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Le Pape Alexandre VI ...

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Message  Eric Lun 18 Jan 2010 - 23:38

Petite réponse (indirecte) à une question de Rosalmonte et à une "étude" publiée par SVP sur :

http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?p=44657&mforum=micael#44657

Chapitre LXIII

La Papauté et Alexandre VI


Accusateurs d’Alexandre VI . – Accusations et réponses . – Ses justiciers, les Pères Ollivier et Leonetti .

En 1492, le cardinal Rodrigue Borgia succéda à Innocent VIII, sous le nom d’Alexandre VI, nom si flétri dans l’histoire qu’on ose à peine se demander s’il n’aurait pas été calomnié comme celui de Grégoire VII, d’Innocent III, de Boniface VIII et de tant d’autres Papes illustres.

De graves événements se passèrent sous son Pontificat, mais avant de les exposer, nous devons ici à l’impartialité de l’histoire et à l’honneur de la Papauté une rectification sur la mémoire de ce Pontife, souillée par la plume de tant d’écrivains romantiques et pamphlétaires, comme les Borgia d’Alexandre Dumas, la Lucrèce de Victor Hugo, d’après lesquels il n’y aurait eu dans la famille des Borgia qu’ empoisonnements, incestes et infamies.

Avant d’examiner les accusations lancées à la face de ce Pape, jetons un coup d’œil sur le caractère de ses accusateurs.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 291

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Message  Eric Mar 19 Jan 2010 - 21:57

Accusateurs

Les accusateurs d'Alexandre VI sont de ces êtres insaisissables qui se cachent sous des on dit et des peut-être, c'est-à-dire sur des hypothèses et des suppositions.

On cite, comme source de toutes ces accusations, Burchard et Infessura, auteurs chacun d'un Diarium, s'il ne s'agit pas du même; l'anonyme d'une Vie de Rodrignue Borgia encore inédite; des auteurs réels, mais d'une autorité moindre, tels que Guichardin, l'historien de l'Italie; Paul Jove et Thomas, écrivains de seconde main, qui ont poli Burchard; Pontano et Sannasar, parasites des cours, auteurs épigrammatiques et poètes au service des princes d'Aragon, ennemis des Borgia.

Ces deux derniers ne font point partie de l'histoire ;Jove et Thomas doivent être écartés comme suivant Burchard; Guichardin, historiographe de la seigneurie de Florence, n'avait que dix ans lors de l'avènement d'Alexandre; ce n'est donc pas un témoin, et il ne mérite pas d'être entendu comme tel. Au reste, en sa qualité de Florentin, c'est un témoin suspect contre les Borgia venus d'Espagne; il cache le mensonge et la dissimulation sous le style national des on dit et des peut-être, l'arme favorite des inventeurs de fables.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 291 et 292

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Message  Eric Mer 20 Jan 2010 - 20:00

Nous pouvons citer à leur suite Cagnoto Malipiero, Manfredi, Capellon, Carissimi, Burcelli, Malavazzo, Allegreti, Albert Dellapigna; mais ils ne sont que chroniqueurs.

Ils racontent ce qu'ils ont entendu dire ou ce qu'ils ont lu.

Ils attestent la triste réputation faite à Alexandre, sans rien prouver.

On cite aussi contre Alexandre, parmi les modernes, les Allemands Moëlher et Gams, les Italiens Rainaldi et Mansi, le cardinal Hergenroether; préfet des archives vaticanes; le professeur Pierre Balan, sous-préfet des mêmes archives; le Père Matagne, mort dernièrement à Bruxelles, avec la réputation d'un bollandiste; la Civilta cattolica; les rédacteurs de la Revue des questions historiques.

Nous ajouterons encore deux écrivains célèbres dont nous nous inspirons souvent dans ces pages, mais avec lesquels nous sommes ici en dissentiment, Joseph de Maistre et Amédée Gabourd (1).

Quelque mérite et quelque poids qu'ait l'autorité de ces écrivains, ils ne peuvent étayer leur jugement que sur les chroniques contemporaines du Pontificat d'Alexandre VI et sur les auteurs qui les ont reprises à leur tour; par conséquent, il ne reste en face de nous que les deux journalistes Burchard et Infessura.


(1) C'est avec regret que nous inscrivons ces deux noms parmi les accusateurs d'Alexandre VI, mais par là même que nous avons souvent occasion de les citer comme apologistes des Papes, il nous convient de les citer ici, où ils deviennent les censeurs.
Certes, s'ils avaient pu lire comme nous les études critiques qui ont été faites depuis sur Alexandre VI, je ne doute pas un instant qu'ils n'eussent changé de sentiment.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 292 et 293

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Message  Eric Sam 23 Jan 2010 - 0:50

Burchard

Burchard était Allemand, et partant hors d'état de connaître ce qui se passait dans le Midi.

Venu à Rome en 1489, trois ans avant le Pontificat d'Alexandre VI, il devint sous son règne maître des cérémonies de la chapelle pontificale.

Toutefois en qualité de tudesque, il ne pouvait sentir la civilisation italienne.
Cette rancune innée devait naturellement fausser son regard intellectuel et donner à ses écrits un air de partialité manifeste.

Il faut voir dans Leonetti les écarts, les contre-sens et les non-sens qui abondent dans son journal ou Diarium, qui n'est qu'un répertoire de commérages qu'il recueillait scrupuleusement parce que la jalousie aime à y croire.

Pâris de Grassis (1), maître des cérémonies sous Léon X, nous dit de Burchard : « Non seulement il n'avait rien d'humain, mais c'était un être brutal au delà de toutes les brutes, remplie de haine et d'envie.
« Il a fait des livres où personne ne peut rien comprendre, sinon le diable, son inspirateur..., car il les a écrits en caractères ou chiffres tellement obscurs, tellement surannés, qu'il ne peut avoir eu que diable pour copiste d'une telle écriture. »

Audin ajoute: « Procope d'antichambre, qui a tenu registre de tout ce qu'il a vu, entendu, deviné, et le plus souvent imaginé. A le lire, on croirait qu'il n'a pas quitté le Pape un seul instant : il le suit à la chapelle, au consistoire, à table , au lit; la nuit n'a pas d'ombres dont il n'ait percé l'obscurité.

