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Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion du Concordat. (complet)

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Message  Louis Dim 21 Aoû 2011 - 21:06

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Cherchez encore ici des différences, ce n'en sera pas moins ces faits et ces décrets que les catholiques anglais vous produiront pour démontrer combien leurs pères étoient persuadés qu'au pontife romain appartenoit toute l'autorité ecclésiastique nécessaire pour établir, changer et transférer les évêchés et les métropoles. ( Id. 1. 13 , c. 12. )

Leurs théologiens les plus estimés, et leurs prêtres les plus révérés, ne vous en ont pas moins fait observer que « saint Grégoire, envoyant dans leur île, n'eut égard ni aux limites des vingt-huit anciens diocèses de ces contrées, ni aux droits métropolitains de Caer-Léon transportés à Saint-David, ni à ceux des autres métropoles, soit en Angleterre, soit en Ecosse, soit dans le pays de Galles. »

De la situation ancienne de leur église, et de celle où se trouvoit la nôtre , ils n'ont pas moins conclu : « Si le pape n'a pas le droit de faire ces sortes de changemens dans la juridiction et la discipline , suivant que les circonstances l'exigent, il est évident qu'il manque à l'église une autorité proportionnée à ses besoins (1). »

D'autres révolutions, dans ces mêmes contrées, avoient sollicité de la part du pape l'exercice de la même autorité…

_______________________________________________________

(1)( An elucidation of his holiness. P. Pius VII. by the Rev. John Milner. )
A l'occasion encore de ces faits, M. Butler, pieux agiographe, théologien exact, et judicieux critique, insère dans la vie de saint Augustin une note savante, commençant par ces mots : « Le pape saint Grégoire savoit bien qu'il avoit le droit « de changer la juridiction des métropoles des églises particulières , lorsque les circonstances rendoient ces changemens nécessaires, ou extrêmement utiles. » St. Gregory knew that he had a power to altier the metropoliticat juridiction of particular churches, when circunstances made such an alteration necessary or exceedingly expedient. Et Bede,et tous les anciens historiens anglais, savoient aussi que cette autorité est dans le pape. ( V. sur-tout BEDE , l. I , Hist. angl. c. 19 et 27. )

Car tous rapportent ces mêmes faits comme ceux sur lesquels reposoit le rétablissement de leur église. C'est même sur les lettres de saint Grégoire, alléguées par le fameux Parker, devenu archevêque de Cantorbéry, que les droits de ce siège furent maintenus contre l'évêque de Londres. ( CRESSY , l. 13, ch. 13. ; l. 14, c. 32. ) Est-il donc étonnant que les catholiques anglais se soient en général montrés fort peu édifiés de la résistance que les douze évêques français réfugiés à Londres opposent encore à un pontife qui sans doute n'a pus sur leurs sièges moins d'autorité que saint Grégoire u'en avoit sur ceux d'Angleterre ?


(Note de Louis : Le début de la note (1) est en anglais. Si besoin est, nous la publierons.
Louis
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Message  Louis Ven 26 Aoû 2011 - 0:21

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

D'autres révolutions, dans ces mêmes contrées, avoient sollicité de la part du pape l'exercice de la même autorité; et nos canonistes et nos historiens propres ne vous avoient pas laissé ignorer que cet Henri VIII, premier auteur du schisme le plus désastreux, s'arrogeant tous les droits d'un héritier de Pierre, avoit pris sur lui d'ériger, et des chapitres et des évêchés. Les sièges épiscopaux de Glocestery de Chester, de Pétersboroug, d'Oxford et de Bristol , n'avoient pas d'autre origine : c'étoient évidemment les sièges du schisme et de l'intrusion , les sièges de l'usurpation et du démembrement des autres diocèses: cependant le vœu de ce bien , le premier de tous les biens, le vœu de rendre au peuple anglais, avec la religion catholique de ses pères, les moyens de salut, ce vœu seul fait passer par-dessus toute autre considération. Toutes ces distractions faites des autres diocèses, tous ces nouveaux sièges érigés par l'orgueil de Henri VIII, et tous les évêques ci-devant catholiques, mais institués évêques dans le schisme et par le schisme, tout cela est réhabilité par le cardinal Polus, en vertu des pouvoirs qu'il a reçus du pape Jules III, comme légat du siège apostolique; et tout cela est maintenu, approuvé, confirmé par le pape Paul IV. Episcopos religione catholicos, sed in schismate creatos, unà cum sex novis episcopatibus ab Henrico erectis confirmavit, eaque omnia à Paulo IV pontifice stabi(li)ri et confirmari curavit. ( Spondanus ad an. 1554, n.° 4. )

Nous avons entendu tes théologiens catholiques anglais vous opposer encore ces faits, et vous défier hardiment de citer, dans leurs révolutions, un seul théologien catholique contestant au pape le pouvoir qu'il exerçoit, ou un seul des évêques se plaindre d'une circonscription qui leur arrachoit une si grande partie de leurs diocèses. ( MILNER, ELUCIDATION., p. 41. )

Ils ont plus fait, ces vrais théologiens; pour prévenir tous les prétextes de résistance, ils ont mis sous vos yeux les pouvoirs donnés par le saint siège au cardinal Polus, et là vous avez lu : « Comme la nation avoit de grands besoins, le pape avoit aussi donné à son légat des droits très-étendus, et tels qu'on pouvoir les attendre du représentant de celui qui venoit chercher ce qui étoit perdu, lier ce qui étoit déchiré, réunir ce qui avoit été dispersé dans ces jours de ténèbres et d'orages. Le légat étoit autorisé à étendre son indulgence presque sur toutes les foiblesses et sur toutes les sortes de prévarications dont ces temps malheureux n'offroient que trop d'exemples. Ses pouvoirs s'étendoient avec la même latitude sur les personnes de tout état et condition , quant aux peines et censures encourues par l'hérésie, et par tous les crimes qui l'accompagnent ordinairement, tels que les sacrilèges, le parjure , les mariages défendus, la simonie, et autres choses semblables. La seule condition requise étoit un retour sincère à la foi catholique, et un vrai repentir de ses péchés , accompagné de l'absolution et d'une pénitence convenable. — Le cardinal avoit, entr'autres, le pouvoir d'absoudre, non-seulement les ecclésiastiques, soit séculiers, soit réguliers, et les évêques même , des censures et irrégularités encourues par le schisme, par l'hérésie , par des mariages sacrilèges, mais encore de les rétablir dans l'exercice de leurs fonctions. Il en étoit de même pour les intrus qui s'étoient ingérés dans les fonctions spirituelles, sur la simple autorité du magistrat civil ; et ce n'est pas là tout, »

le cardinal pouvoit légitimer les mariages qu'il aurait trouvé déjà contractés par des clercs séculiers, prêtres, diacres et sous-diacres, sans cependant pouvoir les admettre de nouveau aux fonctions ecclésiastiques (I).

Enfin…

____________________________________________________

(I) Ici, il est bon de lire le texte même de la bulle de Jules III
(Note de Louis: la bulle de Jules III est en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Ven 26 Aoû 2011 - 18:38

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Enfin « il étoit autorisé à statuer ce qu'il jugerôit convenable pour tranquilliser ceux qui seroient en possession des biens d'église, soit en imposant aux nouveaux possesseurs des conditions, soit sans conditions » suivant l'exigence des cas. » ( MILNER, ibid. )

Voilà ce que vous ont proposé les théologiens catholiques de ces contrées, que n'édifioit pas votre résistance. Vous leur demandiez des exemples, ils les ont choisis dans leurs propres annales; et vous en aviez sous la main les preuves incontestables. En vous les proposant nous-mêmes, nous ne changeons rien à la doctrine de nos pères. Nous vous montrons de grands sacrifices faits par le pape; nous ne voyons pas pour cela dans le pape le pouvoir d'user et d'abuser, et il ne prétend pas se l'arroger lui-même, Pour le salut des âmes, il sacrifie jusqu'à l'or du temple; il ne vous dit point pour cela : Cet or étoit à moi, et tout à moi. Le prince qui pactise pour son peuple, ne vous dit point qu'à lui et à lui seul sont les biens de ce peuple. Le prince des pasteurs sait qu'il est pour nous des biens plus précieux que tout l'or du temple; et il sacrifie ce qui passe, pour sauver ce qui ne doit jamais périr. Il a dit ce que vous disiez vous-mêmes au commencement de nos révolutions, et ce que vous disiez avec tant d'édification : Rendez-moi les âmes, et prenez tour le reste : Da mihi animas, cœtera tolle tibi. ( Genes. 14 , lett. de M. de Blois. )

Vous étiez alors ces évêques qui abandonnoient toutes les richesses de leurs églises, pourvu qu'on laissât la religion à leurs ouailles. (Voyez les différens dires de M l'évêque de Clermont à l'assemblée nationale.) Vous étiez ces tuteurs qui, dans la cruelle alternative de sacrifier l'héritage ou la vie de leur pupille, laissent là l'héritage, et font pour les jours d'un enfant chéri, ce qu'il feroit lui-même pour conserver sa propre existence. Ces mots seuls vous expliquent tous les sacrifices que fait le pape, et tous ceux qu'il attendoit encore de vous pour le salut des amés.

Mais ces sacrifices, il les fait à la force…
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Message  Louis Sam 27 Aoû 2011 - 1:08

Exemples de grands changemens opérés dans
les sièges épiscopaux après les révolutions.
(suite)

Mais ces sacrifices, il les fait à la force. -- Eh ! qui vous dit jamais qu'il pût les faire, s'il n'étoit pas forcé à les faire pour notre salut, et pour celui du peuple? Et vous-mêmes, à quoi les faisiez-vous, si ce n'est à la force des révolutions, à la nécessité de choisir entre le sacrifice et la perte de vos ouailles ?

