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PREMIERS MONASTERES DE LA GAULE MÉRIDIONALE

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Message  gabrielle Ven 29 Oct 2010 - 17:28

Le monachisme eut son berceau dans le monde gallo-romain à Ligugé et à Marmoutiers. Saint Martin, moine de Ligugé d'abord, puis évèque de Tours en même temps que moine de Marmoutiers, sut lui donner une impulsion vigoureuse. Grâce à lui, les églises de la Gaule occidentale eurent des multitudes de moines. Martin ne fut pas seulement le propagateur infatigable de la vie monastique ; les succès prodigieux de son apostolat, l'éclat incomparable de ses miracles et son étonnanle sainteté, communiquèrent à la profession et au costume des moines un prestige qui leur valut la sincère admiration du peuple chrétien. Mais, quelle qu'ait été l'influence du grand ancêtre des moines de la Gaule, on ne peut saluer en sa personne un législateur véritable. Martin fut un initiateur, un propagateur; il popularisa la vie religieuse. Il n'eut pas à l'organiser. Ce rôle appartient à saint Benoît.

Cependant, à l'époque où vécut le patriarche du Mont-Cassin et durant le ve siècle, il y eut une action monastique que l'on peut déclarer parallèle à la sienne. Les monastères qui en furent le centre se trouvaient dans le sud-est de la Gaule. Postérieurs à saint Martin, ils semblent échapper à son influence posthume.

La vie leur est venue d'ailleurs.


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Message  gabrielle Sam 30 Oct 2010 - 17:44

La situation géographique de la Provence la prédestinait au rôle d'intermédiaire entre la Gaule el les grands foyers civilisateurs répandus autour de la Méditerranée : l'Italie, l'Afrique romaine et l'Orient. C'est sur ses côtes que les Grecs établirent leurs premières colonies; les Romains commencèrent par elle leurs conquêtes transalpines. Il n'y eut pas chez nous de pro-vince plus romaine. Le christianisme s'y implanta de bonne heure. Ses Églises, de bonne heure nombreuses et florissantes, reçurent le contre-coup des agitations doctrinales qui troublèrent le monde chrétien. Pouvaient-elles ignorer la naissance el le développement des institutions saintes qui grandissaient ailleurs ?

Le va-et-vient continuel qui régnait au IVe siècle entre les Églises d'Occident et celles d'Orient ne permettait guère aux chrétiens de Provence d'ignorer les merveilles de l'ascétisme monastique, qui s'épanouissait dans les solitudes de l'Egypte et de la Palestine. Mais la contagion de l'exemple fut très lente. Et il n'y a rien là qui puisse nous étonner; car ce fut un peu le sort de tout l'Occident. Bien qu'elle eût appris de la bouche de saint Athanase la vie extraordinaire de saint Antoine, l'Italie ne se pressa point de fournir au monachisme un recrutement abondant. L'Afrique, pour s'ébranler, attendit saint Augustin, c'est-à-dire la fin du IVe siècle. Il y eut chez les Espagnols moins d'empressement encore. Les Églises de Poitiers et de Tours, et les contrées qui subirent i'aclion de saint Martin et de ses disciples s'ébranlèrent d'assez bonne heure. Le midi de la Gaule, et, en particulier, la Provence connurent pratiquement les moines à une époque beaucoup plus tardive. Ce ne fut guère qu'au déclin du IVe siècle. D'où venaient ces premiers moines? Se rattachaient-ils aux groupes martiniens ? Étaient-ce des imitateurs du monachisme oriental ou les continuateurs des ascètes primitifs? Nous ne saurions le dire.

Le ve siècle vit arriver en Provence deux hommes qui furent bientôt les promoteurs ardents de la vie monastique : saint Honorat, à Lérins, et Cassien, à Marseille. Par ce dernier, toute la tradition ascétique de l'Orient aboutit dans la Gaule méridionale, pour être élaborée et adaptée aux exigences des tempéraments occidentaux. Après avoir subi dans ces contrées une évolution nécessaire, les institutions monastiques s'épanchèrent plus fécondes sur l'Occident tout entier. Ce ne fut point sans bénéficier, au préalable, de l'action de quelques moines éminents.

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Message  gabrielle Lun 1 Nov 2010 - 20:05

La tradition orientale, telle que Cassien la présenta aux moines marseillais, parvint à saint Benoît, qui sut se l'approprier, en la marquant du sceau de sa sainteté personnelle et du génie romain. La tradition de Lérins fut transportée en Irlande par saint Patrice, qui l'unit à la tradition martinienne; on sait l'efflorescence de la vie monastique dans les îles bretonnes, d'où elle revint plus tard en France se fondre avec le courant bénédictin, et donner son étonnante vigueur au monachisme du VIIe siècle. Saint Benoît et saint Colomban rencontrèrent chez nous un autre courant, sorti à la fois de Lérins et de Marseille; il s'était grossi, toujours en Provence, d'un heureux apport, qui lui était venu de l'Afrique romaine. Personne, plus que saint Césaire d'Arles, ne contribua à la diffusion des doctrines et de la règle monastique de saint Augustin. Au lieu de reproduire servilement l'œuvre augustinienne, il se l'assimila, et réussit même à la perfectionner en l'enrichissant de sa propre expérience.

Le travail qui s'est effectué dans les monastères provençaux pendant les ve et vie siècles présente donc le plus haut intérêt. La règle bénédictine, qui en absorba plus tard tous les fruits, ne doit pas le faire oublier. Il faut le reconnaître, l'histoire monastique offre peu de périodes qui méritent mieux de fixer l'attention. Nous avons en outre la bonne fortune de posséder une série de documents de premier ordre, d'une indiscutable authenticité, qui projettent une vive lumière sur les moines, les monastères et leurs règles. Pour apprécier l'œuvre qui s'est alors accomplie dans le midi de la Gaule, il ne faut pas craindre de franchir les limites de la Provence. Quelques-unes des Églises répandues sur les rives du Rhône et de ses principaux affluents, connurent, elles aussi, un épanouissement de la vie monastique, qui ne fut pas sans influence. Il nous intéresse d'autant plus qu'il n'a pas échappé à l'action de Lérins, de Marseille et d'Arles.-

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Message  ROBERT. Lun 1 Nov 2010 - 22:08

.

Je salue l'intéressante étude des origines du monachisme, transmise par vos soins, en ce nouveau dossier. Merci Gabrielle.

