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INFAILLIBILITÉ PONTIFICALE

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Message  Diane Mar 31 Mai 2011 - 16:20

Qu'entendent les catholiques par l'infaillibilité du pape? Comment prouvez-vous qu'elle fait partie de l'enseignement évangélique?

Le concile du Vatican a défini comme « un dogme divinement révélé, que lorsque le Pontife romain parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque dans l'exercice de sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, et en vertu de sa suprême autorité apostolique, il définit la doctrine sur la foi ou les mœurs qui doit être tenue par l'Église universelle, alors, grâce à l'assistance divine qui lui a été promise dans la personne du bienheureux Pierre, il jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu doter son Église, quand elle définit une doctrine sur la foi ou les mœurs ; et que, par conséquent, de telles définitions du pontife romain sont irréformables par elles-mêmes, et non par le fait du consentement de l'Église .


Le pape dès lors est infaillible seulement:

a) Quand il parle ex cathedra, à savoir quand il parle officiellement comme pasteur suprême de l'Église universelle. Il n'est pas infaillible comme législateur, juge, gouverneur suprême, comme simple prêtre, évêque de Rome, archevêque de la province de Rome, primat d'Italie ou patriarche de l'Occident.

b) Quand il définit une doctrine regardant la foi et les mœurs. Définir une doctrine veut dire la décider définitivement, finalement, irrévocablement. Omettre de définir une doctrine pourrait causer un tort considérable ou supposer une négligence coupable de la part du pape, mais ce ne serait pas incompatible avec l'infaillibilité.

c) Quand il parle de foi et de mœurs, ce qui englobe tout le contenu de la révélation divine ou le dépôt de la foi, selon l'expression de saint Paul. Il découle logiquement que le pape est aussi infaillible en jugeant les doctrines et les faits liés si intimement avec la révélation, qu'ils ne peuvent pas être niés sans mettre en péril la révélation elle-même. Tels sont par exemple les conclusions théologiques : le Christ a un corps et une âme humaine ; les vérités philosophiques : notions de personne, substance, spiritualité de l'âme ; les faits dogmatiques: saint Pierre fut évêque de Rome, Pie XI a été élu validement; et les matières disciplinaires: loi imposant la communion sous une seule espèce.

d) Quand il a l'intention d'obliger toute l'Église. Cette intention doit être établie avec clarté. Ce qu'il pourrait penser ou avoir l'intention de dire sans le dire n'est pas infaillible.1
1. Sesa., 4, eh. 4.

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Message  Diane Jeu 2 Juin 2011 - 17:18

Qu'entendent les catholiques par l'infaillibilité du pape? Comment prouvez-vous qu'elle fait partie de l'enseignement évangélique? (suite )

Dès que nous admettons l'infaillibilité de l'Église, il s'ensuit naturellement que son chef et son interprète doit être également infaillible. Car si Pierre et ses successeurs pouvaient comme pasteurs suprêmes enseigner une doctrine fausse, ils cesseraient d'être la pierre fondamentale sur laquelle l'Église fut bâtie, les portes de l'enfer prévaudraient contrairement à la promesse du Christ, l'erreur serait sanctionnée dans le ciel, la foi des frères ne serait pas affermie, le troupeau du Christ ne serait pas nourri du véritable aliment de la foi divine.

Le quatrième concile de Constantinople enseigna que « dans le Siège apostolique la religion catholique a toujours été préservée de toute tache » ; la lettre du pape Agathon lue et approuvée par le troisième concile de Constantinople déclare « que l'Église apostolique de Pierre ne s'est jamais éloignée de la vérité pour tomber en quelque erreur » ; de la lettre du pape Léon à Flavien les évêques de Chalcédoine dirent: « Pierre a parlé par la bouche de Léon » ; le concile d'Éphèse appelle le pape Célestin « le gardien de la foi » qui enseigne la vraie doctrine, parce qu'il est le successeur du «bienheureux apôtre Pierre, chef de toute l'Église et des apôtres ».

Parmi les Pères citons saint Augustin. Dans sa controverse avec les Pélagiens il considéra le pape comme l'arbitre suprême en matière de foi. Dans un sermon qu'il prêcha à Carthage, le 23 septembre 417, il raconte que deux conciles africains de Milève et de Carthage envoyèrent à Rome des rapports sur l'hérésie pélagienne. « Rome, dit-il, a envoyé des rescrits », mot pris au vocabulaire de la chancellerie impériale, c'est-à-dire ses interprétations ou ses décisions sur l'hérésie. « La cause est finie ; plaise à Dieu que l'erreur prenne fin ! »1


1. Battitol, Le catholicisme de saint Augustin, Paris, 1920, t. 2, p. 403.



BIBLIOGRAPHIE: Mgr Cecconi, Histoire du concile du Vatican, 4 vol. Paria, 1887; Fessier, La vraie et fausse infaillibilité, Paris, 1873; Granderath, Histoire du concile du Vatican, 5 vol. Bruxelles -, S. Harent, s.j., Infaillibilité pontificale, DA t. 4, e. 1422-1534; cardinal Manning, Histoire vraie du concile du Vatican, Paris, 1877.



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Message  Diane Ven 3 Juin 2011 - 16:48


Comment un homme ordinaire peut-il être infaillible? N'est-ce pas une prérogative de Dieu seul?

Dieu seul est essentiellement infaillible, car en tant que vérité absolue, il ne peut ni tromper ni être trompé. Cependant Dieu peut rendre le pape infaillible, comme son représentant sur la terre, dans le but de protéger sa révélation divine. Qu'il l'ait fait, cela est prouvé par les saintes Écritures et l'histoire de l'Église.

L'infaillibilité signifie-t-elle que le pape ne peut pas pécher?

Non. Infaillibilité ne signifie pas impeccabilité. Comme tout autre catholique le pape peut pécher, et il est tenu de recourir au même moyen de pardon, le sacrement de pénitence. L'infaillibilité n'est pas une prérogative personnelle, mais divine, officielle, donnée par le Christ à Pierre et à ses successeurs pour les préserver de l'erreur dans la définition du contenu de l'Évangile.

Les papes sont-ils inspirés comme Moïse ou Paul, quand ils publient leurs décrets infaillibles?

Non, ils ne sont pas inspirés. L'inspiration signifie que Dieu est l'auteur des livres sacrés, l'infaillibilité signifie une assistance divine qui préserve de l'erreur les paroles du pape, en sorte que toujours on peut être assuré de posséder le véritable évangile. Elle n'est pas la découverte de vérités nouvelles, mais la garde des anciennes vérités du dépôt de la foi.




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Message  Diane Lun 6 Juin 2011 - 16:34

Si Pierre était infaillible, pourquoi a-t-il renié le Sauveur?

La primauté infaillible ne fut conférée à Pierre qu'après la résurrection,1 et de plus l'infaillibilité ne regarde pas les erreurs ou péchés personnels des papes. Il est digne de remarque que l'évangile de saint Marc, qui est l'enseignement de saint Pierre, insiste plus que les trois autres évangiles sur les faiblesses humaines et les péchés du chef des apôtres. Dans son humilité, saint Pierre rapporte jusqu'au moindre détail son triple reniement de Jésus, tandis que par ailleurs il passe sous silence la grande promesse rappelée par saint Matthieu.1

1. Jn, 16, 15
1. Mt., 16, 18.
BIBLIOGRAPHIE: Cardinal Bégin, La primauté et l'infaillibilité des souverains pontifes, Québec, 1873, p. 165.


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Message  Diane Mar 7 Juin 2011 - 16:21


Votre pape infaillible ne déclare-t-il pas faux le vrai par son pouvoir de dispense?