Qui prétendit jamais que le pontife romain pût nous ôter nos anciens pasteurs, s'il avoit été maître de nous les rendre ; ou bien qu'il eût le droit de bouleverser tant de sièges, et d'établir le nouvel ordre de choses, s'il eût pu maintenir ou rétablir les choses dans leur ancien état ?

Mais comme on abuse de tout, et des équivoques même du langage, nous entendons sans cesse répéter : Le pape n'est pas libre, parce qu'il nous a dit :

« C'est avec douleur que nous l'avouons ; malgré toute notre sollicitude, malgré tous nos travaux; nous avons été forcé de céder à la nécessité des temps; nous n'avons pu pourvoir à la religion catholique qu'en vous demandant, à vous, ce sacrifice. »

On se fait une arme de ces expressions contre sa Sainteté. ( Mém. des évêques réf. en Angl., p. 97. )

On ne réfléchit pas qu'il est une nécessité de devoir qui ne fait qu'ajouter à l'obligation du sacrifice, comme il est une nécessité physique et de pure violence qui annulleroit le sacrifice même, parce qu'elle annulle la moralité même.

On ne réfléchit pas qu'il est une vraie impossibilité de mieux faire, qui n'en laissa pas moins, et la liberté et le devoir de faire ce qui reste au-dessous du mieux pour le salut du peuple. L'impossibilité physique pour le pape a été de mieux faire ; la nécessité de devoir a été de faire ce qu'il a fait, d'obtenir de vous le sacrifice, ou bien d'y suppléer pour le salut des âmes. Cette nécessité n'est donc ici que le devoir, qui suit presque toutes les grandes révolutions, de réparer autant qu'il est possible, et comme il est possible, le mal qu'elles ont fait.

Je dis presque toutes les grandes révolutions, car il seroit peut être difficile d'en citer une seule qui ait laissé les anciens sièges dans leur état antérieur. Ce sont ces révolutions qui tantôt nous montroient, sous le patriarche de Constantinople, plus de soixante métropolitains et plus de six cents évêques, tantôt les réduisoient à un petit nombre d'églises conquises ou reprises alternativement par les Grecs, les Sarrasins, les Français et les Turcs; ce sont les révolutions qui long-temps effacèrent des cartes de l'église les anciens patriarchats de l'Orient, qui ont fini par transporter celui d'Alexandrie au grand Caire, et celui d'Antioche à Damas; qui, de deux cents évêques sous la dépendance du primat de Carthage, n'en laissèrent que cinq presque sans dépendance dans cette immense église.

Vous vous trompez, si vous regardez dans nos contrées d'Europe la révolution du jour comme la première qui change ou qui transporte nos sièges épiscopaux, qui en crée de nouveaux. Le Nord et le Midi ont eu les leurs, et presque dans toutes vous verrez les papes appelés pour statuer ou confirmer tout ce qui étoit fait pour en réparer les désastres. ( V. THOMASS. Discp. Eccl. part, I , l. I , c. 39 et 57. ) Chez nous aussi vous trouverez des sièges alternativement métropolitains ou simples évêchés, d'autres fois transportés sous diverses métropoles. Ainsi que tout changeoît dans nos provinces, sous nos rois, sous des rois étrangers, sous les Visigots, sous les Sarrasins et les Normands, tout changeoit aussi pour les sièges d'Arles, de Vienne, d'Embrum, de Tarantaise, d'Aix, de Bourges, et bien d'autres. (Id., c. 44, et 57 )

A suivre :
Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
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Message  Louis Ven 2 Sep 2011 - 0:00

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.


Vous vous trompez sur-tout, lorsque vous prétendez que les variations, translations ou créations, reproductions de sièges opérées par les pontifes romains n'ont jamais été faites que sur la connoissance et sous le bon plaisir des évêques intéressés à tous ces changemens. On ne voit pas que saint Grégoire ait jamais connu ces lois prétendues essentielles, de ne rien faire dans une église sans le consentement de l'évêque. Il connoissoit les besoins des fidelles, cela lui suffisoit ; il ne prioit pas alors, il ordonnait, ou bien que les sièges fussent réunis, ou bien qu'ils passassent sous la sollicitude d'un nouveau pasteur (I).

Et combien d'exemples l'histoire de l'église ne pourroit-elle pas vous offrir de tous ces changemens, malgré l'opposition des prélats les plus intéressés ! Long-temps les archevêques de Mayence ont refusé de voir l'évêché de Prague démembré de leur métro pole; le pape Clément IV croit ce démembrement utile à l'église, et il l'opère, malgré toutes les oppositions de l'archevêque de Mayence. L'archevêque d'Hambourg, malgré la même résistance, voit London, en Danemarck, enlevé à sa juridiction par le légat du pape Urbain II; et London perd le même avantage sur Upsal, malgré la même répugnance; Hambourg finit par perdre le titre de métropole, transféré à Brème.

« Cet exemple, vous dira Thomassin, nous apprend qu'il y a des occurrences où l'on fonde de nouvelles métropoles sans l'agrément des anciens métropolitains, dont le ressort est diminué par ce partage. Cette violence peut être juste et raisonnable, parce que le refus des anciens métropolitains, peut être déraisonnable et injuste. » ( Part, I, l. I, ch. 45 , n.° 9.) Elle étoit du nombre de ces oppositions déraisonnables, celle du prélat de Wirtzbourg à la division de son évêché, pour l'érection du siège de Bamberg; elle fut regardée comme nulle, à la prière de l'empereur saint Henri. (Id. c. 58.)

Mais pourquoi chercher ailleurs des exemples que notre propre histoire nous fournit en assez grand nombre ?

Le prélat de Narbonne a beau représenter que son siège eut pendant quatre cents ans celui de Tarragone sous sa dépendance, il lui est arraché par Urbain II.

L'évêque et le clergé de Noyon n'épargnent ni protections, ni protestations pour empêcher les papes de rétablir l'évêché de Tournai, depuis plusieurs siècles réuni à leur siège.

Eugène III apprend que, faute d'un siège épiscopal, les habitans de Tournai souffrent des pertes irréparables ; il leur donne un évêque, malgré toute l'opposition de celui de Noyon, et il le leur donne à la sollicitation de saint Bernard. ( Id. c. 57. )

La résistance du prélat de Cambrai n'empêche pas le démembrement de son diocèse pour l'érection de l'évêché d'Arras. ( Id. c. 57. )

Et à quoi ont servi, dans la suite, les protestations de l'archevêque de Reims contre les décrets du pape Paul IV, érigeant en métropole l'évêché de Cambrai qui rele-voit de Reims ?

Les révolutions qui ont soumis au roi d'Espagne les Pays-Bas, triomphent de toutes ces protestations….

__________________________________________________

(I) GREG. Balbino episc. Indict. 9 , l. 1, epist. 15. ; PAULINO episc. ind. 10, epist. 13 , l. 2. ; BACAUDÆ episcopo Formiens. l. 1 , ind. 9, epist. 8.; JOAN, (e)pisc. Squillac, ind. 10, l. 2 , epist. 25...

(Note de Louis : les textes sont en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Ven 2 Sep 2011 - 17:13

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)

Les révolutions qui ont soumis au roi d'Espagne les Pays-Bas, triomphent de toutes ces protestations. Fondé sur les nouveaux besoins qu'ont fait naître ces révolutions, à la prière de Philippe II, le même pape érige en métropole Cambrai qui relevoit de Reims, Utrech qui dépendoit de Cologne, il institue de nouveau celle de Malines ; il soumet à ces trois archevêchés, non-seulement les évêchés d'Arras et de Tournai qui dépendoient encore de Reims,

« mais aussi treize autres évêchés de nouvelle création, ce qui ne se pouvoit faire qu'en démembrant le ressort de beaucoup d'évêchés » d'Allemagne. »

C'est Thomassin que je copie, et c'est lui qui ajoute :

« Ce changement ne put pas se faire sans beaucoup de plaintes et d'oppositions des églises intéressées dont on n'avoit pas obtenu le consentement.» (Id. c. 45.)

Cependant ce changement s'est fait, et a persisté jusqu'à ce que de nouvelles révolutions sont venues solliciter de nou¬veaux changemens. Cependant c'étoient des hommes puissans; c'étoient lès cardinaux de Lorraine et de Guise, successivement archevêques de Reims, qui nourrissoient les protestations; c'étoient eux qui fondoient leur opposition, non pas sur de prétendues lois essentielles et constitutionnelles inconnues à toute la théologie , mais sur ces lois de discipline portées les unes par les papes, les autres par les conciles.

Toute l'église, alors comme aujourd'hui, savoit que ces lois cèdent aux besoins des fidelles.

Toute l'église, malgré ces réclamations, reconnut les métropoles, et les treize nouveaux sièges érigés dans les Pays-Bas.

Personne alors ne s'avisa de contester la juridiction aux nouveaux évêques et à leur clergé; personne encore ne s'avisa d'aller demander des absolutions, ou le pouvoir d'absoudre dans les nouveaux diocèses, à leurs anciens évêques ; tout le monde catholique savoit alors que ceux que Pierre envoie sont envoyés par Jesus-Christ; que ceux que Pierre lie ou délie le sont par Jésus-Christ.

Par quel étrange bouleversement de la théologie voyons-nous aujourd'hui des prêtres qui arrivent à nous, prétendant nous lier, nous délier, absoudre ou retenir, malgré tous les décrets de Pierre ?