Malheureusement, tous ces monastères et ermitages, toutes ces commnautés ont été sabotés et

détruits par l'influence et l'action diabolique des Intrus, en commençant par Montini & Cie, dans celles-ci

par l'implantation de la liberté religieuse et l'œcuménisme...
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Message  Sandrine Lun 1 Nov 2010 - 22:43

Je me joins à Robert sunny
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Message  gabrielle Mer 3 Nov 2010 - 16:16

1.
LES MONASTÈRES

Lérins est le premier monastère qui sollicite notre attention. On donnait ce nom à un groupe d'îles qui restèrent désertes jusqu'au jour où saint Honorat fixa dans l'une d'elles sa de meure, au commencemen, du ve siècle (vers 410.) Elle a, depuis, porté le nom de ce moine illustre. Une autre, l'île voisine de Léro, aujourd'hui Sainle-Marguerite,fut habitée plus tard par saint Eucher, le futur évêque de Lyon. Les disciples affluèrent bientôt autour de la cellule d'Honorat, et Lérins fut un asile de saints, une école où abondèrent les maîtres de la doctrine, et un séminaire qui fournit aux Églises des pontifes éminents.

Ce ne fut pas la seule île des côtes de la Méditerranée qui fournit une retraite aux solitaires. Saint Martin, le premier, avait cherché un refuge dans l'ile Gallinaria. Celle de Capraria, située entre la Corse et le littoral italien, fui habitée par plusieurs moines. Il y en eut un certain nombre dans l'île de Gorgone; la noble romaine Fabiola aimait à leur envoyer de quoi subvenir à leurs besoins. Les îles d'Ilyères eurent, elles aussi, une population monacale; Jovinien, Léonce, Minerve el Théodore, à qui Cassien adressa ses dernières conférences, en faisaient partie.

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Message  gabrielle Ven 5 Nov 2010 - 20:13

La solitude profonde dont ils y jouissaient, et le spectacle grandiose de la nier, qui impressionne toujours les âmes élevées, rendaient ces retraites insulaires particulièrement agréables à des moines. Saint Ambroise justifie cette prédilection dans un passage de son commentaire sur l'Hexaméron.

« Que dire des îles que le créateur a enchâssées dans la mer comme des joyaux? Les hommes qui veulent se soustraire aux séductions du monde et fuir les écueils de la vie présente y cachent, loin du siècle, leur chasteté. La mer est donc pour eux l'asile secret de la tempérance un lieu favorable à la pratique de la virginité, un refuge sûr et tranquille. Les hommes fidèles et dévoués à Dieu y trouvent une flamme qui alimente leur dévolion. Le bruit des flots qui vont se briser doucement sur la plage, rivalise avec le chant des psaumes. Les îles applaudissent ainsi au chœur des saints, elles résonnent d'hymnes suaves .1 »

La mer, quels que fussent ses charmes, ne put retenir tous les chrétiens épris de la vie monastique. Ils furent beaucoup plus nombreux, cela va sans dire, dans les monastères construits sur le continent. Un moine, originaire de Provence qui avait demandé à l'Orient sa formation intellectuelle et religieuse, Jean Cassien, réunit dans Marseille un groupe de disciples (vers 418) ; ce fut le berceau de la célèbre abbaye de Saint-Victor. 11 fonda, pour les femmes, un second monastère, qui prit dans la suite le nom de Saint-Sauveur ou encore de Saint-Cassien.



1 Saint Ambroise, Hexameron, I. III, c. v, 23. Patr. lai., XIV, 165-


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Message  gabrielle Sam 6 Nov 2010 - 15:08

La cité d'Arles, qui eut avec Lérins les plus intimes relations, fit à la vie monastique un accueil empressé. Il y eut un premier monastère dans un ilot du Rhône, voisin de la ville. Ce serait, croit-on, une fondation du saint évèque Honorat. Saint Césaire le gouverna durant trois années 1.

Devenu évèque, Césaire fonda dans l'intérieur de la ville, pour des moniales, le monastère de Saint-Jean ; sa sœur Césarie en fut la première abbesse. Ce n'était pas la seule communauté de femmes que renfermât le diocèse. La dernière des quatre exhortations qui complètent la règle du saint Pontife a été écrite pour une abbesse, nommée Oratoria, qui en gouvernait une seconde 2. Grâce à la munificence du roi Childebert, l'évêque saint Aurélien bâtit deux nouveaux monastères (548), l'un d'hommes et l'autre, celui de Sainte-Marie, de religieuses. Il rédigea une lettre pour les deux 3. L'église d'Arles possédait encore deux monastères, dont l'un portait le vocable de Saint-Sauveur; l'autre, connu sous le nom d'Arvnai-num 4, reçut la visite de l'évêque d'Orléans, saint Aignan 5.

Castor, évèque d'Apt, établit dans son diocèse le monastère de Minerve (de 419 à 426), où vécurent les moines Léonce et Helladę, dont parle Cassien 6. Les auteurs de la Gallia christiana signalent en outre le monastère de Bovons (Bodunense monas-terium), qui eut pour abbé un certain Marius, mentionné par Grégoire de Tours .7 Un disciple de ce saint Marius, saint Do-nat aurait lui-même fondé, à deux lieues de Sisteron, le monastère de Lure, sous le vocable de Sainte-Marie 8.

1 Vita S. Caesarii, 1. I, 12, éd. Krusch. M. G. H.. t. I, p. 461. Il ne reste aucun vestige de ce monastère. On a voulu, sans preuve suffisante, l'identifier avec Montmajour.
2 Holstenius, Codex regularum, t. III, 49. Cf. Malnory, Saint Césaire, évêque d'Arles, introd., x.
3 Pi ooemium regulae S. Aureliani. Holstenius, op. cit.. t. II, 100.
4 Aujourd'hui Saint-Gabriel.
5 Vita S- Antani, 6, éd. Krusch. SS. R. M., t. II, 111. Nazaire, successeur de Fauste a Lérins, fonda un monastère de femmes à Arles, sous le vocable de saint Elienne. Mabiilon, Annules, 1. I, 32, t. I, 15.
6. Cf. Gallia christiania, ed. Palmé, t. I, 376.
7 Gallia christiana, t .l, 501. Mabillon, Annales, 1. V, ,5, 35 t.I 131
8 idib., 509. Maljllon, 1. V, 36. t. 1, 132, qui cite encore les monastères d'Embrun et de Noviacum.


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Message  gabrielle Lun 8 Nov 2010 - 18:11

Le même Grégoire de Tours signale, auprès de Nice, l'existence d'un monastère auquel appartenait le célèbre reclus Hospilius, dont la vie extraordinaire causa aux Lombards tant de surprise .. il y en avait d'autres dans les villes d'Agde 2 et de Nîmes 3. Saint Ferréol, évêque d'Uzès, fonda dans son diocèse celui de Ferréo-lac, pour lequel il écrivit une règle 4.

