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Les Aventuriers de DIEU

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Message  Monique Mer 30 Nov 2011 - 2:35

Parmi tant d'admirables figures que compte, depuis bientôt deux mille ans, l'histoire des Missions chrétiennes, comment choisir ? Dans tous les temps, dans tous les pays, des hommes (et des femmes) se donnèrent corps et âme à cette tâche : faire connaître l'Évangile aux parties du monde qui l'ignoraient encore. Chacun de ces porte-parole du Christ, de ces Aventuriers de Dieu, a eu son mode d'action particulier : chacun a eu ses péripéties particulières, — bien souvent son drame particulier. De cette variété infinie, voici dix exemples ; d'autres pourraient être choisis, qui seraient aussi beaux. Que du moins les pages qui suivent, en rendant témoignage à ces nobles figures, rappellent que tous ces héros ont eu un seul et même dessein : tous ont vécu, ont souffert, sont morts afin que s'accomplît — autant qu'il est possible sur notre terre — le vœu que tout chrétien adresse au Père : « Que Votre Règne arrive... »
D.-R.



DANIEL-ROPS
de l'académie française
LES AVENTURIERS DE DIEU

LA COLOMBE
EDITIONS DU VIEUX COLOMBIER
5, rue Rousselet, 5
PARIS

NlHIL obstat.
Parisiis, die 18 Septembris 1961. A. de Parvillez, S. J.
Imprimatur. Parisiis, die 19 Septembris 1961. Jean Hottot, vic. gen.
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Message  Monique Mer 30 Nov 2011 - 2:44

Les Aventuriers de DIEU Saint-13


LE PREMIER MISSIONNAIRE SAINT PAUL



C'était en l'année 36 de notre ère. Six ans avaient passé depuis qu'un jour d'avril, sur une butte chauve, à la porte de Jérusalem, tous les passants avaient pu voir fixé à la croix d'infamie, agonisant entre deux bandits, un prétendu prophète qui s'était affirmé « Fils de Dieu ».

Pourtant l'échec flagrant de sa propagande n'avait point découragé les zélateurs du nommé Jésus. Leur mouvement non seulement continuait à vivre dans la Ville Sainte, mais il se développait, enfonçait des racines en maints cantons de Palestine, se gagnait des adeptes en nombre croissant. Ne racontaient-ils pas, ces gens-là, que leur Maître — quel pauvre Maître! — avait vaincu la mort, qu'il était ressuscité, que, quarante jours durant, il était apparu à maints de ses fidèles et même — voyez l'outrecuidance! — qu'après son ascension au ciel il avait envoyé aux siens le Saint-Esprit lui-même pour les guider et les encourager ?

Cela suffisait... Les chefs du peuple juif et les princes des prêtres avaient donc décidé de frapper un grand coup. Et c'était pourquoi, ce matin-là, dans un des terrains vagues qui bordaient les murs de la ville, on pouvait voir une troupe hurlante entraîner au supplice un jeune homme à l'air grave, au front plein de lumière, qui priait en se laissant pousser. Le nom de cette victime retentissait, mêlé aux cris hostiles. « A mort, Étienne! à mort, le blasphémateur! » N'avait-il pas eu le front d'affirmer, face à tout le Sanhédrin, que ce Jésus, le crucifié du Calvaire, était bien, authentiquement, le Messie, et que c'étaient eux tous, prêtres, docteurs, anciens, qui porteraient au Jugement le poids du déicide ? La lapidation seule pouvait châtier des mots si sacrilèges. Et les pierres de voler, et les lourds blocs de s'écraser sur la jeune victime qui, pantelante et ensanglantée, implorait le pardon du Seigneur pour ses bourreaux.

Un peu à l'écart, un garçon maigriot, rouquin, aux yeux de braise, regardait cette scène, la mâchoire crispée. A ses vêtements sombres, aux longues cadenettes de sa chevelure, aux nombreuses petites boîtes qui pendaient à son cou (chacune contenait, écrit sur un ruban de parchemin, quelque verset de la Sainte Bible), on reconnaissait un élève ès sciences religieuses, le disciple de quelque rabbi, un futur docteur de la Loi. Pour être plus à l'aise, les bourreaux avaient enlevé leurs tuniques. « Donnez-les-moi, je les garderai », avait dit l'assistant fanatique. Il n'eût pas voulu, homme de Dieu, se souiller les mains du sang d’Étienne, mais les sentiments de la foule déchaînée, la haine du Galiléen et de sa clique, lui, Juif pieux, il les partageait de toute son âme. A sa manière il aidait à l'exécution.



A suivre...

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Message  Monique Jeu 1 Déc 2011 - 6:40

Il se nommait Saul; c'était le fils d'un commerçant aisé de Tarse en Cilicie : toute cette région proche de la Syrie était pleine de noyaux juifs qui, installés dans toutes les villes, y accaparaient plus ou moins le trafic. Pas bien beau, ce Saul, de médiocre stature, trapu, les jambes torses, la tête déjà chauve, les sourcils trop épais. Pourtant à qui considérait son visage mobile, aux rides précoces, aux yeux creusés, il ne pouvait échapper que ce garçon était pétri d'intelligence et qu'il était promis à quelque grand destin. Rien qu'à le voir on devinait en lui la passion des idées, la violence des sentiments, une soif dévorante d'absolu.

Ses parents, pharisiens, c'est-à-dire zélateurs fervents et stricts observants de la Loi, ne lui avaient-ils pas appris qu'il n'est rien sur la terre de plus important que de vivre selon la Parole divine et que le Seigneur passe avant tout ? Comment, tel qu'il était, Saul n'eût-il pas détesté le prophète de Galilée et sa bande ? Ses maîtres lui avaient d'ailleurs affirmé, lorsqu'il était arrivé à Jérusalem peu après le dénouement de l'affaire Jésus, que la condamnation du faux Messie avait été amplement justifiée par ses blasphèmes, par sa révolte contre les préceptes de la Loi, par sa prétention à se réclamer du Père. Étienne était le disciple du Christ : qu'il mourût!

Pourtant la scène affreuse du supplice ne s'effaça pas de sa mémoire. Seul, la nuit, Saul revoyait le visage de la victime — de sa victime — si paisible sous les coups mortels. Il ne pouvait s'empêcher de penser que ce calme était beau, et les derniers mots d'Étienne, implorant Dieu d'absoudre ceux-là mêmes qui le torturaient, il les entendait résonner au fond de son cœur comme une leçon et un reproche. Une crise d'âme se déroulait en lui, dont il n'arrivait pas à sortir. Les mots de Jésus, qu'il se faisait redire, lui causaient une gêne insurmontable.

Le prophète de Galilée n'avait-il pas dénoncé les violents, les orgueilleux, les satisfaits de l'intelligence, les cœurs durs ? et lui, Saul, se demandait s'il n'était point tout cela. Non! Non! Assez! Il fallait échapper à ces scrupules maladifs. La Loi est la Loi : qui la viole doit périr; qui la suit est avec Dieu! Haïr Jésus, traquer les gens de sa secte, tel était son vrai devoir. Le bruit ayant couru, à Jérusalem, que les fidèles du prétendu Messie venaient de constituer un fort groupe à Damas, en Syrie : « J'y vais! » proposa Saul aux chefs des prêtres. Et il partit, dûment chargé de mission, décidé à frapper fort.



A suivre...
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Message  Monique Jeu 8 Déc 2011 - 5:11


Il marchait depuis huit jours sur la piste sablonneuse; une étrange fureur l'habitait, comme si, en allant châtier les disciples du Christ, il voulait se prouver à lui-même qu'il avait raison. A sa gauche, l'Hermon, « le premier né des Hauts », dressait sous le ciel pur sa cime toujours neigeuse. L'oasis approchait, ses platanes et ses palmes.

C'était une belle journée d'août, aux abord de midi. Tout à coup une lumière jaillit du ciel, enveloppa le voyageur. Il roula à terre et il entendit une voix qui disait :

« Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Il bégaya : « Qui es-tu donc, Seigneur ? » La voix reprit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. » Atterré et tremblant, l'homme murmura : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Et la réponse vint : « Relève-toi, entre dans la ville; tu sauras ce qu'il te faudra faire! »

Saul se redressa, en effet, mais titubant. Au grand soleil avait succédé l'obscurité totale : les yeux ouverts, il ne voyait plus rien. Et ses compagnons de voyage le regardaient, muets de surprise : ils l'avaient vu tomber, ils avaient entendu un bruit de voix confus, sans rien distinguer des paroles. Que signifiait donc cet incident incompréhensible ?

