et de l'autre nous éviterons la dissipation où nous tombons parfois, par suite des moments inoccupés qu'il nous faut remplir comme des espaces vides. Un homme oisif est également étranger au bonheur et à la piété.
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Message  Monique Sam 13 Mar 2010 - 4:01

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Un autre symptôme de dissipation consiste à prolonger outre mesure, par une conversation qui ne sait pas s'arrêter, les visites de simple civilité. Par là je ne veux point dire qu'il y ait un point où l'on soit tenu de s'arrêter, sous peine de péché ; mais je prétends qu'il y a une certaine modération à observer dans les visites, laquelle doit être réglée dans chaque cas particulier suivant les circonstances.

D'un autre côté, nous laisser aller à prendre des postures nonchalantes et peu convenables, lorsque nous sommes seuls, tend à jeter la dissipation dans l'âme et à affaiblir l'influence que la pensée de la présence de Dieu doit exercer sur nous. Soyons aussi sur nos gardes contre l'habitude, malheureusement trop commune, d'être toujours sur le point de commencer une chose, sans jamais la commencer en effet.

Cette funeste habitude use, ronge notre force morale, et nous fait gaspiller le tomps de notre vie. Nous restons oisifs aujourd'hui parce que nous avons un objet en vue pour demain, et il faut nécessairement attendre jusque-là pour nous mettre à l'œuvre.

Enfin, si nous nous surchargeons d'un trop grand nombre de prières vocales ou de pratiques extérieures, cette imprudence nous conduira au même résultat, c'est-à-dire à la dissipation. Nous serons toujours dans l'embarras et nous sentirons toujours pressés; ce qui produira bientôt en nous le dégoût et le découragement.
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Message  Monique Mar 16 Mar 2010 - 15:35

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Le manque de vigilance sur nous-mêmes à l'heure et à l'endroit des récréations, est une source de dissipation. La récréation est une chose dangereuse en soi.

En effet., pour nous faire du bien, elle doit nous distraire et nous dissiper en quelque sorte; et telle est l'importance de cette distraction, qu'une récréation sagement ménagée est un des plus puissants ressorts de la vie spirituelle; elle entretient dans l'âme une douce sérénité, et la prémunit contre les péchés de pensée.

Mais je me propose d'en parler plus tard. Il me suffira pour le présent de faire observer que le manque de vigilance sur nous-mêmes, dans le cours des récréations, est une cause de dissipation. On peut en dire autant des châteaux en Espagne, et de cet esprit de relâchement qui nous porte à désirer d'être dispensés de légères obligations et de règlements imposés par nous-mêmes ; car à quoi bon nous les imposer s'ils ne doivent pas être observés, et comment pourraient-ils l'être, si nous ne sommes plus réservés à l'égard des dispenses que nous pouvons nous accorder nous-mêmes, que lorsqu'il s'agit d'en demander à une autre personne?

Les conséquences de cette dissipation sont malheureusement trop connues, pour qu'il soit nécessaire d'en parler longuement ici. En première ligne, il faut placer le mécontentement de soi-même, qui est le ver rongeur de toute dévotion. De là naît en nous une susceptibilité inquiète, un désir jaloux de nous justifier, par suite duquel nous sentons que la faculté de prier s'est retirée de nous, comme nos forces nous abandonnent pendant une maladie.

A cette malheureuse disposition succède une véritable mauvaise humeur, dont une heure suffît pour nous faire perdre le fruit de semaines entières de luttes et de progrès. A ce sentiment se joint une violente tendance à juger et à censurer les autres. Ou si la grâce est assez forte pour nous préserver d'erreurs aussi graves, la dissipation trouve néanmoins mille moyens pour nous faire sentir sa funeste influence. Tantôt elle multiplie les distractions dans le cours de nos prières; tantôt enfin elle nous pousse à remplir nos devoirs sans zèle, et nous inspire du dégoût pour la pénitence.
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Message  Monique Jeu 18 Mar 2010 - 4:00

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Le second développement de la paresse spirituelle est la tristesse et l'abattement de l'esprit. Il n'est pas rare d'entendre des personnes pieuses parler de cette tristesse comme d'une épreuve intérieure qui leur donne de l'importance, ou destinée du moins à éveiller en leur faveur la sympathie, la générosité, et la commisération des autres; tandis que dans la plupart des exemples de ce genre, on peut dire sans crainte de se tromper qu'aucun état de la vie spirituelle ne représente une aussi grande somme de péchés véniels et de misérables imperfections que cette même tristesse.