S'il faut encore à ces hommes-là des exemples d'un évêque délié malgré lui des soins d'un diocèse…
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Message  Louis Sam 3 Sep 2011 - 0:32

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)

S'il faut encore à ces hommes-là des exemples d'un évêque délié malgré lui des soins d'un diocèse et de son diocèse démembré malgré lui, qu'ils ouvrent encore leurs annales,

et là ils verront l'évêché de Toulouse, démembré de la métropole de Narbonne, érigé lui-même en métropole, et partagé en quatre diocèses, pour former les quatre évêchés de Saint-Papoul, de Rieux, de Lombez, de Montauban;

là, ils verront l'évêque de Toulouse, Gaillard de Preissac, tout neveu qu'il étoit du pape Clément V , non pas consulté, et consentant au démembrement de son évêché et à l'érection de son siège en archevêché, mats répugnant, autant qu'il est en lui, à ce démembrement, parce qu'il le prive de ses grandes richesses;

ils verront que le pape ne trouvant pas en lui les talens et les vertus d'un archevêque ne daignant pas même le conserver sur le siége de Toulouse, se contente de lui offrir en dédommagement l'évêché de Riez en Provence. Le prélat dépouillé aime mieux rester sans évêché, qu'accepter un siége inférieur à celui qu'il avait occupé jusqu'alors ; mais personne encore, malgré la répugnance de cet évêque, ne s'avise de contester la Juridiction à Jean Raimond, qui, assis sur le siège de Toulouse, en devient le premier archevêque (I). ( Fleuri, Hist. eccl. 1. 92, n.° 28. )

Mais quoi !...

____________________________________________________

(I) En général, plus on étudie toutes ces questions, plus on voit que sans doute les papes n'aimoient point à démembrer ainsi les diocèses, sans appeler et consulter les évêques intéressés. Cette conduite étoit sage et conforme aux canons ; mais la nécessité, la grande utilité une fois reconnue , les protestations des évêques étoient inutiles. Il n'en étoit pas de même de celles des souverains catholiques ; et la raison en est, non pas-dans la création ou dans le transport d'une juridiction purement spirituelle, qui ne dépend en aucun sens des princes temporels, mais dans les droits civils attachés aux évêchés, et qui toujours dépendent des chefs de l'état.

Ces égards pour les souverains faisaient même que l'on se passoit quelquefois de consulter les évêques ou archevêques dont on démembrait les métropoles ou les évêchés, lorsque ces évêques ou archevêques se trouvoient sous un empire autre que celui des nouveaux évêchés ou archevêchés, parce qu'on prévoyoit des oppositions fondées sur des inimitiés, des jalousies, des raisons politiques, bien plus que sur le véritable intérêt des fidelles. C'est là ce qui arriva lors de l'érection de tant d'évêchés dans les Pays-Bas, sous Philippe II, et ce qui rendit aussi inutile toute l'opposition des archevêques de Reims.
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Message  Louis Dim 4 Sep 2011 - 1:23

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)

Mais quoi ! c'est de la part de nos évêques français anti-démissionnaires que devoit naître cette prétention de conserver encore leur juridiction dans leurs anciens diocèses, malgré les nouvelles dispositions du Concordat ! Et c'est précisément en France qu'a été célébré celui des conciles où l'autorité du pape sur les évêques a été reconnue le plus solennellement, celui de Clermont, en l'année 1094.

Là , dans ce concile, étoient réunis les prélats de Lyon, de Bordeaux, de Tours, de Sens, de Reims, de Bourges , de Narbonne, plus de deux cents évêques ou archevêques d'Italie et d'Espagne, et sur-tout de France, et plus de quatre-vingt-dix abbés.

Là, Urbain II confirme les privilèges donnés par ses prédécesseurs au primat de Lyon, et lui soumet ceux de Reims, de Tours et de Sens , malgré l'obstinée résistance de ce dernier.

Là, il fait lire publiquement son décret sur la nouvelle érection qu'il a faite de l'évêché d'Arras, malgré l'opposition de l'évêque de Cambrai, prétextant l'antique réunion de cette église à son évêché. ( Fleuri, liv. 64, n.º 30. )

Là, le pape confirme encore les privilèges et exemptions de l'abbaye de Tours, malgré l'opposition de l'archevêque de cette ville.

« Là, il s'adresse ensuite à cet archevêque, à tout son clergé , à ceux qui le favori-soient, et à tous les pères du concile ; il les prie de parler librement, et de dire si, à l'autorité, à la prérogative qu'il exerce comme chef et pontife, de l'église romaine, ils ont à opposer quelque objection canonique. A ces mots, des murmures se font entendre de la part des intéressés; mais tout ce qu'il y a dans le concile de prélats modérés ou désintéressés, et ne cherchant que la justice, demande que la chose soit pacifiquement examinée. Urbain II, se levant sur son siège, commande le silence. On produit les décrets émanés sur l'autorité des pontifes romains, et il est hautement reconnu que l'héritier de Pierre , en vertu de son autorité apostolique, peut, lorsque la justice lui en montre la raison, faire deux évêchés d'un seul, comme il peut de deux n'en faire qu'un, et en agir de même à l'égard des abbayes et des autres congrégations; qu'il peut faire ces réunions ou divisions de la manière qui lui semblera plus utile; qu'il peut encore mettre diverses églises sous la juridiction et protection spéciale de l’église romaine ( par les immunités qu'il leur accorde ) , et qu'en cela personne n'a le droit de s'opposer à son autorité. C'est là ce que le pape démontre avoir été fait par ses prédécesseurs ; c'est là ce qu'il fait lui-même , et sur quoi toute contradiction cesse dans ce concile. »

Vous pouvez aujourd'hui tourner en prétentions exagérées l'autorité que développe ici le pontife romain : ce n'est pas là ce qu'y voyoient nos pères ; ce n'est pas là sur-tout ce qu'y voyoit ce canoniste si célèbre et si souvent cité parmi nous, ce Baluze, à qui nous devons la conservation de tant de précieux monumens de notre église. Ce qu'il a vu dans celui-ci, il vous le dit lui-même; c'est une conduite vraiment digne d'un pontife romain , c'est combien il est instructif sur la doctrine de nos pères , et spécialement sur celle de cet Yves de Chartres, que nous avons entendu reconnoitre, non moins que saint Bernard et tant d'autres docteurs, toute l'autorité du pape sur les sièges épiscopaux (I).

Que deviennent donc encore ici ces prétendues lois constitutionnelles, ces lois prétendues essentielles, défendant à l'héritier de Pierre de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connoissance et le consentement de l'évêque qui la gouverne ?...

____________________________________________________

(I) DICENTE fecit. ( Baluzii additio ad cap. 13, l. 4, de Concordia sacerd. et imp. Pet. de Marca. ) Tout cela seroit moins clairement exprimé dans ce monument; les faits parlent assez d'eux-mêmes; et voyez combien de faits, dans ce concile seul, vous montrent l'inutilité de l'opposition, quand le pape a jugé utile ou nécessaire de faire quelque changement à l'exercice de la juridiction des évêques, ou bien à leurs diocèses.

(Note de Louis : les textes sont en latin. Si besoin est, nous la publierons.)
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Message  Louis Lun 5 Sep 2011 - 2:04

Preuves par les changemens que les papes ont
faits dans les sièges épiscopaux, malgré les évêques.
(suite)


Que deviennent donc encore ici ces prétendues lois constitutionnelles, ces lois prétendues essentielles, défendant à l'héritier de Pierre de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connoissance et le consentement de l'évêque qui la gouverne ?

Vous le voyez, les papes les ont cherchées eux-mêmes ces lois; ils ont invité de nombreux conciles à les produire, et il a fallu en venir , dans ces conciles, à reconnoitre unanimement, nullo contradicente, que la grande loi étoit d'obéir à Pierre; que personne n'avoit droit de lui résister, quod nullus ejus auctoritati obviare posset, lorsque, dans sa sagesse, il jugeoit utile de créer, unir ou diviser les sièges des évêques.

Lecteur, voilà nos preuves; elles nous semblent assez nombreuses, assez directes et assez importantes; elles sont plus spécialement prises de notre église, de son histoire, de sa doctrine, de ses conciles. Nous savons à présent ce que la bonne foi et la justice exigeroient de nous, s'il étoit, ou bien s'il pouvoit être contre cette doctrine quelqu'autre chose que des prétextes, ou de vaines et futiles objections dont le préjugé seul, et le ton sous lequel on nous les présente, ont fait toute la force. Mais nous en prenons à témoins ceux qui ont vu, et lu, et étudié les défenses publiées par les évêques non-démissionnaires.

Ont-ils trouvé dans ces apologies un seul texte de quelque docteur catholique, de quelque saint, ou de quelque concile, nous disant que le pape, comme successeur de saint Pierre, n'a pas le pouvoir de lier ou de délier les évêques, comme il a le pouvoir de nous lier et de nous délier nous-mêmes; nous disant que le pape n'a pas le droit de créer, de transporter , de détruire, de réunir, ou bien de diviser les sièges épiscopaux lorsqu'il le juge utile ou nécessaire pour le salut des âmes ?

Cependant c'est là ce qu'il falloit nous montrer dans la doctrine de l'église, pour autoriser la résistance au nouvel ordre de choses établi en France par le Concordat.
A suivre :
Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.

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Message  Louis Mar 6 Sep 2011 - 22:44

Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.

Au lieu de ces preuves que nous cherchons en vain dans les apologies de l'insoumission, il faut en convenir, nous trouvons dans ces apologies bien des prétextes. On laisse de côté tout ce qui est vraiment statué par le Concordat, tout ce que fait le pape , pour nous entretenir de ce qu'il n'a point fait, de ce qui est resté parfaitement étranger au Concordat.

On nous parle des chaînes que nous laissent nos révolutions : mais pouvoit-on s'attendre, à l'issue de ces révolutions, à voir l'église rentrer dans toutes les prérogatives dont nous étions jadis si glorieux ?

Et ne faut-il donc plus nous occuper du salut des âmes, parce que nous n'avons ni ces richesses, ni ces distinctions qui jadis honoraient notre ministère?

Et sommes-nous donc moins redevables à Dieu, parce que les hommes nous donnent moins ?

Et faut-il donc toujours tant regreter ces grandeurs, dont l'abus peut-être n'a pas été la moindre cause de toutes nos pertes ?