Saul, lui, avait, pour toujours, compris. Celui qu'il poursuivait de sa haine, il le savait maintenant, était vraiment le Messie, le Fils de Dieu. Pantelant sur le sable de la route, il s'était senti aux mains de la Puissance à laquelle nul ne résiste. A l'instant où la nuit prodigieuse s'était abattue sur lui, en un éclair il l'avait reconnu, celui que, sans le savoir, attendait son âme inquiète. Désormais il n'aura pas assez de jours dans sa vie pour rendre le témoignage de son amour à Celui qui l'avait choisi parmi tous les hommes pour être son porte-parole, à ce Jésus qui l'avait assez aimé pour le frapper au cœur.



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Message  Monique Mar 3 Jan 2012 - 21:06

Ainsi désigné par Jésus lui-même pour son service, à quel rôle de premier plan Saul n'allait-il pas être appelé ? Aux plus justes méfiances, aux suspicions légitimes, il parut que le Christ lui-même avait décidé de répondre, en démontrant, par un miracle, que de cet adversaire impitoyable il s'était fait un serviteur fervent. Le voyageur aveugle s'était remis en route : obéissant à l'ordre, il avait pénétré dans la ville. Chez un boutiquier juif, du nom de Jude, il s'était installé. Ou plutôt, il s'y était effondré, éperdu, silencieux, refusant de manger et de boire. Plusieurs jours durant il était demeuré ainsi prostré, méditant sa faute et son juste châtiment.

Puis, soudain, une voix amie avait retenti à ses oreilles. Un disciple du Galiléen se tenait à ses côtés et lui parlait avec charité. C'était Ananias, un des membres de la communauté chrétienne de Damas, un homme sage et bon. Le Christ lui était apparu et lui avait dit :

« Lève-toi, va dans la maison de Jude, tu y trouveras un homme nommé Saul. Tu lui imposeras les mains pour qu'il recouvre la lumière. » Stupéfait d'un tel ordre, Ananias avait osé répondre :

« Mais, Seigneur, c'est un ennemi! A Jérusalem il a fait tant de mal à tes fidèles! » A quoi le Seigneur avait dit : « Va! car cet homme est l'instrument que je me suis choisi. »

L'instrument du Christ : toute sa vie, Saul ne devait rien être d'autre. Servir sa gloire, répandre son message, faire connaître ses actes et son exemple, désormais il n'aura plus aucun autre but. Rendu à la lumière par l'intervention d'Ananias, il n'eut qu'un seul désir : se préparer à la tâche nouvelle qui l'attendit.

De longs mois, d'abord, il fit une retraite en plein désert — comme avait fait Jésus lui-même avant de commencer à parler — méditant sur lui-même, rassemblant ses forces, approfondissant la doctrine de Celui qui, désormais, serait son Maître unique.

Puis il revint à Damas. N'était-ce pas là qu'il fallait d'abord se montrer en fidèle du Christ puisque c'était dans cette ville qu'il avait voulu venir en ennemi ? Sur les places publiques, dans les synagogues des Juifs, il commença à crier sa foi nouvelle. La stupeur de tous était extrême :

« N'est-ce pas le même Saul, disait-on, qui persécutait ceux qui invoquaient le nom de Jésus ? »

Et rien qu'en racontant son expérience personnelle, le converti gagna des âmes au Christ. Tant même que les Juifs du lieu, inquiets et furieux, ourdirent un guet-apens contre le transfuge pour le faire taire à jamais : il fallut que Saul s'évadât de Damas, caché dans un de ces grands paniers où l'on transportait le poisson, que des amis firent glisser le long des murailles de la ville. C'était assez avouer que, chez les ennemis du Christ, on commençait à avoir peur de lui.



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Message  Monique Mar 3 Jan 2012 - 21:13

De Damas, gagnant Jérusalem, Saul méditait d'offrir aux apôtres toute sa jeune énergie, tout son courage, tout son dévouement. Ce fut la méfiance qui l'accueillit. On avait trop gardé, dans la Ville Sainte, parmi les fidèles du Christ, le souvenir de l'étudiant violent, fanatique, pour qui le nom même de Jésus était objet de haine. L'histoire du miracle dont Saul avait été le bénéficiaire trouvait bien des gens sceptiques. Heureusement, un des plus respectés parmi les chefs de la jeune Église, Barnabé, dont l'autorité était grande, dit que lui, il faisait confiance au nouveau disciple et qu'il le prenait avec lui.

Ce fut ainsi que Saul acheva son apprentissage, aux côtés de ce sage vieillard. A Antioche, où Barnabé l'emmena avec lui, il travailla deux ans à enseigner la doctrine de Jésus, à évoquer l'existence terrestre du Seigneur, sa mort et sa résurrection. En même temps, il continuait à approfondir sa vie intérieure, priant beaucoup, jeûnant et multipliant les renoncements; et Jésus, qui n'avait point abandonné celui qu'il s'était lui-même choisi, ne cessait de garder avec lui des relations mystiques. C'est à Antioche sans doute, que Saul eut ces apparitions mystérieuses, dont il devait plus tard parler à ses amis de Corinthe, où, ravi jusqu'au ciel, il découvrit un peu des secrets de Dieu.

Il avait désormais atteint la maturité. Et le rôle que le Christ lui assignait, il le comprenait parfaitement. Avant de remonter au ciel, pour y siéger à la droite du Père, Jésus n'avait-il pas dit à ses fidèles :

« Allez et enseignez toutes les Nations! Baptisez-les, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit! Apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé! » ?

Lui, Saul, il obéirait à cet ordre suprême du Seigneur. Il s'en irait, par le vaste monde, partout où il pourrait, partout où il y aurait des âmes à gagner au Christ. Vocation de missionnaire, semblable à celle qui, de nos jours comme il y a deux mille ans, pousse des âmes ferventes à sacrifier tous les bonheurs de la vie à la tâche ingrate et admirable d'aller faire le catéchisme à quelque tribu nègre ou de porter la consolation du Christ à des lépreux.



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Message  Monique Lun 9 Jan 2012 - 20:17

Une telle intention, qui nous paraît aujourd'hui si parfaitement dans la ligne du Christianisme, au moment où Saul la proclama sienne, faisait encore question. Les premiers fidèles de Jésus étaient de race et de foi israélites. Serviteurs pieux de la Sainte Loi, de celle qui fut apprise aux hommes par Abraham, Moïse et les Prophètes; ils se demandaient si les intentions exactes du Christ étaient bien que tous les peuples pussent recevoir la révélation de sa doctrine, tous les peuples, même les païens, ou si elle devait être réservée aux meilleurs des enfants d'Israël.

Autrement dit les chrétiens seraient-ils une communauté de Juifs ayant reconnu dans Jésus le Messie attendu, ou bien constitueraient-ils un peuple nouveau, formé par tous ceux qui, païens ou israélites, auraient reçu le baptême de pénitence, croiraient en Jésus, Dieu fait homme, et vivraient selon les préceptes de l'amour ?

La réponse, pour quiconque réfléchissait sérieusement à l'enseignement du Christ, ne faisait aucun doute. N'a'-ait-il pas ordonné d'aimer ses ennemis ? N'avait-il pas proposé en exemple des hérétiques méprisables tels que les Samaritains ? N'avait-il pas accepté de fréquenter et même de secourir par des miracles tels ou tels païens ? Bien mieux, depuis sa mort et son Ascension glorieuse, n'avait-il point clairement manifesté sa volonté ? Pierre, le prince des Apôtres, Juif fidèle et strict observant de la Loi de Moïse, au cours d'une vision, avait reçu du divin Maître l'ordre formel d'aller baptiser un païen, un centurion romain nommé Corneille et, tout étonné qu'il fût, il avait obéi. Pour Saul, la pensée du Seigneur était claire. L’Évangile ne devait pas être réservé au minime noyau du peuple élu et il ne fallait pas attendre qu'Israël se convertît.

C'était au monde, à l'humanité entière, aux païens comme aux Hébreux, aux pauvres comme aux riches, qu'il fallait crier la Parole. Une race d'hommes nouvelle allait naître, où il n'y aurait « ni Grecs, ni Juifs, ni esclaves ni hommes libres »; rien que des frères dans le Christ!



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Message  Monique Mer 8 Fév 2012 - 5:26

Cette conviction ardente, non sans des discussions assez âpres — il ne fallut rien de moins qu'un concile réuni à Jérusalem pour les faire cesser — Saul réussit à la communiquer aux chefs de l'Eglise. Le surnom que le converti de Damas devait porter dans les siècles la résume : aux yeux de la chrétienté entière, il est celui qui affirma le plus haut l'universalité de la révélation, le premier des missionnaires, l'Apôtre des Nations.