Ce ne sont évidemment pas les seules maisons religieuses de la Gaule méridionale, mais les autres n'ont laissé aucun souvenir. Force nous est donc de les traiter comme si jamais elles n'avaient existé. En remontant vers le nord, nous limitons les Églises de Vienne et de Lyon, dont la vitalité chrétienne fut intense a cette époque. Elles offraient au monachisme un terrain admirablement préparé. Il y eut un épanouissement heureux. Lorsque saint Mamert, évèque de Vienne, voulut faire la translation solennelle des reliques du saint martyr Ferréol, un grand nombre de moines et d'abbés prirent part à la cérémonie 5.

Un document, postérieur, il est vrai, a l'époque dont nous nous occupons, la Vie de saint Clair, fournit de très utiles indications sur les monastères de cette contrée au début du VIIe siècle. Cet abbé Clair, moine d'un monastère dédié à saint Ferréol, en gouverna un autre, qui portait le titre de Saint-Marcel. Son monastère de profession appartenait a un groupe monastique connu sous le nom de Grigny, et où vécurent près de quatre cents religieux. Il était assez éloigné de la ville épiscopale.-

2 Vita S. Severi, 13. Mabillon, Acia Sanctorum 0. S. B., sec. I, p. 510. 3 Gallica christiana, t. VI, 469-
4 Regula S. Ferreoli, praef. Holstenius, Codex regularum, t. II, 119.
5 Advenit ad hoc opus abbatum atque monachorum magnus numerus, Grégoire de Tours, Liber de virtutibus S. Juliani, 2. M. G. H., p. 563. Saint Mamert était évêque de Vienne en 463.

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Message  gabrielle Mar 9 Nov 2010 - 16:57

A Vienne, il y avait les monastères de Saint-Pierre et de Saint-André ; l'abbé Léonien les fonda au temps du roi Clotaire, le premier pour les hommes, et le second pour les femmes. Ce Léonien, qui trouva moyen de vivre en reclus et de gouverner des communautés nombreuses, fut dans ce diocèse, au ve siècle, le grand propagateur de la vie monastique 6. Si l'on peut se fier au biographe de saint Clair, Saint-Pierre aurait compté cinq cents moines et Saint-André cent moniales. Un second monastère, sous le vocable du même saint André, nourrissait autant de religieuses. Ce n'était pas toute la population monastique de la civitas. Les quatre monastères des saints Gervais et Protais, de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Vincent et de Saint-Martin étaient habités chacun par cinquante moines, et celui de Saint-Marcel, par trente. Un nombre égal de religieuses vivait à Sainte-Colombe ; il y en avait quarante à Saint- (Nicétius) Nizier ; Sainle-Blandine renfermait vingt-cinq veuves. Ce qui fait, non compris Grigny, six monastères d'hommes et cinq de femmes 1

6 Vita S. Leoniani. Mabillon, Acta Sanct. 0. S. B., sec. I, 559-560. Vita Pa-trum Jurensium, 111, 5, ed. Krusch. SS. R, M., 156

1 Mabillon. Annales Ord. S. Benedicti, t. 1, 106, éd. 1703.

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Message  gabrielle Ven 12 Nov 2010 - 2:07

Plusieurs autres fondations viennoises sont dues à l'activité d'un disciple de Césaire d'Arles, le pieux abbé Theudaire, dont Adona écrit la vie: ce sont Saint-Chef -, Saint-Maurice d'Ascisse, Saint-Pierre d'Alarma, et deux autres monastères situés, l'un, dans le voisinage de Vienne, et l'autre sur les rives du Gere affluent du Rhône 3.

Lyon, centre alors d'un très vaste diocèse, fut presque aussi bien partagé. S'il fallait donner crédit à certaines traditions locales, l'Île-Barbe remonterait au IIIe siècle et par conséquent serait le premier monastère gallo-romain. Mais ces prétentions doivent tomber devant la sincérité de l'histoire, qui ne veut pas reculer son berceau au delà du IVe siècle. L'abbaye d'Ainay, construite au lieu où furent mis à mort les Martyrs lyonnais, près du confluent du Rhône et de la Saône, était, durant le vie siècle, en pleine prospérilé 4.


Le monastère de Saint-Paul pour les hommes, et ceux de Sainte-Eulalie et de Saint-Pierre, pour les femmes, existaient avant la fin de la période que nous étudions. Peut-on dire la même chose de Saint-Nizier, de Saint-Irénée et de Saint-Rambert, mentionnés par les auteurs de la Gallia christiana? Les monastères les plus célèbres de cette époque se trouvaient loin de la ville épiscopale, dans les montagnes du Jura. Leurs saints fondateurs portent le nom de Patres jurenses. Grâce à la vertu et à la doctrine de ces hommes de Dieu, cette solitude fut en grand renom à la fin du ve et au début du VIe siècle.

3 Vila S. Theudarii, éd. Krusch, 525-528. Mabillon, Ibid. Nous ne disons rien du monastère de Tarnat ; il en sera longuement question plus loin.

4 Mabillon, op. cit, 12, 13



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Message  gabrielle Sam 13 Nov 2010 - 17:53

La science, la régularité et la piété de ses habitants lui donnaient assez de charme pour que saint Avit la pût comparer au ciel 1. Sidoine Apollinaire ne parle pas avec moins d'admiration de ces cellules qui ont quelque chose du paradis 2. Saint Romain, saint Lupicin et saint Oyand sont les créateurs de ce groupe célèbre. Les deux premiers s'établirent d'abord à Condat, appelé depuis Saint-Claude. L'affluence des vocations les contraignit à peupler d'autres solitudes 3. Lauconon, plus tard Saint-Lupicin, et Ro-main-Moutier sont les deux seuls noms de cette filiation monastique qui aient échappé à l'oubli. Les moniales eurent dans cette région le monastère de Balme 4.

Un peu plus tard, grâce à la générosité pieuse du roi des Burgondes converti au catholicisme, saint Sigismond, une abbaye florissante s'éleva au lieu sanctifié par le martyre de saint Maurice et de ses compagnons (22 septembre 515 5).

Les monastères qui viennent d'être signalés sont, pour la plupart, dus à l'initiative privée. Que voit-on en effet, à leur berceau? Un moine, qui d'abord habite seul. Il attire bientôt autour de sa demeure des chrétiens désireux de servir le Seigneur à son exemple et sous sa conduite. C'est ainsi que Lérins fut établi par saint Honorat.