Non. Une dispense est l'exemption d'une loi dans un cas particulier, accordée par un législateur pour des raisons bonnes et suffisantes. La loi elle-même reste en vigueur, bien qu'un individu particulier soit libéré de son observance. La loi de l'abstinence du vendredi, par exemple, est levée par le pape pour les Espagnols à cause de leurs croisades de jadis contre les Turcs, et par un évêque dans son diocèse en cas d'épidémie ou à l'occasion de solennités exceptionnelles.

Le pape peut dispenser de toutes les lois ecclésiastiques, même si elles ont été portées par un concile, parce qu'il est le chef suprême de l'Église. Il ne peut pas dispenser de la loi naturelle et divine. Le pape Clément VII rejeta la demande de divorce d'Henri VIII parce qu'il était validement uni à Catherine d'Aragon. Cranmer, le. complaisant archevêque protestant, ne fut pas si scrupuleux. Pie VII refusa à Napoléon le divorce de son frère Jérôme, parce qu'il avait validement épousé mademoiselle Patterson, protestante de Baltimore.

En 1525 Luther se dispensa lui-même de ses vœux pour épouser une religieuse Catherine von Bora, bien qu'un tel mariage fût défendu par le droit canon et les lois de l'empire. Il accorda aussi une dispense de bigamie à Philippe de Hesse en 1539 malgré les prohibitions de l'état et de la loi divine.




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Message  Diane Mer 8 Juin 2011 - 15:51


Comment le pape Libère pouvait-il être infaillible quand nous savons qu'il a signé un credo hérétique et qu'il s'est retiré de la communion d'Athanase, le grand défenseur du credo de Nicée?

L'infaillibilité papale ne regarde pas les erreurs et les péchés personnels des papes. Le pape est infaillible seulement quand il instruit tout le troupeau du Christ ex cathedra sur une question de foi et de mœurs. Le pape Libère fut au commencement de son règne un ami et un ardent protecteur de saint Athanase, ainsi qu'un ferme défenseur de la foi contre l'empereur arien Constance (337-361). À cause de cela il fut arrêté à Rome par le préfet Léontius et traduit à la cour de Milan. Sa persistance à confesser la foi de Nicée, décrite d'une manière si tragique par Théodoret1, lui attira l'exil à Bérée en Thrace.

Deux ans après, désirant retourner à Rome, il signa non pas un credo hérétique, mais la formule de compromis du troisième concile de Sirmium. Elle ne contenait aucune attaque directe contre la foi orthodoxe, malgré l'omission volontaire de l'omoousios de Nicée, représenté au pape comme un manteau qui déguisait les hérésies de Sabellius et de Photinus. Libère ajouta une déclaration positive sauvegardant la consubstantialité du Fils avec le Père 2. C'était à la vérité un acte de faiblesse qui contredisait la ferme attitude tenue à Milan deux ans auparavant, mais saint Athanase lui-même déclare que la signature de Libère avait été extorquée sous menace de mort 3.

Les lettres de Libère rappelées dans les Fragments d'Hilaire sont-elles authentiques4 ou fausses.5, question discutée parmi les historiens catholiques. Il est certainement remarquable que plusieurs Pères et papes du quatrième siècle parlent de Libère dans les termes les plus élogieux, louent sa sainteté et son orthodoxie, comme saint Ambroise, saint Basile, le pape Sirice, le pape Anastase...


1. Hist. eccles., II, 16. — 2. Heféle, Hist. des conciles, I, 908-928. — 3. Historia Arianorum. 41. — 4. Amann, Duchesne, Peder. — 5. Fefele, Saltet, Savio, Jungmann, Stilting,

BIBLIOGBAPHIE: A. d'Alès, Libère, DA t. 2, c. 1842-1851; P. Bat-tifol, La paix constantinienne et le catholicisme, Paris, 1914, pp. 465, 488, 515; Bégin, La primauté et l'infaillibilité des souverains pontifes, Québec, 1873, p. 147-185; Hefele, Histoire des conciles, t. 1, pp. 908-928.



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Message  Diane Ven 10 Juin 2011 - 14:42

LE PAPE HONORIUS ET LE SIXIÈME CONCILE

La condamnation du pape Honorius comme hérétique par le sixième concile de 681 ne prouve-t-elle pas que les évêques d'alors n'avaient pas la moindre idée de l'infaillibilité papale?

Non. Les deux lettres d'Honorius à Sergius, patriarche de Constantinople, ne définissaient pas une doctrine, comme il le déclare expressément en quatre endroits différents. Il emploie un langage qui montre clairement, qu'il n'a pas réussi à reconnaître l'hérésie déguisée de son subtil correspondant, mais qui peut être compris dans un sens parfaitement orthodoxe. Comme le dit saint Maxime, Honorius ne combat point la volonté naturelle et humaine du Christ, mais la volonté corrompue et étrangère en elle-même . Même des historiens non catholiques ont reconnu l'orthodoxie d'Honorius. Bury par exemple écrit: «Honorius emploie l'expression «une volonté » et cependant nous ne devons pas le regarder comme un monothélite... Nous ne devons pas non plus rejeter comme faux ainsi que Baronius l'a fait à tort, les actes du sixième concile qui condamna Honorius; ce fut pour sa politique imprudente de silence qu'il fut condamné2 ».

Quand Léon II confirma les décrets du sixième concile, il anathématisa aussi Honorius, non pour avoir enseigné l'hérésie monothélite, mais « pour avoir permis par sa négligence que la foi immaculée fût ternie » ; ou comme il l'écrit de nouveau aux évêques d'Espagne « pour n'avoir pas éteint la flamme de l'hérésie naissante, comme il convenait au Siège apostolique, mais pour l'avoir fomentée par sa négligence ».

Même si nous concédons que le pape Léon II et le concile ont condamné Honorius en personne comme hérétique, cela comme le fit remarquer Newman, ne « contredit aucune doctrine catholique ». Le cardinal Hergenrother résume ainsi les faits de la question : « Le pape Honorius peut être blâmé d'avoir encouragé indirectement l'erreur, en ne procédant pas contre elle avec une vigueur opportune, mais on ne saurait dire qu'il a défini une erreur, ce qui seul porterait contre le dogme... Un pape n'est pas infaillible dans des procédés comme ceux d'Honorius, qui involontairement ont contribué au développement de l'hérésie, en ne publiant pas de décisions contre elle. Ses lettres à Sergius ne contiennent aucune décision ni doctrine fausse. Aucune de ses décisions ne pouvait être condamnée comme fausse, autrement le sixième concile se serait contredit lui-même: en acceptant la lettre du pape Agathon, il a reconnu que le Saint-Siège avait eu le privilège d'enseigner toujours la vérité. »3
BIBLIOGRAPHIE: Bégin, La primauté et l'infaillibilité des souverains pontifes, Québec, 1873, pp. 225-261 ; F. Cabrol, o.s.b., Honorius, DA t. 2 c. 514-519; J. Chapman, The condemnation of pope Honorius, Londres, 1907.


1. Bégin, La primauté et l'infaillibilité des souverains pontifes, Québec, 1873, p. 245, — 2, The later Roman Empire, II, 252. — 3. Épis., 80.


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Message  Diane Sam 11 Juin 2011 - 16:44

LE PAPE ZACHARIE ET LES ANTIPODES

Votre pape infaillible Zacharie ne s'est-il pas évidemment trompé en condamnant Virgile pour avoir enseigné l'existence des antipodes?

Non. On ne trouve nulle part trace d'une pareille condamnation. Tout ce que nous savons sur la question est contenu dans la lettre suivante du pape Zacharie à saint Boniface : « Par votre lettre je comprends que Virgile (je ne sais s'il est prêtre ou non) a agi avec malice contre vous, parce que vous lui montriez qu'il s'était éloigné de la véritable doctrine catholique; il a essayé de créer une inimitié entre vous et Odila.