Regardons-le donc, le malingre missionnaire, lancé désormais dans cette existence errante qui sera la sienne, vingt-deux ans durant, jusqu'à la mort. Une activité incroyable emplit ses jours. Sans cesse en déplacement, il prêche, il discute, il convainc. Les églises nouvelles germent sur ses traces : à peine une existe-t-elle qu'il s'en va plus loin jeter le bon grain. Mais il trouvera toujours le temps d'écrire, ou plutôt de dicter, pour ses filles spirituelles, les jeunes communautés chrétiennes, des lettres admirables, ses célèbres Epîtres, où il leur parle de tout ce qui peut leur être utile, leur prodiguant les conseils pratiques les plus pertinents, leur enseignant en même temps les plus sublimes données de la religion nouvelle. En vingt ans, que de succès, et combien peu d'échecs!

Pour accomplir une tâche si gigantesque, de quoi dispose-t-il ? de bien peu en apparence. Ce n'est qu'un humble Juif, vivant du travail de ses mains. Sa santé est médiocre, sujette à des crises que lui-même confesse douloureuses. Mais c'est un homme d'une intrépidité sans limites, que rien n'arrête, quand il s'agit de servir le Christ, ni la prison, ni les coups, ni les menaces de mort. « J'ai été affligé, mais jamais écrasé, dénué de tout, mais jamais désespéré, frappé mais jamais vaincu! » s'écrie-t-il avec une fierté tranquille; et c'est la simple vérité. La foi en lui était vraiment celle dont le Christ a dit qu'elle peut soulever des montagnes : ce sont bien des montagnes que Saul a remuées, d'ignorance, de paresse, de violence, d'incompréhension.

On distingue habituellement trois grands voyages missionnaires de l'Apôtre des Nations, mais cette distinction est arbitraire, car, entres ces journées, les haltes furent bien courtes, et rien ne différencie l'un de l'autre ces raids gigantesques accomplis pour le service du Maître et dont le total se solde par quelque vingt mille kilomètres parcourus en treize ans!



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Message  Monique Mar 21 Fév 2012 - 4:53

De 45 à 49 c'est la première mission : Chypre, puis l'Asie Mineure, les hauts plateaux de Pamphylie, de Pisidie, de Lycaonie, Derbé, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres et retour vers Antioche.

La fin de 49 le ramène à Jérusalem où se tient une très importante réunion de l'Eglise, le premier « concile ». Reparti aussitôt vers l'Asie Mineure, visitant les communautés déjà créées, il pousse une pointe vers la Galatie, parmi les peuples celtes, proches parents des Gaulois, que la vieille errance aryenne a jetés sur ces terres lointaines; puis, mené par l'Esprit, il traverse la mer, aboutit en Europe, et c'est Philippes de Macédoine, Thessalonique, Athènes, Corinthe, d'où il s'embarque pour le retour, pour Ephèse et Antioche, à la fin de l'automne 52.

Enfin, — troisième voyage — six mois plus tard, reprenant la route, il va poursuivre à Ephèse l'œuvre commencée, retourne en Grèce revoir ses amis de Corinthe, touche jusqu'aux bords de l'Adriatique, puis, par les îles d'Asie, Mitylène, Chio, Samos, Rhodes et les ports de Syrie et Palestine, revient, vers la Pentecôte 58, à Jérusalem, où l'attend son destin.

Suivre ici pas à pas cette course de treize ans serait impossible. C'est dans le livre des Actes des Apôtres qu'il faut en lire les épisodes, tour à tour pittoresques et émouvants, évoqués par le rédacteur saint Luc, compagnon de l'Apôtre, avec une puissance tranquille et une admirable vérité. Les épisodes comiques ne manquent même pas pour que ce récit pique l'attention, tel celui de Lystres, durant le premier voyage, où Saul ayant guéri un boiteux, la foule païenne l'acclama, le prenant pour le dieu Hermès, le poussa d'autorité vers un autel afin d'y être adoré, ce à quoi il eut beaucoup de mal à se dérober, tandis que l'excellent Barnabé avait toutes les peines du monde à persuader ces braves gens qu'il n'était pas Zeus en personne!

Mais les faits sublimes sont bien plus nombreux, au premier rang desquels celui qui devait se produire plus tard, dans la même ville de Lystres; Saul ayant été grièvement blessé par des furieux, le Christ lui apparut et ses plaies, mystérieusement, inscrivirent dans sa chair les stigmates de la Passion du crucifié, les trous aux mains, aux pieds et au flanc, qui lui demeurèrent toute sa vie.



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Message  Monique Mer 22 Fév 2012 - 6:29

Combien des épisodes de ces grandes aventures missionnaires mériteraient d'être citées pour leur signification, pour les leçons qui s'en dégagent!

Voilà Saul dans l'île de Chypre, l'île où l'on adorait la déesse de l'amour, Aphrodite. Par la puissance de sa parole, l'Apôtre va y faire naître une communauté chrétienne d'une vigueur admirable, tant et si bien que le proconsul romain Sergius Paulus veut connaître le héraut de la nouvelle doctrine. C'est un homme intelligent, cultivé, qui se passionne pour les questions religieuses, sans doute une de ces âmes comme il y en avait bon nombre dans le paganisme du temps qui, insatisfaits de la vieille religion formaliste et de l'inadmissible mythologie, cherchaient en tâtonnant la vérité.
Saul rencontra donc cet homme : il lui parla du Christ; il le convainquit de la vérité de l'Evangile et ils devinrent si profondément amis que le missionnaire, abandonnant son nom juif de Saul, prit désormais celui de son protecteur romain, Paulus, Paul, ce nom auquel il allait attacher une gloire impérissable.

Et voici Paul, maintenant, à l'extrême pointe de l'Asie Mineure, non loin de cette ville de Troie où le souvenir des héros d'Homère est vénéré encore. Il est malade, épuisé par des mois de tournée où les difficultés lui ont été prodiguées. Peut-être songe-t-il à prendre du repos. Mais, dans son esprit infatigable de missionnaire, une idée s'agite, comme un remords.

La vieille terre d'Asie s'arrête là; de l'autre côté de l'étroit bras de mer s'étend l'Europe, l'Europe encore païenne, l'Europe qui, elle aussi, veut connaître le Christ et sa doctrine. La nuit, il y pense encore... Et soudain il a une vision. Un homme lui apparaît, vêtu comme on l'est en Macédoine, portant la chlamyde et la haute coiffure de sa race. Et cet homme l'appelle, lui, Paul! Et cet homme le supplie d'aller porter la lumière à l'Europe! Alors l'Apôtre comprend et se soumet. Qu'importe la fatigue ? Il partira.



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Message  Monique Mer 7 Mar 2012 - 19:07

En Europe de nouvelles difficultés l'attendent, différentes de celles qu'il avait jusqu'alors rencontrées. Dans les cités d'Asie ses ennemis avaient été soit les païens dont il combattait les dieux, soit les Juifs fanatiques qui haïssaient en lui le fidèle du crucifié.

A Athènes, la capitale de l'intelligence, c'est à un autre adversaire qu'il va se heurter : le scepticisme, l'ironie. La jeunesse brillante qui y fait ses études a l'habitude de goûter à toutes les doctrines, mais de ne croire à aucune. Elle aime jouir de tout et les grands préceptes du renoncement chrétien ont peu de chances de la séduire.

Aussi quand Paul se met à parler sur la place publique, bientôt des lazzi, des quolibets éclatent. Et quand il affirme que le Christ est ressuscité, c'est un immense éclat de rire. « Nous t'entendrons là-dessus un autre jour! » lui crie-t-on en se moquant. Cet échec va-t-il décourager l'Apôtre ? Va-t-il se dire qu'il n'y a rien à faire avec ces gens-là ? Non. Le propre d'un grand missionnaire est précisément de n'être jamais découragé, de revenir sans cesse à l'assaut, si, une première fois, il n'a pu vaincre, d'être infiniment tenace et patient. Puisque Athènes se dérobe, il ira à Corinthe, le grand port voisin. Ah! ce n'est pas une capitale de l'intelligence, cette ville-là! On y trafique de tout (et pas toujours de façon bien honnête) et la morale la plus élémentaire est loin d'y être observée. Qu'importe! Le Christ a bien parlé doucement à la pécheresse et a pardonné au bon larron. Et, dans le bas-port, parmi les dockers, les portefaix et les mauvais garçons, Paul réussit à semer le bon grain : une communauté chrétienne naît, vigoureuse, ardente, à laquelle l'Apôtre accordera toujours une place de choix dans son cœur, celle à qui il écrira deux de ses plus admirables lettres, les fameuses épîtres aux Corinthiens.