Cassien procéda de la même manière en fondant Saint-Victor de Marseille. Les biographes de sainl Léonien, de saint Theudaire et des saints Pères du Jura fournissent des détails circonstanciés sur la façon dont se constituèrent les groupements monastiques près de leurs cellules, il dut en être ainsi un peu partout.

1 S. Avit, Epistolae. M. G. H., auct. ant., t. VI, p. 53.
2 Sidoine Apollinaire, Epistolae, 1. IV, 25 M G. H., auct. ant., c. viii, 76-77. 3 Territoria multa longe lateque spatiis districta terrarum, monasteriis ec-clesiisque replerentur. Vita Patrum Jurensium, J36.
4 Mabillon, op. cit, 23-27.
5 Vita S. Avili. SS. R. M., 100. Opera S. Aviti, éd. Peiper. M. G. H., auct. ant., VI, p. 2, 145-147. Mabillon, t. I, 27. Grégoire de Tours, Historia Francorum, 1. III, 5, p. 111.

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Message  gabrielle Dim 14 Nov 2010 - 16:56

Mais l'initiative privée, quand elle se trouve abandonnée à elle-même, court risque de franchir les bornes de la sagesse ; ce qui devient une source de sérieux inconvénients et de graves désordres. Les églises orientales en firent de bonne heure l'expérience. Les Pères du concile de Chalcédoine (450), pour remédier à ces abus, soumirent toute nouvelle fondation monastique au consentement épiscopal 1. C'était une mesure fort prudente. On dut l'oublier dans le midi des Gaules, car le concile d'Agde (506) eut à la renouveler : défense absolue fut faite d'entreprendre la fondation d'un nouveau monastère, sans avoir préalablement obtenu la permission de l'évèque du lieu 2. Le concile d'Épaone réédita, onze ans plus tard, la même prohibition. Elle finit par entrer dans les habitudes. Saint Theudaire, le fervent disciple de Césaire d'Arles, ne fut pas des moins empressés à la suivre 3.

Les évêques n'attendirent pas toujours les sollicitations de fervents solitaires. Quelques-uns entreprirent d'eux-mêmes des fondations monastiques, soit dans leur ville épiscopale,soit dans les limites de leur diocèse. Trois monastères artésiens sont dus à l'initiative des évêques Aurélien et Césaire. Saint Ferréol, évêque d'Uzès (+ 58I) 4, fonda personnellement celui de Ferréolac.

Les princes n'eurent point à intervenir au début de cette période. Les empereurs romains laissaient tous aux communautés monastiques la liberté de se constituer comme bon leur semblait. La loi n'avait pas à s'en occuper. Les barbares qui se partagèrent les Gaules conservèrent, dès le principe, une attitude semblable. Comment, du reste, les Burgondes et les Visigoths, qui envahirent le bassin du Rhône, auraient-ils pu prendre intérêt à ces fondations? Ils avaient tous embrassé l'arianisme. On ne voit pas cependant que la vie religieuse ait attiré de leur part sur ceux qui la professaient une colère spéciale. Ce ne fut pas non plus, durant les invasions et les guerres qui les suivirent, un motif de les protéger. On s'en aperçut bien pendant le siège d'Arles 1.

1 Concilium Chalcedonense, can. 24. Labbe, t. IV, 1690-1691 ; cf. Dom Besse, Les moines d'Orient, 287. Longtemps avant cette décision, saint Honorat, avait sollicité l'autorisalion de l'évêque pour fonder son monastère de Lerins.
2 Monasterium novum, nisi episcopo aut permittente aut probante, nullus incipere aut fundare praesumat. Concilium Agathense, can. 27. Labbe, t. V, col. 526.
3 Ado, Vita S. Theudarii 12, p. 529. On vît bientôt dans l'Espagne visigothique les effets déplorables d'une initiative sans contrôle. Les monastères fondés à tort et à travers provoquaient les plaintes légitimes de saint Fructueux. Ce furent d'abord de bons chrétiens qui transformèrent en communautés religieuses leurs demeures, réunissant autour de leurs femmes et de leurs enfants des serviteurs, des esclaves et des voisins couverts de l'habit monastique. D'autres construisaient dans leurs villas un oratoire en l'honneur d'un martyr, prenant ensuite le titre et les privilèges des moines (S. Fructueux, Regula communis. Holstentus, t. II, 251-203). Ce ne fut pas tout. Des prêtres, obéissant a des sentiments moins nobles encore, fondaient d'eux-mêmes des monastères. Afin de les peupler, ils admettaient n'importe qui. Les moines, chassés par leur abbé en punition de fautes graves, y trouvaient un accueil empressé (ibid., 253-2255). On devine quels moines cela pouvait faire. Les conciles d'Agde et d'Epaone prémunirent contre ces abus les monastères de la Gaule méridionite.
4 Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, t. I, 304.
1.Cf. Mabillon, Annales, t. I, 20.


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Message  gabrielle Mer 17 Nov 2010 - 16:39

La situation devint tout autre quand ces contrées furent soumises à la domination des princes catholiques. Les moines eurent dans les Burgondes, convertis à la foi, des protecteurs généreux. L'apôtre de leur roi, saint Avit de Vienne, sut leur communiquer l'admiration que lui inspirait la vie religieuse. Sigismond, après avoir solennellement abjuré l'hérésie en plein concile d'Épaone (517), résolut de faire lui-même les frais d'une fondation monastique. Il choisit pour emplacement la vallée d'Agaune, rendue célèbre par le martyre de saint Maurice et de ses compagnons. On ne pouvait, dans la contrée, avoir un lieu plus vénérable. Le noble fondateur commença par en éloigner les femmes et les hommes qui l'habitaient. Puis il chercha dans son royaume un religieux capable de gouverner un monastère et de présider à sa fondation, pour lui confier la dignité abbatiale ; et il l'entoura de moines empruntés à diverses maisons et qui formèrent la communauté.

Lorsque tout fut prêt, le roi réunit en concile les évêques de la région afin de donner plus d'éclat aux solennités de la consécration de l'église et de l'inauguration du monastère 2. La part importante que prit Si-gismond à la formation et au développement de l'abbaye d'Agaune ne lui fournit point un prétexte de restreindre en aucune façon la liberté dont jouissaient les moines.