« C'est un être qui ne croit pas à la vertu, et qui, à l'aide d'un ducat, explique ordinairement une bonne pensée, une bonne action.
Jamais romancier ne se joua avec une naïveté plus bouffonne de la crédulité de ses lecteurs.
D' Alexandre VI, la dissimulation personnifiée, il a fait un héros de mélodrame qui vient afficher ses débordements aux yeux de Rome tout entière.
Qu'un cardinal meure, il regarde dans le breuvage du malade, et presque toujours il y trouve du poison.

(1) Successeur de Burchard à la chapelle pontificale.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 293

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Message  gabrielle Dim 24 Jan 2010 - 17:32

Comment un pape immoral et mondain comme Alexandre VI (1492-1503) pouvait-il être infaillible? Les efforts des historiens catholiques pour le disculper ne sont-ils pas évidemment malhonnêtes?

L'infaillibilité, exemption d'erreur dans la prédication de l'évangile, et l'impeccabilité, exemption du péché, sont deux choses totalement différentes. Bien que nous nous attendions naturellement à ce que les papes soient d'un caractère moral très élevé, et la plupart le furent, la prérogative officielle de l'infaillibilité n'a absolument rien à voir avec la vertu ou la corruption du pape.

Notre-Seigneur dit aux juifs que l'indignité personnelle des Scribes et des Pharisiens n'annulait en aucune manière leur doctrine. « Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent, mais n'imitez pas leurs œuvres. » 1 L'idée qu'un supérieur temporel ou ecclésiastique perd son autorité quand il est en état de péché mortel fut une erreur de Wiclef, condamnée par l'Église au quatorzième siècle.

Il est vrai que dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle certains écrivains catholiques ont essayé de blanchir Alexandre VI, à savoir Barnacchi, Chantrel, Leonetti, Nemée, Ollivier et d'autres. Il n'est cependant pas juste de les appeler malhonnêtes, car un catholique se croit naturellement obligé de défendre l'honneur du pape, comme tout homme loyal se sent tenu de défendre le bon renom de sa mère. Àppelez-les naïfs ou s'il vous plaît ignorants, mais n'oubliez pas que nous croyons à ce mot de Léon XIII : « L'Église n'a besoin du mensonge de personne. » L'historien catholique des papes le plus savant, Louis Pastor concède qu'Alexandre a mené la vie immorale des princes séculiers de son temps et comme cardinal et comme pape 1, qu'il obtint la papauté par la plus grossière simonie 2, qu'il jeta le discrédit sur sa haute fonction par son népotisme et l'absence de sens moral 3 ; cependant il l'exonère des accusations calomnieuses d'inceste et d'empoisonnement 4.

Nous ne devons pas oublier qu'il y eut un Judas parmi les Apôtres, et que Notre-Seigneur a prédit que l'ivraie croîtrait avec le blé jusqu'au dernier jour 5. Sans doute la sainteté personnelle du prêtre ou du pape est utile comme exemple aux non-catholiques et comme encouragement aux fidèles. Mais « de même qu'une monture défectueuse ne diminue pas la valeur d'une pierre précieuse, la culpabilité d'un prêtre n'amoindrit pas la valeur du sacrifice qu'il offre, des sacrements qu'il dispense, de la doctrine qu'il enseigne... Le chef suprême de l'Église lui-même est incapable de diminuer d'un iota la valeur des trésors célestes dont la garde lui est confiée et qu'il est chargé de dispenser. L'or est toujours de l'or quel que soit le degré de pureté de la main qui le distribue » 6.



1. Mt, 23. 3.
Bibliographie: Cardinal Bégin, La primauté et l'infaillibilité des souverains pontifes, Québec, 1873, pp. 417-419; J. de la Serviere, Alexandre VI, DA t. 1, c. 81-83; Pastor, Histoire des papes, t. 5 et 6.

1. Histoires des papes, t. 5, p. 373; t. 6, p. 131. — 2, Pastor, Hist. des papes, t. 5, p. 370. — 3. Ibid., t. 5, p. 370. — 4. bid., t. 6, p. 98, 129. — 5. Mt., 13, 24-30. — 6. Pastor, Histoire des papes, t. 6, p. 132.

La Boîte aux questions
réponses de Dieu aux inquiétudes de l'hommes
R. P. B. L. COnway, pauliste
traduction R.P. Andrien Malon , fransicain.

Imprimatur 23 avril Mgr Chaumont

pages 175-176
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Message  gabrielle Lun 25 Jan 2010 - 0:04

Un autre son cloche, celui de Joseph Chantrel...

Je vais tenter de numériser ...

Décidément, le pape Alexandre VI a fait couler beaucoup d'encre, il y une telle divergence chez les historiens.
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Message  Diane Lun 25 Jan 2010 - 17:56

gabrielle a écrit:Un autre son cloche, celui de Joseph Chantrel...

Je vais tenter de numériser ...

Décidément, le pape Alexandre VI a fait couler beaucoup d'encre, il y une telle divergence chez les historiens.

Qui croire alors? Suspect
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Message  Eric Lun 25 Jan 2010 - 19:58

« Si l'on pouvait croire à la narration de Burchard, Alexandre VI aurait été vraiment frappé d'idiotisme.

Ce serait un Cassandre de comédie cherchant exprès le grand jour pour rendre une ville, un pays, un monde entier, témoins de ses folies; un crétin de la Maurienne étalant sur le grand chemin ses dégoûtantes infirmités.

Jamais bonne femme ne fit, comme le maître des cérémonies, des contes à dormir debout.