Et voici maintenant la dernière étape. C'est au terme du troisième voyage. Paul revient vers la Palestine. Il a accompli — semble-t-il — une tâche immense, mais lui, au profond de son âme, pensant à l'immense masse humaine qui ignore encore le Christ, il se fait des reproches : il n'a pas encore assez travaillé! Inquiet, angoissé, il séjourne à Milu parmi ses fidèles. Ceux-ci le supplient de rester auprès d'eux. Le bruit court qu'à Jérusalem ses ennemis le guettent. Sa vie est en danger. Mais justement, n'est-ce pas là le suprême témoignage qu'il doit donner au Seigneur ? Sacrifier sa vie, « parachever dans sa chair la Passion du Christ » ? Il partira. Et, tandis qu'agenouillés sur la grève ses amis lui demandent une suprême bénédiction, il s'embarque, sachant bien quel sort tragique l'attend, mais sachant bien aussi que, pour vaincre, la vérité a besoin de sang.



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Message  Monique Mer 7 Mar 2012 - 19:15

Et ce que Paul attendait s'accomplit. A peine est-il arrivé à Jérusalem que les fanatiques juifs se dressent contre lui. « Voilà le blasphémateur! Voici le rebelle, le profanateur du Temple! » Dès que l'Apôtre essaie de parler les bagarres éclatent, tant et tant que le tribun romain Lysias, qui commande la place, ordonne d'arrêter le missionnaire. Un agitateur ? Quelques bons coups de fouet le mettront à la raison. Mais alors Paul s'insurge : il tient de son père le titre de « citoyen romain », et un citoyen romain ne doit pas être frappé de verges. Embarrassé, le fonctionnaire décide de garder simplement l'apôtre à Jérusalem, puis, devant les mauvaises intentions des Juifs, l'expédie à Césarée, le port où réside le Procurateur impérial.

De très longs mois durant, Paul reste en prison, jusqu'au jour où, las de voir qu'on ne veut ni le relâcher ni le juger, il décide d'en finir. Cette inaction lui pèse. Tant de pays encore attendent la Parole du Christ et lui est là, inutile ! Un moyen existe de se faire envoyer à Rome : user de son droit de citoyen, en appeler à l'Empereur. Moyen terriblement dangereux, car l'Empereur, alors, n'est autre que Néron. A quelle folie cruelle ne se livrera point ce détraqué ? Il a déjà été question de chrétiens inquiétés par les autorités romaines pour leur foi. Qu'importe ? Si sa venue à Rome peut être utile à la cause du Christ, Paul hésiterait-il ? Il déclare donc que, citoyen romain, il fait appel au jugement de l'Empereur et exige d'être envoyé dans la capitale.

C'est alors, de septembre 60 au printemps 61, un voyage pittoresque, romanesque, si fécond en péripéties que son récit, dans le livre des Actes des Apôtres, en fait un véritable roman d'aventures. Embarqué sur des bateaux de la ligne d'Orient qui, sans se presser, gagnaient l'Italie par la Syrie, les ports d'Asie Mineure, puis la Crète et Malte, Paul profite des circonstances pour jeter à pleines mains le grain de l'Evangile. Partout où il fait escale, des communautés sont fondées. Son prestige est immense, si grand même qu'un jour de tempête, lorsque l'équipage est prêt à abandonner le navire, c'est lui qui prend le commandement et ramène l'ordre à bord. Dieu lui-même n'est-il pas avec cet homme ? A Malte, un incident extraordinaire le prouve : une vipère, cachée dans un fagot, en jaillit au moment même où Paul tendait les mains aux flammes, pour se chauffer : elle s'attache aux doigts de l'Apôtre, mais celui-ci, très calme, d'un petit mouvement, l'écarté et chacun peut constater que le saint n'a point été mordu.



A suivre...
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Message  Monique Jeu 15 Mar 2012 - 5:18

L'Italie, la baie de Naples, le port de Pouzzoles. Puis la Voie Appienne, par étapes, en direction de Rome. La nouvelle de son arrivée l'a précédé et des groupes de chrétiens accourent à sa rencontre pour saluer celui qu'on sait être le plus illustre des missionnaires du Christ.

Dans la Ville Eternelle, la communauté chrétienne est déjà importante. Non seulement les fidèles de la jeune religion se comptent nombreux dans les quartiers des bords du Tibre, peuplés d'artisans et de petites gens, mais des adeptes du Christ existent dans les plus hautes classes, même parmi l'entourage de l'Empereur. Et le chef de cette communauté est un vieillard admirable, beau, sage, que visiblement la sainteté auréole : Pierre, Pierre lui-même, le Prince des Apôtres, qui, ayant dû fuir Jérusalem, après un court séjour à Antioche, est venu s'installer dans la capitale impériale, dont sa présence fait désormais la capitale du monde chrétien.

Ce développement de l'Eglise du Christ n'a pu échapper aux païens. La foule commence à s'intéresser aux faits et gestes des baptisés : trop, car on raconte sur eux des fables absurdes et odieuses. Comme on a entendu dire que les paroles de la communion sont : « Mangez, ceci est mon corps; buvez, ceci est mon sang », des imbéciles affirment que les chrétiens sont des sortes d'anthropophages. Aussi chuchote-t-on que les autorités s'apprêtent à sévir.

Les chrétiens n'ont cure de ces bruits ridicules, ni de ces menaces. Ils continuent à vivre fraternellement, à s'aider les uns les autres, à célébrer avec ferveur leurs belles cérémonies. Paul, à peine arrivé et bien que gardé sous surveillance, travaille de toutes ses forces avec Pierre, pour convertir des âmes nouvelles. Sa réputation se répand vite, et de nombreux païens, sympathiques à la jeune doctrine, viennent lui rendre visite. En même temps, il profite de son repos forcé pour écrire à ses anciennes « filles », les églises qu'il a fondées, d'autres lettres riches d'enseignement. Libéré, sans doute en l'année 62, il repart aussitôt en Grèce et en Asie Mineure revoir ses amis, ses enfants, leur donner ses dernières instructions, car — il ne se fait pas d'illusions — ce n'est là qu'un répit et sa mort est certaine. Au fond de lui-même ne souhaite-t-il pas le martyre ?

Arrêté de nouveau, ramené à Rome, il sait quel sort l'attend. « L'instant de mon départ approche, écrit-il à son ami Timothée. J'ai combattu le bon combat et ma course touche à son terme. J'ai défendu la Foi. Il ne me reste qu'à recevoir la couronne, la juste couronne qui m'est réservée et que me donnera le Seigneur, le Juge juste. » Il ne se trompait pas.

C'est que la situation à Rome, pour les chrétiens, devenait dramatique. La haine populaire grandissait contre eux, entretenue par la stupidité et la méchanceté. Pour qu'elle éclatât, il ne fallait qu'un hasard. Il se produisit. Dans la nuit du 18 au 19 juillet 64, le feu prit en plusieurs points de la ville, gagna rapidement, sous la poussée du vent, des quartiers entiers. Bien vite ce fut un spectacle d'épouvante qui ne dura pas moins de cent cinquante heures. Quand, enfin, le sinistre eut été maîtrisé, les deux tiers de la capitale n'étaient plus que des champs de ruines fumants. Et dans le peuple accablé, un bruit commença à circuler : le feu a été mis tout exprès; c'est l'Empereur lui-même qui a ordonné l'incendie, pour jouir d'un spectacle extraordinaire ou pour reconstruire la ville selon sa fantaisie. La fureur gronda. Et Néron prit peur. Vite il fallait trouver un responsable, le désigner à la foule. Les chrétiens! N'étaient-ils pas des ennemis du genre humain ? N'annonçaient-ils pas dans leurs livres, la colère de leur Dieu et un cataclysme où le monde périrait ? Les coupables, c'étaient eux...



A suivre...
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Message  Monique Jeu 15 Mar 2012 - 5:34

Ainsi éclata la première persécution, sauvage, atroce. Dans les jardins publics, attachés à des pieux, les chrétiens, enduits de poix et de résine, flambaient comme des torches. D'autres, cousus dans des peaux de bêtes, furent livrés à des chiens féroces. Dans le cirque, au pied de la colline vaticane, devant une foule hurlante, on tortura, on décapita, on crucifia des centaines de fidèles.

Ainsi mourut Pierre, le vieil apôtre, mis en croix la tête en bas, sur sa propre demande, car il ne se jugea pas digne de subir le même supplice que son Maître.

Citoyen romain, Paul avait le suprême privilège de n'être ni torturé ni mis à mort ignominieusement. Le seul supplice qu'on pût lui infliger était la décapitation. On le conduisit, sur la Voie qui menait à la mer, un peu en dehors de la ville, et un garde lui trancha la tête d'un coup de glaive.