Il faut en dire autant de l'intervention du roi Childebert en faveur des deux fondations monastiques entreprises par l'évêque d'Arles, saint Aurélien. Le prince fit aux moines et aux moniales des donations qui lui valurent d'être inscrit en tête de leurs bienfaiteurs (548) 3- Nous sommes loin des droits que la couronne exerça dans la suite sur les monastères, qui durent partager en cela le sort de toutes les institutions ecclésiastiques.
2 Vita abbatum Agaunensium, SS. R. M.. II, 177-178. Mabiilon, Annales, t. I, 27-29.
3 Mabillon, t. I, 128. Cf. Holstenius, t. II, 96-100.

Dom J.-M. BESSE.
Revue des Questions Historiques, vol. LXXI, 1er avril 1902
page 403-404
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Message  gabrielle Jeu 18 Nov 2010 - 18:54

L'autorité royale pouvait prendre sous son haut patronage les fondations dues à l'initiative des chrétiens ou des évêques et autorisées par les dépositaires du pouvoir ecclésiastique. Mais à une époque où les institutions politiques étaient si fragiles, cette protection était insuffisante. Celle qui venait de l'évêque ne pouvait pas davantage assurer au monastère paix et perpétuité. Son pouvoir, cependant, était fort étendu. C'est cette puissance qui causait aux fondateurs de très légitimes inquiétudes. Comment empêcher le chef d'une Église de détruire ou tout au moins de compromettre, par une ingérence indiscrète ou par une indifférence coupable, l'œuvre de ses prédécesseurs? Saint Césaire ne se faisait aucune illusion sur ce danger. Son titre de fondateur, l'autorité personnelle que lui donnaient la sainteté et la doctrine, ses relations avec l'abbesse et les moniales rehaussaient singulièrement en lui le pouvoir épiscopal.

Ses successeurs auraient pu se prévaloir de cette situation exceptionnelle et susciter dans le monastère des troubles fâcheux. Le saint Pontife voulut, avant sa mort, mettre les choses au clair. Il commença par stipuler que le monastère de Saint-Jean resterait soumis à la juridiction de l'évêque d'Arles conformément aux prescriptions du droit 1. La règle avait soin comme nous le verrons bientôt, de fixer de sages limites à l'exercice de cette autorité. Le pieux fondateur recommande seulement au Pontife de veiller avec une sollicitude paternelle sur les religieuses et sur leurs intérêts, et de ne rien laisser entreprendre par qui que soit, contre leur monastère 2.

Saint Césaire n'avait rien de plus à cœur que le maintien intégral de la règle. Il ne reconnaissait à personne, pas même à un évêque, le droit de l'altérer. La connaissance qu'il avait de la faiblesse humaine lui inspirait de vives inquiétudes ; c'est pour assurer sou œuvre contre le péril d'une décadence toujours facile, qu'il résolut de la mettre sous la sauvegarde de l'autorité ecclésiastique la plus haute. Le pape Hormisdas, invoqué par lui, confirma toutes ses dispositions (525) 1. Plusieurs évêques de la province apposèrent leur signature au privilège pontifical. Il fut bien stipulé que si l'abbesse, contrairement aux dispositions du fondateur et aux droits du Saint-Siège, faisait à l'é-vêque du lieu des concessions irrégulières, les religieuses devraient lui résister en face. Telle fut la volonté expresse de Césaire 2. On ne pouvait aller plus loin.

L'exemple donné par saint Césaire porta ses fruits. Aurélien, après avoir fondé ses monastères, voulut les placer sous la protection du souverain Pontife. Sur ses instances et sur celles du roi Childebert, le pape Vigile confirma tout ce que le prince et l'évêque avaient disposé en faveur de cette communauté. Plus tard, saint Grégoire le Grand renouvela ce privilège, par une lettre adressée à Vigile, qui gouvernait alors l'Eglise d'Arles (599) 3.-


1 Cunctum monasterinm S. Johannis, quod ego condidi, sub potestate Arela-tensis Pontificis canonice sit. Testamentum S. Caesarii, Patr, lat., LXVII, 1139.
2 Testamentum S. Caesarii, 1140-1141. Cette autorité de l'évêque diocésain fut affirmée quelques années plus tard par un concile d'Arles (554). Ut mo-nasteria vel monachorum disciplina ad eum perlineant episcopum, in cujus sunt territorio constitula (can. l, éd. Maassen, 119). Et encore : Ut episcopi de puellarum monasteriis, quae in sua civitate constituta sunt, curam gerant, nec abbatissae ejus monasterii aliquid tirent contra regulam facere (can. 5, ibid). Ces deux carions rompaient avec, la tradition des Églises de l'Afrique romaine, qui permettait au fondateur de soumettre son monastère à tel évêque qui lui convenaie même au détriment de l'évêque diocésain (Dom Besse Le monachisme africain, p. 85-88)

1 Jaffé, Regesta Pontificum Romanorum, t. I, c. cix, n° 864. Cf. Mabillon, Annales, t. I, 45. Malnory, op. cit., 272.
2 Saint Césaire, Regula ad virgines. Recapitulatio, 14. Holstenius, t. III, 39.
3 Jaffé, op. ci.t , t I, 122. n. 928. Cf. Mabillon, Annales t. I. 253-254. Holstenius, t. Il, 96. Saint Grégoire avait, deux années auparavant, concède un privilège important a l'abbesse et aux moniales de Saint-Cassien de Marseille, Mabillon, p. 246.


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page 404-405

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Message  gabrielle Sam 20 Nov 2010 - 18:08

11.

Le fondateur d'un monastère se préoccupait avant tout de travailler à la sanctification des âmes. Il lui importait d'organiser tout en vue de cet idéal surnaturel. Il déterminait par la règle le genre de vie que mèneraient les moines; leur existence recevait ainsi une forme qui devait, dans sa pensée, se perpétuer d'âge en âge, aussi longtemps que durerait le monastère lui-même. Ce sentiment, qui animait tous les fondateurs monastiques, se trouve très nettement formulé par saint Aurélien au début de sa règle. « Nous avons résolu par la grâce de Dieu, écrit-il, de construire un monastère pour l'avancement de vos âmes, et nous avons mis à exécution cette pensée. Nous avons, dans ce but, établi à votre intention une règle et un genre de vie qui vous puissent diriger dans la voie de la perfection et conduire heureusement au royaume des cieux 1. » Le service rendu de la sorte l'emportait de beaucoup sur les plus généreuses donations. C'est vraiment là ce qui constituait le monastère, et engageait ses habitants sur le chemin de la sainteté. Aussi le fondateur attendait-il, en échange, une reconnaissance profonde et un souvenir ineffaçable, qui se manifesteraient aux offices du jour et de la nuit par une ardente prière. Saint Césaire n'espérait pas de ses filles une meilleure récompense 2.