On dirait que pour remplir ses pages de chaque jour, il fallait le métier de facchim, courant les rues, les hôtelleries, les marchés publics, les boutiques et les étalages; et de tout ce qu'il avait entendu de valets de place, de servantes d'auberges, de palefreniers, de barbiers, formant le soir un récit qu'il appelait son journal. »

Par la valeur du journaliste, on juge de celle du journal : et encore ce journal nous ne l'avons plus tel que : il eut le sort qu'il méritait.

Il demeura dans la poussière, et le dix-septième siècle n'en reproduisait plus que quelques citations, lorsque Leibnitz en fit publier un extrait, comme spécimen anecdotique, en regrettant de n'avoir pu trouver le texte de l'auteur.

Lacroze crut l'avoir trouvé à Berlin en 1707, et Eccard l'avoir imprimé en 1732, mais il y a des variantes si considérables entre l'un et l'autre qu'on doit douter de l'authenticité de tous les deux.

Ainsi en est-il de toutes les copies de Rome.

Quel fond peut-on faire sur de pareil documents ?


Infessura

Infessura, plus sincère et contemporain aussi, ne prétend pas avoir été témoin des faits qu'il raconte et en renvoie la responsabilité aux anciens.

C'est un Diariste très mal disposé envers les Borgia, ennemi personnel d'Alexandre, révolutionnaire romain acharné à vouloir renverser la Papauté.

C'est un pauvre pamphlétaire pornographique, sorte de Léo Taxil (1) du quinzième siècle qui aurait été capable, s'il avait vécu de nos jours, d'écrire les Amours de Pie IX et de susciter un procès scandaleux contre la mémoire du célèbre cardinal Antonelli (2).

Malgrès les contradictions qu'on rencontre contre son Diarium et celui de Burchard, il y a de telle identités entre eux, que le Père Ollivier est dans le vrai en conjecturant qu'ils ont été écrits ou altérés par la même main.

L'écrivain anonyme de Rodrigue Borgia avoue lui-même qu'il n'est qu'un compilateur de documents écrits ou traditionnels de toute provenance.

Tels sont les accusateurs d'Alexandre.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 293 et 294


(1) Son vrai nom est Jogand, romancier ordurier qui a insulté Pie IX jusque dans sa tombe en écrivant le roman sus-énoncé et dont le gouvernement défendit la publication. Un neveu de l'illustre Pontife déféra l'insulteur devant les tribunaux, qui ont fait bonne justice. Le 29 décembre 1881, le tribunal de Montpellier condamna Léo à 60 0000 francs de dommages-intérêts et à la reproduction du jugement dans soixante journaux.

(2) Ministre d'État de Pie IX, qui soutint après la guerre d'Italie en 1859 le pouvoir temporel du Pape avec une habileté et une science politique qui déconcerta tous les diplomates européens. Après sa mort, la révolution suscita, comme représailles, une malheureuse se disant fille du cardinal et réclamant en conséquence sa part d'héritage. De là ce procès scandaleux qui a attristé tous les catholiques.

A suivre ...


Dernière édition par Eric le Mer 27 Jan 2010 - 0:21, édité 1 fois
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Message  ROBERT. Mar 26 Jan 2010 - 0:22

Diane a écrit:
gabrielle a écrit:Un autre son cloche, celui de Joseph Chantrel...

Je vais tenter de numériser ...

Décidément, le pape Alexandre VI a fait couler beaucoup d'encre, il y une telle divergence chez les historiens.

Qui croire alors? Suspect

Question pertinente Diane ...
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Message  gabrielle Mar 26 Jan 2010 - 0:59

Je pense qu'il y a en partant des témoins irrecevables.

Comme ceux qui avaient des ressentiments envers la famille Borgia en partant..

Il faut des historiens qui ne refusent pas d'examiner toutes les preuves favorables ou non... avec eux la vérité triomphe

Le temps de l'analyse compte aussi... Honorius 1er... il a fallu attendre que des années passent avant de comprendre que des faussaires étaient à l'origine de la fameuse condamnation...

Dans les domaines historiques, il faut être très prudent et faire un peu le tour des historiens.

C'est ce qu'à fait le Chanoine Fournier contrairement à la contre-partie que j'ai posté ou le Père Conway s'arrête à Pastor
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Message  ROBERT. Mar 26 Jan 2010 - 3:48

gabrielle a écrit:Je pense qu'il y a en partant des témoins irrecevables.

Comme ceux qui avaient des ressentiments envers la famille Borgia en partant..

Il faut des historiens qui ne refusent pas d'examiner toutes les preuves favorables ou non... avec eux la vérité triomphe

Le temps de l'analyse compte aussi... Honorius 1er... il a fallu attendre que des années passent avant de comprendre que des faussaires étaient à l'origine de la fameuse condamnation...

Dans les domaines historiques, il faut être très prudent et faire un peu le tour des historiens.

C'est ce qu'à fait le Chanoine Fournier contrairement à la contre-partie que j'ai posté ou le Père Conway s'arrête à Pastor

Merci pour vos précieux conseils de discernement chère amie... cheers
.
ROBERT.
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Message  Eric Mer 27 Jan 2010 - 0:17

Je rectifie, en rouge et grands caractères, dans mon post précédent deux oublis bien involontaires !
(pardonnez-moi ... ces lignes de l'ultramontain Chanoine Fournier sont retranscrites à la main ... pas (encore) de logiciel de copie !)

MEA CULPA !

A suivre ... donc ...
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Message  gabrielle Mer 27 Jan 2010 - 0:34

Tu as beaucoup de mérite pour ces transcriptions manuscrites.

Tu es un chevalier courageux, qui n'aura de repos que le jour où sont Roi sera acclamé par toute la terre.
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Message  Eric Mer 27 Jan 2010 - 0:35

Accusations

En résumant les griefs contenus dans ces documents, les accusations accumulées contre Alexandre VI pèsent sur ses mœurs et sur son ambition.