Les Aventuriers de DIEU Bureau54


Ainsi acheva de donner son témoignage celui qui, depuis l'heure où, sur la piste sablonneuse, un grand jour d'août, Jésus l'avait appelé par son nom, avait si bien obéi à l'ordre de son Maître, si merveilleusement semé en terre le grain de la Bonne Nouvelle, le premier de tous les missionnaires, l'Apôtre des Nations.



Fin





A suivre... L'APOTRE DES CAMPAGNES FRANÇAISES SAINT MARTIN
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Message  Monique Mar 20 Mar 2012 - 0:03

Les Aventuriers de DIEU St_mar10


L'APOTRE DES CAMPAGNES FRANÇAISES SAINT MARTIN



Aux environs de l'an 380, Autun, qui est aujourd'hui une si charmante ville, était déjà une forte et belle bourgade, qui jouait un rôle de vraie capitale pour tout le Morvan et ses alentours. De loin on y venait, les jours de foire, vendre bétail et bois de scierie; son Ecole — nous dirions son Université — avait réputation de science et de sagesse : de riches monuments se dressaient sur ses places, thermes, amphithéâtres, temples, et ces derniers se voyaient nombreux, car le pays était encore en grande partie païen.

Il y avait pourtant plus de trois siècles que les porte-parole du Christ, en Gaule comme ailleurs, travaillaient opiniâtrement à semer à pleines mains le bon grain de l'Evangile. Ne racontait-on pas que, bien peu de temps après le drame du Calvaire, des fidèles de Jésus, fuyant la Palestine, avaient touché terre non loin de Marseille, saint Lazare le ressuscité, sainte Marthe et sainte Madeleine, ses deux sœurs ? En tout cas, deux cents ans déjà s'étaient écoulés depuis que, dans l'arène de Lyon, saint Pothin, saint Vit, saint Attale et la douce petite sainte Blandine avaient versé leur sang pour le Christ, témoignant par là de la vitalité de la foi chrétienne. Depuis lors, le sang de ces martyrs héroïques avait été, comme avait dit un écrivain croyant, « semence de chrétiens ». Un peu partout en Gaule, les églises avaient germé. Cent ans plus tôt, au milieu du III siècle, de grands missionnaires envoyés de Rome avaient fondé de vivantes communautés de fidèles, saint Gatien, saint Trophime, saint Austremoine, saint Saturnin et saint Denis, le martyr de Paris; partout on gardait pieusement le souvenir de leur héroïsme. Quel vaste et beau travail avait été fait!


Pourtant, il n'était pas suffisant. Les grandes villes, sans doute, les principaux centres comptaient de gros noyaux de baptisés; et même, maintenant que les persécutions étaient finies, que l'empereur Constantin, en 313, avait autorisé l'exercice de la religion chrétienne, que l'empereur Théodose annonçait son intention de faire de l'Evangile la loi de ses Etats, le nombre de ces fidèles du Christ s'accroissait très vite. Mais pas dans les campagnes! Presque partout, on continuait à vénérer quelque bloc de pierre qu'on disait druidique, quelque autel voué au culte du soleil, ou tel vieil arbre au port majestueux qu'on tenait pour sacré. Les immolations, selon les rites païens, faisaient toujours ruisseler le sang des animaux et les fêtes qu'on célébrait demeuraient celles des antiques divinités de la Gaule, plus ou moins confondues avec celles des Romains.

Aussi la plupart des paysans morvandiaux qui, en ce jour de foire, étaient venus au marché d'Autun, n'avaient rien eu de plus pressé, en arrivant à la ville, que de se rendre au temple, pour y offrir qui un veau, qui un agneau, les plus riches même une paire de taureaux blancs pour que l'idole continuât à étendre sa protection sur leurs champs.



A suivre...

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Les Aventuriers de DIEU Empty L'Apôtre des campagnes françaises - SAINT MARTIN

Message  Monique Mer 21 Mar 2012 - 5:19

La foule était dense, tassée, quand un mouvement la traversa. Un homme se frayait un chemin à travers les groupes, suivi d'un petit nombre de compagnons portant des haches, des pics et des pioches. De bouche en bouche, immédiatement, un nom courut : « Martin! Martin de Tours! Martin l'évêque! » Il y eut dans la masse des assistants, un long frémissement. Calme, l'homme s'avançait; il était vêtu d'une sorte de chape de laine rugueuse, comme en portaient les esclaves et les plus pauvres des campagnards. Mais son allure, ses traits, ses regards, tout, en lui, disait l'autorité tranquille et la noblesse de l'âme. Il fendait la foule sans paraître regarder quiconque, se dirigeant vers le temple païen.

Ce fut vite fait. Avant même que nul n'eût le temps de se rendre compte de ses intentions, Martin avait frappé du pic les colonnes. Sa hache s'abattait dans le vantail de la porte. Un pan de mur s'effondrait. A ses côtés, ses compagnons s'affairaient à la tâche, bientôt aidés par les chrétiens de l'assistance. Les païens, stupéfaits, atterrés, ne réagissaient même pas. Avaient-ils peur que la police impériale fût d'accord avec cette attaque ? Pensaient-ils que, du moment que leurs dieux ne savaient pas défendre leurs propres temples, c'était peut-être que leur puissance s'avérait bien faible ?

Et puis, le nom de Martin était environné d'un tel prestige! Les pouvoirs de cet homme ne passaient-ils pas pour miraculeux ? Domestiquer des fauves, guérir des malades et même ressusciter des morts, n'assurait-on pas que tout lui était possible ? Une sorte de cercle magique, de respect et de terreur, semblait se faire autour de lui, et le protéger de la colère de la foule.

Sur la place, devant le temple en train de s'effondrer sous les coups des missionnaires du Christ, un arbre se dressait, un pin de taille gigantesque, que les païens de toute la contrée vénéraient comme la manifestation d'un dieu sylvestre. Laissant à ses clercs le soin de terminer la mise à bas du temple, Martin se dirigea vers le beau tronc rugueux, qui s'élançait, d'un seul jet, droit au ciel. C'en était trop! Pourtant de ces gens, tuer un arbre sacré était un crime; c'était trancher dans une chair divine. Mais justement, ce que voulait le grand évêque missionnaire, c'était leur montrer à tous que cet arbre n'avait rien d'un dieu, qu'on pouvait impunément l'abattre, que la divinité dont ils pensaient que sa sève était l'âme, ne se défendrait même pas.

Un cri retentit : « Pas l'arbre! »
Martin se retourna, fit face. « Ce n'est rien de plus qu'un arbre. Les forêts sont pleines de prétendues divinités semblables! Le vrai Dieu est le créateur de tous les arbres, mais il n'est pas un arbre! Laissez-moi abattre ce pin, et vous verrez qu'il ne se passera rien! »

Longtemps la discussion se prolongea. L'évêque parlait. Il enseignait la doctrine chrétienne; il expliquait à tous ces païens combien était vaine leur foi dans leurs idoles, dans leurs arbres vénérés, dans leurs pieux sacrés. L'un d'eux jeta alors un défi au saint du Christ.

— Eh bien, le pin va être abattu, et nous n'y ferons pas opposition. Mais à une condition : tu resteras dessous, du côté où il tombera, et tu le recevras dans tes bras. Puisque ton Dieu, dis-tu, est le maître de tout dans le monde, tu ne risques rien; il saura bien retenir l'arbre dans sa chute. Mais si tu es écrasé, il sera bien sûr que tu nous as menti.
— J'accepte, dit simplement Martin.


Il alla se mettre droit, du côté où l'arbre tomberait, et les cognées commencèrent à frapper; l'entaille, peu à peu, s'agrandit; la résine coulait comme un sang pâle. Immobile, haletante, la foule se taisait. Quelle épreuve! Beaucoup désiraient que leurs divinités fussent les plus fortes, mais tous étaient impressionnés par le tranquille courage du saint. Enfin la coupure fut suffisante; les cordes qu'on avaient fixées aux branches se tendirent. Un seul craquement se fit entendre, le bel arbre sembla vaciller : il s'inclina, prêt à s'écrouler juste au-dessus de l'homme... Mais Martin ne semblait même pas le voir. Les yeux clos, les mains jointes, il priait. Et dans l'assistance, les chrétiens priaient avec lui, dans une angoisse affreuse; leur évêque, leur saint, écrasé sous leurs yeux...