Les monastères de cette époque primitive ne connurent point de règle uniforme. Les fondateurs jouissaient en pareille matière d'une absolue liberté. Il semble que chacun d'eux ait tenu à établir une règle en même temps qu'un monastère. De là une variété et une richesse presque sans exemple de monuments de la législation monastique. La Gaule méridionale diffère beaucoup en cela des solitudes religieuses de l'Orient. Les moines de ces contrées ont laissé peu de règles écrites, et encore celles qui sont parvenues jusqu'à nous ont été, sauf deux, rédigées plus tard. Les monastères de la Provence et des contrées voisines eurent tous une physionomie propre. On dirait autant d'ordres distincts.

Le fondateur ne créait pas cependant la règle de toutes pièces. Les monastères de la région, la vie des moines d'Orient, la lecture de leurs écrits et, enfin , la tradition, lui fournissaient des éléments qu'il utilisait de son mieux. Toutes ces règles présentent un caractère commun : elles sont incomplètes et manquent de précison. Impossible avec leur seul secours d'organiser une communauté régulière. Mais il n'y a rien là qui puisse surprendre. La même observation peut-être faite au sujet de toutes les branches de la discipline ecclésiastique. On laissait alors beaucoup à l'initiative personnelle de l'évèque. Il en allait de même pour l'abbé dans les monastères. La précison n'est venue que plus tard.

1 Saint Aurélien, Prooemium regulae. Holstenins, t II, 10.
2 Saint Césaire, Regula ad virgines. Recapitulatio, 18. Holstenius, t. III, 41.

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Message  gabrielle Mar 23 Nov 2010 - 18:15

L'ordre chronologique assigne la première place à la règle suivie par les moines de Lérins. Elle eut pour auteur saint Honorat. La sainteté qu'elle fit s'épanouir dans cette ile monacale la rendit promplement célèbre et lui concilia l'admiration des contemporains 1. Les exemples du saint abbé et son enseignement oral lui servaient de commentaire vivant. Honorat légua ce pieux héritage à sa famille spirituelle. L'un de ses successeurs, Fauste, le futur évèque de Riez, invitait les moines à puiser à cette source sainte la notion et la pratique des vertus qui convenaient à leur état 2. Saint Paulin de Nole faisait grand cas de ces observances; le pieux fondateur, qui entretint avec lui d'amicales relations, lui envoya Gélase, Oyand et Tigride, ses disciples; ils purent le renseigner sur la vie qu'on menait à Lérins 3. Un autre saint, Épiphane de Pavie, qui visita l'ile en revenant de Toulouse, où le roi goth Euric l'avait mandé, sut y découvrir les plus beaux exemples de vie religieuse 4. Lorsque saint Jean, abbé de Réome, se rendit à Lérins, au commencement du vie siècle, pour avoir sous les yeux un type parfait de vie monastique, la règle de saint Honorat était encore observée. Son biographe la désigne par les termes respectueux de forma religionis ou regularis disciplinae 5.

Mais où donc saint Honorat avait-il puisé les éléments qui entrèrent dans la rédaction de sa règle? La vie des moines orientaux était alors, autant qu'elle l'a jamais été depuis, le type sur lequel les moines de partout cherchaient à modeler leur existence. Les récits qui circulaient de bouche en bouche pouvaient satisfaire leur pieuse curiosité Ceux qui ne savaient pas le grec avaient à leur disposition des versions latines de quelques œuvres monastiques importantes. La présence de Cassien à Marseille fut pour les moines de la contrée une bonne fortune. Saint Honorat le mit a contribution. La deuxième série des Conférences, qui lui est dédiée, témoigne de l'intimité de leurs rapports.

1 Cf. Saint Eucher, De laude eremi, 42. Patr, lat, t. L, 711.
2 Fauste, Sermo XXIII, éd. Vienne, p. 318.
3 Paulin de Nole, Epistoła xli Patr, lat, LXI, 417.
4 Ennodius, Vita B. Epiphanii, éd. Hartel, 354-355 A la demande de l'abbé Léonce, il rédigea la vie du bienheureux Antoine, moine de Lérins. Elle nous a été conservée. ibid , 383-393.
5 Jonas, Vita S. Joannis abbalis Reomensis, 4-5. M. G. H., 508.

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Message  gabrielle Sam 27 Nov 2010 - 17:08

Le saint abbé de Réome, dont il a été précédemment question, fît observer, à son retour de Lérins, une règle qui portait le nom d'un saint Macaire. Son titre trahit une origine orientale 1. Jean en avait-il eu connaissance par les disciples d'Honorat? On ne saurait le dire avec quelque certitude.

Nous ne possédons pas le texte de la règle de Lérins. Il est même permis de se demander si son auteur l'a jamais rédigée. Il a dû probablement se contenter d'un enseignement oral et de cet autre enseignement, plus efficace, qui réalise une doctrine dans l'organisation stable d'une communauté religieuse 2 . Fauste, Eucher de Lyon, et les écrivains qui ont parlé de cette île célèbre et de ses habitants, fournissent d'utiles indications sur le genre de vie qu'on y menait 3. Quelques historiens, désireux de reconstituer la physionomie monastique de Lérins, ont cédé à la tentation de prendre dans les règles de saint Césaire des renseignements trop nombreux, sans établir leur origine. Césaire a, évidemment, fait des emprunts aux observances de son monastère d'origine.

Mais ce ne fut pas sa source unique. On ne saurait, pour ce motif, légitimement conclure de la présence d'un usage dans ses règles, à son existence parmi les moines de Lérins. Il est impossible, par exemple, de reconstituer leur liturgie avec ses règles comme a tenté de le faire Dom Calmet 4.
1 Jonas, loc. cit.
2 Mabillon, Annales, t. I, 11. Histoire littéraire de la France, t. II, 159-160. éd. Palmé. Malnory, Saint Césaire, 249.
3 Fausti aliorumque epistolae, ép. xvr, éd. Krusch. M. G. H., auct. antiquiss. VIII. 282-283. Mabillon, loc. cit. Malnory, 249-250.
4 Dom Calmet, Commentaire sur la règle de saint Benoît, t. I, 379.

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Message  gabrielle Dim 28 Nov 2010 - 16:44

Cette législation exerça une grande influence sur tout le monachisme gallo-romain. Nous avons nommé Arles et Réome. 11 faudrait ajouter encore les monastères viennois et lyonnais, ceux du Jura et de l'Auvergne 5. Mais on ne peut déterminer exactement les points sur lesquels elle dut porter.