Ce n'est pas de l'humilité, car elle nous dispose plutôt à la plainte qu'à la patience ; ce n'est pas du repentir, car ce que nous ressentons est plutôt un secret dépit contre nous-mêmes qu'un véritable regret d'avoir offensé Dieu.

L'amour-propre est la source de notre tristesse. Nous sommes tristes, parce que nous sommes fatigués de bien faire et de vivre strictement. Le grand secret de notre joie était la sollicitude, la diligence que nous mettions à éviter les péchés véniels, et l'adresse ingénieuse avec laquelle nous les combattions.

Aujourd'hui, nous sommes devenus pus négligents sur ce point ; et voilà pourquoi nous sommes tristes. S'il est vrai que nous nous efforçons encore, avec autant de persévérance qu'autrefois , d'éviter le péché actuel, cependant nous n'avons plus le courage de fuir une multitude de lieux et de circonstances agréables que nous savons devoir être pour nous autant d'occasions de péchés véniels. Nous nous contentons de ressentir intérieurement une vague assurance que nous ne succomberons pas ; et en même temps la lumière de la face de Dieu pâlit à nos yeux, et la source de joie cesse de couler au dedans de nous. Nous désirons être loués, et nous nous attristons si l'on ne nous remarque pas. Nous cherchons dans la publicité la consolation, le repos et la satisfaction. Nous voulons que tous ceux qui nous sont chers sachent ce que nous sentons et ce que nous souffrons, ce que nous faisons ou ce que nous méditons.

Le monde est pour nous comme un rayon de soleil, et nous venons nous y chauffer. Pourquoi donc nous étonner que nous soyons tristes? Combien y a-t-il d'âmes qui cherchent dans la voie spirituelle leur propre avancement plutôt que Dieu, et qui ne se doutent pas de leur erreur? Peut-être est-il vrai de dire que nous n'arrivons jamais dans la voie des progrès à un point qui, d'abord, nous semblait facile à atteindre. Nous restons toujours au-dessous du but que nous nous sommes proposé. C'est là encore une autre source de tristesse. Mais de quelque manière que nous envisagions cette déplorable disposition, nous trouverons que la cause cachée qui en amène les différentes phases est l'absence de mortification, et surtout de mortification extérieure. En un mot, a-t-on jamais observé dans des personnes qui aspiraient à la perfection une tristesse spirituelle qui ne provînt pas soit du manque d'humilité, soit de l'habitude de faire leurs actions sans les rapporter à Dieu ?
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Message  Monique Ven 19 Mar 2010 - 3:39

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Quant aux conséquences de la tristesse, elles sont terribles. Il n'est rien qui donne au démon autant de puissance sur nous : le péché mortel même sert souvent bien moins les intérêts de l'enfer.

La tristesse rend amer ce qui est doux, et convertit les remèdes de la vie spirituelle en véritables poisons. Sous son action délétère, nous devenons si délicats, que nous sommes incapables de souffrir, et que nous tremblons à la seule pensée d'une mortification corporelle.

Le courage, qui nous est si nécessaire pour croître en sainteté, sort de nous comme l'eau suinte d'un vase poreux, et nous devenons timides et passifs là où nous devrions être pleins d'activité et d'ardeur. La vue de Dieu est voilée à notre âme, et chaque jour que se prolonge cet accès de tristesse, nous voit nous enfoncer plus profondément dans l'abîme, et descendre si bas, que désormais nulle consolation raisonnable ne saurait nous atteindre. Quelque forte que paraisse une pareille expression, il n'y a rien d'exagéré à dire que la tristesse spirituelle est une tendance vers l'état de Caïn et de Judas.