Ses enfants ou neveux auraient été le fruit du crime, et son élévation au souverain Pontificat, le fruit d'un marché : impudique et simoniaque, tel aurait été ce malheureux Pape.

Nous allons examiner brièvement la gravité et la valeur de ces accusations, en faisant passer sous les yeux du lecteur les pièces les plus compromettantes sur lesquelles elles reposent.

La première est une prétendue lettre que Pie II écrit des bains de Petriolo au cardinal Rodrigue Borgia, le 11 juin 1460, et dans laquelle il lui reproche d'avoir passé une journée dans un jardin de Sienne en compagnie de dames du monde revêtues de tous leurs atours, d'avoir refusé l'entrée du jardin aux maris, pères, mères, frères de ces dames, d'avoir offert des fruits et des vins à celles-ci, d'y avoir assisté à des danses et à d'autre mignardises peu séantes, toutes choses indignes d'un archevêque de Valence, une des premières Eglises d'Espagne, chef de la chevalerie apostolique et membre avec les autres cardinaux du conseil suprême de l'Église Romaine.

Rodrigue était accompagné de quelque domestiques et d'un autre cardinal plus âgé que lui : le cardinal de Pavie, son directeur.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 294 et 295

A suivre ...
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Message  Eric Jeu 28 Jan 2010 - 23:49

Si cette lettre est authentique, elle accrédite tous les crimes dont Alexandre est accusé.

Mais le style, la longueur de la lettre, le fond, les circonstances, l'invraisemblance du récit, tout combat son authenticité.

C'est Raynaldi, annaliste sérieux, qui la reproduite le premier; mais l'illustre Oratorien vivait un siècle et demi après l'événement; la critique serait en droit de lui demander où il a pris cette lettre, car l'original n'existe pas au Vatican.

Bien plus, on a au Vatican tous les papiers de Raynaldi; son histoire manuscrite y est tout entière, sauf la lettre de Pie II.

Pourquoi cette soustraction, si elle est à l'abri de toute critique ?

En second lieu, le défaut de style qu'on y remarque dénote une main moins exercée que celle d'Enéas Sylvius Piccolomini, l'ancien secrétaire du concile de Bâle, devenu le Pape Pie II.

Son amplification dénote aussi une plume étrangère au style de la chancellerie romaine.

En troisième lieu, ne porte-t-elle pas sa condamnation avec elle ?

Il y a loin des bains de Petriolo à Sienne, pourtant trois jours ne s'étaient pas écoulés que le Pape savait tout par le menu : habituellement la vérité est lente pour parvenir : les cancans seuls ont des ailes pour franchir rapidement l'espace; et puis, les Papes ne sont pas si prompts à écrire, ils attendent des renseignements précis, sûrs et dignes de confiance.

Il y avait même ici une raison particulière de différer, car le Pape Pie II devait se rencontrer quelques jours après avec le cardinal Borgia.

Ils se virent, en effet; et dans une suite de cérémonies, on voit Rodrigue assister le Pape, sans qu'on ait remarqué ni froideur entre eux ni diminution de faveurs.

D'ailleurs, un danseur en robe de cardinal était aussi ridicule, aussi odieux, aussi dégoûtant au quatorzième siècle qu'au dix-neuvième; et jamais Rodrigue ne se fût permis un pareil amusement en présence de ses domestiques et de dames du monde qui en auraient beaucoup ri le lendemain.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 295

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Message  Eric Sam 30 Jan 2010 - 1:44

Et puis, est-il vraisemblable, est-il possible que toute la société siennoise, pères, mères, frères et surtout maris aient permis à leurs femmes et à leurs filles d'assister à cette fête, tandis qu'ils en étaient exclus ?

Comment se fait-il que pas un parent, pas un mari n'ait réclamé contre cet ostracisme scandaleux ?

Non, cela n'est pas croyable.

Et ces femmes, qui auraient dû subir un examen minutieux sur ce qui s'était passé, ne sont pas même interrogées, puisque rien ne le constate.

Ne parlons pas de la conscience du cardinal, puisqu'on n'y croit pas; parlons plutôt de son ambition, à laquelle le public croit, sans excepter certains historiens catholiques.

Ainsi, l'abbé Bareille, reprenant Fleury, résume la légation de Rodrigue en Espagne en ces trois lignes: « Dans toute sa légation, il ne fit paraître que beaucoup de vanité, d'ambition, d'amour pour le faste et l'argent; il n'en retira guère que le mépris des princes et des peuples (1).

Il n'y a rien d'étonnant que d'autres s'y soient mépris, puisque le cardinal de Pavie lui-même écrit dans le même sens, induit qu'il fut en erreur par le clergé espagnol, qui éclate en murmures contre les charges que la cour romaine voulait lui imposer par son légat Rodrigue.

Celui-ci fut même obligé d'employer l'autorité du roi pour faire triompher les volontés du Pape.

Cette mesure le rendit impopulaire et fit des mécontentements qui le discréditèrent, et aux yeux desquels son énergie devient orgueil, sa magnificence luxe effréné, son zèle ambition intolérable.

Le cardinal de Pavie s'y laissa prendre un instant, mais il revint bientôt de son erreur, puisqu'il écrivait le 27 avril 1473: « Vous avez tenté tout ce qui est en votre pouvoir. Tout ce qu'il était possible de réaliser dans ces deux royaumes ( de Castille et d'Aragon ), vous l'avez fait. Vous n'avez négligé aucun moyen et nous ne pouvions désirer de votre part ni plus de prudence, ni plus de zèle, ni plus d'intégrité. Vous rapporterez à Rome une réputation de prudence et d'habileté. Un plus grand séjour en Espagne n'ajoutera rien à votre gloire ; mais au contraire je craindrais qu'il ne lui soit nuisible, car vous savez combien les jaloux et les détracteurs sont nombreux ici...