Il n'est pas vrai qu'il a été absous par moi, en sorte qu'il pourrait obtenir le diocèse de l'évêque décédé, l'un des quatre que vous avez consacrés en Bavière. Si de plus il est vrai qu'il enseigne l'existence sous la terre d'un autre monde et d'autres hommes, convoquez un concile, excommuniez-le, et s'il est prêtre, enlevez-lui sa dignité. Nous avons cependant nous-même écrit au duc au sujet de Virgile et envoyé une lettre à ce dernier, le sommant de paraître devant nous pour y être condamné, si après un examen sérieux on trouve qu'il commet des erreurs dans son enseignement. »

Si de la rotondité de la terre Virgile déduit l'existence des antipodes, il marche simplement sur les traces de saint Hilaire 1 et d'Origène 2 et il n'aurait pu être condamné. Si au contraire il soutient que les antipodes sont une race d'hommes tout à fait différents, ne descendant pas d'Adam, il aurait été justement condamné, vu que cette conclusion s'oppose à l'enseignement de l'Église sur la rédemption de tous les hommes par le Sauveur.

Quelques savants identifient Virgile avec Ferghil, le fameux missionnaire irlandais de Carinthie, qui devint évêque de Salzbourg en 768, mais d'autres le nient3.

L'Église ne condamne jamais une théorie scientifique comme telle, mais seulement quand ses partisans en abusent pour rejeter en son nom quelque dogme catholique. Elle laissa la question libre, permettant à saint Hilaire et à Origène d'admettre l'existence des antipodes, tandis que saint Augustin4 et Lactance 5 la rejetaient.



BIBLIOGRAPHIE: C. Barthélémy, Erreurs historiques, 1875, t. 5, pp. 51-5G; P. Gilbert, Le pape Zacharie et les antipodes, RQS 1882, 478-503.
1. In ps., 32. — 2. De prlnc, II, 3, 6. — 3. Mann, The îives of the popes in the middle ages, London, t. 1, p. 248. — 4. De civ. Dei, 16, 9. — 5. Instit., 3. 24


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Message  Diane Dim 12 Juin 2011 - 13:56


Les papes étaient-ils infaillibles quand ils commandèrent à l'Europe d'exterminer les musulmans dans les croisades, promettant le ciel à tous ceux qui mourraient dans la lutte contre les infidèles? Les croisades n'étaient-elles pas des expéditions de pillage, entreprises pour le gain et la conquête sous le couvert de la piété? Ne furent-elles pas toutes des échecs complets?

En réponse à l'empereur de Constantinople et aux chrétiens d'Orient, les papes en tant que chefs de la chrétienté, commandèrent à l'Europe d'entreprendre une croisade contre les musulmans qui avaient profané les saints Lieux de Palestine, massacré et fait esclaves des milliers de chrétiens indigènes et pèlerins. Le pape Urbain II, dans son discours au concile de Clermont, le 27 novembre 1095, ne promit pas le ciel aux combattants, mais releva des peines canoniques tous ceux qui se croisèrent pour des motifs de vraie et sincère dévotion. Une indulgence, c'est-à-dire la rémission de la peine temporelle due au péché, fut accordée au croisé qui mourait vraiment pénitent.1

Il est parfaitement vrai que certains croisés étaient poussés par des motifs de gloire et de gain. Des nobles espéraient se tailler une principauté en Orient, des marchands firent fortune en transportant les troupes et en leur vendant des provisions, des paysans ne cherchaient qu'à se libérer des charges du servage. Mais le gros de l'armée s'inspirait de motifs religieux: libérer le tombeau du Christ des mains des profanateurs, secourir les chrétiens persécutés. Le mot « croisade » même jusqu'à notre époque a toujours été synonyme de dévouement sublime pour le prochain.

L'Europe a contracté envers les papes une dette qu'elle ne pourra jamais payer pour les encouragements donnés aux croisades à une époque particulièrement critique. Ils ont empêché l'Europe de devenir musulmane, et pendant quatre siècles en retenant les musulmans occupés chez eux, ils ont donné à l'Europe le temps de développer le sentiment national.

Si les croisades manquèrent leur objectif immédiat, elles favorisèrent le bien économique, social et politique de l'Europe prise dans son ensemble. Elles fortifièrent le pouvoir de la papauté, mirent fin à plus d'un conflit européen, hâtèrent le déclin du régime féodal, développèrent l'esprit national, encouragèrent le commerce avec l'Orient, contribuèrent au progrès de l'Italie et de l'Europe occidentale, favorisèrent la grande renaissance philosophique, littéraire et artistique du treizième siècle. Un grand essor fut donné aux missions étrangères en p*r*e, aux Indes, en Chine et au Thibet, et l'Asie fut ouverte à l'Occident comme jamais auparavant dans l'histoire.



1. F. Mourret, Histoire générale de l'Église, t. 4, pp, 239-243.

BIBLIOGRAPHIE: L. Bréhier, L'Église et l'Orient au moyen âge, Paris, 1907, Croisades, DA t. 1, c. 819-827; J. Guiraud, Histoire partiale, histoire vraie, t. 1, pp. 245-263; Michaud, Histoire des croisades, 7 vol. 1829; F. Mouret, Histoire générale de l'Église, t. 4, pp. 238-264.

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Message  Diane Sam 18 Juin 2011 - 16:41

ALEXANDRE VI

Comment un pape immoral et mondain comme Alexandre VI (1492-1503) pouvait-il être infaillible? Les efforts des historiens catholiques pour le disculper ne sont-ils pas évidemment malhonnêtes?

L'infaillibilité, exemption d'erreur dans la prédication de l'évangile, et l'impeccabilité, exemption du péché, sont deux choses totalement différentes. Bien que nous nous attendions naturellement à ce que les papes soient d'un caractère moral très élevé, et la plupart le furent, lai prérogative officielle de l'infaillibilité n'a absolument rien à voir avec la vertu ou la corruption du pape.

Notre-Seigneur dit aux juifs que l'indignité personnelle des Scribes et des Pharisiens n'annulait en aucune manière leur doctrine. « Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent, mais n'imitez pas leurs œuvres. » 1 L'idée qu'un supérieur temporel ou ecclésiastique perd son autorité quand il est en état de péché mortel fut une erreur de Wiclef, condamnée par l'Église au quatorzième siècle.

Il est vrai que dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle certains écrivains catholiques ont essayé de blanchir Alexandre VI, à savoir Barnacchi, Chantrel, Leonetti, Nemée, Ollivier et d'autres. Il n'est cependant pas juste de les appeler malhonnêtes, car un catholique se croit naturellement obligé de défendre l'honneur du pape, comme tout homme loyal se sent tenu de défendre le bon renom de sa mère. Appelez-les naïfs ou s'il vous plaît ignorants, mais n'oubliez pas que nous croyons à ce mot de Léon XIII : « L'Église n'a besoin du mensonge de personne. »

L'historien catholique des papes le plus savant, Louis Pastor concède qu'Alexandre a mené la vie immorale des princes séculiers de son temps et comme cardinal et comme pape 1, qu'il obtint la papauté par la plus grossière simonie 2, qu'il jeta le discrédit sur sa haute fonction par son népotisme et l'absence de sens moral3 ; cependant il l'exonère des accusations calomnieuses d'inceste et d'empoisonnement 4.

Nous ne devons pas oublier qu'il y eut un Judas parmi les Apôtres, et que Notre-Seigneur a prédit que l'ivraie croîtrait avec le blé jusqu'au dernier jour5. Sans doute la sainteté personnelle du prêtre ou du pape est utile comme exemple aux non-catholiques et comme encouragement aux fidèles. Mais « de même qu'une monture défectueuse ne diminue pas la valeur d'une pierre précieuse, la culpabilité d'un prêtre n'amoindrit pas la valeur du sacrifice qu'il offre, des sacrements qu'il dispense, de la doctrine qu'il enseigne... Le chef suprême de l'Église lui-même est incapable de diminuer d'un iota la valeur des trésors célestes dont la garde lui est confiée et qu'il est chargé de dispenser. L'or est toujours de l'or quel que soit le degré de pureté de la main qui le distribue » 6.