On s'étonne de nous voir rentrer dans notre patrie avec la liberté indéfinie donnée à tant d'autres religions ; mais parce que les autres ont la liberté de prêcher l'erreur, faut-il que nous renoncions à celle de prêcher la vérité ? Et c'est de l'Angleterre et du nord de l'Allemagne que nous arrivent toutes ces plaintes !

On nous dit encore qu'il est parmi nous, et avec nous, des hommes dont les erreurs étoient publiques, et dont la conversion n'a pas même gardé le secret de l'hypocrisie. Nous savons gémir sur le sort de ces hommes, et nous tâchons de faire des conversions plus sincères. Mais alors même que vous étiez à la tête de nos églises, nos pasteurs n'étoient pas tous des Fénélon. Il étoit aussi parmi vous des dissensions. La foi des Fitz-James, évêque de Soissons, et des Montazet, archevêque de Lyon , étoit assez notoirement autre que celle des Lamothe d'Amiens et des Beaumont de Paris. Cependant vous n'aviez pas toujours la foudre en main , et vous ne disiez pas alors : Effacez , effacez tous ces dissidens du nombre des pasteurs.

Vous saviez alors, et nous ne pouvons pas oublier aujourd'hui, que les fautes et les erreurs même du pasteur ne lui font pas perdre dans l'ordre religieux une juridiction que le chef de l'église lui laisse, comme les fautes ou les erreurs du préfet ou du juge ne leur font pas perdre dans l'ordre civil une autorité que le chef du gouvernement n'a point révoquée.

Ces fautes, ces erreurs autorisent encore moins votre erreur propre, quand, dépouillés par votre chef de toute juridiction sur vos anciens diocèses, vous prétendez en user encore sur des fidelles qui ne sont plus vos ouailles. Et quand vous manquez vous-mêmes si essentiellement à ce que vous devez au pape, ce n'est pas trop à vous à reprocher à certains hommes d'avoir trompé le pape. Il vous croyoit persuadés, comme nous, que tout ce que Pierre a lié ou délié sur la terre, l'est aussi dans les cieux; et vous savez au moins étrangement restreindre ce que l'évangile nous dit sans restriction et sans exception de personne.

Sera-ce bien encore votre faute, si nous ne changeons pas nous-mêmes notre foi, pour commencer à croire que Pierre n'a jamais pu et ne pourra jamais, dans vos anciens diocèses, que ce qu'il vous plaira de lui permettre ?

Nous savons vos prétextes; et peut-être est-elle juste…
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Message  Louis Mer 7 Sep 2011 - 15:55

Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.(suite)

Nous savons vos prétextes; et peut-être est-elle juste l'indignation qui vous anime contre ces hommes dont la conversion n'auroit été qu'une affreuse simulation. Mais saint Cyprien aussi étoit cruellement trompé par de fausses conversions (I); et cependant, an lieu d'exaspérer le peuple, malgré tout le courage qu'il opposoit au prévaricateur, hardi et insolent, c'était à la patience qu'il exhortoit, sur des conversions au moins apparentes. Il savait tolérer bien des choses, il les dissimulait; il aimait mieux pécher par un excès d'indulgence, que par une sévérité dangereuse ou hors de saison. A Dieu ne plaise que nous soyons jamais l'avocat des dissimulations ou des scandales !

Nous disons seulement, avec l'évangile et avec saint Cyprien, qu'il ne faut pas arracher les mauvaises plantes avant la moisson , de peur d'arracher aussi le bon grain. Nous disons que l'église nous a donné de grands exemples de tolérance dans plus d'une occasion; dans le fameux schisme des Grecs, dans celui d'Aquilée, et dans bien d'autres circonstances; que le Concordat, eût-il été suivi chez nous de plus grandes fautes encore de la part de quelques hommes, cela n'empêche pas qu'il n'ait été suivi de bien de conversions sincères, et qu'il n'offre aujourd'hui en France des moyens de salut à tous ceux qui veulent en profiter.

Nous disons sur-tout, que c'est au chef de l'église à voir, dans sa sagesse, ce qu'il peut, , ce qu'il doit faire dans de semblables circonstances.

Nous disons : Désormais c'est à vous à prier pour vos anciennes ouailles, non pas à usurper sur elles une autorité que vous n'avez plus, non pas à exciter de nouveaux schismes, de nouvelles divisions, et à préparer ou répandre parmi elles de nouvelles erreurs, en leur donnant l'exemple et le précepte de la révolte contre Pierre.

Nous savons comme vous, et nous gémissons comme vous sur ce qui manque encore au retour sincère de bien des pécheurs, et à la parfaite reconstruction du temple; mais il est un bien que nous pouvons faire, nous tâchons de le faire ; nous ne répondrons pas à Dieu de celui qu'il ne nous a pas mis à portée de faire. Nous ne reje¬tons pas le grand bienfait du rétablissement de nos autels, sous prétexte que Dieu pouvoit le rendre plus complet.

Mais, que répondre encore à des hommes…

_____________________________________________

(I) Si l'on veut juger du véritable esprit de saint Cyprien dans ces circonstances , qu'on l'entende lui-même. C'est au pape Corneille qu'il écrit : ( NDLR : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.)

Cependant c'est ce même saint Cyprien qui reprend (Epist. 5 5.) : ( NDLR : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.) Pourquoi donc s'étonner qu'avec toute la fermeté possible, le pape eût pu être trompé par de fausses promesses ou apparences de conversions ? Cela doit-il empêcher personne de se convertir véritablement, et d'obéir humblement au vicaire de Jésus-Christ? Parce que d'autres pèchent, faut-il pécher nous-mêmes ?
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Message  Louis Ven 9 Sep 2011 - 17:09

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Mais, que répondre encore à des hommes qui sans cesse objectent au pape ce que le pape n'a nullement fait; qui nous parlent de principes altérés, auxquels ni le pape, ni nous n'avons jamais adhéré ?

Que répondre à des hommes que nous entendions jadis se plaindre si souvent des entraves que les parlemens et les moindres tribunaux mettoient à leur ministère, de ces fréquens appels comme d’abus, devenus eux-mêmes un abus si étrange, si dangereux dans l'excès, si propre à introduire l’insubordination, à renverser la hiérarchie ?

Nous entendions jadis toutes ces plaintes; et aujourd'hui les hommes qui les avoient sans cesse dans la bouche, qui cependant se gardoient bien alors de renoncer au ministère, ces mêmes hommes nous reprochent sans cesse quelques règlemens de circonstances dont le gouvernement a eu la sagesse de ne point presser l'exécution, quand il , s'est aperçu de la difficulté que nous avions de les combiner avec nos principes.

Ce gouvernement veut, nous en sommes certains, ce gouvernement veut que nous puissions être catholiques sans aucun danger dans notre patrie ; nous voulons et nous pouvons l'être, et nous le sommes sous le nouveau Concordat, tout comme sous l'ancien ; si vous prétendez le contraire , montrez-nous donc un seul principe qui blesse la foi ou les mœurs dans l'un plus que dans l'autre.

La puissance du pape sur la discipline de l'église n'éclate pas davantage dans l'un que dans l'autre. Et, que dis-je ? lors du premier, la France étoit tranquille sur le sort de ses autels et de ses pasteurs ; lors du second, nos autels étoient renversés, nos pasteurs égorgés ou dispersés. Le bienfait est-il moindre, parce qu'il trouve de grands désastres à réparer ?

Le premier, au lieu d'être conclu avec la connoissance et le consentement des évêques, ne trouva que des réclamations de la part des évêques, des parlemens et de la Sorbonne; le second est venu rendre au peuple ses autels, et ce peuple l'admet dans les transports de la reconnoissance et de l'alégresse.

Lors du premier, malgré les réclamations, tout le monde obéit, et au pape et au gouvernement, pas un évêque ne s'avisa d'élire, ou de se faire élire suivant la Pragmatique-Sanction; tous reçurent, et leur nomination du roi, et leur institution du pape , suivant le Concordat de Léon X ; pas un évêque alors ne dit : Le pape ne peut rien dans notre église sans notre connoissance et sans notre consentement. Tous obéirent, malgré leur répugnance, aux conventions, et du pape et du roi.

Lors du second, pourquoi, de votre part, ces principes d'insubordination, et au pape et au. gouvernement ?

Mais notre grand crime auprès de vous…
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Message  Louis Sam 10 Sep 2011 - 1:24

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Mais notre grand crime auprès de vous, c'est notre soumission à ce gouvernement; c'est-à-dire, qu'ici la politique devoit, dans des prêtres, l'emporter sur la religion et le salut du peuple. Heureusement ce n'est pas sur nous que ce reproche tombe, c'est sur le Dieu qui fait et qui défait les rois.

Puisque vous forcez à vous répondre, nous vous reprocherons, nous , d'avoir une autre foi sous les rois, et une autre foi sans les rois ; et ce reproche, nous vous le ferions en face des rois même.

En présence d'un nouveau Louis XIV, comme en présence de nos consuls, nous vous dirions : Vous avez cru jadis que tout ce que Pierre lioit ou délioit sur la terre, étoit lié ou délié dans les cieux; pourquoi nous croyez-vous aujourd’hui liés à vous, puisque Pierre nous délie de vous ?

Vous avez cru jadis à la validité d'un Concordat fait par un roi avec le pape Léon X, malgré toutes les réclamations des évêques, à la validité d'un Concordat conclu, malgré vous, sur les objets les plus importans pour vos églises; pourquoi vous refusez-vous aujourd'hui à un Concordat conclu sans vous avec le pape Pie VII, mais aux acclamations de sa patrie ? Pourquoi nous dites- vous aujourd'hui que le pape ne peut-rien sans vous dans votre patrie ?

Vous avez cru jadis que toutes les révolutions des empires ne nous dispensoient pas de nous soumettre aux nouvelles puissances, pour maintenir la religion antique, ou pour revenir y prêcher cette religion aussitôt que nous pourrions le faire; vos lettres pastorales étoient encore pleines de ces leçons au commencement de nos révolutions; pourquoi aujourd'hui les révolutions nous permettroient-elles vainement de rentrer dans notre patrie, et d'y prêcher la religion antique sous une nouvelle puissance ?