L'impénitence de l'un et de l'autre fut le résultat d'une tristesse qui provenait du manque d'humiliié, lequel était la conséquence d'avoir agi en vue de soi-même plutôt qu'en vue de Dieu. Surtout veillons avec soin à ce que la tristesse ne nous éloigne pas de nos communions régulières, ou des mortifications que nous pouvons être dans l'habitude de pratiquer. Nous devons, au contraire, nous y attacher avec une fidélité nouvelle, parce que nous sommes tristes; et il ne serait pas prudent d'apporter un changement quelconque à nos habitudes de piété, tant qu'un nuage couvre nos yeux. L'exactitude à remplir nos devoirs secondaires nous offrira une merveilleuse source de joie; et quelques mortifications, peu nombreuses et peu sévères, mais continuées avec persévérance, suffiront pour éloigner l'esprit malin. Ne négligeons aucune occasion de céder aux autres; car de pareilles concessions adoucissent le cœur et apportent avec elles l'esprit de prière.

Ayons soin aussi de faire de l'emploi de notre temps le sujet d'un spécial examen de conscience, et d'avoir toujours sous la main un livre commencé ou une occupation quelconque pour remplir nos moments de loisir. Surtout ne laissons pas refroidir notre dévotion à la sainte Vierge, à laquelle l'Eglise donne le nom si doux de « cause de notre joie; » nous devons regarder comme perdue toute journée où nous ne l'aurons pas invoquée sous ce titre. Enfin, il faut considérer non-seulement l'acte que nous faisons, mais encore le temps que l'obéissance nous assigne pour le faire, soit que nous obéissions à une résolution que nous avons prise nous-mêmes, à notre règle, à notre famille ou à notre directeur; car la vertu miraculeuse de l'obéissance résilie souvent dans les circonstances qui accompagnent un acte quelconque plutôt que dans cet acte lui-même : c'est ainsi que la vie spirituelle consiste moins dans un assemblage de certaines actions, que dans la manière dont nous faisons toutes nos actions.
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Message  Monique Sam 20 Mar 2010 - 2:28

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A ces deux espèces de paresse, c'est-à-dire à la dissipation et à la tristesse, il faut en ajouter une troisième : c'est une sorte d'apathie ou de langueur universelle qu'il est très-difficile de décrire, mais qu'il suffira d'esquisser pour que chacun puisse la reconnaître. Il y a longtemps que nous n'avons pu voir clairement au dedans de nous-mêmes. Nous nous sommes perdus de vue, et nous continuons notre pèlerinage comme des gens qui conduisent un char dans l'obscurité.

Puis soudain arrive un événement qui nous réveille en sursaut, et nous rend le sentiment de notre véritable position..Nous trouvons alors que nous prenons sans cesse de nouvelles résolutions que nous violons sans cesse. Ces résolutions constituent tous les jours une partie de notre prière du matin, et dans le cours de quelques heures elles s'effacent de notre esprit aussi complètement que si elles n'y avaient jamais été gravées.

Lors même que nous venons à y réfléchir, et que nous faisons quelque léger effort pour les mettre à exécution, nous trouvons qu'elles sont molles, entièrement dénuées de force et de vie. Nous ne fermons pas précisément l'oreille aux inspirations que nous recevons à toutes les heures du jour, mais nous tardons à les mettre à exécution. Alors qu'arrive-t-il?

Le temps se passe, un devoir nouveau nous appelle, et il est trop tard pour remplir l'autre. De sorte qu'en général nous négligeons de correspondre à la plupart des inspirations que nous recevons.
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Message  Monique Mer 24 Mar 2010 - 2:58

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Jusqu'ici nos affaires vont assez mal. Mais à ces faiblesses il faut encore ajouter un sentiment physique de notre impuissance à faire un effort quelconque. Il semble que ce soit là une chose qu'on ne doive même pas songer à nous demander; et ce qui en réalité n'est qu'une maladie morale revêt toutes les apparences et toutes les sensations qui accompagnent une indisposition physique, et ne tarde pas à en amener une.

Nous commençons alors à rester indifférents à la voix de notre conscience, à ses avertissements les plus sérieux; nous ne recevons plus qu'avec impatience et mauvaise humeur les conseils, les avis et toute tentative pour nous ramener aux idées de la vie spirituelle. Tout ce que font les autres nous paraît hors de saison et dénué de bon goût. Sans rime ni raison nous éprouvons une sorte de dégoût général pour les hommes et les choses, et nous nous laissons aller à cet esprit d'irritabilité fantasque qui caractérise le paralytique. Il semble que la vie soit usée, et que nous soyons arrivés à la fin de toute chose.