(1) Contin. de l'hist. eccl. de l'abbé Darras, T. XXXI, p.550

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 295 et 296

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Message  Eric Dim 31 Jan 2010 - 15:18

« Tous ici vous désirent; votre présence devient chaque jour nécessaire.

Nous avons une foule d'affaires dont la solution réclame impérieusement votre présence.

Vous êtes évêque et l'un des plus influents du Sacré-Collège, non seulement pour conseiller, mais encore pour défendre le Saint-Siège.

Il est donc juste que plus vous êtes élevé, plus vous vous dévouiez au bien des autres. (1) »

Deux mois plus tard, il le presse plus vivement que jamais, le conjure par tout ce qu'il y a de plus sacré de ne pas différer plus longtemps son retour « à Rome, où son autorité est souveraine, l'estime dont il jouit considérable, son influence toute-puissante pour le bien de l'Église (2) ».

Guichardin même, cet ennemi furieux d'Alexandre, dit qu'il « entrait aux affaires, alliant la prudence à la sagacité, la pénétration à l'art de persuader, la persévérance à l'activité (3) ».

C'est précisément parce que la légation en Espagne offrait des difficultés exceptionnelles que Sixte IV choisit Rodrigue comme le plus capable et le plus apte à la remplir.

Il s'acquitta si bien de sa mission qu'à son retour il fut nommé évêque d'Albano et envoyé de nouveau comme légat a latere dans le royaume de Naples pour y soutenir les intérêts du Saint-Siège vis-à-vis de ces mêmes rois espagnols aux yeux desquels il venait de se rendre si odieux, non moins qu'impopulaire aux yeux de leurs sujets.

Peut-on prêter une pareille conduite à un Pape et comprendre tant d'éloges, si Rodrigue Borgia avait été un si mauvais légat (4) ?

Revenons à Sienne.

Quoi ! ce cardinal de trente ans, neveu de Pape, illustré par ses légations en Espagne, à Naples, dans le Picentin qu'il réduit à l'obéissance du Saint-Siège, cet habile directeur des bureaux apostoliques, ce génie qui voit luire la tiare devant lui dans un avenir plus ou moins prochain, qui dirige les élections par son influence, n'aurait pas compris que, pour le plaisir d'une matinée, il allait perdre son avenir et imprimer sur sa vie une note de ridicule capable de l'exclure de toute dignité, sinon lui faire perdre celle dont il était revêtu?

Un ambitieux ne pousse pas la bêtise si loin.

(1) Ep. DXIII.
(2) Ep. DXIV.
(3) Storia d'Italia, L. I, c. 1.
(4) Univers, 18 août 1883, art. signé par un professeur d'histoire.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 296

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Message  Eric Mar 2 Fév 2010 - 0:16

De plus, sa vie privée est en contradiction évidente avec cette légèreté de mœurs qu'on lui reproche : il aimait l'oraison, faisait son examen particulier; il avait un excellent directeur, qu'il écoutait volontiers et dont il acceptait les sévérités avec soumission.

Le cardinal de Pavie, de son côté, aimait Borgia comme un serviteur de Dieu aime une belle âme.

L'histoire atteste que Rodrigue Borgia se privait presque entièrement de sommeil et de nourriture pour mieux vaquer aux affaires et à son ministère sacré; sa frugalité était telle qu'on redoutait de s'asseoir à sa table.

Devenu Pape, il mangeait si peu et si vite que plusieurs des cardinaux inventaient des prétextes pour éviter ses invitations.

Enfin, si Pie II avait à précipiter ses remontrances, pourquoi écrit-il au plus jeune et non au plus âgé des deux cardinaux accusés ?

Le plus jeune n'était-il pas plus excusable que le vieillard, ami intime du Pape, celui qu'il avait adopté par affection, et à qui il avait voulu donner son nom de Piccolomini, ce vieillard qui venait de déshonorer ce nom, sa dignité et ses cheveux blancs ?
Non, le cardinal de Pavie n'aura qu'une allusion insignifiante, tandis que toute l'indignation retombe sur la tête de Borgia.

Cette lettre porte donc tous les caractères d'apocrycité et ne mérite aucune foi.

Les cardinaux de Pavie et de Borgia se trouvent à Sienne; les dames de la haute société auront tenu à leur faire visite; et comme elles auront ensuite parlé avec éloge des bonnes grâces du cardinal Borgia, de sa jeunesse, de ses manières bienveillantes et distinguées, les méchants ont brodé le conte en question sur ce fond d'ailleurs fort innocent.

La seconde accusation est plus grave que la première, dont elle n'est du reste que la conséquence.

Après avoir accusé Alexandre sur la légèreté de ses mœurs, la logique demandait qu'il fût accusé d'avoir eu des bâtards.

Les uns lui en attribuent quatre, d'autres cinq, d'autres six : Pierre, Louis, César, Jean, Lucrèce, Geoffroy et Girolama.

Ces enfants sont-ils réellement d'Alexandre ?

Il y a trois opinions.

Les uns sont pour l'affirmative et disent qu'il les aurait eus étant encore cardinal; d'après le Père Ollivier, Alexandre aurait eu ces enfants d'un mariage légitime contracté avant son entrée dans les saints ordres; le Père Leonetti soutient qu'ils ne sont que ses neveux.

Nous exposerons chacune de ces opinions en son lieu : pour le moment, parlons de la première.

Le nombre des enfants ne faisant rien à la question, nous nous bornerons à parler de César et de Lucrèce, dont les noms ont fait plus de bruit.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 296 et 297

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Message  Eric Mer 3 Fév 2010 - 1:16

César Borgia

L'histoire cite deux brefs de Sixte IV, donnant César comme fils d'un évêque cardinal et d'une femme mariée : De episcopo cardinati genitus et conjugata.

L'un est de 1480, l'autre de 1482.