Vous avez cru jadis que le prêtre étoit par-dessus tout, l'homme de Dieu; pourquoi voulez-vous aujourd'hui qu'il soit par-dessus tout, l'homme du roi ?

Vous avez cru jadis que le prêtre étoit l'ange de paix ; pourquoi voulez-vous qu'aujourd'hui il ne rentre qu'après de nouvelles révolutions de sang et de carnage ?

Car il faut bien ici que je m'adresse à ces autres hommes qui ne rougissoient pas de nous dire : Si vous rendez au peuple sa religion, vous lui rendez la paix, et nous attendons tout de la guerre au dedans. Monstrueuse politique, et atroces enfans du machiavélisme, ce sont là vos motifs pour nous retenir loin de notre patrie ! Ah ! ce seront les nôtres pour y rentrer, pour lui rendre la paix avec la religion. Domine sur ce peuple la tige des anciens que Dieu avoit élus, la tige des nouveaux que Dieu aura élus ; pourvu qu'il soit heureux ce peuple, pourvu que les fleuves de sang cessent de couler, pourvu qu'avec la paix nous puissions lui rendre cette religion qui seule lui assure un bonheur durable, partons, et prêchons-lui la paix et la religion.

Voilà notre réponse; nous l'avons faite à Londres, nous la ferons par-tout, dans tous les temps ; et si le Concordat assure cette paix, c'est l'amour de nos frères, c'est l'humanité sainte qui se joignent à tous nos devoirs religieux pour nous y attacher.

Au reste, s'il falloir encore nous justifier par…
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Message  Louis Sam 10 Sep 2011 - 22:34

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Au reste, s'il falloir encore nous justifier par l'exemple de nos pères, ils ont eu aussi leurs révolutions; ils ont eu aussi à peser ce qu'ils devoient au prince, ce qu'ils devoient à la religion et au salut du peuple. Quand Louis de Germanie ( I ) menaçoit d'invasion les états de Charles-le-Chauve, les évêques aussi délibérèrent, et ils dirent alors comme vous :

« Nous voilà de toute part dans les angoisses. Si notre roi nous abandonne, et ne peut nous défendre, nous voilà sous un nouveau dominateur, qu'il faudra reconnoitre sous peine de tomber entre ses mains, de devenir victimes de notre résistance, nous et nos ouailles; si notre roi revient, et rentre de nouveau dans son empire, il nous punira d'avoir manqué à sa fidélité, quoiqu'assurément nous n'ayons ni appelé l'ennemi, ni consenti à le reconnoitre par aucun motif blâmable. »

Voilà ce que disoient Hincmar de Reims, et les autres évêques de sa province; vous l'avez dit comme eux ; mais il falloit ajouter avec eux :

« Quoi qu'il en soit du sort des armes et des révolutions, il est pour nous un premier devoir, celui de rester auprès de nos ouailles autant que nous pourrons, ou bien d'y revenir le plutôt que nous pourrons ; car il est un Dieu qui nous demandera compte de celles qui au» » ront péri par notre faute. »

Au lieu de ce langage, vous avez fait passer la fidélité au monarque avant celle que vous deviez à Dieu; vous avez résisté à la soumission que l'on vous demandoit pour vous rendre à vos ouailles ; et ne pouvant plus y venir vous-mêmes, vous ne voulez plus même qu'il leur soit donné d'autres pasteurs.

Ce n'est pas ainsi que concluoient Hincmar et les évêques de sa province : contens d'avoir laissé le monde faire les révolutions du monde, ils attendaient le jugement de Dieu ; et quand la terre se reposoit de ses révolutions, ils se soumettoieot à l'ordre des choses établies par les révolutions ; et dans l'humilité de leur foi, ils s'écrioient : Seigneur, nous vous bénissons dans tous vos jugemens. C'est là le cri de la religion; souffrez qu'il soit aussi le nôtre.

S'il faut encore répondre à cette prétendue opposition que les évêques non-démissionnaires…

______________________________________________________

(I) Charles-le-Chauve étant ailé se faire couronner en Italie, et Louis de Germanie menaçant d'entrer en France avec une nombreuse armée, bien des seigneurs et des évêques s'a dressèrent à Hincmar de Reims, pour savoir ce qu'ils auroient à faire, et comment se tirer de l'embarras où ils alloient se trouver. Cet embarras est parfaitement décrit dans la réponse d'Hincmar, qui se trouvant lui-même entre le marteau et l'enclume, inter malleum et iucudem, craint d'un côté de se soumettre au nouveau roi, parce que Charles peut revenir, et de l'autre côté n'espère pas un meilleur traitement s'il refuse de reonnoître Louis de Germanie. Le politique se montre dans sa lettre, mais on y voit encore plus l'évêque; car ce qu'il craint sur-tout, c'est d'abandonner ses ouailles. [ Note de Louis : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.]

Après avoir ainsi dépeint son embarras, Hincmar décide trois choses :

que les évêques doivent absolument rester auprès de leurs ouailles, à moins qu'ils ne soient forcés à les quitter, comme nos anciens évêques l'ont été ;

2.º Que si le roi de Germanie l'emporte, il faudra le recevoir , et se soumettre : il cite pour cela les exemples de divers saints;

3.º Que si le roi revient, on le recevra avec joie; mais que s'il ne peut pas rentrer dans ses états, il faudra bien se résoudre à dire de cœur et de bouche : Seigneur, les filles de Juda, humbles dans leur confession, se sont réjouies de tous vos jugemens : Dicamus corde, dicamus ore : exultaverunt filiæ Judæ, id est confessions humillima, in omnibus judiciis tuis, Domine. ( Hincm. Remens, episc. epist. 5, ad dioecesis Remens, episcopos et regni magnates. )

Il est à observer qu'avec tout cela Hincmar prétend bien qu'il conservera sincèrement sa fidélité au monarque. Devotionem ac fidem debitam erga ilium sinceritate custodientes.

C'est là évidemment le retour du courtisan qui se ménage une ressource pour l'avenir. Nous concluons, nous, plus franchement de ses principes qui sont vrais : '

Un pasteur qui veut faire son devoir doit se regarder essentiellement comme l'homme de Dieu et de ses ouailles. Quel que soit le parti dominant, qu'il ne s'occupe plus que de la paix et du salut de ses ouailles. Obligé par-dessus tout de les sauver, il doit rester auprès d'elles tant qu'il est possible de les servir, de leur administrer les sacremens ; s'il a été forcé de les quitter, qu'il y revienne le plutôt qu'il pourra, soumis au gouvernement-nus lequel elles existent. Il répondra de leur salut, et non pas des gouvernemens de ce monde. S'il faut assigner l'instant précis où il est absous du serment qu'il pourroit avoir fait à un premier gouvernement, c'est l'instant où il ne peut plus faire ses fonctions pastorales, et travailler au salut des âmes, sans se soumettre au nouveau gouvernement, ou sans promettre une vraie fidélité, qui ne compromette pas du reste les principes religieux. Qu'il abandonne à Dieu tout le reste, et spécialement toute affaire politique. Il n'est pas de ce monde, et il a tout a craindre pour l'autre, s'il s'occupe trop de celui- ci.
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Message  Louis Dim 11 Sep 2011 - 20:40

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S'il faut encore répondre à cette prétendue opposition que les évêques non-démissionnaires cherchent à nous montrer entre le pape, auteur du Concordat, et son vénérable prédécesseur, je sais les réflexions qu'auroit inspirées à nos anciens docteurs cette affectation d'opposer ainsi, et sur les plus légers prétextes, les héritiers de Pierre aux héritiers de Pierre. Je sais qu'ils auroient dit combien de semblables défaites sont outrageantes pour la doctrine du clergé gallican , par cela seul qu'elles sont offensantes pour les pontifes romains, par cela seul que jamais notre église ne crut servir la foi, en insultant aux premiers et aux grands maîtres de la foi, et en les désignant à l'hérésie , comme opposés les uns aux autres (I).

Mais où est donc ici l'opposition ?

Dans le commencement de la révolution , Pie VI, invité à confirmer une circonscription des sièges épiscopaux décrétée par l'assemblée nationale , demande à consulter les évêques de France, comme se trouvant à portée des événemens. Cette conduite est sage; elle est ce qu'elle devoit être dans un temps où ce pape connoissant peu encore la nature de nos révolutions, se flat toit qu'on pourroit éviter ces changemens, ou bien y procéder au moins suivant les formes ordinaires.

Sont-ce bien là les circonstances où s'est trouvé le successeur de Pie VI ?

Là, il falloit détruire et tout bouleverser; ici , tout étoit détruit, et il falloit tout reconstruire.

Là, Pie VI croyoit pouvoir tout espérer des conseils des évêques ; et ici, Pie VII perdoit tout espoir, si, violant l'impérieux secret des négociations, il étoit assez imprudent pour consulter des évêques devenus suspects et odieux à un gouvernement auquel plusieurs de ces évêques ne permettoient pas même une soumission passive.

Quand les circonstances sont devenues si différentes, les moyens peuvent-ils être les mêmes ? Si le successeur de Pie VI avoit suivi la même marche, c'est alors que vous auriez pu les opposer l'un à l'autre; car certainement ce qui étoit sage dans l'un , devenoit très-imprudent dans l'autre.

Pie VI fait donc très-bien de consulter les évêques, et d'attendre même le consentement des évêques. Mais Pie VII n'en a pas moins bien fait, en se passant de l'avis des évêques qu'il ne pouvoit pas consulter, et en procédant même à l'exécution du Concordat, malgré le refus des évêques anti-démissionnaires, puisque ce refus étoit notoirement contraire aux canons, qui jamais ne permirent aux prélats de préférer leurs intérêts particuliers aux avantages publics de l'église. (Disc. ec. I , 1. I, c. 57 , n.° 4. )

Et il ne suffit pas de dire que ces évêques n'ont point été , guidés par leur intérêt particulier; le pape a vu l'intérêt général, et il a fait ce que son prédécesseur auroit fait s'il l'eût pu voir de même en son temps.