1. Mt., 23. 3
1. Histoires des papes, t. 5, p. 373; t. 6, p. 131. — 2. Pastor, Hist. des papes, t. 5, p. 370. — 3. Ibid.. t. 5, p. 370. — 4. Ibid., t. 6. p. 98, 129. — 5. Mt., 13, 24-30. — 6. Pastor, Histoire des papes, t. 6, p. 132,

BIBLIOGRAPHIE: Cardinal Bégin, La primauté et l'infaillibilité des souverains pontifes, Québec, 1873, pp. 417-419; J. de la Servière, Alexandre VI, DA t. 1, c. 81-83; Pastor, Histoire des papes, t. 5 et 6.


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Message  Diane Mar 21 Juin 2011 - 17:45


Comment un pape infaillible, Eugène IV, pouvait-il condamner Jeanne d'Arc à être brûlée comme sorcière, alors qu'un autre pape, Benoît XV, la déclarée sainte en 1919?

Le pape Eugène IV ne sut rien du procès et de la condamnation de sainte Jeanne d'Arc par le misérable évêque Cauchon de Beauvais; un mois avant sa mort il l'ignore encore dans une lettre où il demande à son légat en France, le cardinal de Sainte-Croix, d'établir la paix entre les rois de France et d'Angleterre. Il est vrai que la pucelle d'Orléans en appela au pape durant son procès, mais ses juges iniques, sous l'influence et à la solde de l'Angleterre, rejetèrent cet appel, sachant avec certitude que Rome reconnaîtrait du coup l'invalidité de leur injuste procès.

Sainte Jeanne d'Arc fut capturée devant Compiègne par le bâtard de Wandonne, vassal de Jean de Luxembourg, qui la vendit à l'Angleterre pour $100,000. (550,000 francs) environ. Le duc de Bedford, régent anglais, agissant pour son neveu de dix ans, Henri VI, ordonna à Cauchon, évêque de Beauvais, de la poursuivre pour hérésie et sorcellerie; il ajouta que si elle était acquittée, « c'était son intention de ramener et de reprendre la dite Jeanne». La loi internationale interdisait de la mettre à mort, parce qu'elle avait défait les anglais dans une bataille ; ils n'avaient pas d'autre alternative que de la tenir comme rançon ou de la garder en prison jusqu'à la fin de la guerre. La faire condamner par un tribunal ecclésiastique dont tous les membres étaient des partisans politiques grassement payés ranimerait la confiance des soldats anglais et compromettrait Charles VII, roi de France, comme complice « d'un disciple de Satan et d'un enfant de l'enfer. »

L'évêque Cauchon et ses juges infâmes ne trouvèrent pas difficile de déclarer la sainte coupable de tous les crimes concevables : « mépris de ses parents, présomption, mensonge, superstition, désespoir, attentat de suicide, passion sanguinaire, conduite diabolique, idolâtrie, hérésie, schisme ». Ensuite ils jouèrent la parodie d'une abjuration publique, afin de l'obliger au port bien innocent d'habits masculins en prison, et d'en tirer une accusation de rechute dans l'hérésie, ce qui conduisait au bûcher. Qu'ils prononcèrent jugement d'après des ordres reçus et pour de l'argent, cela découle du fait que les juges reçurent des lettres d'indemnité du roi d'Angleterre, le 12 juin 1431.

Dix-neuf ans plus tard, quand les anglais eurent été chassés de France, l'ingrat Charles VII qui avait abandonné sainte Jeanne au moment de son procès, pris de remords, signa un mandat commandant un procès de réhabilitation, le 14 février 1450. Avec l'approbation du pape Calixte III les procédures de révision débutèrent à Paris, cinq ans après, le 5 novembre 1455. La sentence fut déclarée nulle et sans effet sur tous les chefs d'accusation, après que les illégalités suivantes eurent été complètement prouvées; inimitié du juge président qui n'aurait pas dû présider, rejet de toute preuve favorable à l'accusée, détention illégale dans une prison laïque avant et après jugement, refus d'un avocat à une mineure, interrogatoires franchement injustes et frauduleux, questions indûment obscures et compliquées, faux conseil qui fut donné par de prétendus amis dans le but de provoquer du mieux possible la sentence de mort, falsification du sommaire des douze articles qui ne lui fut jamais soumis, substitution d'une prétendue abjuration au papier de six lignes qui lui fut soumis, second procès hâtif, illégal et basé sur de faux prétextes, absence de condamnation civile... L'annulation de la sentence injuste de sainte Jeanne d'Arc fut publiée solennellement à Eouen le 7 juillet 1456, et confirmée de nos jours par Léon XIII, Pie X, Benoît XV qui tour à tour la déclarèrent vénérable, bienheureuse et sainte.

BIBLIOGRAPHIE: Ayroles, s.j., La vraie Jeanne d'Arc, 5 vol. Paris, 1890; P. Dunand, Jeanne d'Arc, DA t. 2, c. 1212-1253, Etudes critiques d'après les textes sur l'histoire de Jeanne d'Arc, Paris; J. Guiraud, Histoire partiale, histoire vraie, t. 1, pp. 389-407; G. Hano-taux, Jeanne d'Arc, Paris, 1910; Lavery d'Arc, Le livre d'or de Jeanne d'Arc, Paris, 1893; Vaeandard, Etudes de critique et d'histoire religieuse, t. 4, pp. 129-169.

B. L. CONWAY, pauliste.
Traduction et adaptation par
ADRIEN MALO, franciscain,
Professeur d'Action Catholique à l'Université de Montréal 1938

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Message  Diane Ven 1 Juil 2011 - 17:23

Dom Guéranger - De la monarchie pontificale. Pages 129-152

L'infaillibilité personnelle du Pape a son fondement dans la tradition.


Il n'est rien de mieux affirmé dans l'Évangile que le dogme de la monarchie de saint Pierre, l'Esprit-Saint ayant voulu que le principe sur lequel repose toute l'Église fût intimé d'une manière irrécusable par la lettre même de l'Écriture. La tradition est pareillement sur ce sujet d'une richesse beaucoup plus abondante que sur la plupart des autres dogmes. Quant aux conséquences des trois textes bibliques desquels l'infaillibilité papale se déduit avec tant d'évidence, on les trouve constamment exprimées ou appliquées dans les monuments de la tradition. Nous allons parcourir rapidement cet ensemble de faits; mais auparavant il importe de mettre en lumière la pra¬tique de l'Église dans l'appréciation des décisions pontificales en matière de doctrine.

Deux points sont ici nécessaires à établir. Les Pontifes romains ont-ils toujours prononcé des décisions en matière de doctrine ? Ces décisions ont-elles toujours été regardées dans l'Église comme terminant la cause ?

Coup d'oeil sur l'exercice du pouvoir d'infaillibilité par les Papes dans l'enseignement de la doctrine, et adhésion de l'Église à ce pouvoir.

Dès la période antérieure à la paix de l'Église, on voit les Papes exercer la souveraine magistrature de la foi par la condamnation des erreurs, à laquelle est liée la procla¬mation de la vérité. Malgré la perte d'un nombre immense de monuments de cette époque primitive, nous pouvons avec ce qui nous en reste relever encore un assez grand nombre de faits.