On dirait que nous avons percé les couches supérieures qui composent la surface de l'existence, et que nous sommes descendus dans ce que Bossuet appelle l'inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine.

Dans cet état, ce n'est pas seulement avec distraction, c'est avec négligence que nous faisons nos prières; il n'est pas jusqu'aux sacrements que nous ne traitions avec une sorte de nonchalante irrévérence et de familiarité à laquelle on ne peut songer sans effroi. Les choses en sont venues à ce point qu'on nous croirait possédés de l'esprit de dégoût et de paresse; c'est comme si nous avions perdu la faculté d'être sérieux, et que nous soyons frappés d'engourdissement ou en proie à un accès, du moins en ce qui concerne les choses spirituelles.

Tel est l'état où la dissipation mène infailliblement, et si nous avons eu le malheur de ne pas nous opposer à ses premiers progrès et que nous gémissions actuellement sous sa tyrannie, relevons-nous et agissons avec autant de vigueur que si nous étions tombés dans un péché mortel.
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Message  Monique Jeu 25 Mar 2010 - 4:51

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Il est une quatrième sorte de paresse spirituelle, qu'on pourrait appeler une énergie oiseuse, et qui est la tentation ordinaire des hommes doués d'une grande activité d'esprit; car, ainsi que je l'ai dit précédemment, la paresse a des charmes pour tout le monde, mais elle revêt diverses formes, selon les différents caractères.

Il n'y a rien dans la récréation qui nous empêche de nous unir à Dieu ; mais il y a une foule d'occupations non méritoires au milieu desquelles nous pouvons perdre notre temps, et dans lesquelles il est presque impossible que nous ayons une ferme et distincte intention de glorifier Dieu. Il serait difficile de citer des cas particuliers; mais tout le monde sait qu'il y a une immense différence entre se récréer et perdre son temps, et qu'on perd plus souvent son temps à faire des choses inutiles ou puériles, qu'à ne rien faire du tout. Il y a plusieurs sortes de lectures qui, sans être mauvaises en elles mêmes, deviennent néanmoins, en vertu de certaines raisons qui s'appliquent à nous seuls, des sujets de dissipation, et nous préparent des distractions dans le cours de nos méditations.

Plus tard elles serviront d'aliment à des tentations à venir, et leur fourniront des images propres à les entretenir, tandis qu'elles deviendront pour nous une source de dangers en nous remplissant de mille notions inutiles. En dépit de la conviction de notre intelligence que de pareilles lectures ne sont pas coupables, nous ne pouvons nous défendre de certains reproches intérieurs, qui, si nous étions ce que nous devons être, suffiraient pour nous en détourner.

D'un autre côté, aujourd'hui que la poste transmet les lettres si rapidement et à si peu de frais, nous devrions mettre dans notre correspondance plus de discrétion que nous n'en mettons ordinairement. Vais-je trop loin en disant que chaque lettre que nous écrivons est une ouverture par laquelle s'écoule quelque peu de la séve de notre spiritualité? Et s'il en est ainsi, ne devrions-nous pas nous faire une loi de ne jamais écrire des lettres inutiles, c'est-à-dire dont les affaires, les convenances sociales ou l'affection ne nous font pas un devoir impérieux?
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Message  Monique Mar 30 Mar 2010 - 0:52

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Le temps est précieux, nous n'en avons que peu à notre disposition, et pourtant combien d'heures sont consacrées à écrire des lettres par des personnes qui prétendent qu'on ne saurait leur reprocher leur correspondance, parce qu'elles y trouvent, disent-elles, une véritable mortification !

Les attachements se multiplient et se développent à l'aide des lettres, tandis que nous augmentons ainsi le nombre des objets de notre sollicitude, que nous y trouvons une foule de nouvelles raisons pour justifier notre impatience, et que nous resserrons par ce moyen les liens de la famille dont l'amour, poussé jusqu'à l'idolâtrie, a déclaré de nos jours une guerre acharnée à l'esprit mâle et ferme de la sainteté chrétienne.

L'habitude d'écrire des lettres développe encore notre tendance naturelle à exagérer. Nous faisons usage d'expressions forcées, et de notre style l'exagération ne tarde pas à passer dans nos sentiments. Nous nous formons ainsi une idée fausse des choses; nous nous laissons bouleverser par des événements de peu d'importance, ou bien nous attendons avec une vive anxiété un résultat futile.