Il y eut alors un instant extraordinaire. Au moment même où l'arbre, déjà penché, semblait sur le point de s'abattre, Martin leva les mains, dans un geste de bénédiction. Aussitôt, rejeté en arrière par une puissance invisible, le pin sembla hésiter, tourner sur lui-même, puis d'un coup, il s'écrasa exactement de l'autre côté, au milieu d'un hurlement de la foule épouvantée. Tranquille, la face radieuse, le saint entonna un hymne d'action de grâces, et toute l'assistance, éperdue, tomba à genoux.



A suivre...

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Message  Monique Jeu 29 Mar 2012 - 5:44

Quel était donc cet homme qui pouvait se permettre de telles audaces, ce témoin de Dieu à qui, si visiblement, le Tout-Puissant accordait son appui ? Il était né, en l'année 316, bien loin d'Autun, bien loin des Gaules, dans ce pays d'Europe centrale qu'on nommait alors Pannonie et qui, plus tard, allait devenir la Hongrie.

Son père, un « fédéré » goth, c'est-à-dire un officier barbare engagé au service de Rome, était tribun : il commandait une légion de la garnison de Pavie, en Italie. C'est là que grandit Martin, c'est là qu'il rencontra des prêtres chrétiens et c'est là que, sous leur influence et à l'insu plus ou moins de ses parents, païens, il apprit à aimer le Christ et l'Evangile. Simple « auditeur » — nous dirions « élève du catéchisme » — il aimait à écouter ces hommes saints et sages lui parler de la doctrine de l'amour en son jeune coeur, la décision fut de bonne heure prise : il servirait le Dieu vivant; il porterait son message. Moine, il serait moine, comme ces géants de la prière qui vivaient aux déserts d'Egypte et dont les prouesses et miracles l'enthousiasmaient.

Mais la loi était formelle. En cette époque, un fils de soldat ne pouvait être que soldat, et c'est pourquoi, à quinze ans, Martin dut revêtir la cuirasse et coiffer le casque des légionnaires romains. Obligé de faire ce métier qu'il n'aimais pas, n'en devait-il pas moins le faire le mieux possible ? Ainsi travailla-t-il pour devenir officier; ainsi passa-t-il à l'Ecole des « Clibanaires », où, dans le palais impérial, portant cuirasse et casque d'argent à crinière rouge et grand manteau blanc flottant, les fils de bonne famille s'entraînaient aux armes.

A dix-huit ans, ayant été nommé « circuiteur » — quelque chose comme sous-lieutenant — à son tour, il eut à commander à des hommes. Mais, en son âme, un bien autre amour vivait que celui des exploits militaires et cette fidélité à la Parole d'amour, qu'il avait jurée sur l'autel d'une église italienne, bien loin de Pavie, il la tenait merveilleusement.

C'est à Amiens, en Gaule, sur les bords de la Somme, qu'il avait été affecté. C'est là que se déroula l'épisode célèbre qu'on évoque toujours dès l'instant qu'on prononce le nom de saint Martin. Dans toute la garnison, le jeune officier passait pour un personnage étrange, qui ne se comportait pas comme les autres. Quelle drôle d'idée, par exemple, de traiter en homme son esclave-ordonnance, d'aller jusqu'à l'aider à porter une charge si elle était trop lourde! Ne savait-il pas donc qu'un esclave n'est pas un homme, à peine un peu plus qu'un âne ou un bœuf ? La charité de Martin n'allait pas tarder à se manifester de plus extravagante façon.



A suivre...

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Message  Monique Mar 10 Avr 2012 - 2:52

Par un aigre matin d'hiver, comme il y en a maints en Picardie, où le brouillard semble agglutiné à la neige, colle au visage et pénètre par les moindres interstices des vêtements (et l'hiver 338-339 fut très particulièrement rude en cette contrée), le jeune officier des lanciers rentrait d'une inspection de nuit, son grand manteau doublé de peau d'agneau enroulé autour de la poitrine et jusque sous le menton. Malgré l'épaisseur de l'étoffe et de la fourrure, le froid le transperçait, d'autant que, cette nuit même, en s'arrêtant dans un pauvre village, il avait distribué, à des enfants qui grelottaient, tout ce qu'il portait sur lui de sous-vêtements chauds.

Comme il arrivait à l'une des portes de la ville, Martin aperçut, roulé en boule dans un recoin, un être pitoyable, tremblant et claquant des dents, qui paraissait à peu près nu. Personne, parmi les nombreux paysans qui arrivaient à la ville avec leurs légumes et leurs lapins à vendre, ne faisait attention à lui. Le jeune lancier arrêta son cheval. Un instant, il considéra le misérable : il lui sembla aussitôt que c'était selon une très spéciale intention de Dieu que ce pauvre se trouvait sur sa route. Il se souvint d'un mot du Christ : « Ce que vous faites au plus petit de ceux-là, c'est à moi que vous le faites... » Il ne lui restait rien à donner que son manteau, son beau, son chaud manteau, si coûteux. Pas une seconde, il n'hésita : tirant son glaive, il coupa en deux la belle étoffe et en tendit au pauvre une des moitiés. Puis il rentra à la caserne, prêt à affronter avec calme les rires des camarades.

Or, la nuit suivante, comme il dormait, il eut un rêve extraordinaire. Jésus se dressait devant lui et lui souriait avec tendresse. Des frémissements d'ailes l'entouraient; des voix très douces se faisaient entendre : « Martin, Martin, regarde! Ne remarques-tu rien ? » Et bientôt, la Voix même du Christ retentissait : montrant le bout d'étoffe dont il enveloppait son corps troué des saintes plaies, Jésus disait : « Martin, simple catéchumène, m'a couvert de ce manteau. »

Cette apparition ineffable décida le jeune chrétien à devenir pleinement fidèle; il vola au baptême et, dans la nuit de Pâques 339, à vingt-deux ans, il entra dans l'eau qui purifiel es âmes. Mais demeurerait-il au service de la guerre, lui qui n'avait au cœur que le service de Dieu ? Lorsqu'il demanda à quitter l'armée, il n'obtint de ses chefs qu'une bonne punition réglementaire. Il ne fallut rien de moins qu'un miracle pour qu'on prît en considération son désir de se vouer au Christ : devant le jeune lieutenant qui était allé sans armes à la bataille, et, au lieu de combattre, avait prié, les ennemis avaient cédé et avaient demandé l'armistice. Ce que voyant, l'Empereur fut convaincu et autorisa Martin à quitter l'armée pour la milice des moines.



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Message  Monique Mer 11 Avr 2012 - 5:08

Moine donc il avait voulu être et moine il se fit. La Providence, qui, si visiblement, veillait sur cette âme d'exception, le mit alors en présence du plus grand chrétien que comptât alors la Gaule, saint Hilaire, évêque de Poitiers. Tout était admirable en cet homme de Dieu : la prestance, la distinction naturelle de l'aristocrate, la culture, l'éloquence, et par-dessus tout les plus hautes des vertus chrétiennes, humilité, chasteté, charité. En s'attachant à Hilaire, Martin ne pouvait se placer en meilleures mains.

Non loin de Poitiers, à Ligugé, Martin s'installa en pieux solitaire. A l'imitation des moines d'Egypte, il passa des mois et des mois dans une retraite aussi absolue que possible, priant à longueur de jour, ne se nourrissant que d'herbes et de racines, vivant modèle de renoncement par amour de Dieu. Peu à peu, son exemple devint contagieux; quelques âmes de grande foi vinrent suivre ses leçons.

Après un voyage en son pays natal de Pannonie, où son père avait pris sa retraite, dans l'espoir d'amener ses parents à sa foi, revenu en Poitou il ne tarda pas à grouper autour de lui une véritable communauté de moines. Sa cabane devint le centre d'un nombre déjà important de cabanes semblables où des hommes vivaient de la même existence que lui. Prier, chanter la gloire de Dieu, offrir au Seigneur le sacrifice de toutes les joies terrestres; cet idéal commençait à se répandre. Ligugé était un exemple, et le nom de Martin, dans tous les alentours, était synonyme de saint.

Un jour, dans la lande paisible où se dressaient les cabanes du monastère, une petite troupe d'hommes apparut. C'étaient des gens de Tours, la grande ville de la Loire, dont l'évêque, saint Lidoire, venait de mourir. Le peuple, le bon peuple chrétien, d'une voix unanime, avait réclamé qu'à sa tête, l'homme le plus vénéré de la contrée fût placé. Martin, évêque! Plus vite dit que fait! Il y aurait eu gros à parier que le moine de Ligugé ne consentirait pas à quitter sa chère solitude pour assumer les lourdes charges épiscopales. On s'avisa alors d'un stratagème. On lui envoya une délégation le supplier de venir à Tours, afin de guérir une femme de grande vertu qui se mourait. Par charité, Martin accepta. Sur la grand-route, de zélés fidèles s'étaient placés en embuscade et, tout bonnement, firent prisonnier le saint. Les Tourangeaux tenaient leur évêque! Amené dans la cité avec mille égards, mais sous bonne garde, Martin eut beau protester, refuser, s'indigner, rien n'y fit! En fin de compte, il vit dans les supplications de ces bonnes gens la preuve que le ciel voulait qu'il fût évêque. Et il se laissa consacrer...