Saint Épiphane nous apprend que l'hérésiarque Ébion fut condamné par saint Clément. Selon saint Irénée, Tertullien et Eusèbe, Cerdon et Valentin furent exclus de l'Église par saint Hygin. Le même saint Irénée nous montre saint Anicet excommuniant Marcion. Les erreurs de Montan furent proscrites, selon Eusèbe, par saint Éleuthère, et celles des Cataphryges le furent par saint Victor. Saint Zéphyrin donna contre les doctrines Montanistes une nouvelle décrétale, que Tertullien, après sa chute, essaie de parodier en disant qu'elle porte en tête Pontifex maximus, Episcopus episcoporum. L'auteur des Philosophumena laisse voir, à travers les calomnies dont il accable saint Calliste, que ce Pape avait rendu des décrets de doctrine qui étaient répandus dans le monde entier. Saint Corneille condamne l'hérésie de Novatien. Saint Denys d'Alexandrie dénonce l'erreur de Sabellius à saint Sixte II. Le pape saint Denys la proscrit; et son successeur saint Félix Ier en fait l'objet d'une nouvelle sentence. Saint Denys d'Alexandrie, en combattant l'erreur de Sabellius, est accusé d'être tombé dans l'erreur opposée. Il s'explique à son avantage auprès du pape saint Denys, auquel plus tard il dénonce Paul de Samosate, que le concile d'Antioche venait de déposer, et dont le pape condamne à son tour la doctrine, opposée à la divinité du Verbe.

Après la paix de l'Église commence la série des grandes hérésies, que favorisent trop souvent les empereurs chrétiens. Les Papes continuent d'exercer la judicature suprême de la foi dans toute l'Église. Arius ayant lancé son venin hérétique contre le Verbe divin, un concile se tient à Alexandrie pour condamner cet impie. Les actes en sont envoyés à saint Sylvestre, ainsi que nous l'apprend Libère; mais nous n'avons plus la décrétale par laquelle ces actes furent confirmés. Après le Concile de Nicée, saint Jules condamne une nouvelle forme de l'Arianisme proposée par Photin, évêque de Sirmium. Au rapport de Sozomène, Libère adresse une lettre solennelle aux évêques de l'Orient, pour les amener à confesser avec les Occidentaux la Trinité consubstantielle. L'historien ajoute : « Après cette lettre, la controverse étant terminée par le jugement de l'Église romaine, tous se tinrent en repos, et l'affaire semblait avoir pris fin (1). »


(1) Quo facto, utpote controversia judicio Romanæ Ecclesiæ terminata, singuli quievere : eaque quæstio finem tandem accepisse videbatur. SOZOMEN. Histor. Cap. XXII.
On s'est étonné avec raison que Mgr de Sura, ayant à citer ce Passage, ne commence la citation qu'au mot singuli.
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Message  Diane Lun 4 Juil 2011 - 17:20

Dom Guéranger - De la monarchie pontificale. Pages 129-152

L'infaillibilité personnelle du Pape a son fondement dans la tradition.



En 378, saint Damase publie sa célèbre lettre appelée Tractatoria contre les erreurs d'Apollinaire et de Macédonius. Nous apprenons de saint Jérôme que saint Sirice porta une sentence de condamnation contre l'hérésie de Jovinien. Le même saint docteur nous fait connaître le décret que saint Anastase Ier porta contre les erreurs d'Origène. On a vu ci-dessus saint Innocent Ier confirmant les deux conciles d'Afrique contre Pélage, et on a entendu saint Augustin s'écrier : « La cause est finie. » Tout le monde connaît la décrétale de saint Célestin aux évêques de la Gaule, pour la condamnation du semi-pélagianisme. Personne n'ignore les lettres du même Pontife contre Nestorius et sa doctrine, ni celle de saint Léon à Flavien sur le mystère de l'incarnation du Verbe. Nous avons encore la décrétale de ce dernier Pontife, adressée à saint Thuribe d'Astorga, contre les erreurs des Priscillianistes. Saint Gélase, dans le concile de Rome de 494, détermine officiellement le Canon des Écritures. Saint Hormisdas met fin par sa décision à la controverse qui s'était élevée sur cette proposition : Unus de Trinitate passus est. Boniface II confirme par une décrétale les canons du deuxième concile d'Orange contre le semi-pélagianisme, de même que saint Innocent avait sanctionné de sa souveraine autorité ceux des conciles de Carthage et de Milève contre Pélage.

L'hérésie monothélite ayant levé la tête, saint Martin Ier répare la négligence d'Honorius qui avait refusé de prononcer sur la question, et condamne dans un concile de Rome cette nouvelle forme du monophysisme. Saint Agathon adresse à l'empereur, et par lui au VIe Concile, sa lettre dogmatique contre une erreur si dangereuse. Les Iconoclastes sont combattus par les décrétales de saint Grégoire II et de saint Adrien Ier. Ce dernier Pontife intervient en Espagne pour condamner l'hérésie de l'adoptianisme, soutenue par Élipand de Tolède et Félix d'Urgel. Saint Nicolas Ier proscrit l'erreur des Théopaschites.



à suivre...
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Message  Diane Mar 5 Juil 2011 - 14:51


Dom Guéranger - De la monarchie pontificale. Pages 129-152

L'infaillibilité personnelle du Pape a son fondement dans la tradition


L'erreur de Bérenger est successivement frappée d'anathème par saint Léon IX, Victor II, Nicolas II et saint Grégoire VII. Roscelin, condamné par le concile de Soissons de 1092 pour ses erreurs sur la Trinité, est déféré au tribunal d'Urbain II par saint Anselme. Callixte II censure l'hérésie de Pierre de Bruys au concile de Toulouse, en 1119. Arnauld de Brescia et sa doctrine sont anathématisés par Innocent II dans un concile de Rome, en 1139. L'année suivante, le même Pontife venu en France condamne dix-neuf propositions d'Abailard, au concile de Sens de 1140. En 1148, Eugène III intervient dans le jugement doctrinal de Gilbert de la Porrée, au concile de Reims de 1148, et contraint ce philosophe d'abjurer ses erreurs sur l'essence divine. J'omets pour abréger les nombreuses définitions dogmatiques des Papes qui sont insérées au Corps du Droit, à partir d'Alexandre III. Plusieurs sont des lettres particulières; mais leur insertion dans ce recueil officiel destiné à l'Église tout entière leur vaut une promulgation complète. Reprenons l'énumération des jugements apostoliques en matière de doctrine.

Innocent III détermine par une lettre dogmatique la profession de foi que l'on doit exiger des Vaudois avant de les admettre à la réconciliation. Alexandre IV et Clément IV condamnent la doctrine du livre de Saint-Amour, Des périls des derniers temps, et Jean XXII, les erreurs curialistes de Marsile de Padoue et la théologie rationaliste d'Ekkard. En 1336, Benoît XII publie la solennelle Constitution, dans laquelle il définit que les âmes des saints jouissent de la vision béatifique avant le jour du jugement. Pie II, dans le concile de Mantoue en 1459, publie la Bulle Execrabilis contre ceux qui appellent du jugement du Pape au Concile général. Sixte IV condamne comme scandaleuses et hérétiques les propositions de Pierre d'Osma. Léon X donne la Bulle Exsurge, Domine, dans laquelle il proscrit quarante-une propositions de Luther. Paul IV condamne les erreurs des Sociniens par sa Constitution cum quorumdam.

à suivre..
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Message  Diane Mer 6 Juil 2011 - 15:36

Dom Guéranger - De la monarchie pontificale. Pages 129-152

L'infaillibilité personnelle du Pape a son fondement dans la tradition



Après le Concile de Trente, les Pontifes romains continuent de la manière suivante l'exercice de leur droit d'enseigner l'Église du haut de la Chaire apostolique. Saint Pie V, en 1567, par sa Bulle Ex omnibus afflictionibus, proscrit les soixante-dix-neuf propositions de Michel Baïus, fondement du Jansénisme. En 1647, Innocent X condamne l'hérésie des deux Chefs de l'Église par un décret du Saint-Office. En 1653, sur la demande de quatre-vingt-cinq évêques de France, il foudroie les cinq propositions de Jansénius. La secte ayant imaginé le système de la distinction du fait et du droit afin de se soustraire à cet anathème, Alexandre VII, en 1665, lui enlève ce refuge, en publiant le formulaire, dans sa Constitution Regimini Le même Pape proscrit la même année par décret vingt-huit propositions de morale, et quarante-cinq l'année suivante. Soixante-cinq autres sont condamnées par Innocent XI en 1679.