Le manque de véracité est une autre conséquence inévitable d'une correspondance excessive; car exagérer les petites choses, c'est ne pas être vrai Les sacrements et la prière perdent leurs proportions naturelles et légitimes, quand nous nous montrons si curieux, si décisifs, si communicatifs à propos d'enfants, de maisons, de visites , de plans pour l'été et de projets pour l'hiver. Nous faisons de nos lettres autant de romans dont nous sommes les héros, et nous fardons la vie parce que sous ses traits naturels elle nous apparaît la plupart du temps pâle et malsaine. Si nous nous avisons de traiter dans nos lettres des matières religieuses, c'est pire encore, car alors elles sont pleines de médisances, de frivolités et de bavardages plus ou moins spirituels.
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Message  Monique Mer 31 Mar 2010 - 4:19

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Bâtir des châteaux en Espagne, forme une autre branche de cette oiseuse industrie, et ce n'est pas la partie la plus innocente. Un homme s'est-il jamais surpris à bâtir un château en Espagne, sans chercher à l'exploiter au profit de sa vanité ou de son orgueil?

Peut-on passer une heure à répandre de magnifiques aumônes en esprit, à porter mille croix avec héroïsme, à souffrir le martyre, à évangéliser des pays entiers, à construire des églises, à fonder des hôpitaux, à entrer dans des ordres soumis à une règle sévère, à se préparer une mort édifiante, à opérer des miracles sur sa propre tombe, sans que, quelque religieux qu'on soit, on ne devienne nécessairement plus vain et plus sot qu'on n'était une heure auparavant?

On acquiert ainsi l'habitude d'admirer ce qui est bien sans chercher à le mettre en pratique. C'est pire que de lire des romans, car on est alors auteur en même temps que lecteur. On s'enivre de vanité et de sentiment.

Ce funeste amusement donne à toutes nos actions une apparence de puérilité, et ôte toute dignité à nos pensées, à nos sentiments, à nos desseins. Ne soyez pas surpris si j'emploie une expression aussi forte ; l'habitude de bâtir des châteaux en Espagne désole et pervertit une âme.

Cela est vrai, à la lettre. Il semble que sur cette malheureuse âme ait passé une de ces éruptions destructives qui flétrit toute fraîcheur, toute verdure, tout fruit, et ne laisse derrière soi qu'une langueur vaporeuse, une humeur fantasque, et un invincible ennui à l'égard des choses de Dieu.
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Message  Monique Jeu 1 Avr 2010 - 3:54

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La mauvaise disposition de nos récréations est une chose assez grave pour constituer une cinquième espèce de paresse spirituelle. J'ai déjà dit que les récréations occupent une place d'une importance immense dans la vie dévote.

La tradition tout entière de l'Écriture est en faveur de cette doctrine; et je doute qu'il existe une maison religieuse où la stricte observance de la règle se soit conservée pendant un certain temps sans les récréations qui sont traditionnelles dans chaque ordre. Car un ordre sans tradition est un ordre sans vie, ou du moins il lui manque la plénitude de la vie et la maturité. Il est mort, ou bien il est encore dans son enfance. Il semble étrange à l'homme du monde que la récréation soit obligatoire dans les maisons religieuses; toutefois, s'il en est ainsi, c'est en vertu de cette sagesse céleste qui a présidé à toutes les législations monastiques.

Mais dans le monde, la récréation offre bien plus de difficultés, parce qu'on ne saurait lui assigner qu'un petit nombre de règles. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'il importe de bien se rendre compte du genre de récréation auquel on se livre. Il faut qu'il soit en harmonie avec notre condition, et aussi avec le degré particulier d'avancement que nous avons atteint dans la vie spirituelle. Il doit encore être conforme à notre caractère naturel, et ne pas nous jeter dans des compagnies qui pourraient porter préjudice à nos âmes.

Quel est le degré de récréation qu'il convient de prendre; voilà encore un autre problème. Ne perdons point de vue la gloire de Dieu, et ayons soin de toujours entretenir en nous une crainte salutaire et modérée de la dissipation. Surtout que la récréation vienne en son temps : prise hors de l'heure convenable, elle nous fait toujours perdre la grâce.
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Message  Monique Mar 6 Avr 2010 - 2:48

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Il serait difficile d'exagérer les avantages des récréations bien distribuées. L'esprit ne peut pas être toujours tendu. Il faut parfois relâcher la corde de l'arc, autrement il se brisera.