Dans le premier, revêtu des formes solennelles usitées dans les bulles importantes, Sixte exhorte César, âgé de six ans, à devenir un homme vertueux, lui dit qu'il le relève de la tache de naissance dont il souffre, étant né d'un évêque cardinal et d'une femme mariée, afin qu'il puisse recevoir la tonsure et les ordres mineurs dès l'âge de sept ans, et les ordres sacrés quand il aura atteint l'âge canonique.

Citer ce bref suffit pour en détruire l'autorité : que signifie, en effet, cette solennité de formes apostoliques, ce serviteur des serviteurs de Dieu, ce salut et bénédiction apostolique dans une lettre adressée à un enfant de six ans ? quel besoin de le relever d'une irrégularité puisqu'il était né d'une femme mariée, à moins que le père ait refusé de le reconnaître, ce dont l'histoire ne parle pas, et que les censeurs du cardinal n'auraient pas manqué de signaler ?

Pourquoi donc rappeler cette tache ? est-ce pour le plaisir d'en faire ostentation ?

Au moins s'il s'était contenté de parler de l'irrégularité, mais comme s'il voulait rendre le scandale plus grand encore, il en fait remonter la faute ouvertement à un cardinal et à un cardinal évêque : c'est absurde au dernier point.

Et, chose singulière ! nonobstant ce stigmate empreint sur le front du cardinal Rodrigue, nonobstant cette infamie qui le rend indigne et du ministère des autels et du cardinalat, Sixte vit en bonne intelligence avec lui, au détriment de la dignité du Sacré-Collège et de l'Église Romaine, qui en sont notoirement déshonorés !

Prendre plaisir à faire savoir publiquement que son vice-chancelier ajoute à ses autres dignités celle de père adultère, cela dépasse les bornes de la bêtise et de l'invraisemblance.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 297

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Message  Eric Mer 3 Fév 2010 - 21:46

Bref, nous considérons comme controuvé tout document dont le texte contient des absurdités, des impossibilités, des contradictions, mises au compte d'hommes supérieurs, s'il ne s'appuie sur d'autres pièces collatérales qui servent de preuves historiques.

Ajoutons qu'en tout temps et dans toutes les cours, il y a eu des aventuriers de plume au service des mauvaises langues et des jalousies de tout genre, et qu'à la cour pontificale, la fabrication des fausses pièces était aussi lucrative au quinzième siècle que les contrefaçons de billets de banque à notre époque de matérialisme.

Alexandre VI lui-même eut à sévir contre l'évêque Cosenza, qui n'employait pas moins de trois secrétaires à cette besogne.

A défaut de documents qui viennent à l'appui de ces pièces, nos adversaires saisissent à la volée certaines expressions qui, bien considérées, ne disent rien en leur faveur.

Ainsi, Alexandre appelle César son cœur dans une lettre à Louis XII, et réciproquement César termine ainsi une lettre qu'il écrivait à Alexandre, son oncle et son bienfaiteur : Vestrae Sanctitatis humillimus servus et devotissima factura, mais on peut aussi être le cœur d'un oncle, comme on peut devoir à un Pape sa fortune politique et rappeler sa devotissima factura sans pour cela être son fils charnel.

Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 298

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Message  Eric Jeu 4 Fév 2010 - 21:31

Lucrèce Borgia

Passons à Lucrèce.

Nos adversaires invoquent deux actes notariés où Lucrèce est appelée formellement fille du cardinal Rodrigue.

L'un de ces actes, c'est le contrat de mariage de Lucrèce passé en Espagne en l'absence des Borgia.

A voir l'insistance que ce notaire met à la faire passer pour fille du cardinal, on peut conjecturer sans crainte qu'il était vendu à la famille d'Aragon, ennemie implacable des Borgia.

On dirait même que ce notaire s'occupe moins de marier Lucrèce que de faire ressortir à dessein son origine cardinalice : Dona filia carnal de dito reverito cardinal, dit-il d'abord ; plus loin, il répète : Ha donats à dita dona Lucrezia sua figliola carnal.

Ensuite, afin qu'on ne puisse pas se méprendre sur sa pensée et le sens de ses expressions, il revint une troisième fois à la charge, en disant plus nettement : Una sua figliola bastarda.

Or, ou cet acte a passé sous les yeux de Rodrigue, comme devait être; et dans ce cas, peut-on supposer qu'il ait voulu se glorifier publiquement d'une fille illégitime, à la face de tout son archidiocèse de Valence ? c'eût été le comble de l'impiété et de l'effronterie; ou il n'a point passé sous ses yeux; alors il faut le laisser à la charge du bonhomme de notaire si dévoué à la maison d'Aragon.

Dans l'autre acte, dressé par un notaire du Vatican, et annulant le mariage de Lucrèce avec le duc d'Aversa, celle-ci est appelée tantôt ejus naturalis filia, tantôt ejus neptis, en sorte qu'on ne peut savoir clairement s'il veut dire sa fille charnelle, sa fille adoptive ou sa nièce.

Cet acte n'est donc d'aucune valeur.

Après cela, comme pour César, nos adversaires se rejettent sur certaines locutions qui se rencontrent çà et là dans les auteurs.

Ainsi, le duc de Ferrare, écrivant au Pape Alexandre, nomme Lucrèce « leur commune fille »; ce qui est fort naturel, l'un étant beau-père, l'autre père adoptif.

Bembo, cherchant à consoler Lucrèce de la mort de son oncle, appelle Alexandre « il grande padre vestro »; en effet, sauf la naissance, Lucrèce devait tout à Alexandre : cette manière de parler n'était donc dans la bouche du célèbre littérateur qu'une de ces métaphores qui lui étaient si familières.

Par rapport aux autres enfants, nos adversaires affirment leur filiation cardinalice, sans en donner des preuves, sauf pour Geoffroy, marié à Sancia, fille naturelle du roi de Naples, qui expose dans une lettre à Alexandre l'avantage qui devra lui revenir « De l'union de son sang avec le sien ».