Ce même Pontife fixe la vraie doctrine sur la vie contemplative, en censurant le système du quiétisme exprimé dans les soixante-huit propositions de Molinos. Les nouveaux produits de l'erreur janséniste sont signalés et proscrits, en 1690, par Alexandre VIII en trente-une propositions. Vingt-trois autres, extraites du livre des Maximes des Saints, sont l'objet de la même sévérité de la part d'Innocent XII, en 1699. Clément XI, en 1713, porte un dernier coup au Jansénisme, en donnant la Bulle Unigenitus. En 1745, Benoît XIV condamne l'usure par la Constitution Vix pervenit, et la doctrine des duellistes par sa Bulle Detestabilem, en 1752. Le système d'erreur contenu dans les Actes du Synode de Pistoie publiés par Scipion de Ricci nécessite la Bulle Auctorem fidei, fulminée par Pie VI en 1794.

Auparavant, ce Pontife avait condamné la Constitution civile du Clergé fondée sur les mêmes principes, par ses Lettres apostoliques du 19 Mars 1792. De nos jours, Grégoire XVI, dans l'Encyclique Mirari vos, du 15 Août 1832, a proscrit l'erreur de l'indifférentisme religieux introduite sous la forme d'une fausse liberté politique. Le 8 Décembre 1854, Pie IX définissait le dogme de l'Immaculée Conception de Marie, et dix ans après il publiait l'Encyclique Quanta cura, avec le Syllabus, contre divers systèmes d'erreur qui ont cours aujourd'hui dans la société.

Il est donc hors de doute que les Papes ont constamment exercé dans l'Église le droit de définition dans les questions de doctrine; et je ne sache rien de plus imposant dans l'histoire que cette succession de jugements qui attestent si hautement et la vigilance du Pasteur suprême, et la confiance avec laquelle il n'a cessé de remplir son office de confirmer ses frères.


à suivre...
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Message  Diane Ven 8 Juil 2011 - 16:37

Dom Guéranger - De la monarchie pontificale. Pages 129-152

L'infaillibilité personnelle du Pape a son fondement dans la tradition


Maintenant, comment l'Église a-t-elle reçu ces sentences, qui se sont succédé sans interruption de saint Clément à Pie IX ? En a-t-elle rejeté même une seule ? Je mets au défi de le prouver. Honorius a été condamné par le VIe Concile ; mais pourquoi l'a-t-il été ? Est-ce pour avoir mal jugé ? Non, c'est uniquement pour avoir refusé de prononcer une sentence dont il était redevable à l'Église. Jésus-Christ a garanti le Pontife romain de toute erreur, quand il prononce un jugement ; si le Pontife se tait, il n'y a rien à garantir.

Chaque fois que le jugement apostolique a été prononcé, la cause a été finie. Non qu'il n'y ait pas eu de récalcitrants; Mgr de Sura sait, comme nous, qu'il s'en est toujours trouvé, même après les sentences des Conciles oecvméniques. Quand la cause est finie, c'est pour les enfants de l'Église qu'elle est finie; les hérétiques n'acceptent pas cette fin de la cause, et c'est pour cela qu'il sont hérétiques.

Dire après cela que plus d'une fois des Conciles se sont tenus pour reprendre la cause déjà décidée par les Pontifes, et vouloir en conclure quelque chose contre l'infaillibilité des sentences du Siège apostolique, c'est ne rien comprendre à l'immense charité de l'Église. Qu'a-t-elle voulu par les Conciles ? Amener un témoignage tellement imposant de sa foi, que les victimes de l'erreur en fussent étonnées, les hérésiarques confondus, et que la vérité triomphât avec plus d'éclat.

Mais, dira Mgr de Sura, on a, dans les Conciles, examiné, pesé les Lettres définitoires des Papes, au lieu de se borner simplement à les promulguer, Nous répondrons : Les Conciles n'ont-ils pas pareillement scruté les textes de l'Écriture et des Pères pour en faire sortir l'expression de la vérité et la condamnation de l'erreur ? Prétendaient-ils par là donner l'autorité aux saintes Écritures, aux témoignages des Docteurs vénérés, ou s'assurer simplement si leur propre pensée y était conforme ? aussi jamais ni un saint Célestin, ni un saint Léon, si jaloux des droits de leur Siège, n'ont réclamé contre l'examen conciliaire de leurs lettres. Il n'entrait alors dans l'esprit de personne qu'un temps viendrait, où des hommes de théorie imagineraient l'hypothèse d'un divorce de doctrine entre le Pape et l'Église. Tout le monde savait que le Saint-Siège était en droit de rendre, selon le besoin, des jugements sur les questions de la foi, et que Pierre y présidait toujours. De là ce cri d'enthousiasme dans les Conciles, après la respectueuse constatation du sens des lettres apostoliques : « Pierre a parlé par Léon ! Pierre a parlé par Agathon ! »

La tradition exprimée dans la pratique constante de l'Église à l'égard des définitions doctrinales rendues par le Pontife romain, dépose donc de la croyance à son infaillibilité personnelle, quand il prononce sur la foi. Constatons maintenant que le témoignage des Pères qui sont d'une autre manière les témoins de la tradition, ne s'accordent pas moins à proclamer le don de l'infaillibilité dans la foi comme inhérent à la Chaire de saint Pierre.


à suivre.....
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Message  Diane Sam 9 Juil 2011 - 17:17

Témoignages des Pères de l'Église en faveur de l'infaillibilité du Pontife romain.

Les sentences des Pères que nous allons réunir ne sont pas celles qui ont précisément pour objet la Primauté de saint Pierre et du Pontife romain. Elles expriment chez les écrivains auxquels elles sont empruntées, la confiance intime dans une assistance divine accordée au successeur de saint Pierre, pour le maintien constant de la vraie foi dans ses enseignements. Il en résulte, dans le Pontife romain, le droit d'enseigner, et dans le corps de l'Église, le devoir d'accepter l'enseignement, parce que saint Pierre vit toujours dans ses successeurs, et exerce en eux la prérogative d'inerrance dans la foi, dont il est redevable à la prière que Jésus-Christ a adressée pour lui à son Père.

Nous ouvrirons la série de ces témoignages par le célèbre passage de saint Irénée,
qui nous apprend que, dès le deuxième siècle, on savait déjà que le moyen de se rendre compte si l'on possédait la vraie foi était, pour les simples fidèles comme pour les églises particulières, de chercher la conformité avec l'Église romaine. « C'est donc avec cette Église, dit le saint Évêque de Lyon, qu'il faut que toute Église, c'est-à-dire les fidèles qui sont en tous les lieux, se tiennent d'accord, à cause de sa Principauté supérieure; avec cette église en laquelle les fidèles qui sont partout ont constamment gardé la tradition qui vient des Apôtres (2). » Dans ce passage, saint Irénée proclame la nécessité pour toute église et pour tout fidèle d'être uni de foi à l'Église romaine, non-seulement parce qu'elle garde par le fait la tradition de la doctrine des Apôtres, mais parce qu'elle exerce en cette matière une Principauté supérieure, c'est-à-dire que son autorité est souveraine dans les choses de la foi. La conséquence logique de cette doctrine est l'infaillibilité du Siège de Rome; autrement, si ce Siège pouvait errer, on devrait dire que les fidèles sont obligés d'errer avec lui (3) .