Or, une récréation sagement ménagée remplit trois fins : elle nous aide à conserver toutes les grâces déjà acquises sans en laisser échapper la moindre parcelle, sans permettre que le moindre degré de ferveur s'évapore. L'amour de Dieu passe du travail dans la récréation; c'est ainsi que l'habitude du recueillement subsiste dans son intégrité, et que nous demeurons aussi près de notre Père céleste dans nos amusements, que dans nos travaux et dans nos épreuves.

En second lieu, non-seulement la récréation contribue à lier le passé au présent et à en conserver l'esprit, mais elle nous procure aussi la force et la fraîcheur, le courage et la promptitude qui doivent nous servir à l'avenir. Les grâces que nous avons reçues portent leur fruit et nous rendent plus avides d'en recevoir de nouvelles.

On dit que les enfants grandissent beaucoup plus dans leur sommeil que pendant le temps qu'ils sont éveillés. Il en est de même de nous pendant nos récréations : telle est leur troisième fonction. Nous croissons durant ce temps : nous ne restons pas stationnaires. Ainsi, la récréation n'est pas seulement un bienfait à venir, c'est un bienfait présent, parce que c'est dans le présent que nous croissons. Elle nous rend plus joyeux; et tout ce qui nous fait trouver la joie dans la dévotion augmente nos forces. Ce serait déjà un immense avantage si la récréation ne faisait que nous tenir éloignés du péché, en remplissant et en occupant les heures de loisir durant lesquelles l'infirmité de la nature humaine nous force de détourner notre attention directe des choses religieuses. Nous lui devrions d'être préservés de mille pensées coupables ou au moins inutiles qui jettent la dissipation dans l'esprit et dans le cœur.

Mais ce n'est là qu'une faible partie des services qu'elle nous rend. Ses fonctions ne sont pas moins importantes dans la vie spirituelle que celles du sommeil dans la vie matérielle; et, comme le sommeil, la récréation exige d'être soumise à des lois sages, réfléchies et inflexibles.
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Message  Monique Mer 7 Avr 2010 - 4:08

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

Je terminerai ce que j'ai à dire sur ce sujet, par un avis de Scaramelli. Si notre esprit nous demande des choses imparfaites, telles que des diversions, des entretiens ou des soulagements superflus, que n'exigent ni notre santé ni l'accomplissement des devoirs de notre état, les lois de la perfection nous ordonnent de nous mortifier sous ce rapport.

Je sais bien que ces récréations forment l'aliment de ceux qui sont faibles d'esprit (l'Apôtre dit que celui qui est faible se nourrisse d'herbes): en effet, privés des consolations que la grâce apporte aux âmes pures, ils cherchent dans les consolations terrestres de quoi apaiser la faim et l'ennui qui les dévorent.

Richard de Saint-Victor dit que l'homme puise dans sa propre nature une nourriture pleine de douceur, et qu'il trouve un autre aliment dans les causes accidentelles, telles que la prospérité et le succès. Mais ce n'est pas là la nourriture spirituelle que Jésus-Christ prenait pour se rafraîchir. Néanmoins c'est l'aliment des imparfaits, l'herbe des faibles : parfois c'est une nourriture salutaire, car elle adoucit et guérit en partie cette maladie, qu'on appelle l'apathie, et dont l'âme souffre quand la grâce lui fait défaut.

Mais les personnes qui tendent sérieusement à la perfection doivent se priver de ces récréations inutiles, afin de se disposer à recevoir de Dieu une plus grande abondance de grâces et de célestes bénédictions. Si notre esprit nous demande, sous le rapport de la nourriture, du sommeil, des vêtements ou de la récréation, quelque concession nécessaire à la conservation de notre vie ou de notre santé, à l'accomplissement régulier de nos devoirs, une concession que l'obéissance, les convenances et la raison exigent également, il faut nous rendre à un besoin aussi impérieux et nous accorder les récréations nécessaires.

Mais dans des circonstances de ce genre, un homme vraiment spirituel doit avoir soin de purifier son intention , et de se protester à lui-même qu'il ne cède qu'à son désir de faire la volonté de Dieu, et non à ses propres inclinations, qu'il cherche à plaire au Seigneur, et non à se complaire à lui-même.