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Message  Monique Mer 11 Avr 2012 - 5:15

Evêque, être évêque d'une cité comme Tours, ce n'était pas une sinécure! L'Empire romain était en décadence. Les Germains s'infiltraient déjà partout, avant que leurs frères se jettent à l'assaut des riches provinces, un peu plus tard. Les fonctionnaires sachant combien le gouvernement était faible, ne s'occupaient guère qu'à pressurer les populations pour emplir leurs coffres personnels. Dans le désordre général, l'évêque, élu presque toujours par la voix unanime du peuple, jouait un rôle de premier plan. Non seulement il présidait aux cérémonies liturgiques, prêchait en personne dans sa cathédrale, dirigeait le clergé placé sous ses ordres, mais sans cesse, il avait à intervenir dans les affaires publiques, défendant ses fidèles contre les exactions du fisc, surveillant les écoles, entretenant les miséreux et les infirmes; l'évêque, c'était le véritable chef de la cité.

Pour assurer toutes ces tâches, il fallait beaucoup d'intelligence et de science. Quand Martin fut élu évêque de Tours, ce fut, chez les autres évêques des alentours, un bel accès de rire. Etrange apprentissage de grand administrateur que d'avoir lancé le javelot et ferraillé de la lance! Et quant aux relations qu'un évêque devait nécessairement entretenir avec les fonctionnaires impériaux, comment s'en tirerait-il, ce moine hirsute, vêtu de bure velue, et qui sentait le haillon ? Les rieurs durent vite baisser caquet. Non seulement Martin, en rien de temps, s'adapta aux tâches difficiles qui étaient les siennes, mais il fut évident qu'il dépassait de toutes façons les évêques de la région. Quand l'Esprit-Saint est sur un homme, quel génie pourrait s'égaler à lui ?

Celui qu'on voyait, aux jours des plus grandes cérémonies, s'avancer dans le chœur vêtu de son humble robe de solitaire et ne portant pour crosse qu'un bâton recourbé, dès l'instant qu'il parlait, subjuguait son auditoire : on l'écoutait volontiers, des heures, traiter aussi bien des choses familières, des préoccupations que chacun portait au cœur, que des plus hautes questions touchant la foi et la doctrine.

En outre, sa charité se montrait inépuisable : il était bien resté l'homme qui, pour Dieu, avait partagé son manteau avec un miséreux, et l'on racontait même que, recommençant son geste, il lui arrivait souvent de distribuer aux pauvres ses vêtements, y compris ceux qui eussent dû servir aux offices! Grand bâtisseur aussi, toujours en chemin à travers toute la région qui lui était confiée, il n'avait cesse ni trêve qu'il n'eût bâti des églises en tout lieu où une communauté chrétienne existait.



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Message  Monique Mer 25 Avr 2012 - 5:26

Sa réputation grandit vite. De toutes les Gaules, on prit l'habitude de le consulter en des cas difficiles, où il devait rendre des jugements à la manière de Salomon. Comme il était patent que le Seigneur lui avait accordé de grands pouvoirs de thaumaturge, on lui amenait des malades ou bien l'on venait le supplier d'accourir à leur chevet pour leur imposer les mains. Qu'il guérît les infirmes, c'était chose certaine, mais on transportait aussi, de bouche en bouche, de bien plus étonnantes histoires.

Par exemple que, durant un pèlerinage, un ours ayant dévoré l'âne du saint, celui-ci ordonna au fauve de tendre le dos pour recevoir la charge et la porter désormais : ce qui fut aussitôt fait (et c'est pourquoi les ours de nos petites filles s'appellent Martin en souvenir de Tours du saint). Ou bien — plus admirable encore — étant arrivé trop tard auprès d'un malade et l'ayant trouvé mort depuis trois jours, il suffit au grand saint de s'étendre sur le cadavre, bouche à bouche, et de lui souffler de son haleine pour que le sang se reprît à battre dans les membres inanimés.

On imagine assez quel prestige valaient au saint de tels prodiges! Des brigands, l'ayant arrêté sur la route comme un quelconque voyageur, se prosternaient au seul énoncé de son nom et, fermement morigénés par lui, acceptaient de devenir honnêtes. Les grands de la terre, aussi bien, venaient écoûter ses leçons et comme, bien souvent, ils n'étaient pas, eux-mêmes, beaucoup plus sages que les brigands, Martin, équitablement, leur infligeait semblables semonces et pénitences.

L'Empereur lui-même désirait l'entendre et le saint, s'étant rendu à Trêves, la capitale d'alors, ne lui cachait pas qu'il pensait de la façon dont il s'était emparé du trône, a grands renforts de traîtrise et d'assassinats : ce que l'Empereur écouta, n'osant braver la puissance de Dieu que cet homme possédait si visiblement.



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Message  Monique Mer 25 Avr 2012 - 5:35

Une telle gloire, de son vivant, ne troublait pas Martin; il ne perdait pas de vue son but, son unique but, servir Dieu dans le renoncement et la pénitence. Le Seigneur avait voulu qu'il quittât Ligugé pour assumer les devoirs d'un évêque; mais il ne lui avait pas interdit, tout en étant évêque, de vivre comme un moine!

Aussi, à peu de distance de Tours, il avait fondé un couvent, Marmoutiers, où bientôt avaient afflué les âmes saintes. Chaque soir, sa lourde journée terminée, il y rentrait, pour passer la veillée en prière au milieu de ses frères et dormir la nuit à côté d'eux. L'office le voyait fidèle et enthousiaste, mêlant sa voix à celles des chantres. La sainte maison n'avait pas tardé à devenir trop petite et il avait fallu créer des abbayes-filles où des vocations, intarissablement, se présentaient. Quand Martin mourut, plus de deux mille moines, accourus de ces divers couvents, vinrent prier à ses funérailles : admirable rayonnement de la sainteté vécue, dans sa sublime simplicité!

Et cependant une telle réussite, si belle qu'elle fût, ne comblait pas le cœur du saint. Pour les hommes vraiment grands, ce qui compte, ce qui importe, ce n'est point ce qu'on a fait, c'est ce qu'il reste à faire. Souvent, le soir, quand, sur la terrasse de Marmoutiers, entouré de la vénération de ses fils spirituels, Martin regardait les roseurs du couchant sur les douces perspectives du Val de Loire, une inquiétude lui traversait l'âme : avait-il assez fait pour le Christ ? Il le savait bien; un peu partout, dans les campagnes de Gaule, il demeurait des centaines, des milliers de braves gens qui n'avaient jamais entendu la Bonne Nouvelle, qui continuaient à adorer des dieux absurdes, divinités champêtres, forces mystérieuses, ou pis encore! Dans le langage courant, le mot de paganus, qui signifiait « paysan » commençait à vouloir dire païen, car c'était surtout dans les campagnes que la superstition et l'idolâtrie demeuraient répandues.

Un homme de Dieu, un porte-parole du Christ, pouvait-il rester en repos quand Teutatès, Belen, Arduina régnaient encore sur tant de consciences, quand le Soleil, la Foudre, les grands Arbres, les Fleuves et les Sources étaient l'objet d'un culte ?

Ainsi la résolution se prit-elle en l'âme du saint. Son évêché, maintenant, allait bien; des auxiliaires, en son absence, sauraient l'administrer. Son couvent de Marmoutiers était si exemplaire que nulle crainte ne pouvait venir à son propos. Lui Martin, il partirait donc. Il s'en irait au cœur des campagnes de Gaule. Il parlerait aux foules. Il leur dirait : « Quels sont vos dieux ? » Et beaucoup ne sauraient même pas les nommer. Alors, avec son éloquence chaude, vivante, dont les plus simples pouvaient subir l'ascendant, mais, que les plus cultivés ne se retenaient pas d'admirer, il expliquerait le christianisme : il raconterait la vie et la mort du Seigneur; il ferait comprendre à tous ceux qui l'entendraient le sens du Message sublime qui, quelque trois cent cinquante ans plus tôt, avait été lancé au monde sur les collines de Palestine...