(2) Ad hanc enim Ecclesiam, propter potiorem Principalitatem, necesse est omnem convenire Ecclesiam, hoc est, eos qui sunt undique fideles; in qua semper ab his, qui sunt undique, conservata est ea quæ est ab Apostolis Traditio. Adversus Hæreses. Lib. III. cap. III

(3) M. le Prévôt Doellinger a osé dire que le sens de ce passage de saint Irénée est celui-ci : « Que la doctrine ou la tradition de l'Église de Rome est si propre à réfuter les hérétiques, parce que les chrétiens qui, de tous les côtés, se rencontrent dans ce centre du monde civilisé, en y apportant chacun la foi, telle qu'elle lui a été enseignée dans son pays natal, contribuent tous à y conserver pure et intacte la doctrine de la foi. » (Considérations proposées aux Évéques du Concile sur la question de l'infaillibilité du Pape, page 10.) Il suffit de relire le texte pour reconnaître que cette interprétation est aussi absurde qu'elle est malveillante. Saint Irénée parle ici d'une obligation (necesse est) qui incombe à toute église et à tout fidèle, et nullement de voyages à Rome. Il dit que c'est à Rome que toute église et tout fidèle doivent puiser la vraie tradition des Apôtres, et non que l'Église de Rome doive emprunter d'eux cette tradition. Il dit enfin que le motif de la déférence que tous doivent à l'Église romaine, résulte de la Principauté qu'elle exerce. M. Doellinger ne juge pas à propos de dire un seul mot de cette Principauté dont l'idée fait le fond de tout le passage de saint Irénée, qui part de là pour donner la nomenclature des Papes, de saint Pierre à saint Éleuthère. Ces évêques de Rome, selon lui, ont été les dépositaires de la Tradition apostolique et ses témoins irréfragables résidants à Rome, et n'ont rien de commun avec les prétendus voyageurs de M. Doellinger. C'est un triste temps que celui où l'on peut se permettre de telles licences, et espérer encore, grâce à l'ignorance du jour, que l'en pourra faire quelques adeptes. Les lecteurs qui désireraient de plus grands développements sur le texte de saint Irénée, les trou¬veront dans la savante discussion de M. l'abbé Freppel, Cours d'Éloquence sacrée, au volume qu'il a consacré au saint évêque de Lyon.

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Message  Diane Dim 10 Juil 2011 - 15:21


Témoignages des Pères de l'Église en faveur de l'infaillibilité du Pontife romain.

Origène vient ensuite, le profond docteur de l'école chrétienne d'Alexandrie. Nul n'a plus scruté les Écritures, et la tradition primitive se fait jour sans cesse dans ses immenses commentaires. Ayant à exposer le texte de saint Matthieu où le Seigneur dit : « Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. » il se demande à qui doit se rapporter ce pronom, elle. « Est-ce, dit-il, à la Pierre sur laquelle le Christ bâtit l'Église ? Est-ce à l'Église elle-même ? La phrase est ambiguë. En faut-il conclure que la Pierre et l'Église sont une seule et même chose ? Voici pour moi le vrai sens : c'est que les portes de l'enfer ne prévaudront ni contre la Pierre sur laquelle le Christ bâtit son Église, ni contre l'Église elle-même.

C'est ainsi qu'il est écrit dans les Proverbes, que le chemin du serpent ne laisse pas de trace sur la pierre. Si donc les portes de l'enfer prévalent contre quelqu'un, ce ne sera ni contre la Pierre sur laquelle le Christ bâtit l'Église, ni contre l'Église bâtie par le Christ sur la Pierre. La Pierre est inaccessible au serpent, elle est plus forte que les portes de l'enfer qui lui déclarent la guerre; et c'est à cause de sa force même, que celles-ci ne prévalent pas contre elle. Quant à l'Église, édifice du Christ qui a bâti, avec sagesse, sa maison sur la Pierre, elle n'a rien à craindre des portes de l'enfer. Elles n'ont de force que contre l'homme qui se trouve hors de la Pierre, et hors de l'Église, à l'égard de laquelle elles sont impuissantes (4). »

Il serait difficile d'exprimer avec plus de clarté et de force la divine prérogative de la Pierre que Jésus-Christ a placée lui-même. L'Église repose en sûreté sur elle; car cette Pierre est à l'abri des efforts de l'enfer. Celui qui veille sur son Église, veille aussi sur la Pierre qui la porte, et pour n'avoir rien à craindre de Satan, il faut être non-seulement dans l'Église, mais encore sur la Pierre. Qui oserait dire après cela que la Pierre peut faillir, ce rocher sur lequel le serpent ne peut trouver sa voie ?

(4) Quam autem eam ? An enim Petram, super quam Christus ædificat Ecclesiam ? An Ecclesiam ? Ambigua quippe locutio est : an quasi unam eamdemque rem, Petram et Ecclesiam ? Hoc ego verum esse existimo : nec enim adversus Petram, super quam Christus Ecclesiam ædificat, nec adversus Ecclesiam portæ inferi prævalebunt. Quemadmodum neque « via colubri super petram, » juxta id quod in Proverbiis scriptum est, reperiri possit. Quod si adversus aliquem inferi portæ prævalebunt, qui talis erit, neque Petra super quam Christus Ecclesiam ædificat, nec Ecclesia a Christo super Pe¬tram ædificata, fuerit. Petra quippe serpenti inaccessa est, et fortior portis inferi sibi adversantibus, adeo ut propter robur illius, portæ inferi adversus eam non prævaleant. Ecclesia vero, tamquam Christi ædificium, qui sapienter « ædificavit domum suam super Petram, » portarum inferi capax non est, prævalentium quidem adversus quemcumque hominem qui extra Petram et Ecclesiam fuerit, sed invalidarum adversus illam. In Matthæum, Tom. XII, n° 11. Opp. Tom. III. Migne, pag. 1003.
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Message  Diane Lun 11 Juil 2011 - 16:26


Témoignages des Pères de l'Église en faveur de l'infaillibilité du Pontife romain.



Saint Cyprien, sauf l'éclipse d'un moment qu'il a soufferte, semble avoir eu pour objet de sa prédilection le caractère de l'Unité mystérieuse qui éclate dans l'Église, et qui est la première des notes par lesquelles elle se distingue de toute autre société qui se dirait chrétienne. Aucun des Pères n'a plus insisté que lui sur la prérogative que Jésus-Christ a conférée à Pierre, d'être le fondement de cette unité. Dans le livre qu'il écrivit sous le titre de Unitate Ecclesiæ contre la secte des Novatiens qui devait produire un schisme et une hérésie, il interpelle ainsi les rebelles à l'Église romaine : « Celui qui ne garde pas l'unité de l'Église, croit-il qu'il garde la foi ? Celui qui s'oppose à l'Église, qui abandonne la Chaire de Pierre sur laquelle est fondée l'Église, peut-il se flatter d'être encore dans l'Église (5) ? » Il suit évidemment de ce principe que la Chaire de Pierre est infaillible; autrement, il y aurait des cas où l'on devrait se séparer d'elle.

Or, saint Cyprien nous enseigne, qu'en se séparant de la Chaire de Pierre, on abandonne l'Église. Plus loin, le saint docteur célébrant le mystère de l'unité de l'Église, en rapporte tout l'honneur au centre, duquel émane cette unité. « Les rayons du soleil sont nombreux, dit-il, mais la lumière est unique. Les rameaux de l'arbre sont nombreux, mais le tronc est unique et fondé sur une racine inébranlable. Plusieurs ruisseaux coulent d'une source unique. On voit les eaux se répandre à pleins bords par ces fleuves divers; mais l'unité se retrouve à la source. Essaie d'arracher un rayon du soleil de son centre; l'unité ne permettra pas cette division de la lumière. Enlève un rameau de l'arbre en le brisant; brisé, il perd toute végétation. Isole le ruisseau de sa source; dans son isolement il se desséchera.