Une concession semblable paraît être faite aux instincts de la nature plutôt qu'aux affections de l'individu; et tout en s'accordant à soi-même certains relâchements, on peut arriver à combattre ses goûts personnels, et à ne rechercher que la volonté et le bon plaisir de Dieu.

C'est ainsi que l'esprit humain voit tous ses appétits satisfaits, sans que cette satisfaction arrête en aucune façon nos progrès spirituels. Je sais que cette théorie est difficile à mettre en pratique, mais saint Bernard dit que nous n'avons qu'à nous reposer avec confiance entre les bras de Dieu, et que tout se fera aisément, ainsi qu'il est écrit : « Je puis tout dans celui qui me fortifie. »
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Message  Monique Jeu 8 Avr 2010 - 3:45

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

Une profonde indifférence en ce qui concerne l'emploi de notre temps constitue une sixième manifestation de la paresse spirituelle.

L'emploi du temps est un vaste sujet, et d'une importance infiniment plus grande qu'on ne le suppose généralement pour les personnes qui tendent à la perfection.

Bellecius, dans son ouvrage sur la Solide Vertu, consacre un chapitre entier à l'habitude de se lever de bonne heure, ce qui n'est qu'un cas isolé de l'emploi du temps. Il faut nous rappeler que c'est par le temps qu'on arrive à l'éternité, qu'il est à la fois précieux et irrévocable, et que nous aurons un compte sévère à en rendre au dernier jour. Il y a bien peu de fautes qui soient irréparables, mais il faut avouer aussi que la perte du temps en est une ; et si nous considérons combien il est facile de succomber aux tentations de ce genre, si nous observons le nombre des chutes, le silence dans lequel elles sont ensevelies, l'attrait qu'elles présentent, nous commencerons à envisager le danger dans toute sa réalité.

D'ailleurs, quand une fois la paresse s'est attachée à nous, elle devient une véritable tyrannie, un esclavage dont les chaînes se font sentir chaque fois que nous remuons un membre, et lors même que nous restons tranquilles. C'est aussi une captivité qui n'est pas sans charmes, et d'autant plus dangereuse qu'elle est plus douce. Mais le trait le plus funeste du caractère de la paresse, c'est qu'elle est si propre à nous faire illusion.

Un homme paresseux ne se doute de son état que dans les intervalles lucides où la grâce l'éclaire. Personne ne voudrait croire avec quelle rapidité se développe l'habitude de perdre le temps. Il faut pour s'en débarrasser des efforts violents et persévérants dont peu de gens sont capables. En attendant, l'espace qui sépare cet état de la tiédeur est bientôt franchi. Chaque heure apporte son tribut à cet amas de négligences de tous les instants qui pèse sur l'âme et qui l'entraîne, tandis que nous voyons à chaque moment s'augmenter d'une manière terrible le compte qu'il nous faudra rendre à la justice divine.

C'est ainsi que notre vie est tout l'opposé de celle de Dieu. La minutieuse attention avec laquelle il nous surveille offre un terrible contraste avec l'oubli moitié volontaire, moitié involontaire où nous le laissons, et avec notre insouciance pour lui. Je doute qu'un emploi strictement consciencieux du temps puisse jamais, comme tant d'autres perfections spirituelles, devenir une habitude. Le temps est, selon moi, une chose qu'il ne faut pas perdre de vue un seul instant dans tout le cours de la vie. C'est un courant dont chaque flot emporte avec soi un témoignage qu'il se hâte d'aller déposer avec une fidélité inaltérable dans cet océan qui entoure le trône de Dieu.
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Message  Monique Ven 9 Avr 2010 - 3:57

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

On tremble à la pensée de saint Alphonse, qui fit le vœu solennel de ne jamais perdre un moment de son temps. On sent qu'un homme, qui poussait aussi loin l'humilité et la discrétion, en osant prendre sur lui un tel engagement, devait nécessairement finir par être placé sur les autels de l'Église.