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Message  Monique Ven 27 Avr 2012 - 2:43

Il partit. D'abord dans son propre diocèse, puis dans les provinces qui lui étaient voisines, Maine, Anjou et Bretagne, on vit la petite caravane du saint et de ses compagnons, vêtus de rude bure comme les paysans à qui ils s'adressaient, n'ayant ni bagages, ni vêtements de rechange, humbles et pauvres comme il est ordonné dans l'Evangile aux apôtres qui veulent porter la parole de Dieu; ils arrivaient dans un village précédés d'une réputation qui attirait toutes les curiosités. Martin parlait. Bien souvent, il guérissait des malades. Toujours, il invitait ses auditeurs à renoncer à leurs suggestions, à abattre le temple païen qui abritait leurs idoles, à couper l'arbre sacré où ils croyaient que résidait un dieu. Il arrivait que des résistances eussent lieu, que des menaces fussent proférées contre le saint et son équipe : cela ne l'intimidait pas pour autant.

Bientôt, de partout en Gaule, on réclama sa présence. On le vit dans le pays de Chartres, où il délivra d'un démon, qui le rendait muet, un malheureux enfant. On le vit aux alentours de Paris et la future capitale de la France reçut aussi sa visite et sa bénédiction. On le revit à Amiens, à Amiens son ancienne ville de garnison, où il dut aller prier à cette porte où, sous la forme d'un mendiant nu, le Christ avait croisé sa route.

Au cœur le plus résistant du paganisme gaulois, il osa pénétrer, dans le Massif Central et l'Auvergne, où de dures tâches l'attendaient. Puis il descendit dans la vallée de la Saône, appelé par des vignerons qui venaient de souffrir de grêles affreuses et qui pensèrent n'avoir d'autres recours que le saint. Les provinces qui devaient plus lard s'appeler Franche-Comté et Dauphiné reçurent aussi bien sa visite, et l'on y peut lire encore des inscriptions sur d'antiques pierres : « Martin consacra cet autel. »

Dans toutes ces entreprises, le saint avait visiblement la puissance de Dieu avec lui. L'épisode du grand pin abattu, qui se produisit lors de son passage à Autun, en est une preuve. Il y en eut d'autres, dont les bons chroniqueurs du temps n'ont certes pas manqué de dresser la liste.

Par exemple, à Amboise, le charmant bourg de Loire, Martin et ses moines ont à peu près obtenu que le culte païen soit supprimé : mais il faut détruire le temple et une grande tour qui le domine, ce à quoi les habitants ne mettent vraiment aucune bonne volonté. « Je ne puis plus rien, Seigneur, s'écrie alors le saint, mais vous, vous pouvez tout! » Et, à l'instant même un ouragan éclate, si terrible que la tour s'effondre en mille morceaux. Une autre fois, des charretiers ayant malignement frappé l'évêque et l'ayant blessé, il suffit qu'il lève la main et prononce quelques paroles pour qu'une force surnaturelle fixe au sol les pattes des bêtes et immobilise le convoi comme s'il était de plomb. Même les morts qui étaient sensibles à une telle puissance! Ne rapporte-t-on pas qu'une fois, ayant, selon sa coutume, fait halte en quelque lieu pour s'agenouiller sur la tombe d'un saint, Martin termina sa prière en s'écriant : « Homme de Dieu, bénis-moi! » et que, du fond du cercueil, l'assistance, terrorisée, entendit une voix répondre : « C'est moi, Serviteur du Seigneur, qui te demande de me bénir! »




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Message  Monique Ven 27 Avr 2012 - 2:52

A tant courir les routes, à tant prêcher, à tant combattre, quel homme ne se fût usé ? Par un privilège exceptionnel, malgré tant de, peines et de labeurs, à quatre-vingts ans passés, Martin était encore vigoureux et alerte.

Cependant, un jour qu'il était revenu au milieu de ses frères à Marmoutiers, il leur annonça que sa fin était proche. Eux de secouer la tête sans y croire; avec un tel coffre, leur saint irait à cent ans! Mais il répéta son annonce : sans doute, Dieu lui-même l'avait-il secrètement averti.

Il eût désiré mourir en son cher couvent, dans la petite cellule creusée au flanc de la falaise, où tant d'heures il avait prier. Mais le monastère de Candes envoyait de mauvaises nouvelles. Des querelles avaient éclaté entre les moines; pour être de saints hommes, ils n'en étaient pas moins des hommes. Seul Martin pouvait rétablir la paix. Il partit donc, bien qu'il se sentît très faible. Comme il avait commandé aux bêtes fauves, il sut, en quelques mots, se faire obéir des coléreux et des jaloux. L'ordre était revenu dans la communauté et le vieillard s'apprêtait à reprendre la route quand les forces manquèrent. Il eut encore l'énergie d'ordonner qu'on le plaçât sur de la cendre.

Un serviteur du Crucifié ne devait pas accepter de mourir dans son lit. Et comme les moines se désolaient, le suppliant de rester avec eux, il murmura : « Laissez-moi regarder le ciel et non la terre; c'est là maintenant qu'est ma voie droite, la voie du Seigneur. »

Et l'on raconte qu'au moment où il rendit l'âme — un dimanche, à minuit — les chants des anges retentirent si distinctement que nul ne put se tromper sur leur origine. A bien des lieues de là, saint Séverin, archevêque de Toulouse, les entendit, alors qu'il sortait de l'Office de Laudes : un saint de la terre était entré au ciel.


Fin


A suivre... Bartholomé De Las Casas
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Message  Monique Mer 2 Mai 2012 - 5:09

Les Aventuriers de DIEU Bartol10

LE PÈRE DES INDIENS
BARTHOLOMÉ DE LAS CASAS




On hésite avant d'évoquer de telles horreurs. Elles sont cependant de l'histoire et pour que Barlolomé de las Casas, homme de Dieu, assumât le rôle admirable qui fut le sien, il fallut que tout ce sang et toutes ces larmes fussent répandus, que ces cruautés presque incroyables fussent commises.

Cela se passait en Amérique latine, dans les immenses pays que les « Conquistadores » avaient donnés à l'Espagne, ceux qui aujourd'hui se nomment Mexique, Chili, Pérou, Saint-Domingue, Colombie, Equateur. Il n'y eut guère de lieux où massacres et supplices ne fussent la loi commune. Là c'est un gouver-ueur qui, pour nourrir ses chiens, leur jetait en pâture des enfants, et comme un prêtre voulait, un jour, sauver un de ces petits, la brute mettait le petit en pièces sur-le-champ. Ailleurs c'était un autre non moins féroce qui, sans provocation, sans raison aucune, dans un effroyable caprice, faisait exécuter sous ses yeux cinq mille prisonniers indigènes.

Ailleurs, en combien d'endroits, c'étaient les chefs et les rois, les « caciques » qu'on torturait, des heures durant, pour leur faire verser d'énormes rançons d'or, puis, lorsqu'ils les avait livrées, qu'on jetait sur un bûcher, enveloppés de paille, pour les brûler vifs... Et les responsables de ces abominations se prétendaient chrétiens!

Il y avait quelque trente ou quarante ans que Christophe Colomb, le Génois taciturne, poussant toujours vers l'ouest ses trois caravelles, avait, en 1492, rencontré des terres inconnues, qu'un imprimeur de cartes avait, du nom d'un autre navigateur, Amerigo Vespuce, appelées Amériques. A la suite des pionniers et des explorateurs, étaient venus les conquérants, ceux qui voulaient s'emparer des terres découvertes, espérant y trouver de l'or, y faire fortune; hommes de grande audace, de passions violentes, aventuriers pour qui la vie ne comptait pas beaucoup, ni la leur, ni surtout celle des autres. Ce que Fernand Cortez faisait au Mexique, ce qu'Almagro et Pizarre faisaient au Chili et au Pérou, d'autres ambitieux rêvaient de le faire en maints points du continent : conquérir des empires, prendre et piller des villes, faire ruisseler l'or entre les mains cupides, devenir, d'un coup, plus riches qu'un duc en Espagne et se comporter comme des rois tout-puissants.

Assurément ces hommes avaient fait preuve d'un courage à toute épreuve. Seuls, loin de leur pays, sur une terre, dans des climats également hostiles, abandonnés par le gouvernement qui ne les soutenait guère, ils avaient, des mois durant, risqué chaque jour leur vie, supporté, sans gémir, blessures et maladies, accomplissant bien souvent des exploits à peine croyables et écrivant ainsi une page nouvelle au Livre des aventures humaines. Mais ces souffrances, ces périls, les avaient aussi rendus brutaux, durs à eux-mêmes et à autrui bien incapables, pour la plupart, de garder dans leurs conquêtes le moindre sentiment de charité et de fraternité envers les vaincus.



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