Mais le sang du neveu est le même que celui de l'oncle.

Une autre lettre du même roi dit que le Pape l'a prié de préparer la demeure de Geoffroy, « son fils et le nôtre ».

Voilà encore le père adoptif d'un côté, et le beau-père de l'autre.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 298 et 299

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Message  Eric Sam 6 Fév 2010 - 16:40

L' « Infans romanus »

Arrivons à l' Infans romanus.
Julia Farnèse, surnommée Julia la Bella, continue la mauvaise version, fréquentait le Vatican.

Elle devint maîtresse d'Alexandre VI et en eut un fils qui porta le nom de Jean.
Burchard assure le fait, et il est d'accord en cela avec deux actes du 1er septembre 1501, retrouvés par Grégorovius chez un notaire de Rome.

Par le premier, Alexandre légitime un fils naturel de César nommé Jean et le crée duc de Nepi.

Il l'appelle son neveu dans un mandat du 21 juin 1502, et fils de César dans un bref du 12 juin de la même année.

Par le second acte, qui semble le contre-pied du premier, Alexandre déclare que ce Jean n'est pas fils de César, mais de lui Pape : Cum autem tu defectum non de praefato duce, sed de nobis et dicta muliere soluta patiaris, quod bono respectu in litteris praedictis specifice exprimere noluimus.

A la simple lecture de cet aperçu, on se demande aussitôt comment deux actes si contraires chez le même notaire et passés l'un et l'autre par Alexandre, qui n'était pas certainement un sot ?
Quel intérêt avait-il à ce qu'on n'ignorât pas qu'il était père de Jean, et à se faire passer pour un fanfaron de débauche ? pourquoi profaner cette formule Ad perpetuam rei memoriam pour annoncer un scandale inoui à la postérité ? et s'il tenait tant à passer pour père, pourquoi laisser subsister le premier acte ?
Jean, bâtard d'un grand capitaine comme César Borgia, il n'y aurait rien eu d'extraordinaire; mais bâtard d'un Pape, c'était ignoble dans tous les mondes, une honte pour la catholicité et un scandale sans précédent !

Pourquoi dire aussi muliere soluta, puisque Julie était mariée à un Orsini ?

Ainsi rien de plus absurde et de plus incroyable que ce deuxième acte; il est évidemment l'œuvre d'un faussaire, de quelque scribe hostile à la gloire des Souverains Pontifes.

On dit encore qu' Alexandre était dévoré de la passion d'assurer des positions considérables à tous ses enfants et neveux.

« Toute la pensée d' Alexandre, dit Capello, c'est de rendre ses fils grands; il n'a pas d'autre souci. » Un évêque de Modène va jusqu'à dire : « Il ne faudrait pas moins de dix Pontificats pour assouvir l'avidité de toute cette parenté. »

En présence d'une assertion qui est au moins exagérée, nous ferons observer en passant que l'histoire du népotisme est aussi bien connue dans la cour des rois et des présidents de la république que dans celle de Rome.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 299

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Message  Eric Dim 7 Fév 2010 - 21:26

Bocase ajoute qu'il entourait Lucrèce d'une affection plus tendre encore et l'aimait au plus haut degré.

C'est qu'elle le méritait : est-ce du reste un défaut d'aimer les siens ? Que d'oncles sont fiers d'avoir un belle nièce ! ce n'est pas à dire que ces oncles soient toujours des dignitaires mal famés.

Le Pape Grégoire XI était assez estimé de sainte Catherine de Sienne pour qu'on ne le soupçonne pas d'avoir été un mauvais Pape, pourtant il avait avec lui dans son palais d'Avignon « une certaine nièce assez proprette » qu'il affectionnait singulièrement, quoiqu'elle abusât des goûts de l'oncle pour ses gentillesses, et qu'elle se permît à l'égard de l'angélique Dominicaine toutes les espiègleries d'une enfant gâtée.

On lui reproche encore d'avoir permis des danses, des comédies dans son palais pontifical; d'avoir, pendant une absence, confié le gouvernement de Rome à Lucrèce, et enfin d'avoir négligé la canonisation des saints, probablement parce que leur vie est une condamnation de celle des Borgia.

Rien n'est moins certain que ces danses et ces comédies, ce n'est qu'un « dit-on » encore : per quanto qui publice si parla, dit Giustiniani, ambassadeur vénitien peu sympathique envers Alexandre.

« Ce sont là des contes, dit M. Von Reumont, historien peu clérical, des contes où la malignité des uns et la lascivité des autres pouvaient se complaire, mais que repoussent tous ceux qui connaissent le caractère des récits romains de cette époque. »
S'il nomma Lucrèce régente pour quelques jours, c'était seulement au civil, le cardinal de Lisbonne gardant le gouvernement spirituel.

Au sujet de la canonisation des saints, nous ferons remarquer, avec le Père Leonetti, qu'Alexandre canonisa précisément deux saints dont la vie et les exemples auraient été la condamnation directe de ses vices personnels.

Il a canonisé sainte Françoise Romaine et saint Casimir de Pologne.

La première est une des femmes les plus austères, les plus mortifiées et les plus mystiques dont il soit parlé dans l'hagiographie.
Impossible de trouver une sainte moins agréable à la Renaissance ; et pourtant, c'est à cette illustre Romaine qu'Alexandre a consacré son zèle, ses veilles et sa dévotion.

Casimir est ce prince mort martyr de la chasteté la plus pure, à vingt-cinq ans, et refusant d'écouter les médecins qui lui conseillaient le mariage pour échapper à une mort prématurée et certaine.