Le septième et le dernier développement de la paresse spirituelle c'est l'intempérance de la langue. Thomas-à-Kempis nous apprend qu'il n'est jamais rentré dans sa cellule après une conversation, sans se sentir plus imparfait qu'il n'était avant d'en sortir; et un autre homme non moins saint avait coutume de dire qu'il ne s'était jamais repenti de s'être tu, tandis qu'il avait rarement rompu le silence sans en avoir été fâché ensuite.

Comme cette parole nous explique le mystère de la vie des saints! Dans la spiritualité, lorsqu'une âme fatiguée cherche quelque repos ou récréation illicite, elle ne saurait trouver de soulagement plus funeste, après les écarts de l'imagination que l'abus de la conversation, et c'est là une des tentations les plus ordinaires. Certaines gens sont tentés d'exercer leur loquacité avec quiconque veut bien les écouter; d'autres ne s'adressent qu'à certaines personnes dont les sympathies leur sont assurées, et avec lesquelles échanger leurs confidences c'est reposer leur esprit; d'autres encore ne sont tentés de parler qu'en dehors du temps opportun et sur des sujets peu convenables, tantôt sous l'influence du démon, tantôt sous celle de l'esprit humain.

On peut poser en principe général que dans une personne spirituelle toute effusion de cœur est condamnable, à moins qu'on ne s'épanche dans le sein de Dieu; mais en dehors de là il faut s'en abstenir rigoureusement, quel qu'en soit l'objet, Dieu ou un être indifférent. Il n'y a pas de choix à faire. Le mal consiste dans l'effusion. Nous nous imaginons que nous diminuons ainsi les tentations. Jamais il ne fut de plus grande erreur. Excepté dans le cas de certaines tentations, nous puisons des forces nouvelles dans la solitude, tandis que l'effusion nous affaiblit et nous énerve.

Les personnes pieuses, avant de commencer à ressembler aux saints, sont notoirement adonnées à l'intempérance de la langue; et c'est souvent ce vice qui retarde l'heure où leurs traits se forment à la ressemblance des saints ou les empêche de faire aucune espèce de progrès.
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Message  Monique Lun 12 Avr 2010 - 21:04

DE LA PARESSE SPIRITUELLE

On voit que chacune de ces sept manifestations de la paresse spirituelle pourrait faire le sujet d'un petit traité; mais j'en ai dit assez pour la fin que je me propose. La perfection est difficile dans le monde, et elle y rencontre de terribles obstacles. Plus que toute autre chose, la paresse arrête la croissance dans la sainteté, parce qu'il est presque impossible aux personnes du monde de n'être pas paresseuses.

Tout ce qui nous entoure n'est que pusillanimité et exagération. Les idées dont le courant nous entraîne sont étroites et basses. L'air que nous respirons est chargé de langueurs. Les types que nous avons sous les yeux ne sont que de pompeuses folies.

De la religiosité sentimentale, nous n'en manquons pas; de la fatuité religieuse, nous en avons plus qu'il n'en faut ; mais, de la saine mortification, de la dévotion sincère, il y en a moins qu'on ne le croirait possible, si le fait n'était malheureusement trop certain.

C'est ainsi que tout aboutit à nous rendre paresseux et inutiles. On a souvent observé que les religieux des deux sexes sont d'une gaieté remarquable. Ils doivent ce précieux avantage en grande partie à la règle et à la vie de communauté qui les garantissent de la paresse et de l'oisiveté.

Quant à nous, qui n'avons pas de pareils secours à notre disposition, nous avons beaucoup plus à redouter de la part de ce dangereux ennemi. Il est de fait que le péril auquel nous expose la paresse, ainsi que les funestes conséquences de ce vice, doivent être mis au rang des circonstances principales qui caractérisent toute tentative pour arriver à la perfection dans le monde. Nous avons déjà trouvé que, pour arriver à la perfection dans le monde, il faut suppléer à l'absence d'une règle religieuse par une pratique spéciale de la vertu de patience.

Maintenant nous saurons qu'il faut y ajouter une attention plus qu'ordinaire à faire un sage emploi de notre temps, à ménager avec discrétion nos récréations, afin de faire face aux dangers contre lesquels les religieux sont si heureusement prémunis par une vie de communauté instituée et réglée par un saint fondateur. Il faut que la paresse soit un des principaux ennemis contre lesquels nous dirigions nos coups; autrement nous n'arriverons jamais à cette perfection que les saints nous disent être à la portée des gens du monde.


FIN
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