Ainsi l'Église éclairée de la lumière du Seigneur, lance ses rayons par tout l'univers ; il n'y a cependant qu'une seule lumière qui se répand partout, et l'unité du corps ne souffre pas de division. L'Église étend par toute la terre les rameaux qu'elle pousse dans sa vigueur; elle répand au loin ses ruisseaux qui coulent avec abondance ; mais « il y a une source qui est unique, une origine qui est unique, une mère qui est unique, et dont l'abondante fécondité va toujours se développant. Nous naissons de son sein, nous sommes nourris de son lait, animés de son esprit (6). » Ce magnifique langage adressé de l'Afrique aux fidèles de Rome, pour les prémunir contre les artifices de Novatien, n'est pas moins instructif pour la postérité. Tous les siècles y ont appris que l'exubérance de la vérité et de la sainteté dans l'Église, provient de l'union avec la source romaine, et que si le rayon, le rameau, le fleuve des églises particulières s'en isolait, il n'y aurait plus pour elles que ténèbres et aridité. C'est du centre que la lumière descend; ce ne sont pas les dérivations qui remontent leur cours pour apporter la vie à ce centre qui la leur envoie.

(5) Hanc Ecclesiæ unitatem qui non tenet, tenere se fidem cre¬dit ? Qui Ecclesiæ renititur et resistit, qui Cathedram Petri, super quam fundata est Ecclesia, deserit, in Ecclesia se esse confidit ? De unitate Ecclesiæ. Cap. IV.

(6) Quomodo solis multi radii, sed lumen unum; et rami arboris multi, sed robur unum tenaci radice fundatum; et cum de fonte uno rivi plurimi defluunt, numerositas licet diffusa videatur exundantis copiæ largitate, unitas tamen servatur in origine. Avelle radium solis a corpore, divisionem lucis unitas non capit : ab arbore frange ramum, fractus germinare non poterit : a fonte præcide rivum, præcisus arescit. Sic et Ecclesia, Domini luce perfusa, per orbem totum radios suos porrigit : unum tamen lumen est, quod ubique diffunditur, nec unitas corporis separatur. Ramos suos in universam terram copia ubertatis extendit , profluentes largiter rivos latius expandit; unum tamen caput est et origo una, et una mater fæcundidatis successibus copiosa. Illius foetu nascimur, illius latte nutrimur, spiritu ejus animamur. Ibid. Cap. v.

Cette immobilité de Rome dans la vérité causait un sentiment d'admiration à saint Grégoire de Nazianze, trop souvent témoin dans l'Orient d'incessantes variations sur la foi. Dans un de ses plus beaux poèmes, il en rend ce solennel témoignage : « La nature, dit-il, n'a pas fait deux soleils, mais elle a produit deux Romes ; toutes deux, flambeaux de l'univers : puissance ancienne et puissance nouvelle, n'ayant entre elles d'autre dissemblance, si ce n'est que l'une luit sur l'Orient, et l'autre sur l'Occident ; mais la beauté de l'une s'élève à la beauté de l'autre. Quant à ce qui est de la foi, l'ancienne Rome, dès le principe comme aujourd'hui, poursuit heureusement sa course, et elle tient l'Occident tout entier dans les liens de la doctrine qui sauve. Il est juste en effet, que celle qui préside au monde entier, honore dans son intégrité l'harmonie qui règne dans la divine essence (7).» Le saint Docteur fait allusion aux erreurs sur le mystère de la Trinité qui déchiraient l'Orient, tandis que, sous la direction de l'ancienne Rome, l'Occident professait avec elle la pureté de la foi sur les ineffables relations des personnes divines.


(7) Duos quidem natura non dedit soles,
Duas at Romas, totius terrarum orbis
Lumina, antiquam potestatem et novam,
Tantum inter sese differentes, quantum
Illa quidem Orienti prælucet, hæc autem Occidenti.
At hujus pulchritudo illius pulchritudinem paribus ponderibus æquat.
Quod spectat ad illorum fidem, vetus quidem ab antiquo,
Alque etiam nunc, recte currit, Occidentem
Totum devinciens salutari doctrina;
Quemadmodum par est, ut quæ universis præsidet,
Totam colat divinitatis symphoniam.
Carmen de Vita sua. V. 562-572.
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Message  Diane Mar 12 Juil 2011 - 13:57

Témoignages des Pères de l'Église en faveur de l'infaillibilité du Pontife romain.

Saint Basile fait le même aveu dans la lettre qu'il adresse à l'Église d'Occident au milieu de la détresse de la foi dans l'Orient, et il rend le même hommage aux enseignements toujours purs de la Chaire apostolique dont il implore le secours. « Nous ressentons, dit-il, un immense besoin de votre aide, afin que ceux qui ont été élevés dans la profession de la foi des apôtres, renoncent enfin aux divisions qu'ils ont inventées, qu'ils se soumettent à l'autorité de l'Église, afin que le corps du Christ recouvre sa perfection et se rétablisse dans l'intégrité de tous ses membres. Alors, nous ne nous contenterons plus de louer le bien qui est chez les autres; mais nous verrons nos propres églises rétablies dans l'antique beauté de la vraie foi. Certes, il est juste d'honorer d'une louange souveraine le don que le Seigneur a conféré à Votre Piété, et qui consiste à savoir discerner ce qui est adultère d'avec ce qui est pur, et enseigner sans aucune altération la foi des Pères. C'est cette foi que nous avons reconnue formulée dans les caractères apostoliques de la lettre, et nous l'avons acceptée ainsi que tout le reste, comme il était canoniquement et légitimement formulé dans votre écrit synodal (8).»

On voit ici l'Église d'Orient dans la personne d'un de ses saints et de ses plus doctes représentants, donner à l'Occident la palme de l'orthodoxie, reconnaître que l'Église latine a reçu le don de discerner la vérité de l'erreur, et que la vertu des caractères apostoliques est telle, qu'elle peut secourir et sauver de la ruine les églises de ces contrées qui furent le berceau du christianisme. D'où vient cette force à ce Concile romain dont Basile a reçu avec tant de respect la lettre synodale ? est-ce des quelques évêques de l'Italie et de la Gaule que l'évêque de Rome avait réunis auprès de lui ? ou n'est-ce pas plutôt de saint Pierre, dont le martyre, comme nous le disait tout à l'heure saint Augustin, a assuré à l'Occident, par Rome, la prépondérance dans les jugements de la foi ?


8- 8Ob quæ et maximè indigemus auxilio vestro, ut qui Apostolicam profitentur fidem, excogitata a se schismata dissolventes, deinceps auctoritati Ecclesiæ subjiciantur, ut perfectum fiat Christi corpus jam in omnibus membris integritati restitutum; ac non solum aliorum boni laudemus, id quod nunc facimus, sed etiam nostras ipsorum Ecclesias in pristinum rectæ fidei decus restitutas videamus.

Revera enim laude summa dignum est, quod a Domino Pietati Vestræ datum est, adulterinum quidem a probo ac puro discernere, Patrum vero fidem sine ulla dissimulatione prædicare : quam quidem et nos suscepimus, agnovimusque Apostolicis notis signatam : eique et cæteris omnibus, quæ in synodico scripto canonice et legitime statuta sunt, assentimur. Epist. XCII. Ad Italos et Gallos.[/size]


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Message  Eric Dim 17 Juil 2011 - 19:42

Merci, chère Diane, pour ce dossier intéressant !
Je remarque que le Père Conway fait partie des rares auteurs (me semble-t-il) qui cite le livre de Mgr Fessler, La vraie et fausse infaillibilité (voir le deuxième post) ....
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Message  Diane Mer 20 Juil 2011 - 16:09

Eric a écrit:Merci, chère Diane, pour ce dossier intéressant !
Je remarque que le Père Conway fait partie des rares auteurs (me semble-t-il) qui cite le livre de Mgr Fessler, La vraie et fausse infaillibilité (voir le deuxième post) ....

Bienvenu , cher Éric Wink

Si tu as des suggestions de dossier, ne te gêne pas pour me faire signe!

Je cherche de mon côté!
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Message  Sandrine Mer 19 Oct 2011 - 12:21

Le fil de discussion avec Dimitri est redirigé ici : https://deojuvante.forumactif.org/f5-questions-et-arguments-divers
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