Est-ce donc ici la première fois qu'un pape s'est vu dans le cas…

_______________________________________________________

(I) Ce que Tournelli auroit répondu à cette affectation, le voici : ( De Eccles., quæst. 3 , art. 3. ) [ Note de Louis : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.]

Ces réflexions de Tournelli, seroient ici d'autant plus justes, que s'il fallait en croire les refusans de Londres , Pie VII, dans sa prétendue opposition avec Pie VI, se trouvèrent avoir blessé les lois constitutionnelles de l'église , lois heureusement que personne encore n'avoit connues, si ce n'est des hommes avec lesquels ces évêques refusans ne doivent pas être comparés.
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Message  Louis Mar 13 Sep 2011 - 16:47

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Est-ce donc ici la première fois qu'un pape s'est vu dans le cas d'accorder ce que son prédécesseur avoit refusé, sans que personne se soit avisé de blâmer ni l'un, ni l'autre ?

Innocent III refuse d'ériger Prague en métropole, et cette grâce est accordée par Clément VI.

Il en est de même pour la même faveur refusée à London par Léon IX, accordée par Urbain II. Innocent III aussi avoit refusé au saint évêque Fouque de partager son diocèse de Toulouse en plusieurs évêchés, et Jean XXII fit ce partage, malgré l'opposition de Seissac, prélat en possession du même siège.

Il n'y a pas jusqu'au siège de Paris que Grégoire IX avoit refusé d'ériger en archevêché , sur la demande de Charles V, et qui fut érigé en archevêché par Grégoire XV, sur la demande de Louis XIII.

S'avisa-t-on jamais de voir en cela d'autre différence que celle des circonstances ?

Combien mal d'ailleurs les ennemis du Concordat ont choisi l'avocat de leur cause, en invoquant le pape Pie VI contre l'autorité qu'exerce aujourd'hui son successeur !

C'est Pie VI d'abord qui, proscrivant la doctrine de l'audacieux Eibel, et de l'ingrat Scipion Ricci de Pistoya, commence par assurer à Pierre et à ses successeurs toute la plénitude de puissance conférée au vicaire de Jesus-Christ dans toute l'église, non comme une faveur qu'il tiendroit de l'église même, mais Comme donnée par Jésus-Christ, et dès-lors essentiellement inhérente à Pierre et à ses successeurs.

C'est Pie VI qui déclare hérétique la doctrine opposée à ce principe; et avec ce principe, cherchez dans l'église une puissance en droit de limiter celle du pape sur vous et sur vos sièges (I).

Avec ce principe, établissez, comme vous le pourrez, que ce pape, qui a dans toute l'église la puissance de Pierre, ne peut rien d'important dans la vôtre, sans votre connoissance et votre consentement.
.
C'est encore Pie VI qui, après nous avoir montré dans le pape et dans les conciles écuméniques des autorités supérieures à celle de l'évêque, proscrit , comme erronée, comme induisant au schisme , et comme subversive de la hiérarchie, la doctrine de tout homme enseignant que l'exercice des droits épiscopaux ne peut être empêché ou restreint par aucune puissance supérieure, quand l'évêque sera persuadé que cette restriction eu suppression est contraire à un plus grand bien de son église (II)

Prenez et lisez, et dites-nous ensuite…

___________________________________________________

(I) (Constit. Pii VI, auctorem fidei. ) [ Note de Louis : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.]

(II) (Idem. ) [ Note de Louis : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.]
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Message  Louis Mer 14 Sep 2011 - 0:00

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Prenez et lisez, et dites-nous ensuite comment vous seuls, encore une fois, pouvez juger ces grands intérêts des églises de France, et donner au saint Père des lumières certaines ? Comment vous pouvez encore avoir sur nous l'exercice de votre juridiction, quand l'héritier de Pierre et de Pie VI l'a supprimée ?

Ne diroit-on pas, au contraire, que Pie VI, en condamnant toute cette doctrine des ennemis du siège apostolique, n'a fait que préparer les voies, et à l'autorité que Pie VII vient d'exercer sur vous, et à l'obéissance que nous devons à ses décrets, mal gré toute la résistance que vous lui opposez ?

Enfin, il est au moins une apparence de vérité, dans ces réclamations des formes que l'on nous dit violées dans la marche suivie pour arriver à la conclusion du Concordat. Mais, d’abord, qu'on nous dise qu'est-ce donc que les formes, et quel grand intérêt peut-on mettre à leur observation minutieuse, quand il s'agit de l'essence même des choses, du rétablissement de la religion même, du salut de tant de millions d'âmes ?

Ces formes elles-mêmes, qu'exigeoient-elles ? Des informations préliminaires sur l'avantage ou le désavantage de la nouvelle circonscription des sièges.

Et qu'étoit-ce donc, de la part du pape, que ces longues négociations entre ses en¬voyés et les agens du gouvernement français, si ce n'est la discussion continuelle des concessions à faire pour l'avantage ou le désavantage des églises françaises, et du bien ou du mal qui résulterait de ces concessions ?

Les évêques intéressés n'ont pas été appelés; mais n'est-ce pas ici cette qualité même d'intéressés qui les faisoit exclure par un gouvernement instruit de toute leur aversion politique pour le nouvel ordre de choses ?

Et cette convocation des évêques est-elle d'ailleurs si essentielle, que jamais on n'ait cru pouvoir procéder sans eux, ou leurs avis, à ces nouvelles dispositions ?

Rappelez les exemples cités en assez grand nombre des sièges érigés malgré l'opposition-des évêques intéressés. Des raisons bien plus fortes vous excluoient ici des négo¬ciations qui nous ont rendu nos églises.

Soyez francs, soyez justes…

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Message  Louis Mer 14 Sep 2011 - 17:37

Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.(suite)

Soyez francs, soyez justes: le grand intérêt qui doit l'emporter en tout temps sur les formes, c'est le salut d'un grand peuple. Si vous parlez de droit, il a aussi les siens ce peuple ; il a droit à des concessions dont dépend la paix dans ses foyers, et jamais l'église ne s'y refusera; il a droit à ses autels, et à des concessions sans lesquelles le pape ne pouvoit pas lui rendre ses autels; il a droit à des sacrifices, même de votre part, et au sacrifice de votre épiscopat , puisque vous étiez évêques, non pour vous, mais pour lui; et si vous lui parlez de vos libertés, il a droit de vous dire : Sont-elles donc pour vous seulement ces libertés ? Et n'est-ce point pour nous encore que celles de l'autel ont été statuées ?

Peut-être même ici pourrions-nous vous dire quelque chose de plus. Vous invoquez nos libertés gallicanes et nos anciennes lois; ce sont ces libertés , ce sont ces mêmes lois que nous invoquons contre vous.

Ces lois, en effet, malgré toute leur attention à vous maintenir dans le droit de prononcer d'abord sur les grondes causes qui pourroient s'élever dans nos églises, malgré la défense d'en appeler au supérieur, au pape même, avant la sentence définitive du premier juge; en un mot, malgré l'obligation indispensable de garder les degrés de juridiction, ces lois vous prévenoient qu'il pouvoit survenir des circonstances où la crainte d'un grand dommage à supporter permettoit ces appels.

Ici, non-seulement il ne vous étoit pas donné de prononcer définitivement sur les changemens à faire dans les sièges ou diocèses de l'église gallicane, mais il suffisoit notoirement que cette cause fût portée à votre tribunal, pour exposer le gouvernement même à l'impossibilité de suivre ses projets pour le rétablissement dé la religion en France;

et vous vous étonnez que ce gouvernement prenne pour lui, et pour tout le peuple, un droit que la loi accordoit au plus simple particulier !

vous vous étonnez que le gouvernement en appelle immédiatement au pape pour statuer sur un objet de cette importance ! sur un objet, d'ailleurs, dont vous aviez même tous appelé au pape, ainsi que Louis XVI, et sur lequel vous nous objectez les réponses du pape Pie VI, quoiqu'elles ne disent rien pour vous, et quoique toutes provisoires, elles laissent à son successeur tout le droit de statuer, comme il auroit pu le faire lui-même, sans un nouvel appel !

vous vous étonnez que le gouvernement français s'adresse au premier siège pour statuer sur une cause dont ce siège étoit déjà saisi par vous-mêmes !

Lorsque vous ajoutez : Les nouvelles dispositions ne peuvent pas s'exécuter sans nous; nous ne vous faisons point un crime des circonstances; ne vous offensez donc pas si nous vous répondons : Il seroit bien plus vrai de dire que, vu les circonstances, il suffisoit de vous empêcher, de rien statuer et de rien exécuter pour que toutes nos églises restassent dans l'état de désolation où la révolution les avoit jetées.

Ce n'est donc pas à vous à implorer ici nos libertés et nos lois gallicanes…
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Message  Louis Jeu 15 Sep 2011 - 15:34

Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.(suite)

Ce n'est donc pas à vous à implorer ici nos libertés et nos lois gallicanes. C'est vous qui les violez , en ne voulant pas même que le chef du gouvernement, en appelant au pape immédiatement, use pour le salut du peuple, et pour le rétablissement de nos autels, d'un droit que nos Pragmatiques, notre ancien Concordat, le concile de Bâle, et toutes nos lois, accordoient à chaque Français, crainte de l'exposer à quelque grand malheur particulier, en suivant la marche ordinaire des tribunaux ecclésiastiques (I).

Je pourrois donc conclure…

_____________________________________________

(I) Oui, supposé même que l'on veuille appliquer ici la marche à suivre dans les tribunaux ecclésiastiques, voici ce que vous trouverez dans le second volume des Mémoires du Clergé, page 222.