11 en va tout autrement de Cassien. C'est par ses écrits qu'il agît sur les destinées du monachïsme, et son action fut durable et profonde. Né vers 360, dans le midi de la Gaule, d'une famille riche et cultivée, il s'en alla demander à l'Orient une formation monastique. Il eut pour compagnon inséparable son ami Germain. Cassien et Germain visitèrent ensemble les solitudes de l'Egypte. Leur séjour fut environ de dix années. On les trouven suite à Constantinople auprès du grand moine syrien Jean Chrysostome, puis à Rome (404). Ils pouvaient donc connaître la vie religieuse telle que la comprenaient les solitaires orientaux sur les bords du Nil, en Palestine et en Syrie. C'est en 415 que Cassien fonda ses deux monastères à Marseille. Son action personnelle nous échappe. N'importe, on peut dire que personne n'a autant que lui contribué à la formation et au développement du monachisme occidental. Ses douze livres sur les Institutions des cénobites et ses Vingt-quatre conférences 1 restent le monument le plus précieux de la littérature monastique.

Cassien fut, à cette époque, le principal intermédiaire entre l'Orientet l'Occident. Il chercha surtout, dans ses Instituiion, à mettre la vie des Pères du désert à la portée des Galio-Romains ses compatriotes. Ils ne furent pas les seuls à profiter de ses leçons. L'Africain saint Fulgence faisait de ces ouvrages sa lecture habituelle 2. Mais personne ne les mit plus à contribution que saint Benoit; on constate leur influence, pour ainsi dire, à chaque page de sa règle ; ce qui a fait l'un des hommes les plus versés dans la connaissance de son œuvre, porter l'appréciation suivante : « Saint Benoit a pris la plus grande partie de sa règle dans les Institutioss de Cassien 3. » Longtemps auparavant un moine de Lérins, saint Eucher de Lyon, avait extrait de cet ouvrage les enseignements principaux. Saint Césaire et l'auteur de la règle de Tarnat lui tirent quelques emprunts. Le saint évèque d'Arles fit mieux encore en envoyant sa sœur Césarie se former aux exercices et à l'esprit de la vie religieuse dans le monastère marseillais de saint Cassien (v. 510). Saint Romain adopta la même œuvre pour en faire la base de l'obser-vance dans le groupe monastique du Jura 4.

5 Mabillon, Annales, t. 1, 105.
1 Migne, Patr, lat., t. XLIX-L. donne les œuvres de Cassien d'après l'édition d'Alard Gazcus. Petschcnig a édité les Conférences et les Institutions dans le Corpus de l'Académie de Vienne, t. XIII et XVII, 1886-1888.
2 Ferrand, Vita S. Fulgentii,, 12. Patr. lat., LXV. 128.
3 Dom Calmet, op. cit., 1. i, 96.
4 Cf. Mabillon, Annales, t. I, 23.

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Message  gabrielle Jeu 2 Déc 2010 - 16:59

Grégoire de Tours parle de la règle de Cassien, qui était suivie par les moines de saint Yrieix en même temps que celle de saint Basile et les règles des autres Pères 5. Que dire de celle assertion? Y a-t-îl eu véritablement une règle de Cassien dont le texte serait inconnu? Tout porte à le croire. Brockie a publié une Régula sive institutiones D. J. Cassiani abbattis Massiliensis libris IV comprehensae . Mais ce n'est point, une œuvre nouvelle. Cette soi-disant règle est la reproduction simple des quatre premiers livres des Institutions conforme en tout au texte donné par Gazeus. On ne peut traiter de la même manière les citations d'une Régula sanctt Cassiani qui reviennent très fréquemment sous la plume de saint Benoit d'Aniane. Bien que ces passages se retrouvent lous dans les Institutions, ils sont extraits d'un ouvrage distinct., faisant un tout complet. Les citations empruntées par l'auteur de la Concordia regularum aux Institutions sont toujours signalées comme telles. Il n'y a donc pas de confusion possible. Ces fragments sont la seule chose qui reste de celle Régula Cassiani. Il faut y voir l'œuvre d'un Gallo-romain, qui a essayé de présenter sous la forme d'une règle les enseignements pratiques de Cassien pour mieux les adapter aux exigences dune communauté occidenlale. On ignore le lieu et le temps de sa rédaction 2.



5 Grégoire de Tours, Historia Francorum, 1. X, p. 29.
1 Brockie. Codex regularum, t. II, 1-37.
2 Saint Benoit d'Aniane, dans sa Concordia regularum (Patr. lal., CIII, 840-1064)

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Message  gabrielle Sam 4 Déc 2010 - 18:46

La Gaule méridionale ne nous a légué aucune règle monastique qui puisse être comparée avec celles de saint Césaire. Originaire de Chalon-sur-Saône (v. 420), moine de Lérins, prêtre de l'Église d'Arles, abbé d'un monastère et enfin évêque, il fut « un grand promoteur d'organisation et de réforme » et « l'homme de la discipline ecclésiastique 3. » Il ne se borna point à codifier lss règles canoniques formulées avant lui. Son activité féconde voulut s'exercer en faveur des moines et des moniales. Le corps de lois qu'il rédigea pour eux obtint un succès très mérité. Sainte Radegonde l'introduisit dans son monastère de Poitiers. Saint Donat, évêque de Besançon, le fit passer presque intégralement dans la règle qu'il rédigea pour le monastère de Sainte-Marie, fondé par sa mère Flavie à Jussa 4. D'autres communautés de femmes l'adoptèrent ensuite, et en particulier celle de Chamalières près de Clermonl .

Lorsque Césaire fut préposé par l'évêque d'Arles Eone au gouvernement d'un monastère d'hommes, il rédigea pour eux la première des deux règles qui portent son nom . Elle se compose de vingt-quatre articles fort courts et d'une exhortation finale. On y trouve formulé, avec des textes empruntés aux divines Écritures, quelques-uns des préceptes fondamentaux de la vie chrétienne . La désappropriation, la communauté de vie, la stabilité, l'abstinence, la lecture à table, la clôture et le droit de répression y sont nettement enseignés. Le cursus incomplet, qui termine celle règle, mérite une attention spéciale.

La Bible, la règle de saint Augustin et ses discours 355 et 356 De vita et moribus clericorum suorum constituent, avec la tradition, les sources auxquelles a puisé le législateur 4, Il est difficile d'apprécier l'influence directe que son œuvre a pu exercer sur les moines ses contemporains.