D'où il faut conclure ou que la vie d'Alexandre n'était pas telle que nous la dépeint la rumeur publique, ou que ce Pape ne craignait pas les pasquinades de ses contemporains en élevant sur les autels une sainte qui n'a vécu que de mortifications et un saint victime de son amour pour la virginité.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 299 et 300

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Message  Eric Lun 8 Fév 2010 - 21:00

Justification d'Alexandre VI


Après avoir reproduit fidèlement les accusations et exposé le sentiment d'une école dont personne n'avait osé relever le gant jusqu'à nos jours, nous allons faire connaître la justification qui tire Alexandre VI de l'abaissement où gisait sa mémoire et le place sur le piédestal que lui a élever un Pontificat plein de fécondité et de grands évènements.

Voltaire lui-même a fait justice de plus d'une des horreurs qui pesaient sur la mémoire de ce Pape, et l'anglican Roscoë a presque lavé la mémoire de Lucrèce ; Audin, quoique peu favorable aux Borgia, dans son Histoire de Léon X, l'abbé Christophe dans La Papauté au XVe siècle, ont poussé plus loin la justification de cette famille, mais tous, à la suite de Joseph de Maistre, se sont bornés à distinguer entre le Pape et l'homme.

Le Pape défendu par ses propres actes, par son bullaire distingué entre les bullaires romains, ils l'ont revendiqué au nom de l'histoire et de l'honneur du Saint-Siège ; l'homme, ils s'en sont détournés avec tristesse, en larmoyant, en se voilant la face devant ce mauvais sujet.

M. Chantrel a fait un pas de plus dans son Histoire populaire des Papes, il a laissé entrevoir la
possibilité d'une justification; toutefois, faute de documents, non de courage, il n'a osé entreprendre la pleine réhabilitation d'Alexandre; la gloire d'entrer dans cette voie était réservée au R. P. Ollivier, qui, « après une enquête minutieuse et loyale, prolongée pendant des années, et aidée non seulement du concours, mais encore de la contradiction des hommes en qui il avait confiance; après des fouilles dans toutes les bibliothèques de Paris et de Rome, des grands centres intellectuels, et particulièrement des lieux le plus souvent visités par les Borgia; en un mot, après révision de toutes les pièces jusqu'ici à charge ou à décharge, et instruction nouvelle au moyen de pièces inédites et inconnues, vient en face de Dieu et des hommes nous dire hautement : « Non, Alexandre n'est pas coupable (1) . »


(1) MAYNARD, critique du livre Le Pape Alexandre VI et les Borgia, par le R. P. Ollivier.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 300 et 301

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Message  Eric Mar 9 Fév 2010 - 21:29

Père Ollivier

Voici en substance l'explication donnée par le R. P. Ollivier : Rodrigue Lenzuoli de Borgia, âgé de vingt ans, et après de brillants succès dans les écoles, au barreau, à la cour et dans l'armée, vint en Italie participer aux périls et aux gloires qu'offrait aux Aragonais la guerre avec Florence et Milan, et y contracta mariage, en 1450, avec Julie Farnèse, dont il eut quatre enfants, parmi lesquels on compte César et Lucrèce.

Quatre enfants bien légitimes, et non quatre neveux.

Mais la scandaleuse légende parle d'une Vannoza qui, exilée à Venise, après le départ de Rodrigue pour Rome, en 1456, aurait repris, en 1484, un empire absolu sur le cœur de Rodrigue devenu Pape.

Or, cette Vannoza n'est pas à proprement parler la mère des enfants d'Alexandre, mais seulement leur grand-mère, leur aïeule.

Que Julie Farnèse, fille de Pierre-Louis Farnèse et de Joanna ou Giovanna Cajetan, ait été l'épouse légitime et non la maîtresse de Rodrigue, c'est ce qui résulte, non d'un registre authentique, car il est impossible de le produire avant les prescriptions du concile de Trente, mais de tous les témoignages les plus irrécusables.

La peste obligea la jeune famille de se retirer en Espagne en compagnie de Jeanne Cajetan et de Hiéronime Farnèse, sœur de Julie. Ils s'établirent à Valence.

Julie étant morte après cinq ans de mariage, Rodrigue confia sa famille à sa belle-mère Giovanna, qui la conduisit à Venise en 1456, tandis que Rodrigue se rendait à Rome, où l'appelait son oncle Calixte III.

Telle est l'histoire de cette union telle qu'elle résulte des rapports entre les Farnèse et Alexandre VI, du silence du Sacré-Collège, des Français qui étaient alors à Rome, de tous les contemporains qui, loin d'incriminer les mœurs du père, la naissance des enfants, confondaient le Pontife et les siens dans le même respect et le même honneur; telle qu'elle résulte de la canonisation de saint François Borgia, constatant la légitimité du mariage d'Alexandre, son aïeul.

Quand parut le Diarium de Burchard, la Vannoza, mater eorum, fut substituée à Julie Farnèze, et les bollandistes eux-même, d'accord avec les historiens protestants, les romanciers, les dramaturges, dépassant Burchard, en firent la maîtresse d'Alexandre et la mère illégitime des enfants.

Et depuis, pas un jusqu'au Père Ollivier, ne s'était demandé ce qu'était cette Vannoza.

Or, Vannoza n'est qu'une altération, une forme de Giovanna.

La Vannoza légendaire n'est donc historiquement que Jeanne Cajetan, belle-mère d'Alexandre et, en ce sens, mère de ses enfants, mater eorum.

Bref, soldat et homme du monde, Rodrigue Borgia put contracter un légitime mariage sans devenir impudique; devenu veuf, rien n'empêchait qu'il n'entrât dans les saints Ordres et qu'il ne devînt légitimement évêque, cardinal, chancelier et légat du Saint-Siège, enfin Pape, charges qu'il remplit successivement d'une manière irréprochable sous tous les rapports.

Que devient après cela ce mauvais sujet ? Où est ce Pape scandaleux et de mauvaises mœurs ? Il a disparu à l'approche de la lumière de la vérité, comme les ombres de la nuit fuient devant les rayons du soleil.


Chanoine F. Fournier, La papauté devant l'histoire, Librairie Arthur Savaète Ed., 1900, T.II, p. 301 et 302

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