« Les lois et les usages du royaume imposent une obligation indispensable de garder les degrés de juridiction. Il y en a une disposition dans le concile de Bâle, approuvée par l'église de France dans la Pragmatique dressée sous le règne de Charles VII,( tit. de Causis, sect. 4. [ Note de Louis : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.]

La même chose a été réglée dans le Concordat fait entre le pape Léon X, et le roi François Ier , sous le titre de frivolis appellationitus. Cette disposition est observée très-exactement. — M. Pithon en a fait un article des libertés de l'église gallicane. ( Art. 451.)

Dans la cause actuelle de l'église de France , nos juges immédiats seroient dans les évêques de France ; supposez donc qu'eux-mêmes n'eussent pas déjà saisi le pape de cette grande cause, de tous les intérêts de notre église dans la révolution, n'est-il pas évident que le pape se trouvoit le seul juge immédiat auquel ce jugement fût réservé par nos lois et nos libertés même, puisque nous n'avions pas le moindre espoir de voir les pertes de la religion en France réparées par le jugement ou l'intervention ultérieure de nos évêques, puisqu'il est notoire, n'importe la cause, que leur intervention même dans le rétablissement de la religion en France, étoit devenue impossible ?

Il est donc faux que le pape, en intervenant sur l'appel du chef de la nation, ait le moins du monde blessé nos lois religieuses, ou le code de nos libertés gallicanes, code où se trouvent prévus en général tous les cas semblables, tous ceux où le tribunal immédiat ne pouvoir pas remédier au préjudice d'un particulier, à plus forte raison tous ceux où il ne pourroit pas réparer les malheurs d'une église entière. Mais, dans le fond, il n'y a ici point de jugement personnel; tout roule sur le besoin de l'église de France que chacun ne connoissoit que trop, sur l'institution des nouveaux juges, et la destruction des anciens objets absolument réservés au pape.
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Message  Louis Sam 17 Sep 2011 - 21:15

Réponses à divers prétextes d’insoumission au Concordat.(suite)

Je pourrois donc conclure : Il n'est pas même vrai que nos formes et la marche ordinaire des lois aient été violées, puisque la forme et la marche ordinaires prescrites par nos lois dans toutes les circonstances de cette espèce, est de s'adresser immédiatement au pape , comme étant ici le juge supérieur , et le juge déjà muni par vous de toute cette cause.

Mais, je le veux, les formes ordinaires n'ont pas été suivies; ne croyez pas pour cela que les lois aient été violées; car l'exception d'abord, et surtout l'exception nécessaire , n'est pas une violation, mais une confirmation de la loi. Exceptio confirmat legem. La loi n'est point violée quand on suit une marche insolite dans des circonstances que la loi n'a point prévues; car, suivant Bossuet, c'est aussi une loi de ne point appliquer des moyens ordinaires à des maux extraordinaires : insolita et extraordinaria remediis egent extraordinariis. ( Def. decl. part, 2 , l.. 15, chap. 24.)

La loi n'est point blessée, sur-tout quand on s'écarte de sa sévérité pour une cause aussi importante que le salut des empires ; car c'est la loi même qui a consacré ce principe : Detrahendum est severitati canonum pro statu imperii conservando. ( HONOR. III, c. fin. de trans. )

C'est la loi elle-même qui vous crie avec toute la nature, avec toute la religion, que la première des lois est le salut du peuple. Salus populi prima lex esto. II est temps d'en venir à nos conclusions; car vraiment ils sont si foibles tous ces prétextes, ils sont si faciles à dissiper, qu'il en coûte bien moins de les réfuter, qu'il n'en coûte de concevoir comment on a pu nous les opposer avec une certaine bonne foi, et comment sur-tout ils pourroient encore prévaloir sur cette nuée de docteurs, de saints et de conciles dont nous avons produit les témoignages. Venez donc à présent; recueillez un instant votre attention, et appliquons ensemble le résultat de nos démonstrations à cet ordre de choses statué par l'héritier de Pierre, pour l'extinction du schisme et pour le rétablissement de la religion catholique en France.

A suivre:PREMIÈRE CONCLUSION.—
Le Pape a pu et dû statuer et faire exécuter,
tout ce qui est réglé par le Concordat,
sur les évêques français et leurs sièges.

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Message  Louis Lun 19 Sep 2011 - 16:53

PREMIÈRE CONCLUSION.

Le Pape a pu et dû statuer et faire exécuter,
tout ce qui est réglé par le Concordat,
sur les évêques français et leurs sièges.

1.º MALGRE tous les systèmes, il est de foi qu'au pape appartient une plénitude d'autorité juridictionnelle , qui, dans le gouvernement de l'église, tient sans exception, sous son empire religieux, les ouailles et les pasteurs, les simples fidelles et les lévites, les prêtres et l'es évêques, les métropolitains, les primats et les patriarches. Cette plénitude d'autorité emporte évidemment avec elle toute la puissance nécessaire pour disposer, et des évêques et des sièges épiscopaux, pour statuer tout autre ordre de choses devenu nécessaire ou utile dans le gouvernement de l'église; donc dans ce que le pape a statué par le Concordat, et sur les anciens évêques, et sur les sièges épiscopaux, il n'est rien qui puisse être censé supérieur à sa puissance. Si cette conséquence n'est pas légitime, c'est l'église elle-même qui nous trompe, en nous donnant pour plénitude de puissance, une puissance essentiellement défectueuse et imparfaite dans les circonstances qui exigent précisément le plus haut degré de puissance devenu nécessaire dans le gouvernement de l'église pour le salut d'un grand peuple.

2.º Malgré tous les systèmes, il est de foi que si les conciles écuméniques peuvent porter des lois faites pour diriger l'usage que le pape fera de sa puissance, ces conciles écuméniques même ne peuvent pas ôter au pape la moindre partie de cette puissance, et empêcher sa plénitude , quam nemo hominum præter Christum imò nec ecclesia tota conferre potuit et auferre ( Bossuet ),

parce qu'il est de foi que l'église ne peut pas effacer un seul mot de ces paroles de Jesus-Christ dites à Pierre : Tout ce que tu auras lié ou délié sur la terre, le sera dans les cieux ;

donc les conciles écuméniques même, dans le gouvernement de l'église, ne peuvent pas faire une seule loi, ou établir une seule forme et un seul procédé, que le pape ne puisse se dispenser de suivre, lorsqu'il croira utile devant Dieu, et sur-tout lorsqu'il jugera nécessaire pour le salut des âmes, de se dispenser lui-même, ou bien de dispenser les autres de suivre ces lois, ces canons, ces formes, cette marche; donc, malgré tous les canons, ou toutes les formes prescrites par les conciles écuméniques, le pape auroit encore pu statuer et faire exécuter tout ce qu'il a statué et fait exécuter avec le gouvernement français, relativement aux anciens évêques et à leurs sièges, pour le rétablissement de la religion catholique en France.

Si cette conséquence est fausse…
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Message  Louis Mar 20 Sep 2011 - 2:28

Le Pape a pu et dû statuer et faire exécuter,
tout ce qui est réglé par le Concordat,
sur les évêques français et leurs sièges.
(suite)
Si cette conséquence est fausse, c'est Bossuet qui nous trompe, en nous disant, après avoir établi l'autorité des canons : « A Dieu ne plaise que nous prétendions contester au pape le pouvoir de ces dispenses ! car jamais catholique, jamais personne tant soit peu instruit sur la nature d'un vrai gouvernement, ou des choses ecclésiastiques, ne pensa pouvoir en effacer le droit. » Has enim nemo catholicus, nemo veri regiminis sciens, aut rerum ecclesiasticarum gnarus abstulerit.

Si cette conséquence n'est pas vraie, c'est encore saint Bernard, c'est Gerson même, c'est le concile de Bâle qui nous trompent; car ces docteurs, ces pères et tous les catholiques ont toujours reconnu dans le pape le droit de dispenser des canons, toutes les fois que la dispense sera utile ou nécessaire. Per concilium autem statuta in nullo derogant suæ (romani pontificis) potestati. (Conci. Basil, ut usprà.)

3.º Malgré tous les systèmes, c'est encore un article de foi que la plénitude de puissance; et la puissance même de dispenser des formes et des lois canoniques, n'a été donnée au pape qu'avec une vraie plénitude de devoirs à remplir envers tous les fidelles dont il est constitué pasteur, avec l'obligation d'user de sa puissance, et de toute sa puissance sur les lois même et sur les formes, toutes les fois qu'il le croira utile ou nécessaire pour le salut de ses ouailles; car c'est un article de foi, que Pierre est pasteur de tous, pasce agnos , pasce oves , et que tout pasteur répond de ses ouailles : Ecce ego super pastores requiram gregem meum, quod perierat requiram ;

donc le pape a non-seulement pu, mais dû user de toute sa puissance, et même de cette puissance qui dispense des lois et des canons, pour sauver notre église, pour éteindre le schisme parmi nous, pour nous rendre les autels de nos pères , et pour nous donner des pasteurs qui remplissent dans nos églises, dans leurs diocèses, les fonctions du ministère; donc, ne pouvant plus rendre à ces églises et à ces diocèses leurs anciens évêques ou pasteurs, il a pu , il a dû en constituer de nouveaux, soit en suivant les formes canoniques , soit en se dispensant de ces formes , selon que les circonstances le permettoient, ou bien s'y opposoient.

Si cette conséquence est fausse, saint Grégoire avoit tort de nous dire que la nécessité des temps l'obligeoit de pourvoir au salut des églises, tantôt en réunissant les sièges, et tantôt en créant de nouveaux sièges. ( Sup. )

Nos pères avoient tort de recevoir ces bulles dans lesquelles les papes se disoient obligés de créer, ou bien de réunir, de diviser, de supprimer, de transférer les différens sièges suivant les besoins de l'église. ( Bull. Innoc. X , an. 1648 ; it. Joan. XXII, an. 1317; it. Innoc. XII, an. 1694, etc.)