Lorsque saint Césaire eut fondé pour les moniales le monastère de Saint-Jean, il usa de son droit de fondateur en lui donnant une règle. Les divergences profondes que présentait alors l'observance monastique et la réelle difficulté qu il y avait à imposer aux femmes des usages bons pour les hommes le mirent dans l'obligation de faire une œuvre personnelle. Il ne créa point de toutes pièces sa Régula ad virgines 1 Les monuments de l'ancienne discipline monastique, que lui-même appelle Sta-tuta antiquorum Patrum, lui offraient des éléments de premier mérite. Il n'eut qu'à faire un choix discret pour avoir une règle qui convînt à des religieuses. Il a pris la peine de nous le dire.

3 Duchesne, Les fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, t II ,11.
4. Mabillon, Annales, t. I, 325. Malnory, Saint Césaire, 278-279, qui place la rédaction de cette règle vers 656, tandis que Mabillon lui assigne l'année 624.
1. Holstenius , t. III, 18-43.

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Message  gabrielle Mer 8 Déc 2010 - 1:46

Saint Césaire a fait entrer dans cette nouvelle règle les principales dispositions de celle qu'il avait écrite pour les hommes, en ayant soin de les préciser et de les compléter sur les vertus fondamentales de la vie religieuse. La pauvreté, la profession, la charité, les devoirs de l'abbesse et des officières, le soin des malades, la discipline régulière, le silence, le travail ont particulièrement appelé son attention. Une première rédaction de la Régula ad virgines comprenait quarante-quatre articles. Après une expérience de quelques années, le vénérable auteur éprouva le besoin, pour la rendre plus pratique, de la modifier et de la compléter; ce qu'il fit parles dix-neuf articles de sa récapitulation 2.

Ces additions portent sur le noviciat, la clôture, le travail, les repas, les jeûnes et l'élection de l'abbesse. Le saint législateur semble avant tout préoccupé de maintenir l'observance intégrale de la règle ; el il fait aux moniales un devoir rigoureux de résister loyalement à tout ce qui tendrait à l'altérer. Celles qui auraient le malheur de causer à la communauté ce préjudice seront par lui citées au redoutable tribunal de Dieu.

Nous avons dit que la Régula ad monachos a en très grande partie, passé dans la Régula ad virgines. A cette première source, il faut ajouter saint Augustin, qui a été de nouveau très largement mis à contribution 3. On Irouve l'influence de Cassien dans les articles 12 et 13, qui règlent le service des hebdomadiers et le travail des mains durant les lectures à l'office nocturne. Quant aux analogies, qu'il est facile de constater avec la règle bénédictine, elles proviennent de préoccupations semblables, qui ont créé chez les deux législateurs un même état d'esprit et par conséquent des dispositions analogues. On ne peut guère songer a l'influence de l'un sur l'autre. Les sermons de Fauste ont laissé dans l'œuvre de Césaire des traces nombreuses.-

2 Les articles 20 et 21 qui terminent la récapitulation ne sont pas de saint Césaire. C'est un emprunt fait après coup à la règle bénédictine.

3 Sont empruntés â saint Augustin les articles 8, 15, 18, 19, 20, 21, 23, 26, 27, 20, 31, 3-. Dans tout ce qui est relatif à la désappropriation et au testament, on reconnaît l'influence directe des deux sermons de saint Augustin indiqués plus haut.

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Message  gabrielle Sam 11 Déc 2010 - 19:09

Quelles que fussent la célébrité et la valeur intrinsèque de la règle de saint Césaire, l'un de ses successeurs, saint Aurélien (élu en 546), se serait cru au-dessous de son rôle de fondateur s'il l'avait tout simplement donnée à ses deux monastères. Il en rédigea donc une spéciale pour les moines ; quelques modifications suffirent pour la rendre applicable aux moniales. Mais le nouveau législateur fit à Césaire les plus larges emprunts. On retrouve dans son œuvre l'influence directe de Cassien, de saint Augustin et peut-être celle de saint Benoît 1. Ce n'est pas cependant un vulgaire plagiat que nous offrent l,Institu-lio sanctae regulae 2- d'Aurélien et ses Instituta sanctae regulae 3. L'auteur a usé de la plus grande liberté, empruntant, supprimant, ajoutant et modifiant à son gré. Il a su introduire dans sa règle des observances d'une originalité absolue, qui par elle sont entrées dans le domaine de la discipline monastique et permettent de l'inscrire parmi les patriarches de la vie religieuse.

Saint Ferréol, évèque d'Uzès (+ 581), suivit l'exemple de saint Césaire et de saint Aurélien. Il rédigea lui-même la règle que devaient suivre les religieux du monastère de Ferréolac, fondé par lui dans son diocèse.

Elle se compose de trente-huit chapitres 4. Quelques-unes de ses prescripiions dérivent de saint Césaire, soit directement, soit par saint Aurélien, qui a été manifestement mis à contribution. Les analogies de cette règle avec celle de saint Benoit peuvent s'expliquer sans une influence de celle dernière. L'évèque d'Uzès a fait, malgré ces emprunts, une œuvre très personnelle; c'est le monument le plus original qui nous reste de la discipline monastique à cette époque. Si la langue en est moins précise, il présente un grand nombre de détails pris sur le vif. fort utiles pour la reconstitution du milieu.

L'auteur semble tenir beaucoup à motiver tous ses règlements. L'autorité de l'Écriture ne lui suffit pas d'ordinaire. Les raisons qu'il propose dénotent une grande expérience des hommes et de la vie religieuse. La défiance qu'il avait de lui-même lui inspira la résolution de confier l'examen de sa règle a Lucrèce, personnage inconnu par ailleurs, qu'il qualifie du titre de papa. La lettre qu'il écrivit à ce sujet 1 témoigne des sentiments qui l'avaient guidé dans la fondation de ce monastère. « Il a été nécessaire, dit-il, d'imposer à un peuple nouveau le joug d'une loi nouvelle, non pour les accabler, mais pour incliner doucement leurs âmes ; c'est dans ce but que nous avons, après avoir sollicité et obtenu votre assentiment, entrepris de rédiger une règle qu'ils auront à suivre. Si vous y trouvez des règlements durs et sévères, ou des observances molles et trop douces, le texte recevra les corrections que vous jugerez utiles.»

1 Mabillon, Annales, t. I, p. 129. 1 Holstenius, t. II, 101-115.
3 Id., t.III 63-73
4. id. t .II 118-146
1 Holstenius, l. II, 119.

Dom J.-M. BESSE.
Revue des Questions Historiques, vol. LXXI, 1er avril 1902
page 412-413
gabrielle
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