Il se trompoit sur-tout bien-étrangement, ce pape saint Gélase, qui ne se croyoit jamais plus obligé à dispenser de toute la sévérité des canons, que lorsqu'il falloit donner des ministres aux églises qui en manquaient; ce même saint Gélase qui craignoit-de se rendre coupable devant Dieu , si, par une scrupuleuse attention aux formes établies , il ne se hâtoit de procurer à ses églises des pasteurs, sans lesquels le saint ministère ne pouvoir s'exercer, et dont la disette se faisant déjà sentir en plusieurs endroits, y laissoit les peuples sans sacremens, et Sans tous ces moyens établis pour le salut des âmes (I).

Il se trompoit donc encore bien plus étrangement ce Paschal II, qui, voyant les révolutions transporter les empires même, c'est-à-dire, les peuples changer de gouverneurs, de gouvernemens, de princes et de limites, croyoit aussi devoir changer les limites et l'ordre des diocèses. ( Supra. )

Mais si c’étoit là dans ces papes une si grande erreur…

___________________________________________________

(I) [ Note de Louis : le texte est en latin. Si besoin est, nous le publierons.]


Dernière édition par Louis le Mar 20 Sep 2011 - 20:37, édité 1 fois (Raison : orthographe d'un mot)
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Message  Louis Mar 20 Sep 2011 - 20:35

Le Pape a pu et dû statuer et faire exécuter,
tout ce qui est réglé par le Concordat,
sur les évêques français et leurs sièges.
Si c'étoit là dans ces papes une si grande erreur , pourquoi , jusqu'ici, pas une seule réclamation de la part de l'église contre toute cette prétendue violation des canons ? Pourquoi, lorsque les papes croyoient ne remplir en cela que leur devoir, toute l'église ne leur a-t-elle jamais parlé de cet autre devoir d'observer les lois ?

Convenez-en ici enfin : c'est qu'il est une première loi pour ces premiers pasteurs, celle de procurer à leurs ouailles les moyens de salut. Le pape Pie VII voyoit l'état de nos églises; depuis le jour de son avènement au trône de Pierre, il soupiroit après l'instant où Dieu lui permettroit de venir au secours de ces âmes périssant par millions, faute de sacremens, faute d'instructions religieuses, et faute de pasteurs. Falloit-il, au moment où son Dieu vint lui offrir l'espoir de rendre à ce peuple ses autels et ses prêtres, falloit-il oublier qu'il est lui-même le premier pasteur de toutes ces ouailles? falloit-il que son cœur se fermât sur leurs plaies ? Eh !qu'auroit-il eu donc à répondre à ce Dieu dont la voix menaçante bientôt se seroit fait entendre :

Viens, rends-moi compte d'abord de ce que tu as fait pour ma gloire. Mes temples étoient souillés, qu'as-tu fait pour les purifier ? Mon culte étoit captif, mes jours de fêtes étoient proscrits, ce peuple osoit à peine prononcer mon saint nom, il oublioit mes lois, mon évangile; chaque jour il s'éloignoit davantage de moi, qu'as-tu fait pour me rendre l'honneur que des impies transportoient à leurs idoles ? Viens, rends-moi compte encore de mes ouailles. En te les donnant toutes, je t'avois aussi donné toute ma puissance pour les sauver. En tenant tous mes autres pasteurs dans l'éloignement, j'avois mes desseins, et sur eux et sur toi. Je n'exigeois plus d'eux ce que je les mettoit hors d'état de me rendre. Mais je t'appelois, toi, pour sauver ces brebis ; elles étoient à toi avant que d'être, à eux; elles n'avoient pas cessé d'être à toi.

Rends compte ; quel usage as-tu fait du pouvoir que je t'avois donné, à toi, de les sauver encore, de suppléer aux pasteurs que j'écartois ? S'il falloit délier, et lier de nouveau, pourquoi t'avois-je dit : Je délierai tout ce-que tu délieras; je lierai tout ce que tu lieras ?

Mettez-vous à la place du pape, et répondez à ces reproches. Répondez encore à celui que tant de millions d'âmes arrivent pour lui faire : Tu pouvois nous sauver, et tu nous as laissé périr. Tu as craint de blesser ou les droits ou la délicatesse de nos pasteurs absens. Leurs droits étoient pour nous; et il est bien question des égards pour la délicatesse, quand il s'agit du ciel ou de l'enfer !

Dites ce que le pape pouvoit répondre à ces reproches, et de Dieu et des âmes perdues par sa faute, ou convenez que dans tout ce qu'il a fait pour nous, il n'a fait que ce qu'il pouvoit et ce qu'ildevoit faire.
A suivre
DEUXIÈME CONCLUSION.

Tout catholique est tenu, en conscience, de se conformer
à tout ce que le Pape a statué par le Concordat sur les anciens et les nouveaux évêques, et sur la nouvelle circonscription des sièges épiscopaux.
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Message  Louis Mer 21 Sep 2011 - 2:10

DEUXIÈME CONCLUSION.

Tout catholique est tenu, en conscience, de se conformer à tout ce que le Pape a statué par le Concordat sur les anciens et les nouveaux évêques, et sur la nouvelle circonscription des sièges épiscopaux.
MALGRE tous les systèmes, c'est une vérité de foi, que dans le pape, successeur de saint Pierre, est cette base fondamentale posée par Jésus-Christ, sur laquelle porte toute l'église; que dans le pape est ce centre d'unité autour duquel il faut que tous se rangent, pour appartenir à l'église de Jésus-Christ, et pour en être membres.

Vérité consolante pour nous, qui adhérons au pape et aux pasteurs qu'il vient de préposer sur nous ! Posée sur cette pierre, notre église est essentiellement à Jésus Christ; nous sommes ses ouailles, puisque nous sommes les ouailles de Pierre, et reconnues par Pierre. Notre église est essentiellement celle des sacremens, et de tous les moyens de salut attachés à l'église de Jésus-Christ; les ministres de nos autels ont essentiellement les clefs du ciel, la puissance d'absoudre comme de retenir les péchés, et de nous faire participer aux saints mystères; leur mission auprès de nous est sainte et légitime, puisqu'ils arrivent tous au nom de Pierre, et qu'ils ont tous puisé dans la plénitude de sa juridiction.

Si cette conséquence n'est pas vraie, commencez par effacer ces paroles de Jésus-Christ : Je bâtirai mon église sur toi, et les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contr'elle. Effacez cette vérité sainte que nous nous avons vue confirmée par toutes nos traditions : Là où est Pierre, là est aussi l'église ; ubi Petrus, ibi ecclesia.

Mais aussi…
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Message  Louis Mer 21 Sep 2011 - 15:17

Tout catholique est tenu, en conscience, de se conformer à tout ce que le Pape a statué par le Concordat sur les anciens et les nouveaux évêques, et sur la nouvelle circonscription des sièges épiscopaux.(suite)
Mais aussi, malgré tous les systèmes, c'est une vérité de foi, que pasteurs ou lévites, ou bien simples fidelles, tous ceux que Pierre lie ou délie sur la terre, le sont de même dans le ciel; c'est une vérité de foi, que tous sans exception, rois et sujets , prêtres et évêques, archevêques, primats et patriarches, tous doivent à Pierre et à ses successeurs, dans les objets religieux, une véritable et sincère obéissance.

Donc il est vrai de dire : Tous ces liens qui nous unissoient à nos anciens pasteurs, sont, dissous; car c'est le pape, successeur de Pierre, qui nous a déliés.

Donc il est également vrai de dire : Tous ces liens qui nous unissent à nos nouveaux pasteurs, se resserrent dans les cieux; car c'est Pierre qui les a formés.

Donc il est vrai de dire : Vous qui croyez encore voir vos pasteurs, vos évêques dans ceux que Pierre a déclaré ne plus reconnoitre pour vos pasteurs et vos évêques, vous péchez contre Pierre; vous manquez à l'obéissance qui est due au vicaire de Jésus-Christ; donc vous désobéissez à Jésus-Christ même, qui vous soumit au pape dans la personne de Pierre.

Appelez les prétextes, étouffez les remords, contestez avec Pierre,

nous ne savons pas, nous, contester avec Jésus-Christ même; nous n'appelons pas des nuages sur l'évangile , pour avoir le droit de dire qu'il se trompe ou qu'il nous trompe; que Pierre a lié et délié sur la terre; que rien de tout cela n'est ratifié dans les cieux.

Nous ne savons pas, nous, contester avec le prince de l'église. Nous vous obéissions comme aux chefs des provinces, tandis que vous marchiez vous-mêmes sous le chef de l'empire de Jésus-Christ. Vous n'avez plus l'étendard de nos chefs, Pierre vous l'a ôté ; je ne sais plus si vous me conduisez dans 1'église, ou ailleurs, et je ne veux pas m'exposer à sortir de l'église.

Vous me dites avoir encore les clefs du ciel; Pierre vous les avoit données, Pierre les a reprises pour les donner à d'autres. Pierre m'avoit donné à vous, à condition que je resterais à lui; je restois à vous et à lui, pour rester à Jésus-Christ. Mais Pierre m'a donné d'autres pasteurs à la même condition; je me soumets à Pierre et à ces nouveaux pasteurs, par la même raison.

Vous parlez des hauteurs de la théologie et de ses profondeurs; mais ces hauteurs, ces profondeurs de la théologie seront-elles bien l'art de montrer au peuple ce qui n'est pas dans l'évangile, et de lui cacher ce qui s'y montre le plus évidemment ? Nous y voyons, nous, que Pierre est le pasteur de toutes les ouailles de Jésus-Christ, et le prince de tous les autres pasteurs ; commencez donc par obéir à ce prince de tous, car vous ne pouvez plus que m'entraîner dans la révolte, quand vous me commandez de vous suivre malgré lui.

Vous l'avez déclaré dans vos conciles, vous l'avez déclaré dans vos assemblées du clergé…
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